Rencontre Houzz : Frédérique Pyra, architecte contemporaine
Frédérique Pyra dessine seule et sans relâche des maisons lumineuses qui tutoient l’eau et l’horizon
Fille du Sud formée à Saint-Étienne et Paris, Frédérique Pyra a pris son temps pour se former auprès des plus grands avant de s’installer à son compte à Hyères. Aujourd’hui, son bureau est posé face à la Méditerranée, à quelques encablures de Toulon. Entre deux rendez-vous clients et trois visites de chantiers, elle attrape sa planche à voile et file surfer sur les vagues. Son travail raconte sa connivence avec le bois, la pierre et la mer, les paysages de Hyères et les maisons de demain. Sensible à l’alphabet du Bauhaus, ce courant d’architecture précurseur du design contemporain, Frédérique Pyra s’est focalisée sur l’essentiel : la sobriété. Voici le portrait d’une architecte libre comme le vent.
Quelle est votre vision de l’architecture ?
L’épure. Je privilégie les espaces ouverts, les baies vitrées qui s’effacent en galandages et la circulation de l’air entre intérieur et extérieur. Mes maisons tranchent avec le style néoprovençal étriqué par le dialogue qu’elles entretiennent avec le paysage.
L’épure. Je privilégie les espaces ouverts, les baies vitrées qui s’effacent en galandages et la circulation de l’air entre intérieur et extérieur. Mes maisons tranchent avec le style néoprovençal étriqué par le dialogue qu’elles entretiennent avec le paysage.
Cette petite maison de pêcheurs, par exemple, avait un emplacement fabuleux, près d’une très jolie crique de Carqueiranne. Je l’ai complètement repensée, en élargissant les ouvertures, en supprimant les volets et les portes-fenêtres à petit bois et en dégageant les volumes des combles.
Aujourd’hui, au lieu d’être posée sur des gravillons comme pour s’excuser d’être aussi près de l’eau, elle surplombe la mer. Elle respire, elle est ample et aérée et elle a tissé des liens avec la nature environnante à travers sa terrasse de teck.
À l’intérieur, le nombre de mètres carrés n’a pas bougé, mais chaque pièce semble immense par le simple changement des hauteurs et des ouvertures. J’aime que l’architecture cadre les paysages, c’est ma signature.
Quel genre de professionnelle êtes-vous ?
Je vais à l’essentiel. J’ai cette grande chance d’avoir un carnet de commandes plein. Je ne délègue rien, je contrôle tout pour éviter les erreurs, du dessin aux finitions. Je suis un bourreau de travail ! Depuis que j’ai monté mon propre cabinet voilà huit ans, je travaille avec les mêmes entreprises, qui connaissent mon côté radical et mon niveau d’exigence.
Je vais à l’essentiel. J’ai cette grande chance d’avoir un carnet de commandes plein. Je ne délègue rien, je contrôle tout pour éviter les erreurs, du dessin aux finitions. Je suis un bourreau de travail ! Depuis que j’ai monté mon propre cabinet voilà huit ans, je travaille avec les mêmes entreprises, qui connaissent mon côté radical et mon niveau d’exigence.
Quel est votre processus créatif ?
Avant tout, il y a une rencontre avec un lieu. Je commence par me rendre sur place pour sentir la présence et l’importance des grands arbres, des murets de pierres sèches, de la pente ou des vis-à-vis. Je mesure les atouts et je pèse chaque limite.
Avant tout, il y a une rencontre avec un lieu. Je commence par me rendre sur place pour sentir la présence et l’importance des grands arbres, des murets de pierres sèches, de la pente ou des vis-à-vis. Je mesure les atouts et je pèse chaque limite.
C’est d’abord la vue qui m’inspire. Je vais m’asseoir là où mes clients poseront leur chaise longue et je construis la maison dans ma tête, à partir des extérieurs. Mon inspiration s’appuie souvent sur les contraintes : les règles d’urbanisme sont comme un corset qui nous force à plus de créativité. C’est seulement après avoir compilé toutes ces données que je tente quelques esquisses. En réalité, tout vient très vite. Les idées sont là, il n’y a plus qu’à les laisser prendre forme.
Quels sont vos « tics » en architecture ?
J’aime jouer avec les ombres et la fraîcheur. Nous sommes dans un pays de plein soleil et chacune de mes maisons est un défi, un équilibre à trouver entre l’ouverture vers les paysages et la lutte contre la chaleur, entre l’utilisation de matériaux techniques, comme le béton ou l’aluminium, et la prise en compte de la corrosion de l’air marin. Il faut défier le temps, les hautes températures et les tempêtes.
J’aime jouer avec les ombres et la fraîcheur. Nous sommes dans un pays de plein soleil et chacune de mes maisons est un défi, un équilibre à trouver entre l’ouverture vers les paysages et la lutte contre la chaleur, entre l’utilisation de matériaux techniques, comme le béton ou l’aluminium, et la prise en compte de la corrosion de l’air marin. Il faut défier le temps, les hautes températures et les tempêtes.
De quelle façon traitez-vous les intérieurs ?
Quand on vit face à la Méditerranée, il faut éviter d’inciter les clients à vivre enfermés. Je veille donc à ce que leur regard soit toujours attiré par ce qui se passe dehors. Les grands volumes intérieurs sont une ode à l’air libre et les cuisines sont conçues comme de véritables annexes de la terrasse.
Les salles de bains, elles, sont confortables, comme des cocons ou des lieux de passage, mais leur spécificité viendra toujours de leur ouverture inattendue vers le jardin ou la mer.
Quand on vit face à la Méditerranée, il faut éviter d’inciter les clients à vivre enfermés. Je veille donc à ce que leur regard soit toujours attiré par ce qui se passe dehors. Les grands volumes intérieurs sont une ode à l’air libre et les cuisines sont conçues comme de véritables annexes de la terrasse.
Les salles de bains, elles, sont confortables, comme des cocons ou des lieux de passage, mais leur spécificité viendra toujours de leur ouverture inattendue vers le jardin ou la mer.
Quand aux chambres, elles invitent au repos sans jamais se couper de l’extérieur. Je veille par exemple à la continuité des sols, ou aux couleurs qui sont comme un contrepoint pour relever le paysage.
Quel conseil donneriez-vous à un novice en architecture ?
Je lui dirais de voyager, d’aller se former à l’étranger et de ne pas hésiter à aller frapper aux portes des plus grands, sans jamais renoncer ! Se mettre tout de suite à son compte, c’est trop dur, les clients n’ont pas confiance en vous si vous n’avez encore rien fait. C’est un métier d’expérience, de compagnonnage, avec beaucoup de responsabilités. Il faut laisser le temps vous patiner un peu avant de se jeter à l’eau tout seul.
Je lui dirais de voyager, d’aller se former à l’étranger et de ne pas hésiter à aller frapper aux portes des plus grands, sans jamais renoncer ! Se mettre tout de suite à son compte, c’est trop dur, les clients n’ont pas confiance en vous si vous n’avez encore rien fait. C’est un métier d’expérience, de compagnonnage, avec beaucoup de responsabilités. Il faut laisser le temps vous patiner un peu avant de se jeter à l’eau tout seul.
Quelles relations tissez-vous avec vos clients ?
Ce sont les propriétaires qui m’appellent. Ils ont souvent des vies actives loin du Sud et ils me commandent une résidence secondaire. Je veille à les tenir bien informés, en leur envoyant des photos toutes les semaines. Ils se rendent compte de l’avancement et sont capables de voir tout de suite si quelque chose ne leur convient pas. Internet a vraiment changé notre façon de travailler. On collabore en temps réel avec ses clients, même s’ils vivent à des milliers de kilomètres.
Ce sont les propriétaires qui m’appellent. Ils ont souvent des vies actives loin du Sud et ils me commandent une résidence secondaire. Je veille à les tenir bien informés, en leur envoyant des photos toutes les semaines. Ils se rendent compte de l’avancement et sont capables de voir tout de suite si quelque chose ne leur convient pas. Internet a vraiment changé notre façon de travailler. On collabore en temps réel avec ses clients, même s’ils vivent à des milliers de kilomètres.
Facile ou difficile de tourner la page d’une maison qu’on a dessinée, puis vue sortir de terre ?
Pas si facile… D’ailleurs, je garde toujours un œil sur les maisons que j’ai faites, pour voir comment elles évoluent. Je tisse souvent des relations extraprofessionnelles avec mes clients, qui apprécient de m’y inviter plusieurs années après.
Mais je reste tournée vers mes projets, parce que c’est demain qui me passionne ! Par exemple, je travaille en ce moment sur la réhabilitation d’une immense villa victorienne à Giens, les pieds dans l’eau, au cœur d’une pinède de 14 000 m². Elle va devenir un centre de villégiature pour des enfants autistes ou handicapés. Voilà un projet dont je suis fière, qui m’inspire énormément et qui donne encore plus de sens à mon travail… et à ma vie !
Pas si facile… D’ailleurs, je garde toujours un œil sur les maisons que j’ai faites, pour voir comment elles évoluent. Je tisse souvent des relations extraprofessionnelles avec mes clients, qui apprécient de m’y inviter plusieurs années après.
Mais je reste tournée vers mes projets, parce que c’est demain qui me passionne ! Par exemple, je travaille en ce moment sur la réhabilitation d’une immense villa victorienne à Giens, les pieds dans l’eau, au cœur d’une pinède de 14 000 m². Elle va devenir un centre de villégiature pour des enfants autistes ou handicapés. Voilà un projet dont je suis fière, qui m’inspire énormément et qui donne encore plus de sens à mon travail… et à ma vie !
ET VOUS ?
Que pensez-vous du parcours de Frédérique Pyra ?
Vous préparez un projet ? Trouvez l’architecte qu’il vous faut près de chez vous
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Après un bac scientifique, j’ai intégré l’école d’archi de Saint-Étienne, un compromis entre les sciences de l’ingénieur que je maîtrisais et mon rêve de dessiner. J’y suis allée comme un pis-aller, et je me suis finalement passionnée pour ce métier !
J’ai eu la chance de débuter dans le cabinet de Patrick Berger, le père de la toute nouvelle canopée des Halles à Paris.
Mais ma référence absolue reste le minimalisme de Mies van der Rohe, le père de la chaise Barcelona, un architecte et un designer mondialement reconnu. Son travail sur la lumière et l’espace, sa rigueur et sa fameuse devise « Less is more » sont devenus mes mots d’ordre. J’ai également travaillé avec Rudy Ricciotti pendant 17 ans à Bandol, et j’ai eu la chance d’être chef de projet du MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille.