5 matériaux inspirants repérés sur Maison&Objet
Visite guidée par l'architecte Ana Moussinet des matériaux propres à changer la face d'un projet
Le salon Maison&Objet s’est tenu du 8 au 12 septembre 2022 au Parc des Expositions Paris Nord Villepinte avec pour thématique centrale les expériences sensorielles. Nous y avons fait la rencontre de l’architecte DPLG Ana Moussinet, qui exerce depuis une vingtaine d’années comme architecte d’intérieur au sein de son agence* avec pour credo : « la matière n’est pas qu’une réponse technique à un besoin fonctionnel. Intégrée dans un projet, elle permet de véhiculer un supplément d’âme, celui qui emporte l’enthousiasme. » Celle qui façonne des univers raffinés, aussi bien pour l’hôtellerie de luxe que pour les espaces de bureaux aux quatre coin du globe, nous a accordé une visite guidée dans le cadre des parcours ARCHISTORM, à la rencontre de matériaux qui l’inspirent. Ajoutons à cela les coups de cœur de la rédaction.
Concrete LCDA - Panbeton® Gèn, design Neri&Hu
Les panneaux de béton comme source de créativité
Pour l’architecte Ana Moussinet, « la création est le fil rouge, l’art et la technique sont les fondations, le volume est un matériau à sculpter, à parer avant de l’habiter ». Et pour éveiller nos sens dans les intérieurs, elle fait confiance à la matière.
Le Panbeton® de la société angevine Concrete LCDA, un matériau architectural à base de béton fibré, a retenu son attention, en particulier le modèle Panbeton® Whipped (fouetté) designé par Rodolphe Parente. « Nous travaillons le béton comme une matrice en faisant appel à des designers de renom qui intègrent une colorimétrie dans leurs patterns. Cette année, les nouveautés sont les rainurés par Neri&Hu (photo) », explique Karine Habasque, responsable de la prescription Paris Ouest pour Concrete LCDA.
Les panneaux de béton comme source de créativité
Pour l’architecte Ana Moussinet, « la création est le fil rouge, l’art et la technique sont les fondations, le volume est un matériau à sculpter, à parer avant de l’habiter ». Et pour éveiller nos sens dans les intérieurs, elle fait confiance à la matière.
Le Panbeton® de la société angevine Concrete LCDA, un matériau architectural à base de béton fibré, a retenu son attention, en particulier le modèle Panbeton® Whipped (fouetté) designé par Rodolphe Parente. « Nous travaillons le béton comme une matrice en faisant appel à des designers de renom qui intègrent une colorimétrie dans leurs patterns. Cette année, les nouveautés sont les rainurés par Neri&Hu (photo) », explique Karine Habasque, responsable de la prescription Paris Ouest pour Concrete LCDA.
Concrete LCDA - Panbeton® Graphite
Il existe 30 matrices différentes et 9 coloris pour ces plaques de 200 × 90 × 1 centimètres dont on peut choisir à la demande le niveau de teinte ou le degré de bullage. Comptez environ 200 euros par mètre carré. « L’utilisation est murale ou à l’horizontale, en plan de travail par exemple. Les plaques se coupent à la lame diamant et se collent sur un Wedi de 1 centimètres d’épaisseur. Je mets toujours une attention particulière dans le traitement du chant dans les angles. La découpe à 45° ne donne pas de bons résultats. Mieux vaut utiliser une cornière inversée », a conseillé Ana Moussinet.
Il existe 30 matrices différentes et 9 coloris pour ces plaques de 200 × 90 × 1 centimètres dont on peut choisir à la demande le niveau de teinte ou le degré de bullage. Comptez environ 200 euros par mètre carré. « L’utilisation est murale ou à l’horizontale, en plan de travail par exemple. Les plaques se coupent à la lame diamant et se collent sur un Wedi de 1 centimètres d’épaisseur. Je mets toujours une attention particulière dans le traitement du chant dans les angles. La découpe à 45° ne donne pas de bons résultats. Mieux vaut utiliser une cornière inversée », a conseillé Ana Moussinet.
SAS Minimum, matériaux de récupération qui composent le matériau Le Pavé
La problématique des matériaux recyclés
L’architecte nous sensibilise également à l’usage des matériaux issus du recyclage comme « le Pavé ». Cette matière, élaborée par la société SAS Minimum à Aubervilliers, semblable à des plaques de terrazzo, est fabriquée à partir de paillettes de plastique thermocompressées, issues d’emballages alimentaires. Thermoformée, elle sert ensuite à la fabrication d’objets divers, assises de chaises, plateaux de table, et même vasques de salle de bains qu’Ana a d’ailleurs utilisées dans l’un des derniers hôtels qu’elle a aménagés.
La problématique des matériaux recyclés
L’architecte nous sensibilise également à l’usage des matériaux issus du recyclage comme « le Pavé ». Cette matière, élaborée par la société SAS Minimum à Aubervilliers, semblable à des plaques de terrazzo, est fabriquée à partir de paillettes de plastique thermocompressées, issues d’emballages alimentaires. Thermoformée, elle sert ensuite à la fabrication d’objets divers, assises de chaises, plateaux de table, et même vasques de salle de bains qu’Ana a d’ailleurs utilisées dans l’un des derniers hôtels qu’elle a aménagés.
Lampe d’Anne et Thibaud Klepper fabriquée à base du matériau Le Pavé
La professionnelle soulève néanmoins une problématique d’importance face à ces nouveaux matériaux : « D’un côté, nous avons tous envie de raconter à notre client cette belle histoire d’une vasque moulée en pots de yaourts mais, de l’autre, nous autres architectes, sommes responsables des produits que nous prescrivons sur la longévité. Nous engageons notre crédibilité, ce qui peut être un frein à l’usage de ces matériaux.» Au-delà de l’accroche marketing, la professionnelle a en effet dû s’adonner à de minutieux essais d’encollage afin de livrer des vasques sous plan dotées de joints fiables dans la durée.
La professionnelle soulève néanmoins une problématique d’importance face à ces nouveaux matériaux : « D’un côté, nous avons tous envie de raconter à notre client cette belle histoire d’une vasque moulée en pots de yaourts mais, de l’autre, nous autres architectes, sommes responsables des produits que nous prescrivons sur la longévité. Nous engageons notre crédibilité, ce qui peut être un frein à l’usage de ces matériaux.» Au-delà de l’accroche marketing, la professionnelle a en effet dû s’adonner à de minutieux essais d’encollage afin de livrer des vasques sous plan dotées de joints fiables dans la durée.
Maison&Objet septembre 2022
La pierre sans sa lourdeur
« Je travaille actuellement sur le restaurant d’entreprise du bâtiment Louvre-Saint-Honoré, l’ex Louvre des antiquaires. Pour animer un mur de 7 mètres de long, j’ai eu idée de le couvrir de feuille de pierre, imprimée d’un motif sur mesure », partage Ana Moussinet devant le stand de Stoneleaf. Pour cette réalisation qui ne manque pas de surprise, elle a en effet utilisé leur étonnante matière qui permet de faire usage de la pierre sans la lourdeur de sa mise en œuvre, ni de son prix.
Trouvez un architecte près de chez vous sur Houzz
La pierre sans sa lourdeur
« Je travaille actuellement sur le restaurant d’entreprise du bâtiment Louvre-Saint-Honoré, l’ex Louvre des antiquaires. Pour animer un mur de 7 mètres de long, j’ai eu idée de le couvrir de feuille de pierre, imprimée d’un motif sur mesure », partage Ana Moussinet devant le stand de Stoneleaf. Pour cette réalisation qui ne manque pas de surprise, elle a en effet utilisé leur étonnante matière qui permet de faire usage de la pierre sans la lourdeur de sa mise en œuvre, ni de son prix.
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Stoneleaf - feuilles de pierre adhésives Stick&Stone Parements
Emmanuel Dahdi, le fondateur de Stoneleaf explique : « Nous avons découvert il y a 9 ans un procédé pour travailler la pierre de schiste, d’ardoise et même le marbre en fine épaisseur (2 millimètres), par arrachage. Nous produisons des dalles de 1,22 × 61 centimètres ou de grands formats de 2,40 × 1,20 centimètres, livrés en rouleaux, qui ne font pas plus de 2 kilogrammes par mètre carré. Le produit avec sa sous-couche en fibre de verre et résine écosourcée se découpe facilement et se colle aux murs, sur les portes, et même en intérieur de douche ou en façade de maison, y compris sur une ITE ».
Emmanuel Dahdi, le fondateur de Stoneleaf explique : « Nous avons découvert il y a 9 ans un procédé pour travailler la pierre de schiste, d’ardoise et même le marbre en fine épaisseur (2 millimètres), par arrachage. Nous produisons des dalles de 1,22 × 61 centimètres ou de grands formats de 2,40 × 1,20 centimètres, livrés en rouleaux, qui ne font pas plus de 2 kilogrammes par mètre carré. Le produit avec sa sous-couche en fibre de verre et résine écosourcée se découpe facilement et se colle aux murs, sur les portes, et même en intérieur de douche ou en façade de maison, y compris sur une ITE ».
Maison&Objet septembre 2022
Le meilleur du bois en mural
Ana Moussinet nous fait également découvrir la maison néerlandaise Wonderwall Studios, spécialisée en panneaux muraux décoratifs en bois, également utilisables en placage de portes. « Ce sont des matériaux qui font vivre le bois autrement et leurs différents traitements inspirent la créativité », assure-t-elle.
Le meilleur du bois en mural
Ana Moussinet nous fait également découvrir la maison néerlandaise Wonderwall Studios, spécialisée en panneaux muraux décoratifs en bois, également utilisables en placage de portes. « Ce sont des matériaux qui font vivre le bois autrement et leurs différents traitements inspirent la créativité », assure-t-elle.
Wonderwall Studios - le modèle Wicker est conçu avec des panneaux en teck provenant de maisons abandonnées en Indonésie et travaillé comme la canne de bambou.
Wonderwall Studios propose des panneaux en teck d’Inde ou d’Indonésie, sculptés à la main par des artisans locaux ou des racines de teck traitées en bois de bout. Le chêne des marais, autre essence représentée, produit des décors plus sombres. « Il s’agit de chênes séculaires repêchés au fond des tourbières qui sont à un stade pétrifié, une matière très solide qui ne bouge pas dans le temps », détaille Catherine Lucas, architecte d’intérieur chez Wonderwall Studios. La marque travaille encore l’olivier de Calabre récupéré de la taille des branches ou le noyer américain. « Nous proposons 35 modèles standard et du sur-mesure. Nous sommes positionnés commerce équitable. Comptez de 100 à 700 euros le mètre carré (prix HT pour les professionnels)», indique-t-elle.
Wonderwall Studios propose des panneaux en teck d’Inde ou d’Indonésie, sculptés à la main par des artisans locaux ou des racines de teck traitées en bois de bout. Le chêne des marais, autre essence représentée, produit des décors plus sombres. « Il s’agit de chênes séculaires repêchés au fond des tourbières qui sont à un stade pétrifié, une matière très solide qui ne bouge pas dans le temps », détaille Catherine Lucas, architecte d’intérieur chez Wonderwall Studios. La marque travaille encore l’olivier de Calabre récupéré de la taille des branches ou le noyer américain. « Nous proposons 35 modèles standard et du sur-mesure. Nous sommes positionnés commerce équitable. Comptez de 100 à 700 euros le mètre carré (prix HT pour les professionnels)», indique-t-elle.
Pierreplume, espace Future on Stage ©AETHION
L’absorption acoustique rencontre le design
Ajoutons à cette sélection un matériau signé par la jeune société Pierreplume, mis à l’honneur par le « tremplin des jeunes pousses Future on Stage » du salon Maison&Objet. Bien qu’Ana Moussinet n’ait pas eu l’occasion de le mettre en œuvre, il a retenu notre attention car il s’attaque à la problématique, peu connue du grand public, de l’absorption acoustique, dans une démarche esthétique et écologique revendiquée.
« Notre société commercialise ce produit depuis 1,5 ans mais cela fait 10 ans que je travaille sur ce sujet en tant que designer. Nous produisons des panneaux à coller ou suspendre, fabriqués à partir d’effiloché de textiles recyclés à 70 %. Il existe des dimensions standard de 1 m × 60 cm ou 2 × 1 m et nous étudions tout projet sur mesure. Une grosse partie de notre travail consiste à sourcer des gisements pour obtenir des produits aux couleurs stables. Avec la densité spécifique de ce matériau, nous cherchons à atténuer les hautes fréquences pour rendre les environnements bruyants comme les bureaux ou les restaurants plus feutrés. Ces panneaux ont d’ailleurs été installés l’an dernier dans le restaurant Sapid d’Alain Ducasse » nous a confié Jérémie Triaire, designer chez Pierreplume.
L’absorption acoustique rencontre le design
Ajoutons à cette sélection un matériau signé par la jeune société Pierreplume, mis à l’honneur par le « tremplin des jeunes pousses Future on Stage » du salon Maison&Objet. Bien qu’Ana Moussinet n’ait pas eu l’occasion de le mettre en œuvre, il a retenu notre attention car il s’attaque à la problématique, peu connue du grand public, de l’absorption acoustique, dans une démarche esthétique et écologique revendiquée.
« Notre société commercialise ce produit depuis 1,5 ans mais cela fait 10 ans que je travaille sur ce sujet en tant que designer. Nous produisons des panneaux à coller ou suspendre, fabriqués à partir d’effiloché de textiles recyclés à 70 %. Il existe des dimensions standard de 1 m × 60 cm ou 2 × 1 m et nous étudions tout projet sur mesure. Une grosse partie de notre travail consiste à sourcer des gisements pour obtenir des produits aux couleurs stables. Avec la densité spécifique de ce matériau, nous cherchons à atténuer les hautes fréquences pour rendre les environnements bruyants comme les bureaux ou les restaurants plus feutrés. Ces panneaux ont d’ailleurs été installés l’an dernier dans le restaurant Sapid d’Alain Ducasse » nous a confié Jérémie Triaire, designer chez Pierreplume.
Non tissé à partir de fibres de déchets de feuilles d’ananas servant comme alternative au cuir ©matériO’
Le temple de la découverte des matériaux
Pour aller plus loin dans l’exploration des matières, nous avons rendu visite à MatériO’, une référence pour créateurs qui recense des milliers de matières aux technologies innovantes. « J’ai découvert la MatériOthèque il y a 20 ans dans le bâtiment Mallet-Stevens dans le 15e arrondissement quand, étudiante en archi, j’allais identifier les meilleurs matériaux pour mes projets », se remémore Ana Moussinet. Aujourd’hui, les membres de cet organisme indépendant, - designers, architectes, architectes d’intérieur… - peuvent accéder sur abonnement à cette bibliothèque de 9 000 milliers de matériaux innovants (et 5 000 industriels) sise 8 rue Chaptal à Paris pour trouver le matériau qui sublimera leurs projets, et également via un accès web.
Le temple de la découverte des matériaux
Pour aller plus loin dans l’exploration des matières, nous avons rendu visite à MatériO’, une référence pour créateurs qui recense des milliers de matières aux technologies innovantes. « J’ai découvert la MatériOthèque il y a 20 ans dans le bâtiment Mallet-Stevens dans le 15e arrondissement quand, étudiante en archi, j’allais identifier les meilleurs matériaux pour mes projets », se remémore Ana Moussinet. Aujourd’hui, les membres de cet organisme indépendant, - designers, architectes, architectes d’intérieur… - peuvent accéder sur abonnement à cette bibliothèque de 9 000 milliers de matériaux innovants (et 5 000 industriels) sise 8 rue Chaptal à Paris pour trouver le matériau qui sublimera leurs projets, et également via un accès web.
Quentin Hirsinger, le président fondateur de MatériO’
À rebours des autres années où le stand de MatériO’ s’amusait à nous étonner via des matières très spéciales à l’instar des biocomposites, de la mousse qui fond dans l’eau ou du plastique en filet de pêche, un éléphant véritable occupait son centre. Quentin Hirsinger, le président fondateur de MatériO’, nous a expliqué « “An elephant in the room” est une expression anglaise qui signifie que l’on se laisse distraire par de petites choses pour éviter de regarder l’énorme problématique qui se présente. On me demande sans cesse des matériaux écolos, du cuir vegan par exemple, pour continuer à consommer “as usual”. En réalité, on ne peut pas mettre une sorte de nutriscore sur les matériaux, même ceux dits écolos ont parfois des procédés de fabrication qui ne le sont pas du tout. Il y a urgence à s’attaquer à d’autres modes de fonctionnement et à ne pas oublier d’exercer son esprit critique sur la matière. »
Écoconception : Rencontre avec Quentin Hirsinger de MatériO’
À rebours des autres années où le stand de MatériO’ s’amusait à nous étonner via des matières très spéciales à l’instar des biocomposites, de la mousse qui fond dans l’eau ou du plastique en filet de pêche, un éléphant véritable occupait son centre. Quentin Hirsinger, le président fondateur de MatériO’, nous a expliqué « “An elephant in the room” est une expression anglaise qui signifie que l’on se laisse distraire par de petites choses pour éviter de regarder l’énorme problématique qui se présente. On me demande sans cesse des matériaux écolos, du cuir vegan par exemple, pour continuer à consommer “as usual”. En réalité, on ne peut pas mettre une sorte de nutriscore sur les matériaux, même ceux dits écolos ont parfois des procédés de fabrication qui ne le sont pas du tout. Il y a urgence à s’attaquer à d’autres modes de fonctionnement et à ne pas oublier d’exercer son esprit critique sur la matière. »
Écoconception : Rencontre avec Quentin Hirsinger de MatériO’
Les dernières réalisations d’Ana Moussinet :
- 2021 : Louvre Saint-Honoré, 75001, bâtiment de bureaux (Coffee lounge, conference rooms, wellness & fitness)
- 2021 : 83 MARCEAU immeuble de bureaux, 75008 (business center, auditorium)
- 2019 : Cinéma d’art et d’essai les 7 Batignolles (75017 Paris)
- 2017 : MGallery « Hôtel de Paris », boutique hôtel 5 étoiles, Odessa, Ukraine.