Découverte Houzz : Les architectures intérieures de Régis Botta
« J’aime bien dire que je ne fais pas de l’architecture d’intérieur mais des architectures intérieures »
Sylvain Reignault
27 juillet 2015
Contributeur Houzz. Journaliste
Les vacances ? Régis Botta n’y pense pas trop. Le jeune architecte (32 ans) avoue travailler pour cinq. « C’est normal, c’est le début », glisse-t-il dans un souffle. Le début, certes, mais déjà nourri d’un riche parcours. Originaire de Toulouse, Régis Botta rejoint Paris pour ses études (il est diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville). Il s’aguerrit ensuite en agence dans la capitale pendant cinq ans puis décide de se lancer en solo. « J’étais presque trop bien. Il fallait prendre un peu de risques. Je m’étais dit qu’avant 30 ans, j’aurais monté mon agence », sourit Régis. « Un peu par folie peut-être. » Le salon de son appartement devient alors son bureau. Grâce à la confiance d’anciens clients, il décroche ses premiers projets, devient maître d’œuvre d’exécution pour Mauboussin. Puis il se plonge dans son premier gros contrat avec un particulier, le fameux appartement W qui lui ouvre les pages des magazines. Ce sera ensuite le Flagship Mauboussin installé rue de la Paix. Sa structure s’agrandit. Ils sont désormais trois à œuvrer dans ses bureaux du XXᵉ arrondissement. Déjà pas mal pour un début… Il nous raconte ces jours qui ont compté dans son parcours.
Le jour où… vous avez eu envie d’exercer ce métier
Le jour où j’ai eu ma première boîte de Lego peut-être… J’ai eu la chance de savoir très tôt ce que je voulais faire, depuis la fin du primaire. J’imaginais dessiner une maison de rêve. On construisait des cabanes dans la forêt avec les copains. Avec les Lego, on construit puis on démolit pour reconstruire.
Le jour où j’ai eu ma première boîte de Lego peut-être… J’ai eu la chance de savoir très tôt ce que je voulais faire, depuis la fin du primaire. J’imaginais dessiner une maison de rêve. On construisait des cabanes dans la forêt avec les copains. Avec les Lego, on construit puis on démolit pour reconstruire.
Le jour où… vous avez décroché votre diplôme
On l’a passé en binôme. C’est beaucoup de travail, sur une longue période. On présentait un projet de fin d’études devant un jury, avec nos professeurs, des invités extérieurs que l’on avait choisis et des gens de l’école. Quand on a fini, il y a une sorte de soulagement étrange. Lorsque je l’ai passé, je travaillais déjà en parallèle, donc j’ai vite enchaîné sur la suite. Il s’agissait évidemment d’un aboutissement.
On l’a passé en binôme. C’est beaucoup de travail, sur une longue période. On présentait un projet de fin d’études devant un jury, avec nos professeurs, des invités extérieurs que l’on avait choisis et des gens de l’école. Quand on a fini, il y a une sorte de soulagement étrange. Lorsque je l’ai passé, je travaillais déjà en parallèle, donc j’ai vite enchaîné sur la suite. Il s’agissait évidemment d’un aboutissement.
Le jour où… vous avez décroché votre premier projet
Je considère que c’est l’appartement W. Le propriétaire a organisé un concours, nous étions trois à présenter un projet. Le client, un particulier, souhaitait un appartement un peu atypique. J’ai été présenté à lui par le biais d’entreprises avec lesquelles j’avais déjà travaillé. Le matin j’ai présenté, et le soir il m’a appelé pour me dire que c’était moi. Il avait donné très peu de pistes. Nous avions simplement visité l’endroit avenue de la Bourdonnais à Paris, face à la tour Eiffel. L’intérieur était déjà démoli, tout était à imaginer. Il m’avait juste dit : « Je veux un peu de nature. » Pas plus. Il voulait aussi être surpris.
Je considère que c’est l’appartement W. Le propriétaire a organisé un concours, nous étions trois à présenter un projet. Le client, un particulier, souhaitait un appartement un peu atypique. J’ai été présenté à lui par le biais d’entreprises avec lesquelles j’avais déjà travaillé. Le matin j’ai présenté, et le soir il m’a appelé pour me dire que c’était moi. Il avait donné très peu de pistes. Nous avions simplement visité l’endroit avenue de la Bourdonnais à Paris, face à la tour Eiffel. L’intérieur était déjà démoli, tout était à imaginer. Il m’avait juste dit : « Je veux un peu de nature. » Pas plus. Il voulait aussi être surpris.
On disposait de trois semaines pour préparer notre proposition. Un poteau, décalé des autres, définissait toute la structure de l’appartement. Je suis parti d’un concept un peu différent de celui de la nature, la naturalité : tout ce qui n’est pas fait par l’homme est issu de la nature. Ce poteau pouvait être, de manière abstraite, un élément issu de la nature.
Ces explications lui ont plu. J’aime bien dire que je ne fais pas de l’architecture d’intérieur mais des architectures intérieures. Je voulais quelque chose de très radical. Il y a une seule couleur dans l’appartement. Et très peu de matériaux (trois, NDLR). Le propriétaire est très content, il m’a encore dit récemment qu’il était très heureux dans cet appartement.
Le jour où… vous avez terminé un projet
On met beaucoup dans chaque projet. La transition se fait le jour où les gens emménagent. Et là, le projet ne nous appartient plus. Le dernier bouleversement intervient lorsque les cartons arrivent. Pour un magasin, c’est différent. On le finit souvent la veille ou le jour de l’ouverture. On rend et c’est fini.
On met beaucoup dans chaque projet. La transition se fait le jour où les gens emménagent. Et là, le projet ne nous appartient plus. Le dernier bouleversement intervient lorsque les cartons arrivent. Pour un magasin, c’est différent. On le finit souvent la veille ou le jour de l’ouverture. On rend et c’est fini.
Le jour où… vous avez eu la pression
Sur un chantier comme le Flagship Mauboussin, rue de la Paix. Il y avait une grosse pression. Le client avait imposé comme thème l’Art déco et le style français - Mauboussin a été une marque importante pendant la période Art déco, avec des grosses collections. Il fallait réinterpréter ce style pour y apporter quelque chose d’actuel, de contemporain. Outre la préparation, le chantier s’est étalé sur deux mois. Ça a été sportif, mais très intéressant.
Sur un chantier comme le Flagship Mauboussin, rue de la Paix. Il y avait une grosse pression. Le client avait imposé comme thème l’Art déco et le style français - Mauboussin a été une marque importante pendant la période Art déco, avec des grosses collections. Il fallait réinterpréter ce style pour y apporter quelque chose d’actuel, de contemporain. Outre la préparation, le chantier s’est étalé sur deux mois. Ça a été sportif, mais très intéressant.
Le jour où… vous avez eu une bonne idée
Il ne s’agit pas forcément de bonnes idées, mais certains jours, on parvient à saisir des choses qui nous viennent. C’est compliqué, les bonnes idées… Lorsqu’on présente quelque chose, on voit dans la seconde, dans les yeux du client, si l’on est dedans. Si ça lui plaît ou pas. Ça se joue en trois secondes. Il y a beaucoup de psychologie avec nos clients. On croise beaucoup de caractères très différents. Il faut parfois être un peu caméléon. La bonne idée, c’est peut-être d’arriver à trouver les mots justes pour vendre ce que l’on a imaginé pour le projet.
Il ne s’agit pas forcément de bonnes idées, mais certains jours, on parvient à saisir des choses qui nous viennent. C’est compliqué, les bonnes idées… Lorsqu’on présente quelque chose, on voit dans la seconde, dans les yeux du client, si l’on est dedans. Si ça lui plaît ou pas. Ça se joue en trois secondes. Il y a beaucoup de psychologie avec nos clients. On croise beaucoup de caractères très différents. Il faut parfois être un peu caméléon. La bonne idée, c’est peut-être d’arriver à trouver les mots justes pour vendre ce que l’on a imaginé pour le projet.
Le jour où… vous avez douté
Tous les jours ! Aucune certitude. C’est normal, tout le monde vit ça…
Tous les jours ! Aucune certitude. C’est normal, tout le monde vit ça…
Le jour où… vous êtes tombé amoureux d’un lieu
Paris. La première fois que je suis venu à Paris. Je devais avoir 11-12 ans. C’est très cliché, mais la vision de Paris à Montmartre m’avait énormément marqué. C’est à partir de là que j’ai eu envie de venir.
Paris. La première fois que je suis venu à Paris. Je devais avoir 11-12 ans. C’est très cliché, mais la vision de Paris à Montmartre m’avait énormément marqué. C’est à partir de là que j’ai eu envie de venir.
Le jour où… vous avez rencontré un personnage important de votre parcours
Beaucoup d’entreprises m’ont aidé. Ce client de l’appartement W était quelqu’un d’exceptionnel. J’ai commencé par lui, il m’a laissé penser que tout était possible. Quand on démarre avec quelqu’un, que ça se passe aussi bien, que l’on peut faire des choses et que l’on a un échange intéressant, ça ouvre énormément. J’ai eu d’autres clients par la suite avec lesquels il aurait été plus difficile de démarrer. J’étais jeune, c’était un projet avec beaucoup d’argent mais il m’a accordé beaucoup de confiance. J’ai beaucoup de respect pour lui.
Beaucoup d’entreprises m’ont aidé. Ce client de l’appartement W était quelqu’un d’exceptionnel. J’ai commencé par lui, il m’a laissé penser que tout était possible. Quand on démarre avec quelqu’un, que ça se passe aussi bien, que l’on peut faire des choses et que l’on a un échange intéressant, ça ouvre énormément. J’ai eu d’autres clients par la suite avec lesquels il aurait été plus difficile de démarrer. J’étais jeune, c’était un projet avec beaucoup d’argent mais il m’a accordé beaucoup de confiance. J’ai beaucoup de respect pour lui.
Le jour où… vous avez été fier
Je suis encore un peu jeune pour répondre à ça. Je suis encore au tout début, il y a encore tellement à faire, à construire. Je suis toujours content quand on arrive à finir un projet, mais pas de satisfaction inouïe. Il y a encore de la marge…
ET VOUS ?
Que pensez-vous du parcours de Régis Botta ?
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Je suis encore un peu jeune pour répondre à ça. Je suis encore au tout début, il y a encore tellement à faire, à construire. Je suis toujours content quand on arrive à finir un projet, mais pas de satisfaction inouïe. Il y a encore de la marge…
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Très belles réalisations
Merci
www.regisbotta.com
Sympathique ce jeune architecte. Pas étonnant qu’il travaille sur de gros sujets qui impliquent la confiance.