Avant/Après : Une boutique parisienne transformée en triplex
Retour sur la rénovation complète d'une boutique où l'archi Lilan Pan a installé ses bureaux et son chez-elle avec beaucoup de flexibilité
Agnès Carpentier
18 mars 2016
Contributrice HOUZZ. Journaliste.
Fraîchement débarquée de Los Angeles, l’architecte d’intérieur Lilan Pan, qui rénovait il y a peu encore les villas hollywoodiennes, cherche un appartement à Paris pour y installer ses bureaux et, accessoirement, y vivre lorsqu’elle ne file pas rejoindre son époux Nicolas, architecte urbaniste à Grenoble. D’une nature liante, Lilan a une vie sociale riche, rythmée par les amis de passage, les réceptions qu’elle donne. Elle compte également partager ce pied-à-terre avec son mari lorsqu’il a des missions parisiennes. Dans son esprit germe l’idée d’une surface flexible qui aurait un usage mixte de bureau et d’habitation, confortable et à moindre coût. Son rêve devient réalité lorsqu’elle trouve une boutique en liquidation dans le XIᵉ arrondissement entre Voltaire et Charonne. Elle dispose d’une cave et d’un appartement à l’étage, en tout 66 m² sur trois niveaux. L’ensemble est affreusement vétuste, mais il possède le potentiel requis pour créer un souplex à usage de bureau et d’habitation pouvant être réuni avec un studio indépendant au premier étage.
Coup d’œil
Qui habite ici : l’architecte d’intérieur Lilan Pan
Emplacement : rue de Belfort, Paris XIᵉ
Dates de la réalisation et durée des travaux : livraison fin 2015 après neuf mois de travaux
Superficie : 66 m² en tout. Rez-de-chaussée : 20 m² ; cave : 15 m² ; premier étage : 31 m²
Architecte d’intérieur : Lilan Pan de Studio Pan
Budget : 125 000 euros, électroménager inclus, hors honoraires d’architecte
Anecdote : Tandis que nous faisons la visite, une Américaine entre dans la « boutique », simplement pour dire bonjour. Lilan m’explique qu’elle s’est liée d’amitié avec bon nombre de voisins qui passent souvent pour la saluer et discuter, si bien qu’elle a dans l’idée de rajouter prochainement la fonction de galerie à son bureau pour exposer et promouvoir ses amis artistes.
Coup d’œil
Qui habite ici : l’architecte d’intérieur Lilan Pan
Emplacement : rue de Belfort, Paris XIᵉ
Dates de la réalisation et durée des travaux : livraison fin 2015 après neuf mois de travaux
Superficie : 66 m² en tout. Rez-de-chaussée : 20 m² ; cave : 15 m² ; premier étage : 31 m²
Architecte d’intérieur : Lilan Pan de Studio Pan
Budget : 125 000 euros, électroménager inclus, hors honoraires d’architecte
Anecdote : Tandis que nous faisons la visite, une Américaine entre dans la « boutique », simplement pour dire bonjour. Lilan m’explique qu’elle s’est liée d’amitié avec bon nombre de voisins qui passent souvent pour la saluer et discuter, si bien qu’elle a dans l’idée de rajouter prochainement la fonction de galerie à son bureau pour exposer et promouvoir ses amis artistes.
Un peu plus haut dans le quartier, entre Voltaire et Saint-Ambroise, toute boutique en liquidation est rachetée par des Chinois pour y exercer le commerce de vêtements en gros, bien loin des préoccupations design. D’origine chinoise, Lilan a eu le droit aux regards appuyés des voisins pendant toute la période des travaux. Elle les sentait circonspects. Aujourd’hui, ils sont complètement rassurés sur les intentions de l’architecte, attentive à embellir la rue au moyen de cette nouvelle devanture dans l’esprit des ateliers de l’est parisien. Lilan n’a surtout pas voulu se retrancher derrière un verre opaque : « J’aime profiter de l’ambiance de la rue en travaillant et une vitrine est plus agréable pour les gens qui passent. Ils sont toujours très sympas, ils me sourient souvent et je leur rends leur sourire. Certains entrent pour demander ce que je fais. Je me suis fait plein d’amis dans le quartier », explique-t-elle.
Voici l’institut de beauté racheté par Lilan avant sa rénovation complète. « Il n’y avait rien à garder », ironise-t-elle à la vue des photos.
Acheter une boutique et la transformer en habitation ne va pas de soi. « Pour légaliser cette démarche, il est nécessaire de “changer la destination” de la surface en mairie. Le design de la nouvelle façade doit également être validé par la ville », poursuit-elle.
Acheter une boutique et la transformer en habitation ne va pas de soi. « Pour légaliser cette démarche, il est nécessaire de “changer la destination” de la surface en mairie. Le design de la nouvelle façade doit également être validé par la ville », poursuit-elle.
L’ancienne boutique, spécialisée en épilations au caramel, s’est muée en un espace mixte, à la fois bureau d’architecture et pièce à vivre, salon et cuisine. Un mobilier transformable à volonté permet cette prouesse. Le bureau de Lilan, sur roulettes, devient par exemple table à manger pour six en le déplaçant le long de la banquette qui se dévoile sur la gauche.
La banquette, voulue jaune pour ensoleiller cet espace tout blanc, est constituée par un soubassement faisant office de coffre de rangement. Les coussins, recyclage d’un ancien matelas de Lilan coupé en trois morceaux, ont été recouverts de housses. Le socle, mobile, permet de déployer au besoin un lit double.
La banquette multifonction peut également offrir un lit simple d’une taille de 90 x 2,70 mètres.
Dans le prolongement de la banquette se dessine un escalier, léger comme une sculpture. Il mène à l’appartement situé au-dessus. « Je vis essentiellement dans le souplex, qui est très confortable », explique Lilan, « et je loue l’appartement du dessus pour rembourser mon emprunt. Quand mon mari est là ou que je reçois des amis, je récupère cet appartement et nous vivons sur les trois étages, comme dans une petite maison de ville. » L’escalier ne sert pas au quotidien car les locataires empruntent l’entrée de l’immeuble. Lilan voulait donc un escalier à l’impact visuel le plus limité possible. Parfois, elle s’en sert de bibliothèque et y expose ses livres.
L’îlot en Corian, dessiné par Lilan, dissimule à l’arrière la descente vers l’espace nuit. Transformable, à l’instar de la banquette, il a plus d’un tour dans ses flancs ! Un plan de travail en sort à la manière d’un compas, formant une table pour déjeuner ou un bureau d’appoint. Chacun de ses pans sert de rangement pour le réfrigérateur, le meuble sur lequel s’appuie le plan de travail escamotable et pour la grosse imprimante et scanner A3.
De l’autre côté de la pièce, le second bureau, fixe celui-ci, sert au mari de Lilan lorsqu’il travaille à Paris. À sa droite, ce qui ressemble à un placard en journée s’ouvre à l’heure des repas pour dévoiler une cuisine bien équipée.
La pièce étant immaculée, Lilan voulait faire contraster la cuisine, qu’elle a choisi noire. Amoureuse de belles matières, elle a opté pour un plan et une crédence en plaque céramique coupée sur mesure et des façades mates. Le « placard cuisine » recèle un four, une plaque de cuisson, un lave-vaisselle, des poubelles de tri et des rangements. Un groupe d’aspiration et une VMC ont même été installés. L’évacuation se fait via la façade de l’immeuble via un coffrage au-dessus du bureau fixe.
« Avec l’îlot multifonctionnel, on n’a pas du tout l’impression d’avoir une cuisine minuscule, bien au contraire », affirme Lilan. « On peut facilement travailler à deux pour préparer un repas sérieux. Parfois, le soir, nous fermons la vitrine avec un rideau. C’est là que nous nous sentons le plus à l’étroit. Cette vue vers l’extérieur est essentielle pour donner une sensation d’espace. »
« Avec l’îlot multifonctionnel, on n’a pas du tout l’impression d’avoir une cuisine minuscule, bien au contraire », affirme Lilan. « On peut facilement travailler à deux pour préparer un repas sérieux. Parfois, le soir, nous fermons la vitrine avec un rideau. C’est là que nous nous sentons le plus à l’étroit. Cette vue vers l’extérieur est essentielle pour donner une sensation d’espace. »
Derrière l’îlot, un escalier japonais à pas décalés conduit à l’ancienne cave transformée en chambre tandis que les placards de gauche ménagent des rangements supplémentaires pour la cuisine. L’escalier en medium a été peint en turquoise pour ajouter une touche de couleur et rappeler la plaque de verre translucide placée au sol, juste avant la descente de l’escalier, pour transmettre la lumière naturelle aux toilettes situées en dessous.
Chaque marche de l’escalier ainsi que ses flancs dissimulent moult rangements. « Il y a de petites boîtes pour les chaussures, un vestiaire, un placard pour l’aspirateur. Pas un centimètre carré n’a été perdu », explique Lilan.
La flexibilité de l’appartement et ses astuces de rangement ont permis de compenser les centimètres pris sur la surface initiale pour isoler. « Le confort ne réside pas que dans l’apparence des choses », nous confie Lilan avec philosophie. « Mon mari et moi sommes aussi attachés au vrai confort, celui que l’on ne voit pas. » Les murs ont tous été doublés, les plafonds abaissés de 15 centimètres avec des suspentes élastiques et remplis de ouate de cellulose, « une excellente isolation phonique, également écologique ». La VMC, les radiateurs électriques à inertie fluide Acova et le double vitrage phonique participent à ce confort, tant thermique qu’acoustique.
La flexibilité de l’appartement et ses astuces de rangement ont permis de compenser les centimètres pris sur la surface initiale pour isoler. « Le confort ne réside pas que dans l’apparence des choses », nous confie Lilan avec philosophie. « Mon mari et moi sommes aussi attachés au vrai confort, celui que l’on ne voit pas. » Les murs ont tous été doublés, les plafonds abaissés de 15 centimètres avec des suspentes élastiques et remplis de ouate de cellulose, « une excellente isolation phonique, également écologique ». La VMC, les radiateurs électriques à inertie fluide Acova et le double vitrage phonique participent à ce confort, tant thermique qu’acoustique.
La chambre, bien ventilée et isolée, est très confortable. Elle a été équipée d’un lit escamotable pour pouvoir servir, au besoin, de salle de réunion. Sur la gauche, un linéaire de placards de 35 centimètres de profondeur accueille les vêtements rangés de face. À droite, la porte dessert les toilettes, la douche et un espace pour une machine lavante-séchante.
Au-dessus du lit, un coffrage muni d’une trappe dissimule un vidéoprojecteur. Après sa journée de travail, Lilan peut s’accorder des séances cinéma sur grand écran depuis son lit. Une autre idée du confort !
La chambre dispose également d’un petit bureau installé sous un puits de lumière naturelle qui éclaire tout le sous-sol. Ce puits de lumière, situé au pied du bureau de Lilan à l’étage supérieur, crée un retrait de 30 centimètres entre la vitrine et le bureau. « Ce puits a désenclavé cette pièce et ôté complètement la sensation de cave », explique l’architecte.
Les toilettes sont très exiguës. Lilan les a équipées d’un grand miroir afin de les faire paraître plus vastes.
Voici le plan du souplex aménagé dans l’ancienne boutique et sa cave.
L’appartement de 31 m² au-dessus de la boutique présentait une enfilade de trois petites pièces cloisonnées desservies par un couloir : une pièce principale avec douche…
… des toilettes…
… et une cuisine.
Lilan a eu l’idée de décloisonner complètement l’appartement afin d’exploiter son potentiel lumineux dispensé par trois grandes fenêtres sur rue. Elle a aussi récupéré la surface du couloir, mal exploitée. L’appartement semble beaucoup plus grand et respire. Le coin salon que l’on voit ici est fixe.
En revanche, à l’autre bout de la pièce la modularité est de mise à l’aide d’une cloison modulable et d’un lit escamotable. Dans cette configuration, le lit disparaît complètement et toute la place est laissée à la pièce à vivre. « On a fait ici une fête avec plus de vingt personnes ! », se remémore Lilan.
Quand le lit est en place, la semi-cloison avance dans la pièce et crée une alcôve intime pour la chambre. Derrière le lit, à droite de la cuisine, une trappe s’ouvre sur l’escalier blanc du souplex. C’est l’entrée secrète des propriétaires. Mais pour les locataires temporaires, ce coin permet d’accéder à un dressing créé derrière la tête de lit.
Voici l’alcôve-chambre quand le lit est déplié.
La cuisine a été reconquise sur l’ancien couloir et fait face aux fenêtres sur rue. Toute de blanc vêtue et sans poignées, elle est très légère et lumineuse. « La crédence miroir a permis de donner à la pièce la sensation d’une double exposition », affirme Lilan. La cuisine dispose d’un lave-vaisselle, d’un réfrigérateur de 90 centimètres et d’un micro-ondes, mais pas de four. La colonne de gauche s’ouvre sur l’entrée. Elle renferme le lave-linge surplombé d’un chauffe-eau Ariston de 25 centimètres de profondeur. Lilan met son linge à sécher sur des cintres dans l’espace restant.
La salle de bains de l’appartement est petite mais luxueuse. La partie lavabo et toilettes s’ouvre à gauche du canapé via une porte miroir.
Quant à la douche, elle est accessible dans l’entrée. La passion des belles choses a commandé à Lilan le choix du marbre et d’un ciel de pluie encastré dans le plafond.
Dans cet appartement, le confort « invisible » a lui aussi été soigné : la VMC, la hotte à extraction, le doublage des murs tant phonique que thermique sont de la partie.
Dans cet appartement, le confort « invisible » a lui aussi été soigné : la VMC, la hotte à extraction, le doublage des murs tant phonique que thermique sont de la partie.
Dans ce plan de l’appartement au-dessus de la boutique, on découvre les différents scénarios d’aménagement prévus par Lilan au moyen de la semi-cloison mobile.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette boutique reconvertie en souplex ?
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Bonjour Studio Pan, c'est très réussi, vraiment très joli. Nous sommes une boutique et cherchons à faire refaire notre façade qui ressemble à la votre. Auriez vous la gentillesse de nous donner les coordonnées de l'artisan qui a refait votre devanture sur rue ? Merci beaucoup !
Bonjour Studio Pan, Lilian. Cette réalisation est magnifique. Je suis sur un projet similaire d'acquisition du rdc de mon immeuble (j'ai déjà le 1er étage) pour réunir deux appartements. Le rdc était un coiffeur. J'aimerais savoir si vous avez les coordonnées de l'artisan qui vous a refait la devanture svp. Je dois présenter un projet à la mairie et je voudrai savoir si tout cela est bien dans mon budget. Encore merci d'avance. Elodie
Bonjour Studio Pan
Très belle réalisation et optimisation des espaces ! La chambre réalisée en sous-sol nous donne des idées ! Est-ce que vous pouvez me dire quelle est la largeur des escaliers et la hauteur à franchir juste pour voir si nos idées pourraient se concrétiser ! Merci !!!