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Maisons de campagne
Suivez le Guide : Une maison bohème dans l'Hérault
Trente ans de Puces ont valu à la maison de Djamila et Abdallah une magnifique accumulation d'objets
Dissimulée derrière un rideau épais de végétation plantée justement pour assurer une véritable intimité au jardin, la maison en pierre de taille de Castries invite à la rêverie. « Nous l’avons acheté en 1999, mais elle date de 1854. À la fin du XIXᵉ siècle, les gens fortunés de l’époque quittaient les petites ruelles aux alentours de l’ancien château pour venir s’installer plus confortablement dans de grands espaces. Des potagers sur le bord du ruisseau ont été alloués à chaque propriété. Les jardins sont petits dans le cœur du village. De toute façon, les propriétaires de l’époque cultivaient leurs terres et ne souhaitaient pas s’encombrer d’un terrain autour de leur maison », nous explique Abdallah.
À première vue, rien ne semble avoir changé depuis des siècles. Et pourtant, il aura fallu quatorze mois de travaux pour retrouver les origines de la maison qui n’a pas cessé de se transformer au fil des années, s’éloignant toujours un peu plus de ces beaux aménagements d’origine. « Nous avons mené tous les travaux nous-mêmes, aidés ponctuellement par des artisans spécialisés dans certains domaines que nous ne maîtrisions pas. Nous avons surtout veillé à redonner à la maison son charme d’antan en respectant sa première structure habitable. Elle a ainsi retrouvé son âme. »
Et puis Djamila a mis son grain de sel dans la déco, et la maison a pris des airs bohèmes, se remplissant de jour en jour au gré des voyages, des rencontres, pour le plus grand plaisir de leurs enfants et petits enfants qui n’ont pas besoin de raisons particulières pour venir profiter de la chaleur des lieux, ouverts et accueillants.
Coup d’œil
Qui habite ici : Djamila et Abdallah Yousfi
Emplacement : Assas, Hérault, France
Superficie : 400 m²
Photos : jours & nuits © 2015 Houzz
À première vue, rien ne semble avoir changé depuis des siècles. Et pourtant, il aura fallu quatorze mois de travaux pour retrouver les origines de la maison qui n’a pas cessé de se transformer au fil des années, s’éloignant toujours un peu plus de ces beaux aménagements d’origine. « Nous avons mené tous les travaux nous-mêmes, aidés ponctuellement par des artisans spécialisés dans certains domaines que nous ne maîtrisions pas. Nous avons surtout veillé à redonner à la maison son charme d’antan en respectant sa première structure habitable. Elle a ainsi retrouvé son âme. »
Et puis Djamila a mis son grain de sel dans la déco, et la maison a pris des airs bohèmes, se remplissant de jour en jour au gré des voyages, des rencontres, pour le plus grand plaisir de leurs enfants et petits enfants qui n’ont pas besoin de raisons particulières pour venir profiter de la chaleur des lieux, ouverts et accueillants.
Coup d’œil
Qui habite ici : Djamila et Abdallah Yousfi
Emplacement : Assas, Hérault, France
Superficie : 400 m²
Photos : jours & nuits © 2015 Houzz
Une jolie coccinelle décapotable offerte par Abdallah pour l’anniversaire de Djamila, des sourires avenants et bienveillants, nous voilà aux portes de leur petit coin de paradis. Entre l’eucalyptus géant qui dépasse du portail et les rosiers grimpants, les ipomées mauves et les fleurs plantées çà et là, la maison rassure par ses proportions agréables. Un petit jardin frais offre de l’ombre où nous abriter afin d’écouter les explications à propos des travaux.
Djamila est déjà repartie travailler dans la cuisine, la pièce qu’elle préfère. C’est d’ailleurs par là que nous entrons, intrigués de comprendre comment l’espace se dessine sous la végétation de la façade. « Auparavant, la cuisine actuelle était une écurie. La pièce était divisée en quatre, et l’ouverture où se trouve la baie vitrée était fermée par des parpaings. Nous avons choisi de conserver les ouvertures telles qu’elles avaient été prévues à l’époque de sa construction. Nous avons donc rouvert les anciennes fenêtres et bouché certaines réalisées par le propriétaire précédent. Les tracteurs et machines agricoles côtoyaient l’habitat des saisonniers venus travailler dans les vignes », explique Abdallah.
La lumière glisse sur le sol lustré encadré par de grands carrés d’acier. Djamila saute sur l’occasion pour nous expliquer : « Pour les sols au rez-de-chaussée, je me suis inspirée d’une boutique Agnès b. à Montpellier. J’y suis allée avec le maçon marocain qui travaillait avec nous, à la surprise générale des vendeuses, pour lui montrer le sol que je souhaitais identique en tout point. C’est du béton coulé incrusté de petits cailloux ramassés dans la rivière. Le pigment jaune a été ajouté à la masse. Il est ensuite poli pour le rendre bien lisse et traité avec un vitrificateur pour l’entretien. Après toutes ces années, je suis contente d’avoir fait ce choix, c’est toujours aussi beau ! »
Des bouts de verdure semblent passer derrière les radiateurs. « Lorsque l’on a commencé à restaurer la maison, nous avons fait confiance à un marchand de vieux matériaux qui nous a trouvé ces magnifiques radiateurs en fonte décorés. C’est devenu très difficile à dénicher maintenant. Nous en avons dans toute la cuisine. De vraies œuvres d’art ! »
La cheminée a été restaurée et replacée à l’endroit où l’avaient construite les propriétaires au XIXᵉ siècle. À hauteur d’homme, elle fournit un âtre idéal pour les grillades autour du feu. « Les petits fauteuils orange devant la cheminée sont très confortables. Je les ai dénichés dans une brocante à Villeneuve-lès-Avignon. J’ai juste repeint les pieds qui étaient marron foncé dans une couleur plus claire. Après la fin des travaux, nous y allions tous les week-ends pour meubler la maison et le Mas des Violettes que nous venions de rénover également. » Djamila ne peut s’empêcher de nous inviter à nous approcher : « La balance, c’est un cadeau d’une amie, son père était épicier. Lorsque je l’ai vue chez elle, je me suis tellement extasiée devant qu’elle me l’a offerte. »
Elle poursuit : « L’un de mes plus grands défauts, c’est l’accumulation. Je ne peux pas m’empêcher. J’ai commencé à acheter une théière parce que j’affectionne tout particulièrement cet objet, puis deux et trois, et je n’ai pas réussi à m’arrêter avant de remplir tout le rebord de la cheminée. Je les aime bien, elles sont là, ventrues et généreuses, promesse d’un thé chaud devant le feu en hiver. Et puis ça nous rappelle le bled ! »
En face de la cuisine aménagée trône la table monumentale. Djamila nous la décrit fièrement : « Elle a été confectionnée par mon cher mari afin de recevoir notre grande famille lors des dîners avec tous les enfants. Il a eu l’idée de créer cette immense table à partir de madriers. » Elle poursuit : « Les chaises, quant à elles, ont été achetées aux Puces à Montpellier. La dame qui les vendait en avait exposé deux. Elle m’a expliqué qu’elles provenaient d’un hôtel à Sète qui changeait de mobilier. J’en ai finalement acquis trente et lorsque nous invitons nos amis, je les répartis autour des tables ! Je les ai achetées sur un coup de tête, et en rentrant, je me suis dit que le bleu n’allait peut-être pas convenir pour la cuisine. En fait, je ne regrette pas, car elles tranchent avec les couleurs chaudes de la maison et créent une délicieuse harmonie. Je les ai négociées à 5 euros pièce, une affaire ! »
Nous passons par une belle porte peinte vers la salle à manger attenante. « J’ai acheté cette porte vitrée chez un antiquaire. Au début, je l’avais installée en tant que porte extérieure dans ma maison précédente. Et lorsque nous avons aménagé cette maison, j’ai demandé à réaliser une ouverture aux dimensions de cette porte pour l’installer en transition entre la cuisine et la salle à manger. Les vitraux sont peints à la main. »
La première sensation en entrant dans la pièce centrale de la maison, c’est une impression de clarté et d’ouverture sur l’extérieur. La mezzanine surplombe en arrière-plan, offrant une lumière naturelle au plafond blanc traversé par d’immenses poutres. Alors que la dimension impressionnante des rideaux de velours, tendus en double épaisseur, déploie leurs plis majestueux sur la porte vitrée, Abdallah précise : « Les montants profilés en acier ne sont pas forcément idéaux en termes d’isolation, mais comme nous bénéficions d’un climat doux, nous avons simplement opté pour de grands rideaux épais qui compensent les échanges de température entre l’intérieur et l’extérieur. »
Un vase en verre m’intrigue sur la commode : « Lorsque je suis allée en Chine pour rendre visite à ma fille Julia qui faisait ses études là-bas », raconte Djamila, « j’ai visité le vieux Pékin et je suis tombée sur des antiquaires qui vendaient de très jolis objets, dont ces petits chaussons brodés de superbes fils de couleurs. »
En hauteur s’étend sur les rambardes de la mezzanine un tapis aux couleurs flamboyantes : « C’est un héritage de mon père », raconte-t-elle. « Il vient de Kabylie. La première fois que je suis allée en Algérie, j’avais onze ans. C’est à cette occasion que j’ai vu ma grand-mère le tisser. Il est resté chez mes parents et lorsque maman a déménagé, c’était la seule chose que je voulais récupérer. Ce tapis est la pièce maîtresse de cette pièce, il est absolument magnifique. »
Le bleu des chaises contraste avec les coussins aux nuances roses dans un décor couleur sable. Les tables sont recouvertes de toiles de lin beige, « le plateau vient d’Iran, c’est un cadeau de mariage ».
Le spectaculaire lustre suspendu au-dessus de la table du salon est réalisé avec des dizaines de pots de yaourt en verre peints accrochés au bout d’une multitude de fils de fer : « C’est un cadeau confectionné par Abdallah pour notre mariage en 2003. Je monte sur la table pour allumer les bougies le soir ! »
Abdallah est passionné de percussions, alors souvent, avec les copains, ils jouent du darbouka ou du tam-tam. « Tous ses instruments viennent d’Afrique, du Maghreb surtout », indique Djamila.
« Le fauteuil tout usé, je l’ai trouvé dans les rues de Montpellier. Je l’ai immédiatement remarqué de loin et malgré son poids, je l’ai porté à bout de bras jusqu’à chez moi ! »
« Le fauteuil tout usé, je l’ai trouvé dans les rues de Montpellier. Je l’ai immédiatement remarqué de loin et malgré son poids, je l’ai porté à bout de bras jusqu’à chez moi ! »
L’escalier à côté du piano offre un accès à l’étage pour rejoindre la pièce en mezzanine. « Toutes les rambardes ont été récupérées en lot, mais aucune n’est de la même taille. Il a donc fallu les classer de la plus petite à la plus grande et ensuite adapter la hauteur de la rampe à la balustrade, un vrai jeu de patience ! », explique Djamila en riant.
La pièce dissimulée en mezzanine comme un secret bien gardé, c’est « la pièce de couture », l’atelier où Djamila passe ses soirées à créer des robes, confectionner des sacs, tapisser des mannequins et ranger sa collection de tissus.
Tous les meubles proviennent des puces. Dotés de tiroirs longs comme des bras, ils contiennent des centaines de boutons, fils et échantillons dignes des plus belles merceries. Collectionneuse de cages, elle n’a pas résisté à l’envie d’en suspendre une provenant de ses voyages en Chine.
Autour de sa machine à coudre, des rouleaux de tissu s’empilent, soutenus par la lampe d’architecte qui les retient solidement. Elle aime coudre face à la lumière naturelle et c’est pour cette raison qu’Abdallah lui a réalisé sur mesure une table de couture idéale.
Les tissus, elle les aime tant qu’elle n’a de cesse d’en récupérer… Des rouleaux, des coupons, des morceaux chinés sur les brocantes des villages de la région. L’armoire en est pleine et la bibliothèque ploie sous le poids des coupons triés par couleur, vitrine de son magasin imaginaire.
Elle nous montre ses trésors : « Toutes ces bobines de fils viennent de l’atelier d’une artiste. Lorsqu’elle a quitté son atelier suite à un incendie, elle m’a fait cadeau de ses gigantesques bobines de fils qu’elle employait pour ses tableaux. Les teintes des fils sont exceptionnelles. »
Avant d’atteindre le bout du couloir, une petite chambre s’ouvre, lumineuse et radieuse, un havre de paix sous la lumière zénithale. « On voulait faire une salle de bains dans la chambre. Ambitieux, nous envisagions une mezzanine en haut pour un lit d’enfant. Mais surtout, ce qui nous intéressait, c’était de créer un volume dans la pièce, comme une petite maison dans la chambre. La salle de bains avec sa porte arrondie donne d’ailleurs cette sensation lorsqu’on y pénètre, à l’ombre du soleil qui rentre par la fenêtre sur le toit », précise Djamila en passant devant la porte entrouverte.
« Encore mes mannequins que je recouvre de papier. Il y en a un à ma taille, pourtant ça devient très compliqué à trouver parce qu’ils sont de plus en plus recherchés par les stylistes. »
« Encore mes mannequins que je recouvre de papier. Il y en a un à ma taille, pourtant ça devient très compliqué à trouver parce qu’ils sont de plus en plus recherchés par les stylistes. »
Blanche, sous pente, rafraîchie par un ventilateur à pales, la chambre du couple est réchauffée par le parquet blond en pin. Le lit fabriqué avec des planches par Abdallah se repose sous la plage aquarellée par Djamila.
« L’ouverture de la fenêtre était définie par les pierres de taille, et nous avons choisi une grande fenêtre carrée en métal, comme pour les portes-fenêtres en bas. Le radiateur tout en longueur a été récupéré chez le même vendeur de matériaux, il paraît avoir été commandé sur mesure pour la pièce. »
« L’ouverture de la fenêtre était définie par les pierres de taille, et nous avons choisi une grande fenêtre carrée en métal, comme pour les portes-fenêtres en bas. Le radiateur tout en longueur a été récupéré chez le même vendeur de matériaux, il paraît avoir été commandé sur mesure pour la pièce. »
« Cette armoire, c’est le premier meuble ancien que je me suis acheté avec mon premier salaire. J’aime bien qu’elle soit ici parce qu’on pourrait s’attendre à voir une grande armoire massive dans cette vaste chambre, et en fait, ma petite armoire me rassure. J’y tiens tellement ! », dit-elle en souriant.
« Le tapis de notre chambre a une jolie histoire aussi. Nous étions à Ghardaïa, en Algérie et en arrivant sur la plage, j’ai vu au loin ce tapis sur un balcon. Je l’ai vu immédiatement chez moi ! Il a été tissé à la main, teint avec des colorants naturels. »
« Le tapis de notre chambre a une jolie histoire aussi. Nous étions à Ghardaïa, en Algérie et en arrivant sur la plage, j’ai vu au loin ce tapis sur un balcon. Je l’ai vu immédiatement chez moi ! Il a été tissé à la main, teint avec des colorants naturels. »
Une petite salle de bains nichée derrière une cloison donne sur une alcôve privée. « À l’époque, les petits carreaux n’existaient pas », précise-t-elle, « mais c’est vraiment ce que j’avais en tête. Alors j’ai acheté de grands carreaux bleus classiques et je les ai coupés en quatre ! »
Sur le même palier, des chambres plus jolies les unes que les autres accueillent les meubles d’enfant, les jouets, les malles à déguisements. Des draps en métis brodés sont suspendus aux tringles à rideaux par de simples pinces. Le carrelage en cabochon rouge et noir légèrement jauni confère une atmosphère vintage renforcée par la présence de vieux jouets, de valises et de poupées chinées sur les brocantes.
De petites silhouettes noires découpent l’ombre à l’entrée de chaque chambre d’enfant.
Celle des plus petits propose aux enfants un bureau d’écolier à tiroirs ainsi qu’un cours d’écriture au tableau, comme dans les écoles d’antan.
Sur le palier, à côté des chambres, la salle de bains offre une lumière intense. Le carrelage d’origine peint à la main quadrille la pièce avec élégance. Djamila en profite pour nous expliquer : « La baignoire en fonte émaillée à pattes de lion est d’époque, achetée dans ce fameux magasin de matériaux anciens. Pour les murs, j’ai choisi une faïence biseautée métro blanche posée aux trois quarts du mur, avec un rang de carrelage de même type noir pour la finition. Sa brillance et son éclat ne gênent pas la céramique au sol. »
Au rez-de-chaussée, avant de passer par l’entrée, au pied de l’escalier en pierre, de petits salons beiges dédiés au repos et à la lecture s’ouvrent sur des lumières tamisées par des stores vénitiens en bois.
Il est temps de quitter cette maison cossue qui retient tant la chaleur humaine. Nous sortons par l’entrée, après un passage sur le ciment à l’ancienne, avant de retrouver la lumière éblouissante du Sud.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette bâtisse en pierre ?
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photos organisés par Houzz dans les intérieurs de houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fiers de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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