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Architecture
Maisons contemporaines
Architecture : De l'avant-garde dans un lotissement de banlieue
Est-il possible en France de construire une maison contemporaine dans un lotissement ? Oui, la preuve !
Cette maison bois contemporaine, labellisée BBC Effinergie, construite en 2013 à Verrières-le-Buisson a bien failli ne jamais voir le jour. Les propriétaires, une famille avec trois adolescents, habitaient à Antony lorsqu’ils ont décidé de faire construire et donc de se mettre en quête d’un terrain. En découvrant cette parcelle de 700 m² dans un « écoquartier », ils étaient persuadés d’avoir trouvé l’endroit parfait pour construire la maison éco-consciente dont ils rêvaient. La parcelle est située sur une ZAC récente créée sur un ancien bois de la commune, en frontière de ville. Avant l’achat, les propriétaires ont fait valider le choix de ce terrain par les architectes Benoît Moreira et Pierre-Yves Arcile, de l’agence Detroit, à Nantes, qu’ils avaient préalablement contactés. Ils avaient repéré ceux-ci via un blog retraçant la construction d’une maison passive à Treillières, en Loire-Atlantique. Les architectes ont commencé les études, mais deux refus de permis de construire s’en sont suivis. « Nous nous sommes heurtés à la vision des élus. Notre maison bois contemporaine qui s’enroulait autour d’un chêne n’était pas ce qu’ils attendaient dans leur lotissement. Ils nous ont demandé de faire une “vraie” maison, avec un toit à deux pentes, en parpaings enduits », s’étonne encore Benoît Moreira. Mais jamais les propriétaires n’ont baissé les bras et, ensemble, après trois ans de travail acharné, ils ont fait naître cette maison contemporaine pensée dans les moindres détails, en accord avec les principes bioclimatiques.
Coup d’œil
Qui vit ici : une famille avec 3 ados
Emplacement : Verrières-le-Buisson, Essonne
Superficie : 180 m² (maison), 700 m² (parcelle)
Budget : 367 000 euros TTC
Durée des travaux : 3 ans
Architecte : Benoît Moreira de Detroit
Photos (hors plans) : Javier Callejas
Coup d’œil
Qui vit ici : une famille avec 3 ados
Emplacement : Verrières-le-Buisson, Essonne
Superficie : 180 m² (maison), 700 m² (parcelle)
Budget : 367 000 euros TTC
Durée des travaux : 3 ans
Architecte : Benoît Moreira de Detroit
Photos (hors plans) : Javier Callejas
Les architectes ont fini par avoir accès aux plans des futures maisons adjacentes, ce qui leur a permis de plancher sur les vues. Par ailleurs, la parcelle comportait deux éléments forts : elle était en pente montante depuis la rue jusqu’au bout du jardin et dans son centre s’épanouissait le seul témoin de la forêt d’autrefois, un vieux chêne que la famille souhaitait absolument préserver. Autre ingrédient à intégrer dans la réflexion : les propriétaires affectionnent les demi-niveaux comme en raffolent notamment les Japonais, un élément architectural d’ailleurs présent dans leur précédente habitation.
Ces éléments en main, les architectes ont concocté ce plan : « La maison est installée dans la longueur du terrain et utilise la pente naturelle pour créer des différences de niveaux. Elle s’enroule autour du chêne pour créer une sorte de patio qui offre des vues de qualité, une intimité et un bon ensoleillement. Dehors comme dedans, nous avons envisagé la maison comme un “paysage intérieur”. »
Depuis la rue, on entre via le couloir figuré en gris sur le plan (en bas à droite). À gauche en gris sont figurés des « espaces intermédiaires, couverts et fermés, mais non isolés », explique Benoît Moreira. Ces espaces, constitués par un garage et un atelier, créent un filtre entre l’extérieur (la rue) et le cœur de la maison. Il faut les traverser pour atteindre la porte d’entrée.
Entre l’atelier et le garage, un passage ouvert permet également d’aller directement au jardin depuis la porte d’entrée.
Le plan de la maison prend la forme d’un U qui s’ouvre vers le fond de parcelle. Les façades en contact direct avec le voisinage ou la rue sont peu percées. Elles donnent à voir un monolithe boisé, sans que l’on puisse distinguer de l’extérieur les différentes fonctions. Le bardage en mélèze à claire-voie et la toiture végétalisée contribuent à l’aménagement paysager de la parcelle.
Côté patio, a contrario, de grandes baies vitrées à triple vitrage connectent tout le cœur de l’habitation au jardin. La façade intérieure que nous distinguons sur ce cliché a été judicieusement orientée au sud. Grâce à ses larges baies, elle récupère l’énergie gratuite fournie par le soleil.
Pour la famille à la forte implication écologique ainsi que pour les architectes, une démarche bioclimatique s’est imposée d’emblée pour cette construction. Elle repose sur le choix de matériaux respectueux de l’environnement comme le bois, l’utilisation optimisée des énergies ou encore la récupération des eaux.
Dans cette maison en particulier, outre les baies orientées sud, des panneaux en toiture profitent des apports solaires. Couplés à un chauffe-eau thermodynamique, ces panneaux fournissent l’eau chaude de la maison. La ventilation, une VMC double flux à haut rendement, permet quant à elle de capter les calories de l’air vicié et, par un système d’échangeur, de les réinjecter à l’intérieur sous forme d’air neuf : « Ce type de ventilation ne se contente pas de faire de l’extraction comme une VMC classique. Elle est employée dans les maisons passives pour assurer 70 % du chauffage », explique l’architecte. Le reste est fourni par un plancher chauffant sur chaudière gaz et un poêle à bois de 4 kW, « pas vraiment nécessaire » de l’avis de l’architecte mais agréable en demi-saisons.
À noter que devant la maison, une cuve enterrée de 4 800 litres avec puits d’infiltration permet de récupérer de l’eau de pluie. Celle-ci sert à l’arrosage du jardin et alimente également le lave-linge et les toilettes. C’est ce genre d’initiatives qui a valu à cette maison exemplaire sur le plan écologique la certification BBC Effinergie.
À l’intérieur, les architectes se sont attachés à faire poindre le leitmotiv d’un paysage intérieur. Poser simplement la maison sur le terrain en respectant son dénivelé naturel, sans chercher à l’aplanir artificiellement, a permis de proposer depuis l’entrée jusqu’aux pièces intimes une succession d’étagements.
Après avoir traversé les espaces filtres de l’entrée, on pénètre dans l’espace de vie par la cuisine. L’îlot a été conçu par les architectes en biseau pour fluidifier la circulation.
Le salon se dessine ensuite, exposé au sud derrière les grandes baies vitrées toute hauteur. Afin de rendre douce et naturelle la circulation en pente et de favoriser une continuité visuelle avec l’extérieur, un plan incliné permet de poursuivre le long des baies le parcours à travers la maison.
On note que parallèlement au parcours paysager de l’intérieur fait de petits dénivelés, une circulation identique se poursuit côté jardin le long de la maison.
Au niveau de la courbure de la bâtisse, située près des escaliers à l’arrière-plan de cette photo, un voile béton crée la séparation entre le séjour (au premier plan) et un second salon télé plus intime.
« Ce voile béton est porteur. Il a été coulé en place et apporte de la masse à la maison », décrypte Benoît Moreira. Il a été laissé brut pour son côté minéral tout comme le sol du rez-de-chaussée, réalisé en béton ciré.
Passé le second salon télé, quelques marches permettent d’accéder à l’espace le plus intime de la maison, la suite parentale.
Dans la chambre des propriétaires, pièce la plus éloignée de la porte d’entrée, on se trouve au cœur de la parcelle. Entourés de verdure, ils y oublient complètement le contexte urbain.
Au-dessus de la grande baie vitrée des salons du rez-de-chaussée, nous distinguons la coursive. Celle-ci longe l’étage dédié aux trois enfants de la famille. Au niveau de l’articulation de la maison, l’escalier du salon télé permet de l’atteindre. Nous débouchons sur un palier élargi qui sert de salle de jeu et dessert deux chambres d’un côté, une troisième chambre et une salle de bains de l’autre.
Les trois chambres des adolescents ont toutes un accès direct sur la coursive. À noter que les pièces de l’étage s’épanouissent au-dessus des seules pièces de vie du rez-de-chaussée. L’atelier et le garage ne disposent pas d’étage.
« À travers ce projet, nous sommes très heureux d’avoir pu répondre au désir de notre maîtrise d’ouvrage d’une maison à l’architecture très contemporaine. Nous sommes également satisfaits d’avoir relevé le challenge qu’a constitué la réalisation de cette architecture contemporaine au sein d’un lotissement », conclut l’architecte Benoît Moreira. À noter que ce projet a laissé une empreinte particulière sur l’agence d’architecture Detroit : « Depuis, nous ne faisons plus que rarement des maisons individuelles et à chaque fois, ce sont des projets singuliers portés par des propriétaires qui ont une véritable envie d’architecture. »
ET VOUS ?
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« À travers ce projet, nous sommes très heureux d’avoir pu répondre au désir de notre maîtrise d’ouvrage d’une maison à l’architecture très contemporaine. Nous sommes également satisfaits d’avoir relevé le challenge qu’a constitué la réalisation de cette architecture contemporaine au sein d’un lotissement », conclut l’architecte Benoît Moreira. À noter que ce projet a laissé une empreinte particulière sur l’agence d’architecture Detroit : « Depuis, nous ne faisons plus que rarement des maisons individuelles et à chaque fois, ce sont des projets singuliers portés par des propriétaires qui ont une véritable envie d’architecture. »
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« Pour cette maison nous avons travaillé sur trois problématiques majeures », résume l’architecte Benoît Moreira. « Quelle place pour l’architecture contemporaine dans les lotissements ? Comment créer de l’intimité dans un nouveau tissu résidentiel où la question des limites n’est pas traitée ? Et comment inventer une maison qui propose un parcours paysager ? »