Architecture
Architecture : Et si on faisait construire notre maison ?
Les propriétaires n'imaginaient pas faire bâtir leur maison avant leur rencontre avec les architectes de l'atelier Arago
À Meudon, paisible localité à la fois verte et aux portes de Paris, Mickaël et Alexandra vivent dans un appartement depuis dix ans quand ils se mettent en quête d’une maison contemporaine, aux vastes volumes ouverts sur l’extérieur. En dépit d’un budget confortable, ils ne parviennent pas à trouver ce qu’ils recherchent. Les maisons meulières qu’on leur fait visiter ont des volumes fermés, déconnectés du jardin, et nécessiteraient d’être rénovées à grands frais pour s’adapter à leurs envies contemporaines… Une agence immobilière finit par leur proposer une parcelle à construire, dans le quartier de Bellevue, à cinq minutes de la gare et avec un jardin plein sud. Celle-ci provient de la division en cinq terrains du grand jardin d’une bâtisse ancienne permise par la loi Alur. Jusqu’alors, Alexandra et Mickaël n’avaient jamais envisagé faire construire une maison, mais acceptent néanmoins de rencontrer par curiosité le promoteur et les architectes de l’atelier Arago, Thierry Cazals et Laurent de Fouchécour, chargés d’unifier la construction des cinq parcelles. Le rendez-vous s’avère beaucoup plus enrichissant qu’ils ne l’avaient imaginé et, contre toute attente, après un week-end de réflexion, Alexandra et Mickaël acceptent de se lancer dans l’aventure, épaulés par ces architectes. Retour en détail sur la construction de cette maison individuelle en contexte urbain dense, un projet caractérisé par la motivation et la bonne entente des intervenants.
Coup d’œil
Qui vit ici : Alexandra et Mickaël, un couple de quadragénaires
Emplacement : Meudon
Durée des travaux : 2 ans (un an pour les démarches administratives et les plans + un an de construction)
Superficie : parcelle 300 m² ; maison 236 m²
Architectes : Thierry Cazals et Laurent de Fouchécour, Atelier Arago
Budget : 1,2 million (terrain 600 000 euros + maison 500 000 euros)
Photos : Thibault Pousset
Cette maison individuelle est avant tout le fruit d’une belle rencontre entre les propriétaires, Mickaël et Alexandra, et les architectes de l’atelier Arago. Ces derniers sont intervenus à l’origine sur ce projet comme coordinateurs afin d’unifier la les cinq parcelles, comme imposé par la mairie. Pour que les cinq maisons ressemblent à un joli petit lotissement, ils ont étudié leur construction en mitoyenneté, avec plusieurs blocs en façade, afin d’éviter la raideur d’un alignement, ainsi qu’avec une variation des matières autour de l’enduit et du bois. Quand Alexandra, Mickaël et les architectes se rencontrent, le courant passe bien et ces professionnels, habitués à la construction de logements collectifs, décident de les accompagner dans leur projet : « C’était une première pour nous tous », résume l’architecte Thierry Cazals, qui a plus particulièrement suivi ce chantier.
Coup d’œil
Qui vit ici : Alexandra et Mickaël, un couple de quadragénaires
Emplacement : Meudon
Durée des travaux : 2 ans (un an pour les démarches administratives et les plans + un an de construction)
Superficie : parcelle 300 m² ; maison 236 m²
Architectes : Thierry Cazals et Laurent de Fouchécour, Atelier Arago
Budget : 1,2 million (terrain 600 000 euros + maison 500 000 euros)
Photos : Thibault Pousset
Cette maison individuelle est avant tout le fruit d’une belle rencontre entre les propriétaires, Mickaël et Alexandra, et les architectes de l’atelier Arago. Ces derniers sont intervenus à l’origine sur ce projet comme coordinateurs afin d’unifier la les cinq parcelles, comme imposé par la mairie. Pour que les cinq maisons ressemblent à un joli petit lotissement, ils ont étudié leur construction en mitoyenneté, avec plusieurs blocs en façade, afin d’éviter la raideur d’un alignement, ainsi qu’avec une variation des matières autour de l’enduit et du bois. Quand Alexandra, Mickaël et les architectes se rencontrent, le courant passe bien et ces professionnels, habitués à la construction de logements collectifs, décident de les accompagner dans leur projet : « C’était une première pour nous tous », résume l’architecte Thierry Cazals, qui a plus particulièrement suivi ce chantier.
Comme nous le distinguons dans ce plan de la maison en coupe, un jeu de demi-niveaux sert en particulier à créer les « dilatations » dans la hauteur dont parle Thierry Cazals et qui donnent à la maison sa qualité.
La façade avant a été étudiée pour rendre la maison visuellement moins imposante depuis la rue. Fractionnée en deux blocs — les deux tiers gauche en enduit, le tiers droite bardé de bois — elle paraît plus verticale et moins large.
À l’intérieur, comme on le voit sur ce plan du rez-de-chaussée, la volumétrie a été resserrée à l’entrée et dans la salle à manger puis dilatée sur toute la largeur de la maison au niveau des cuisine et salon, pièces depuis lesquelles on profite pleinement du jardin.
Mickaël et Alexandra ont quant à eux bien vécu les deux ans de travail qu’a représentés cette construction : « Nous avions l’innocence et l’inconscience et nous ne savions pas vraiment dans quoi nous nous engagions mais tout s’est très bien passé. Thierry Cazals était curieux, nous aussi, nous attendions ce partage d’une première fois. Thierry ne s’est pas imposé comme un archi star qui n’accepte pas que l’on change quoi que ce soit à ses plans. Nous avons eu un vrai dialogue et avons conçu les plans ensemble. Puis je suis devenu le maître d’œuvre en suivant le chantier et, enfin, avec Alexandra nous avons conçu toute l’architecture intérieure et la déco », explique Mickaël.
Concernant l’entrée de la maison et en particulier l’escalier qui mène à l’étage et aux chambres, Mickaël raconte : « Comme il est très près de la porte d’entrée, nous avions bien saisi qu’il fallait l’assumer et faire quelque chose de spécial. Mais comme nous ne savions pas quoi, nous avons pensé le laisser en béton gris, comme tout le monde. En allant chez une amie qui recouvre des meubles en béton ciré, nous avons eu le déclic. Elle nous a expliqué qu’on pouvait colorer le béton et nous avons opté pour ce turquoise. Nous nous sommes dit que quitte à faire construire, c’était le moment de se faire plaisir avec une touche d’originalité. Alexandra a eu un peu de mal au départ car le béton ciré ne donne pas quelque chose de lisse comme une peinture, la matière et les effets de relief sont très présents, mais maintenant nous l’adorons. »
Une des idées de départ de Mickaël et Alexandra était celle d’avoir une maison traversante vers le jardin, qui permette de profiter de la verdure dès l’entrée de la maison.
En plaçant la salle à manger près de l’entrée, suivie par le salon, il était possible de créer cette longue perspective ouverte vers le jardin. « Et de pouvoir cacher la cuisine à la vue de ceux qui entrent », souligne Mickaël.
En plaçant la salle à manger près de l’entrée, suivie par le salon, il était possible de créer cette longue perspective ouverte vers le jardin. « Et de pouvoir cacher la cuisine à la vue de ceux qui entrent », souligne Mickaël.
La salle à manger a été installée dans la partie la plus étroite du rez-de-chaussée. Le volume adjacent est occupé par le garage et l’escalier qui mène au sous-sol.
Mikael et Alexandra ont séparé la partie salle à manger du salon au moyen de cette enfilade danoise qui faisait déjà partie de leur mobilier. Comme elle n’était plus adossée à un mur, ils l’ont habillée à l’arrière avec des panneaux de Plexiglas qu’ils ont achetés et fait découper sur un site allemand.
Mikael et Alexandra ont séparé la partie salle à manger du salon au moyen de cette enfilade danoise qui faisait déjà partie de leur mobilier. Comme elle n’était plus adossée à un mur, ils l’ont habillée à l’arrière avec des panneaux de Plexiglas qu’ils ont achetés et fait découper sur un site allemand.
Pour trancher avec le turquoise de l’escalier à l’entrée, Mickaël et Alexandra ont misé sur la couleur complémentaire, un orange vif pour rehausser leur pièce de vie : « Ces touches d’orange annoncent notre cuisine. Nous avons fait en sorte de rester dans ces coloris pour apporter une dose de bonne humeur sans tomber dans la cacophonie. Un an avant que la construction ne s’achève, nous avons commencé nos achats avec Alexandra, nous avions hâte ! »
Mickaël et Alexandra ont également pensé à recycler les équipements de leur précédent logement. Ainsi, au fond de la pièce, le placard orange est en réalité leur ancien lave-vaisselle Smeg. Comme il a cessé de fonctionner, le couple l’a transformé en rangement à vaisselle.
Mickaël et Alexandra ont également pensé à recycler les équipements de leur précédent logement. Ainsi, au fond de la pièce, le placard orange est en réalité leur ancien lave-vaisselle Smeg. Comme il a cessé de fonctionner, le couple l’a transformé en rangement à vaisselle.
Le séjour témoigne de la dilatation de l’espace en largeur et en hauteur mise en œuvre par l’architecte pour différencier les zones. Il profite de la plus grande hauteur sous plafond de la maison, soit 3,50 mètres.
Thierry Cazals n’a pas opté pour un plafond cathédrale qui s’envole jusqu’à la charpente « afin d’éviter l’effet cheminée, la déperdition thermique et aussi pour une raison de budget », justifie-t-il avant de développer : « Lorsque l’on fait un vide au-dessus du séjour, ce volume coûte presque autant qu’une surface construite car, même si on économise un plancher, l’isolation, les vitrages et la peinture restent à faire. Avec un échafaudage en prime. »
Thierry Cazals n’a pas opté pour un plafond cathédrale qui s’envole jusqu’à la charpente « afin d’éviter l’effet cheminée, la déperdition thermique et aussi pour une raison de budget », justifie-t-il avant de développer : « Lorsque l’on fait un vide au-dessus du séjour, ce volume coûte presque autant qu’une surface construite car, même si on économise un plancher, l’isolation, les vitrages et la peinture restent à faire. Avec un échafaudage en prime. »
Travailler sur la volumétrie intérieure a permis de donner du caractère à la construction et de la rendre très agréable à vivre. Au niveau du salon, la pièce s’élève et s’élargit à toute la largeur de la bâtisse.
A la grande hauteur sous plafond du séjour, répondent des plafonds rabaissés à 2,70 mètres dans les chambres qui se trouvent au-dessus, ce qui contribue à rationaliser et à rendre plus intimes ces espaces.
A la grande hauteur sous plafond du séjour, répondent des plafonds rabaissés à 2,70 mètres dans les chambres qui se trouvent au-dessus, ce qui contribue à rationaliser et à rendre plus intimes ces espaces.
Mickaël et Alexandra ont volontairement peu meublé leur pièce de vie. Ils souhaitaient profiter pleinement des lignes contemporaines de leur maison et de leur vue sur la nature : « Nous voulions une maison conviviale, pas sophistiquée, facile à vivre et accueillante car nous aimons beaucoup recevoir et elle est exactement comme nous la souhaitions. Nous avons juste mis l’essentiel et joué sur le blanc, l’orange et le bleu comme si c’était une maison de vacances. La baie vitrée permet une emprise totale avec le jardinet qui renforce au quotidien l’impression d’ailleurs. Depuis que nous y habitons, avec Alexandra nous avons l’impression d’être en vacances tous les jours. Parfois nous nous étonnons encore que ce soit notre maison et on se demande quand vont revenir les propriétaires », plaisante Mickaël.
Pour rendre l’espace encore plus chaleureux, les propriétaires ont tenu à faire rajouter un insert sur les plans de l’architecte. Ils avaient envie de profiter avec leurs amis de la vue d’une bonne flambée en hiver.
Tables basses : Red Edition
Tables basses : Red Edition
En s’approchant de la baie vitrée du salon, nous avons l’impression d’être déjà au jardin : « Nous sommes en mitoyenneté et dans un contexte urbain très dense mais, dans notre salon, nous nous sentons à la campagne. Comme le terrain monte légèrement nous ne distinguons que de la verdure depuis la maison. Personne ne pourrait s’imaginer ça depuis la façade. Nous adorons ce côté jardin secret », explique Mickaël.
Pour profiter encore davantage de la lumière et de la vue, la baie vitrée a été doublée par une imposte vitrée fixe en forme de bandeau.
Pour profiter encore davantage de la lumière et de la vue, la baie vitrée a été doublée par une imposte vitrée fixe en forme de bandeau.
En ce qui concerne la cuisine, les propriétaires avaient une idée très précise de ce qu’ils souhaitaient : « Dans notre précédent appartement nous avions une cuisine orange avec un sol en damier noir et blanc. En dix ans nous ne nous en sommes jamais lassés et nous souhaitions rééditer. »
La cuisine, très épurée elle aussi, a été aménagée avec des meubles en stratifié blanc aux prises de main intégrées. L’orange au mur ainsi que les éléments noirs rehaussent les contrastes : « Même quand il fait moche, cet orange vif illumine la cuisine et lui donne du peps », note le propriétaire.
Au-dessus de l’îlot central sur lequel déjeune le couple, deux grosses suspensions de style industriel ont fait partie des achats coup de cœur, bien avant la fin du chantier. Alexandra et Mickaël les ont achetées directement sur le plus grand salon consacré à la déco en France, Maison&Objet.
L’arrière de la maison reprend le principe de la façade avant, avec son duo d’enduit et de bardage en red cedar blond. Même si les formes de la construction sont relativement anguleuses, ce jeu de teintes et de matières l’anime et la rend chaleureuse.
Façade arrière
Derrière la baie vitrée du salon, une terrasse extérieure prolonge la pièce de vie. Le couple a acheté du mobilier Fermob de couleur pour l’égayer. Du turquoise et de l’orange pour reprendre le thème couleur de l’intérieur ainsi que du jaune pour faire le lien avec le bardage blond.
La terrasse extérieure arrive à fleur de la baie vitrée, prolongé par le parquet intérieur comme dans une maison des Caraïbes. « Ce détail technique nous a demandé bien des efforts et a fait l’objet d’un bras de fer avec l’entreprise de travaux. Pour une raison d’assurance, afin que l’eau ne rentre pas dans la maison s’il pleut beaucoup, les entreprises ont l’habitude de faire une marche le long de la fenêtre mais nous tenions à réaliser une continuité parfaite des sols. Elle symbolisait notre envie de nous tourner davantage vers l’extérieur. Nous avons fini par arriver à nos fins et nous en sommes très fiers car cela faisait partie de nos exigences », explique Mickaël.
Plan de l’étage :
Les deux chambres d’enfant sont construites au-dessus de la cuisine et du garage. La chambre parentale occupe le dessus du salon et un salon TV-multimédia complète l’étage.
Qu’ont retenu architectes et propriétaires de ces deux ans d’échange et de cette construction ?
« Mes clients étaient très organisés et ils sont venus avec un projet clair. Nous l’avons mené à terme ensemble, dans une belle collaboration, en tenant le budget et les délais. C’était une expérience très enrichissante, tant sur le plan de la construction qu’humainement ! », estime Thierry Cazals.
Quant aux propriétaires ils affirment : « Nous ne regrettons pas notre expérience et cela tient beaucoup à la rencontre d’un excellent architecte avec lequel nous n’avons cessé d’avoir des échanges constructifs. Nous sommes les premiers à avoir construit sur la parcelle puis nous avons vu arriver les quatre autres propriétaires. Une vraie entraide s’est développée entre nous et cette expérience d’une première construction nous a tous liés. Nous nous sommes fait des amis et cette maison, c’est du bonheur ! »
ET VOUS ?
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Les deux chambres d’enfant sont construites au-dessus de la cuisine et du garage. La chambre parentale occupe le dessus du salon et un salon TV-multimédia complète l’étage.
Qu’ont retenu architectes et propriétaires de ces deux ans d’échange et de cette construction ?
« Mes clients étaient très organisés et ils sont venus avec un projet clair. Nous l’avons mené à terme ensemble, dans une belle collaboration, en tenant le budget et les délais. C’était une expérience très enrichissante, tant sur le plan de la construction qu’humainement ! », estime Thierry Cazals.
Quant aux propriétaires ils affirment : « Nous ne regrettons pas notre expérience et cela tient beaucoup à la rencontre d’un excellent architecte avec lequel nous n’avons cessé d’avoir des échanges constructifs. Nous sommes les premiers à avoir construit sur la parcelle puis nous avons vu arriver les quatre autres propriétaires. Une vraie entraide s’est développée entre nous et cette expérience d’une première construction nous a tous liés. Nous nous sommes fait des amis et cette maison, c’est du bonheur ! »
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Le plan de la maison a découlé de la même logique : « La forme architecturale est simple à l’extérieur. La plus value se caractérise par la qualité volumétrique de l’intérieur. Notre travail a porté sur un jeu de dilatations spatiales complexes afin d’habiter au mieux la parcelle étroite. Dilatations horizontales dans le but d’ouvrir le plus largement possible la maison vers le jardin et dilatations verticales pour accompagner les parcours et les usages par des volumétries variées. »