Suivez le Guide : De la couleur et des astuces rangement à Montpellier
Derrière la façade monochrome de cette maison rectiligne se cachent des trésors d'ingéniosité pour créer un espace sans compromis
La longue silhouette et le sourire resplendissant d’Agnès, nonchalamment adossée sur les volets en bois brut de sa maison côté jardin, annoncent déjà la délicatesse et la gaieté avec lesquelles elle a entièrement réinventé son espace de vie. Elle nous invite aujourd’hui à décrypter ce projet mené de mains d’orfèvre : « Nous avons acheté cette petite maison en 2006, après en avoir visité beaucoup d’autres, très chères ou en mauvais état. L’idée de la réhabilitation est rapidement devenue une évidence. Lorsque nous avons découvert ce quartier et poussé la porte d’entrée de la maison, son jardin en fleurs nous a tout de suite attirés. À l’époque, j’avais un atelier de tapissier décorateur et je connaissais un architecte avec qui j’ai décidé de collaborer pour concevoir un intérieur sur mesure. Il s’agit en fait de ma première expérience de chantier puisque j’ai suivi tous les travaux. Depuis, l’aventure continue tous les jours avec de nouveaux projets plus intéressants les uns que les autres, que je mène dorénavant pour des clients. Ma maison est terminée, mais je rêve déjà de tout recommencer ! »
Coup d’œil
Qui habite ici : Agnès Luthier, décoratrice, Patrice, chorégraphe plasticien, ainsi que leur fils Arthur, 15 ans
Emplacement : quartier des Aiguerelles, Montpellier, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Superficie : 85 m², terrasse de 30 m², jardin 100 m²
Architecte : Alexis Lautier, Atelier Range ta chambre
Budget des travaux : 60 000 euros
Photos : Jours & Nuits © 2016 Houzz
Coup d’œil
Qui habite ici : Agnès Luthier, décoratrice, Patrice, chorégraphe plasticien, ainsi que leur fils Arthur, 15 ans
Emplacement : quartier des Aiguerelles, Montpellier, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Superficie : 85 m², terrasse de 30 m², jardin 100 m²
Architecte : Alexis Lautier, Atelier Range ta chambre
Budget des travaux : 60 000 euros
Photos : Jours & Nuits © 2016 Houzz
Ce quartier calme, construit dans les années 60 selon le principe de maisons mitoyennes, est jonché de petites habitations de toutes sortes. Agnès nous fournit quelques explications : « Le modèle de maisons dans ce quartier reste assez basique, cubique en somme. Cependant, aucun travail n’a été entrepris pour favoriser la relation intérieur/extérieur, les cuisines étant par exemple situées côté rue, alors que chaque maison dispose d’un jardinet. La nôtre est en fait construite sur 7 x 7 m². Le projet initial devait donc prévoir de déplacer la cuisine, pour l’ouvrir sur le jardin, et de remonter le niveau de la terrasse afin de poursuivre l’espace vers l’extérieur sans aucune différence de niveau. »
Agnès poursuit : « Nous sommes les seuls dans le quartier à posséder une cuisine côté jardin… et aussi les seuls à manger dehors même en hiver ! En été, pour nous protéger de la lumière et de la chaleur, Patrice a conçu un système de volets posés sur rails. Cette option assure toute l’année une protection brise-vue et évite l’effet lanterne de la maison éclairée la nuit. Toutes les fenêtres de la maison sont oscillantes et lorsque les volets sont fermés, la lumière n’est pas occultée. Nous laissons les fenêtres ouvertes de bout en bout de la maison afin de créer un courant d’air rafraîchissant la nuit, renforcé si besoin est par le plancher rafraîchissant. »
Suspensions : Ikea
Suspensions : Ikea
Un magnifique jasmin odorant envahit d’année en année les volets fixes qui fournissent une isolation visuelle efficace avec les jardins voisins. Quant à l’isolation thermique, elle a été réalisée sur l’extérieur de la construction afin de confirmer le travail énergétique réalisé sur l’inertie de la maison au niveau climatique.
Crépie d’un gris mauve, la façade se poursuit dans un camaïeu gris clair sur la cabane dotée d’un toit végétalisé, construite par Patrice. Cette dernière procure un espace de rangement supplémentaire en extérieur et permet de laisser passer les volets coulissants en galandage.
Crépie d’un gris mauve, la façade se poursuit dans un camaïeu gris clair sur la cabane dotée d’un toit végétalisé, construite par Patrice. Cette dernière procure un espace de rangement supplémentaire en extérieur et permet de laisser passer les volets coulissants en galandage.
La découpe en triptyque des ouvertures sur la façade offre de l’intérieur un point de vue traversant depuis l’entrée jusqu’au jardin. Agnès souligne la difficulté de ce projet ambitieux : « Au début, nous voulions ouvrir le mur sur toute la longueur, mais la poutre porteuse n’étant pas accessible, nous avons opté pour cette solution de piliers, avec un rythme de baies coulissantes en bois exotique pliantes. » Le résultat est saisissant. Aucune limite n’interrompt le champ visuel jusqu’au jardin méditerranéen planté de valérianes, cistes, cades et palmiers, baigné par le parfum subtil du seringa et de l’abricotier en fleurs.
Le principe de portes-fenêtres en coulissant/pliant ouvre au maximum l’espace sur l’extérieur. Agnès reprend : « Toutes les fenêtres sont oscillo-battantes. Comme je ne voulais pas entendre parler de climatisation, il fallait néanmoins se poser la question de la chaleur, surtout dans la région. Nous avons donc réfléchi à toutes les options afin de se protéger du soleil entrant. La treille recouverte d’un solanum, type jasmin sauvage, assure ainsi une ombre indispensable sur la terrasse et protège la façade en plein soleil.
Les panneaux de volets mobiles n’étant pas “collés” à la façade, ils circulent librement sur le rail selon nos besoins de protection visuelle ou thermique, tout en fournissant une belle ombre. »
Les panneaux de volets mobiles n’étant pas “collés” à la façade, ils circulent librement sur le rail selon nos besoins de protection visuelle ou thermique, tout en fournissant une belle ombre. »
Le mobilier dans le salon est sans cesse transformé au gré des envies d’Agnès : « Patrice a construit la structure en bois du canapé que j’ai dessiné, ainsi que le piétement en acier. Je l’ai ensuite habillé avec des mousses et du tissu enduit irisé dans un ton anthracite. J’ai travaillé le chevron avec du tissu JAB et les coussins avec du tissu d’ameublement Andrew Martin. Ça fait deux fois que je le rhabille entièrement. Il n’y a pas si longtemps, il était dans des teintes plutôt rouille. » Elle reprend aussitôt : « La lampe vintage, je l’ai achetée chez 110 Volts avant même que nous ayons achevé les travaux. J’étais certaine qu’elle serait la pièce maîtresse du salon ! Il est rare de trouver une telle lampe avec un arc qui part ainsi du sol à partir de son pied en marbre. L’abat-jour est en aluminium, tandis que l’arc est chromé. »
En termes de couleur, Agnès n’est jamais à court d’idées : « J’ai préféré une couleur terre sur le mur du fond. Elle joue le contraste avec le meuble central pour renforcer le triptyque de fenêtres fournissant des tableaux de verdure organiques. Le fauteuil Designers Guild était écru et je l’ai retapissé d’un velours fuchsia pailleté de points argentés. Un brin d’énergie est toujours bienvenu dans la maison ! »
Le sol dispose d’un plancher chauffant/rafraîchissant, recouvert d’un béton coulé composé de deux sables distincts, simplement traité avec un bouche-pores ciré.
Le sol dispose d’un plancher chauffant/rafraîchissant, recouvert d’un béton coulé composé de deux sables distincts, simplement traité avec un bouche-pores ciré.
Le plus intrigant dès l’entrée dans la pièce principale, c’est cet élément central composé de plusieurs portes et rempli de niches et de tiroirs en tout genre. « J’ai beaucoup insisté sur la nécessité de disposer de rangements intégrés afin de ne pas surcharger l’espace avec des meubles supplémentaires. Ici, une porte dissimulée ouvre sur un garde-manger, la façade intérieure du volume étant dotée d’étagères pour la vaisselle du côté cuisine », nous indique Agnès.
De l’autre côté, directement ouvert sur la terrasse, la cuisine attire par la fraîcheur du vert qui la distingue franchement. « Nous avons choisi de créer un plan de travail en béton armé résiné sur toute la surface du mur. Vu la taille de la cuisine, l’idée était de créer une boîte avec des rangements intégrés, comme celui que nous avons prévu dans le coffrage du plafond qui reçoit toutes les marmites et autres grosses casseroles. La couleur pétard, vert pomme, est vraiment là pour dynamiser l’espace. J’ai simplement repeint le réfrigérateur avec une teinte taupe pour plus d’élégance », précise Agnès.
Après l’enfilade d’un petit couloir, dans l’ancien garage, dont l’entrée est cachée derrière une porte tapissée dans le prolongement du meuble-mur, Agnès a aménagé son bureau de décoratrice. Un décroché sur la façade a permis de créer un bandeau lumineux traversant en verticale. Ainsi à droite, la pièce donne sur le seuil de la porte d’entrée et la lumière naturelle inonde le bureau toute la matinée. Aménagé sur mesure en medium peint doté de cornières en aluminium, l’espace de travail d’Agnès est idéal pour son activité de conseil et d’accompagnement de projets de décoration d’intérieur ou d’espaces extérieurs.
C’est avec l’aide de l’architecte qui a dessiné le volume central de la pièce principale qu’Agnès a commencé à réfléchir à des solutions sur mesure afin d’aménager l’espace intelligemment. Ainsi, ce véritable meuble-mur ultrafonctionnel dissimule un dressing, un garde-manger, ainsi qu’une quantité incroyable de caissons de rangement. Tapissé de papier peint, il reçoit également une niche habillée d’un PVC gris légèrement irisé destinée à la chaîne hi-fi. Agnès revient sur les raisons de son choix : « Ce papier peint graphique est vraiment intéressant parce que dans la journée, il se pare d’une teinte gris taupe très élégante. Le soir en revanche, sous les lumières artificielles, il laisse apparaître des motifs mordorés qui ponctuent le mur en atténuant le fond. En fait, c’est comme si nous profitions de deux univers différents selon le moment de la journée. »
Papier peint : Osborne & Little
Papier peint : Osborne & Little
Les anciennes toilettes, installées auparavant sous l’escalier qui monte à l’étage, sont ainsi remplacées par un
rangement dressing et par des tiroirs à chaussures dont chacun dispose à l’entrée de la maison.
rangement dressing et par des tiroirs à chaussures dont chacun dispose à l’entrée de la maison.
Sur l’emplacement de l’ancienne cuisine côté rue, un espace salle à manger est éclairé par les premiers rayons du soleil de la journée. « En réalité, c’est plutôt le coin repas du soir », précise Agnès. « Nous avons réalisé la table nous-mêmes. Nous avons fixé un plateau en bois récupéré d’un vieux meuble sur des pieds en acier sablé disposés en U intercalés. Les chaises Roche Bobois des années 70, je les ai chinées et retapissées avec un Skaï doux dont l’aspect cuir satiné brun est irisé. »
À l’étage, la couleur reprend ses marques et investit toutes les pièces afin de personnaliser chaque espace de vie, à l’instar de la pièce de détente, où Patrice a posé son petit bureau. Elle fait également office de salle de gym, de musique et de télévision ou de chambre d’amis à l’occasion. Ponctuée d’un rouge de Chine laqué pour délimiter l’espace bureau, l’ambiance de la pièce est adoucie par le grand mur peint en taupe mat. Seuls le radiateur à panneaux rayonnant repeint en rouge et la lampe chinée des années 70 en verre fumé et chrome contrastent avec le mélange délicat des matières. Des rideaux en paroi japonaise tamisent la lumière légèrement voilée.
Rideaux : JAB
Rideaux : JAB
Une petite halte par les toilettes fournit l’occasion à Agnès de nous expliquer que, par manque de place, toutes les bibliothèques sont aménagées en arrière-plan du placard de couloir mitoyen à la chambre d’Arthur. Le papier peint propose ici un décor floral classique revisité, illuminé par les rayons irisés d’une lampe en papier plastifié miroitant.
Papier peint : Designers Guild ; Lampe : Habitat
Papier peint : Designers Guild ; Lampe : Habitat
L’univers d’Arthur est lui aussi marqué par les choix de couleurs souhaités par Agnès pour son fils désormais adolescent. « Je l’ai repensé il y a un an exactement. J’ai opté pour un lit sur coffre bien pratique. J’ai ensuite conçu un placard sur mesure repeint façon Mondrian. Les portes sont en medium stratifié anthracite, brun et gris, profilées noir. Je trouve qu’il habille de façon cohérente le coin derrière la porte et apporte une certaine continuité avec les bandes noires peintes sur toute la longueur du mur. Ces dernières délimitent harmonieusement le bleu canard et la partie basse qui rappellent les couleurs du placard. »
Le lit bas, pour ne pas casser l’espace, est adossé sur une tête de lit-bibliothèque. Face aux fenêtres panoramiques, le bureau d’Arthur est constitué d’un plateau en bambou posé sur des caissons de rangement. Des boîtes plaquées en chêne de forme carrée aux angles arrondis créent un rythme tout en amenant un peu de douceur à la chambre.
Suspension et cubes gigognes Arizona : Castorama
Le lit bas, pour ne pas casser l’espace, est adossé sur une tête de lit-bibliothèque. Face aux fenêtres panoramiques, le bureau d’Arthur est constitué d’un plateau en bambou posé sur des caissons de rangement. Des boîtes plaquées en chêne de forme carrée aux angles arrondis créent un rythme tout en amenant un peu de douceur à la chambre.
Suspension et cubes gigognes Arizona : Castorama
La salle de bains familiale est plutôt grande et bénéficie d’immenses fenêtres de 2,30 mètres de long. Équipée d’une douche à l’italienne avec une partie sèche et humide pour éviter de mouiller les sols, elle est en outre badigeonnée de béton ciré anthracite qui contraste à merveille avec le rouge basque dont raffole Agnès. Le plan de travail épuré en bois est surmonté d’une robinetterie encastrée à même le mur. De petites boîtes métalliques sont accrochées en angle pour gagner de l’espace sur le plan de vasque. Mention spéciale pour le sol en PVC tissé couleur mastic.
Vasque : Duravit ; Sol en PVC : Bolon
Vasque : Duravit ; Sol en PVC : Bolon
Les volumes de la chambre parentale ont été entièrement repensés. Agnès nous précise ses choix esthétiques induits par la configuration de la pièce à l’origine : « Il était impossible d’y placer un grand lit. J’ai donc opté pour un parti pris radical. Nous avons “poussé” la pièce d’un côté pour l’agrandir en mordant sur la salle de détente contiguë. Nous avons installé une porte en galandage à deux battants pour éviter d’encombrer l’espace disponible pour le grand lit bas de 180 x 190 centimètres posé sur des palettes. L’esprit de la chambre est résolument baroque, mais elle est restée blanche pendant deux ans, et un jour j’en ai eu assez de cette pièce trop lumineuse. D’où l’envie d’étouffer la lumière pour privilégier le repos. J’ai craqué sur ce papier peint avec ces dragons dorés sur fond prune ! Ensuite, j’ai peint le plafond en doré vieilli et les murs en kaki grisé. J’ai confectionné la tête de lit capitonnée en triptyque épuré dans une panne de velours prune. Pour cacher le PVC des fenêtres, je l’ai peint et camouflé derrière une maille ajourée marron glacé. »
Appliques tubulaires : Habitat ; Papier peint : Osborne & Little ; Maille ajourée : Carlucci
Appliques tubulaires : Habitat ; Papier peint : Osborne & Little ; Maille ajourée : Carlucci
Une boisson glacée au gingembre nous attendait sous le mûrier platane qui offre une ombre précieuse à la terrasse emprunte de sérénité, à l’écart de toute nuisance citadine.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette surprenante maison ?
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photo organisés par Houzz dans les intérieurs de Houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fier de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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