Rencontre Houzz : Bismut&Bismut
Plongée dans les secrets d'un duo d'architectes prestigieux qui se livrent à cœur ouvert sur leur métier, leurs inspirations, leurs rêves
Pauline Warlet
16 mai 2015
Chez les Bismut, la passion de la matière et le travail des volumes se transmettent de génération en génération puisque Michel et Daniel, de six ans son aîné, sont les fils d’un décorateur et petits-fils d’un ébéniste. Animé par une curiosité et un enthousiasme débordants, le célèbre duo Bismut&Bismut s’attèle à sublimer des projets dans le monde entier en s’appuyant sur de nombreuses sources d’inspiration et un sens affuté du détail. Leur quête ? L’harmonie d’une architecture qu’ils définissent comme « la combinaison des formes et des matières, la lumière et la juste proportion ». Rencontre avec un binôme fusionnel d’architectes de renom.
Comment parvenez-vous à travailler en binôme ?
Daniel (à gauche) : Nous avons toujours travaillé à deux. C’est comme si nous étions une seule et même personne car nous avons des automatismes, nous nous comprenons au quart de tour. De fait, c’est comme si nous travaillions d’une seule main.
Entre nous, c’est automatique, comme dans une partie de ping-pong : l’un donne une idée, l’autre la prolonge et revient dessus. Nous avançons beaucoup plus vite.
Michel (à droite) : Nous échangeons beaucoup, mais de façon synthétique : nous réfléchissons et nous écrivons de petites notes. En échangeant quelques mots, le projet se construit et c’est à ce moment-là que nous commençons à dessiner. En général, nos croquis finissent sur un ticket de métro ou un petit bout de papier que nos collaborateurs arrivent à déchiffrer. Mais nous partons toujours de l’idée : tout est dans l’idée.
Daniel (à gauche) : Nous avons toujours travaillé à deux. C’est comme si nous étions une seule et même personne car nous avons des automatismes, nous nous comprenons au quart de tour. De fait, c’est comme si nous travaillions d’une seule main.
Entre nous, c’est automatique, comme dans une partie de ping-pong : l’un donne une idée, l’autre la prolonge et revient dessus. Nous avançons beaucoup plus vite.
Michel (à droite) : Nous échangeons beaucoup, mais de façon synthétique : nous réfléchissons et nous écrivons de petites notes. En échangeant quelques mots, le projet se construit et c’est à ce moment-là que nous commençons à dessiner. En général, nos croquis finissent sur un ticket de métro ou un petit bout de papier que nos collaborateurs arrivent à déchiffrer. Mais nous partons toujours de l’idée : tout est dans l’idée.
Quelle est votre signature ?
Michel : Que ce soit en architecture ou en architecture d’intérieur, nous travaillons les volumes et les masses, et leurs combinaisons. Cela fonctionne aussi bien lorsque l’on cherche à intégrer une construction dans son environnement que lorsque l’on travaille sur un intérieur. On peut alors chercher à s’effacer pour mettre en scène ce qui existe déjà, ou, au contraire, et parce qu’il n’existe pas grand chose dans cet intérieur, créer quelque chose qui ait de la personnalité. Quoi qu’il en soit, nous avons toujours ce souci de travail sur l’échelle.
Michel : Que ce soit en architecture ou en architecture d’intérieur, nous travaillons les volumes et les masses, et leurs combinaisons. Cela fonctionne aussi bien lorsque l’on cherche à intégrer une construction dans son environnement que lorsque l’on travaille sur un intérieur. On peut alors chercher à s’effacer pour mettre en scène ce qui existe déjà, ou, au contraire, et parce qu’il n’existe pas grand chose dans cet intérieur, créer quelque chose qui ait de la personnalité. Quoi qu’il en soit, nous avons toujours ce souci de travail sur l’échelle.
Quels projets vous ont particulièrement marqués ?
Daniel : Certains projets nous ont bien sûr marqués, mais j’ai plutôt envie de parler de projets de grands architectes comme Louis Kahn, Carlo Scarpa et Luis Barragán, qui ne sont pas forcément très connus du grand public, mais qui sont de très grands architectes du XXe siècle. Ils nous ont toujours beaucoup touchés et inspirés car il s’agit à chaque fois d’univers très poétiques.
Des discours nous ont aussi beaucoup marqués. Nous avons, par exemple, eu le même professeur d’architecture. Ce n’était pas forcément un immense architecte, mais lorsqu’il vous parlait d’architecture, vous partiez en voyage ! C’était absolument merveilleux, lyrique. Ce monsieur nous a donné une envie folle de faire de l’architecture
Michel : C’est vrai que la poésie de ce monsieur nous a poussés dans nos derniers retranchements : lorsque l’on travaillait sur un projet, on allait forcément au bout de nos idées.
Daniel : Certains projets nous ont bien sûr marqués, mais j’ai plutôt envie de parler de projets de grands architectes comme Louis Kahn, Carlo Scarpa et Luis Barragán, qui ne sont pas forcément très connus du grand public, mais qui sont de très grands architectes du XXe siècle. Ils nous ont toujours beaucoup touchés et inspirés car il s’agit à chaque fois d’univers très poétiques.
Des discours nous ont aussi beaucoup marqués. Nous avons, par exemple, eu le même professeur d’architecture. Ce n’était pas forcément un immense architecte, mais lorsqu’il vous parlait d’architecture, vous partiez en voyage ! C’était absolument merveilleux, lyrique. Ce monsieur nous a donné une envie folle de faire de l’architecture
Michel : C’est vrai que la poésie de ce monsieur nous a poussés dans nos derniers retranchements : lorsque l’on travaillait sur un projet, on allait forcément au bout de nos idées.
Quels sont les secrets d’un bon projet ?
Michel : Nous aimons les projets que nous avons réalisés sur une séquence courte. Mais de manière générale, un projet est bon lorsque le client vous pousse dans vos derniers retranchements et vous permet de sortir le meilleur de vous-même.
Daniel : La qualité du client est très importante dans un projet : on ne peut pas faire de grand projet sans grand client. Après, ce que les gens ne savent pas, c’est que pour faire un bon projet, il faut être en forme, de bonne humeur, et travailler dans la spontanéité car cela permet d’être plus précis, sensible et efficace. Ce n’est pas comme la poésie : en architecture, il est très difficile de dessiner quelque chose de bien si vous êtes plombé par un problème personnel.
Michel : Nous aimons les projets que nous avons réalisés sur une séquence courte. Mais de manière générale, un projet est bon lorsque le client vous pousse dans vos derniers retranchements et vous permet de sortir le meilleur de vous-même.
Daniel : La qualité du client est très importante dans un projet : on ne peut pas faire de grand projet sans grand client. Après, ce que les gens ne savent pas, c’est que pour faire un bon projet, il faut être en forme, de bonne humeur, et travailler dans la spontanéité car cela permet d’être plus précis, sensible et efficace. Ce n’est pas comme la poésie : en architecture, il est très difficile de dessiner quelque chose de bien si vous êtes plombé par un problème personnel.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Michel : Très jeunes, nous avons eu la chance de beaucoup voyager car nos parents nous ont poussés à visiter des pays lointains. Cela nous a beaucoup aidés car cela a souvent été le point de départ des projets.
Daniel : Le quotidien aussi est très important car on ne s’inspire pas forcément de photos d’architecture et d’architecture d’intérieur. Nous avons plutôt envie de nous inspirer d’un très beau journal de mode, d’un détail sur un vêtement ou un meuble, d’un mouvement dans une sculpture…Tout est toujours très transversal : si nous nous rendons dans un musée, il nous est impossible de revenir sans une ou deux idées. D’ailleurs, l’art est de plus en plus présent aujourd’hui dans l’architecture d’intérieur.
Michel : Très jeunes, nous avons eu la chance de beaucoup voyager car nos parents nous ont poussés à visiter des pays lointains. Cela nous a beaucoup aidés car cela a souvent été le point de départ des projets.
Daniel : Le quotidien aussi est très important car on ne s’inspire pas forcément de photos d’architecture et d’architecture d’intérieur. Nous avons plutôt envie de nous inspirer d’un très beau journal de mode, d’un détail sur un vêtement ou un meuble, d’un mouvement dans une sculpture…Tout est toujours très transversal : si nous nous rendons dans un musée, il nous est impossible de revenir sans une ou deux idées. D’ailleurs, l’art est de plus en plus présent aujourd’hui dans l’architecture d’intérieur.
Avez-vous des matériaux ou des matières de prédilection ?
Michel : Nous passons notre temps à chercher de nouvelles matières. Les nouvelles technologies nous permettent de faire évoluer les choses et de trouver de nouvelles sensations. Mais nous pouvons aussi partir de ce qui existe déjà et le transformer. Par exemple, un morceau de bois peut se décliner en cent finitions très différentes. Nous venons d’ailleurs de finir un nouveau meuble, assez simple, doté d’une ligne d’Inox poli qui se termine sur un morceau de bois que Daniel a écrasé et usé avec une pierre pour lui apporter quelque chose de très tactile. Au point que quelqu’un, qui l’observait hier, ne savait pas s’il s’agissait de cuir ou de bois.
Daniel : C’est vrai que le bois est un matériau qui vit et vibre, d’une richesse extraordinaire et que l’on peut travailler de mille façons différentes. Il est absolument fondamental, comme le plâtre, d’ailleurs, qui peut être ciré, gratté… De toute façon, les matériaux simples sont souvent indispensables.
Michel : Sans oublier le travail des artisans, qui est essentiel. Ces personnes, avec qui nous travaillons, nous ouvrent aussi de nombreuses perspectives et nous aident à échanger et à faire évoluer nos idées.
Michel : Nous passons notre temps à chercher de nouvelles matières. Les nouvelles technologies nous permettent de faire évoluer les choses et de trouver de nouvelles sensations. Mais nous pouvons aussi partir de ce qui existe déjà et le transformer. Par exemple, un morceau de bois peut se décliner en cent finitions très différentes. Nous venons d’ailleurs de finir un nouveau meuble, assez simple, doté d’une ligne d’Inox poli qui se termine sur un morceau de bois que Daniel a écrasé et usé avec une pierre pour lui apporter quelque chose de très tactile. Au point que quelqu’un, qui l’observait hier, ne savait pas s’il s’agissait de cuir ou de bois.
Daniel : C’est vrai que le bois est un matériau qui vit et vibre, d’une richesse extraordinaire et que l’on peut travailler de mille façons différentes. Il est absolument fondamental, comme le plâtre, d’ailleurs, qui peut être ciré, gratté… De toute façon, les matériaux simples sont souvent indispensables.
Michel : Sans oublier le travail des artisans, qui est essentiel. Ces personnes, avec qui nous travaillons, nous ouvrent aussi de nombreuses perspectives et nous aident à échanger et à faire évoluer nos idées.
Quel projet rêveriez-vous de réaliser ?
Daniel : Un hôtel atypique, qui nous permettrait de réfléchir sur le concept de l’hôtellerie aujourd’hui. Car, à notre sens, la tendance occidentale s’est exportée partout en une vingtaine d’années. Résultat : même si la qualité du projet est là, peu importe où l’on se trouve, on est dans le même univers. La chambre dans laquelle vous vous trouvez a beau être sublime, elle ne vous permet pas de ressentir si vous êtes à Bangkok, à Paris, à Londres ou à New York.
Daniel : Un hôtel atypique, qui nous permettrait de réfléchir sur le concept de l’hôtellerie aujourd’hui. Car, à notre sens, la tendance occidentale s’est exportée partout en une vingtaine d’années. Résultat : même si la qualité du projet est là, peu importe où l’on se trouve, on est dans le même univers. La chambre dans laquelle vous vous trouvez a beau être sublime, elle ne vous permet pas de ressentir si vous êtes à Bangkok, à Paris, à Londres ou à New York.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune architecte ?
Daniel : Je lui conseillerais de voyager, de lire et de s’imprégner de tout ce qui s’est fait car tout a déjà été fait… ou presque. Et à partir de là, je lui conseillerais de faire simple et de complexifier progressivement les choses car c’est un métier très difficile, où les détails font toute la différence. Cela s’acquiert progressivement et demande quelques années de métier.
Michel : Il faut apprendre les bases, de même que beaucoup de grands peintres ont commencé par la peinture classique. Car une fois que les fondations sont bonnes, le plus dur est fait.
Daniel : Je lui conseillerais aussi de s’assurer de la qualité des matériaux car c’est assez facile à acquérir. Il faudra ensuite apprendre à les travailler et à les transformer pour faire quelque chose de différent.
Daniel : Je lui conseillerais de voyager, de lire et de s’imprégner de tout ce qui s’est fait car tout a déjà été fait… ou presque. Et à partir de là, je lui conseillerais de faire simple et de complexifier progressivement les choses car c’est un métier très difficile, où les détails font toute la différence. Cela s’acquiert progressivement et demande quelques années de métier.
Michel : Il faut apprendre les bases, de même que beaucoup de grands peintres ont commencé par la peinture classique. Car une fois que les fondations sont bonnes, le plus dur est fait.
Daniel : Je lui conseillerais aussi de s’assurer de la qualité des matériaux car c’est assez facile à acquérir. Il faudra ensuite apprendre à les travailler et à les transformer pour faire quelque chose de différent.
Que pouvez-vous nous dire sur les coulisses du métier d’architecte ?
Michel : L’architecture, c’est une vocation très particulière car c’est la combinaison de plein de métiers. Il faut être créatif, savoir gérer un budget, manager des hommes et faire en sorte que tout cela tienne et fonctionne de façon structurelle. Le tout dans un planning qui soit réaliste. C’est donc un métier de chef d’orchestre, qui est très complet. Après, il ne faut pas oublier que l’on peut passer par des phases plus délicates. Mais au final, le projet fonctionne et nous fait oublier, une fois livré, tous ces moments difficiles.
Découvrez d’autres portraits
Michel : L’architecture, c’est une vocation très particulière car c’est la combinaison de plein de métiers. Il faut être créatif, savoir gérer un budget, manager des hommes et faire en sorte que tout cela tienne et fonctionne de façon structurelle. Le tout dans un planning qui soit réaliste. C’est donc un métier de chef d’orchestre, qui est très complet. Après, il ne faut pas oublier que l’on peut passer par des phases plus délicates. Mais au final, le projet fonctionne et nous fait oublier, une fois livré, tous ces moments difficiles.
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Juste sublime !
Partir de 4 murs blancs et arriver a.... ca ! Ca ne s'improvise pas c'est juste..... le metier & beaucoup de talent !
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