Visite Privée : L'intérieur élitiste d'un collectionneur d'art
260 m², 6 mois d’études, 12 mois de travaux et 1,2 millions d'euros sont les chiffres clés de la rénovation de cet appartement parisien
Céline de Almeida
19 janvier 2015
Journaliste tendance déco et design depuis déjà 6 ans, j'aime les jolies choses qui font voir la vie en rose, qu'il s'agisse de repeindre un mur, de chiner du mobilier vintage ou de sélectionner des accessoires pointus sur le web. Découvrez mon univers sur Houzz.fr !
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L’histoire de cet appartement haussmannien atypique et exubérant, entièrement relooké par Florian Bochard de l’Atelier FB, est peut-être finalement encore plus hors norme que sa décoration intérieure… Ce dernier nous confie : « Le client m’a contacté tout d’abord parce que nous avions les mêmes initiales. Sa première requête était un peu spéciale : il m’a testé sur un premier appartement, en m’indiquant que s’il était satisfait de ce premier chantier, il me confierait son propre intérieur. » Un défi relevé avec brio puisque s’en sont suivis dix-huit mois de collaboration… « Cet appartement appartenait à un couple d’antiquaires assez reconnus sur la place de Paris », poursuit Florian Bochard. Un intérieur de style très classique et peu lumineux malgré une belle hauteur sous plafond, car situé au deuxième étage sans ascenseur. « Le client souhaitait simplement un appartement “waouh !” : impressionnant mais sans ostentation », explique t-il. « Sa seule exigence était de sortir des sentiers battus et de ne pas ressortir des pièces connues et courantes de type Barcelona, Eames ou encore Noguchi… » Six mois d’études et près d’un an de travaux ont été nécessaires à la réussite de ce projet, réunissant pas moins de dix-sept corps d’état différents, tous spécialisés dans leur domaine : domotique (Technologie d’intérieur), dalle béton (l’Atelier du béton), chauffage réversible (Hora), cheminée gaz (Bernard Lefebvre Cheminées), cuisiniste (Schiffini), électricien (SARL Tias), menuiserie (LMD Lachaumette) et poseur de parquet point de Hongrie… en bambou. Bref, 260 m² de superficie, six mois d’études et douze mois de travaux !
Coup d’œil
Qui habite ici : un père de famille divorcé
Emplacement : 17e arrondissement, Paris
Superficie : 260 m²
Date de la rénovation : 2007
Anecdote : Cet appartement est un pied à terre, le propriétaire des lieux naviguant entre Londres et Shanghai.
Budget : un peu plus 1,2 millions d’euros hors œuvres d’art
Photos : Arnaud Rinuccini
Coup d’œil
Qui habite ici : un père de famille divorcé
Emplacement : 17e arrondissement, Paris
Superficie : 260 m²
Date de la rénovation : 2007
Anecdote : Cet appartement est un pied à terre, le propriétaire des lieux naviguant entre Londres et Shanghai.
Budget : un peu plus 1,2 millions d’euros hors œuvres d’art
Photos : Arnaud Rinuccini
De style haussmannien traditionnel, cet appartement auparavant lourdement ornementé a été entièrement épuré, en commençant par son plan. Ainsi, le long couloir menant autrefois à la cuisine ainsi qu’à l’escalier de service et aux chambres a été supprimé. L’ancienne cuisine ainsi que les deux chambres sont désormais occupées par une suite parentale composée d’une salle de bains ouverte, d’un dressing et d’un grand volume nuit. L’ancienne chambre principale a quant à elle été transformée en cuisine. Côté cour, on trouve désormais une chambre d’amis, ainsi que celle des filles du propriétaire des lieux, chacune disposant de sa propre salle de bains.
Dans l’entrée : sol en béton, cube et œuvre d’art rétro-éclairée de Catherine Yass : Lock (open)
Dans l’entrée : sol en béton, cube et œuvre d’art rétro-éclairée de Catherine Yass : Lock (open)
Parmi les fils conducteurs de cet intérieur hors norme, on retrouve un jeu de contrastes et de matières, à l’instar de l’entrée qui mêle sol en béton et portes en Corian… « Le béton de l’entrée se retrouve dans la chambre principale et la salle de bains et les carreaux en quartz brillant bleu Bisazza de la cuisine sont rappelés par les carreaux en verre dépoli teintés à l’acide Azulejos de la salle de bains “master” », confirme Florian Bochard de l’Atelier FB.
Détail assez surprenant, les architectes de l’Atelier FB n’ont eu aucune contrainte de budget ni de délais… « Le propriétaire disposait d’un appartement en location au dernier étage », poursuit Florian. « Comme il voyage énormément, nous avons dû le voir environ trois ou quatre fois en dix-huit mois. Nous avons eu beaucoup d’échanges par mails mais surtout une vraie confiance du client, tant pour les travaux que pour le choix du mobilier. »
Autre fil conducteur de cet intérieur résolument arty : une apologie des murs et des plafonds blancs, qui font la part belle aux œuvres d’art tout comme au mobilier.
Dans la salle à manger : table de Carlo Scarpa ; Chaises Saarinen chez Knoll Editions ; Œuvre de Julian Opie ; Suspension Notte Metal S3-S33 chez Prandina ; Rideaux Elitis
Dans la salle à manger : table de Carlo Scarpa ; Chaises Saarinen chez Knoll Editions ; Œuvre de Julian Opie ; Suspension Notte Metal S3-S33 chez Prandina ; Rideaux Elitis
Le mobilier de la salle à manger décline des grands noms et éditeurs de design contemporain, depuis le canapé Moving d’Arketipo signé par Carlo Bimbi, la table basse Kenedee de Jean-Marie Massaud pour Poltronau Frau, en passant par la cultissime Ribbon Chair de Pierre Paulin pour Artifort, sans oublier un tapis de chez Tai Ping. Le tableau orange dans le fond de la pièce est signé Dzine.
Véritable prouesse technique, la cheminée à gaz est composée d’une demi-tonne de béton posée sur une armature métallique.
« La cheminée à gaz, à la différence d’un foyer à l’éthanol, nécessite un avaloir et un conduit pour l’extraction des gaz usés. Nous avons donc créé une structure métallique scellée dans le mur qui supporte des plaques de béton d’environ 180 kg chacune », explique Florian Bochard.
« La cheminée à gaz, à la différence d’un foyer à l’éthanol, nécessite un avaloir et un conduit pour l’extraction des gaz usés. Nous avons donc créé une structure métallique scellée dans le mur qui supporte des plaques de béton d’environ 180 kg chacune », explique Florian Bochard.
Certains recoins de cet intérieur hors norme laissent encore entrevoir l’ancien appartement haussmannien…
Meuble design Hiroyuki Tsugawa surmonté par une photo de Stéphane Couturier (Atelier Toyota)
Meuble design Hiroyuki Tsugawa surmonté par une photo de Stéphane Couturier (Atelier Toyota)
Autre fil conducteur déterminé par le propriétaire des lieux : retravailler les codes classiques. Ainsi, le parquet en chêne a été remplacé par un bambou naturel posé en point de Hongrie. « Nous avons conservé les portes de style, tout comme l’aspect des fenêtres mais celles-ci ont été remplacées à l’identique pour du triple vitrage », précise Florian Bochard.
Un esprit professionnel pour cette cuisine Schiffini équipée d’un piano de cuisson et d’une rôtissoire La Cornue. Un élitisme dans le choix de l’équipement électroménager qui se poursuit avec un réfrigérateur et une cave à vin Sub-Zero, un four vapeur avec tiroir chauffe-plat Gaggenau.
Indispensable à tout esthète qui se respecte, la cave à vin Sub-Zero sublime l’esthétique de cette cuisine masculine.
Le plan de travail en granit du Zimbabwe et l’électroménager ultra-contemporain noir et Inox créent un contraste saisissant avec le sol en quartz bleu de 60 cm de côté signé Bisazza.
L’épure de cet appartement haussmannien se poursuit jusque dans les moindres recoins qui ne disposent plus désormais d’aucune plinthe, mais d’un joint creux qui laisse filer le parquet. « Pour ce faire, tous les murs ont dû être doublés », explique Florian Bochard. De même, les corniches de style ont été remplacées par un faux plafond qui fait également office de chauffage réversible.
Bibliothèque sur mesure conçue par l’Atelier FB, tableau en neuf éléments de Guido Bagini 256 x 456
Dans le couloir : photographie Tokyo Nude (1990) de Kishin Shinoyama
Bibliothèque sur mesure conçue par l’Atelier FB, tableau en neuf éléments de Guido Bagini 256 x 456
Dans le couloir : photographie Tokyo Nude (1990) de Kishin Shinoyama
Père de deux adolescentes dont il a occasionnellement la garde, le propriétaire des lieux a tenu a aménager un espace cosy et arty à la fois… Mais comment concevoir une chambre d’enfant dans un cadre aussi élitiste ? « Le jeu de couleurs du mobilier sur mesure, associé à une touche d’humour à travers le choix des œuvres d’art (un éléphant en peluche écrasé), sans oublier les jeux de niveaux, le rappel des couleurs dans le tapis sur mesure et le choix d’une suspension composée de Post-it de couleur désacralisent sans jurer avec l’esprit élitiste de cet appartement pensé comme un écrin précieux d’œuvres contemporaines variées », justifie Florian Bochard de l’Atelier FB.
Lit Hästens ; Tapis Taï Ping ; Tableau Rostan Tavasiev
Lit Hästens ; Tapis Taï Ping ; Tableau Rostan Tavasiev
Parmi les touches de couleurs ponctuelles disséminées dans l’appartement, on retrouve un orange audacieux en tête de lit et dans la salle de bains de la chambre d’amis.
Vasque et robinetterie Vitra
Les jeux de niveaux et de promontoires se retrouvent également dans la suite parentale et permettent de délimiter une zone nuit plus intimiste.
Lit Hästens ; Applique Ktribe chez Flos ; Tapis Tai Ping ; Tissu Elitis
Au-dessus du lit : Ecstasy Almond Blossom 2, une œuvre de Mustafa Hulusi
Lit Hästens ; Applique Ktribe chez Flos ; Tapis Tai Ping ; Tissu Elitis
Au-dessus du lit : Ecstasy Almond Blossom 2, une œuvre de Mustafa Hulusi
Contemporaine et agréable, la salle de bains de la suite parentale est dotée d’une baignoire en îlot signée Alape, posée sur un sol en béton réalisé par l’Atelier du Béton.
De l’autre côté, dans la douche XXL à l’italienne, le carrelage en verre teinté à l’acide bleu royal rappelle le sol de la cuisine.
Particulièrement innovant, surtout lorsque l’on sait que cette réalisation date de 2007, le système de domotique conçu avec Crestron intègre des scenarii incluant la lumière et le son.
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En effet, splendide !