Architecture : De la fraîcheur après une journée à rassembler le bétail
Les architectes ont reçu un prix international pour leur approche novatrice de l’hébergement des travailleurs d'un ranch de bovins
Joanna Tovia
7 octobre 2016
L’idée à la base de ce projet était de rompre définitivement avec la traditionnelle chaleur des habitations aux toits de tôle sous lesquels cuisaient les cow-boys et éleveurs des ranchs de bovins et de moutons depuis la colonisation européenne. Luigi Rosselli Architects a adopté une approche écologique et innovante pour ce projet : le cabinet a conçu douze appartements en terre crue, adossés à une dune. Avec des murs faits de terre et de gravier extraits de la colline et de la rivière à proximité, l’ingénieux hébergement offre aux employés du ranch un peu de fraîcheur loin des températures extrêmes et du climat rigoureux du nord de l’Australie-Occidentale.
Coup d’œil
Qui habite ici : Les employés vivent ici durant plusieurs mois à chaque saison de rassemblement du bétail.
Emplacement : le Pilbara, Australie-Occidentale
Superficie : 12 appartements aux toits recouverts de terre et aux murs en pisé
Coup d’œil
Qui habite ici : Les employés vivent ici durant plusieurs mois à chaque saison de rassemblement du bétail.
Emplacement : le Pilbara, Australie-Occidentale
Superficie : 12 appartements aux toits recouverts de terre et aux murs en pisé
Un mur en pisé de 230 mètres de longueur (le plus long en Australie) serpente en bordure d’une dune et compte douze résidences aux toits recouverts de terre. De l’argile, des cailloux et du gravier ont été extraits du sol sablonneux et riche en fer et du lit de la rivière pour construire les murs. Résultat : une palette de couleurs qui se fond parfaitement dans le paysage. Le pavillon du haut sert de salle de réunion et de chapelle.
Construire dans une zone reculée est souvent difficile : le transport de matériaux de construction est compliqué et trouver des entrepreneurs prêts à déménager pour la durée du projet pose souvent problème. Exploiter les ressources sur place s’est avéré une initiative judicieuse. « L’utilisation de la terre du site pour la construction des murs a considérablement réduit le temps et l’énergie nécessaires à la réalisation du projet », explique l’architecte Luigi Rosselli.
Les parois arrière des résidences sont adossées à la dune. « Le faible taux d’énergie grise des murs en pisé et le fait de ne pas avoir recours à l’air conditionné, même avec le climat chaud, représentent des avantages fantastiques », ajoute l’architecte.
Les appartements en sous-sol sont cachés des autres résidences situées plus loin, derrière.
Avec la croissance des arbres et de la végétation, les appartements vont de plus en plus se fondre dans le paysage. L’entreprise Tim Davies Landscaping s’est chargée des éléments végétaux du projet, comme la sélection des plantes et leur plantation, la pelouse et l’irrigation.
« Notre connaissance de la région nous a permis d’identifier une sélection d’espèces résistantes (indigènes et étrangères) capables de mettre la touche finale au style architectural des hébergements », explique Tim Davies, le directeur général. « Le choix des matériaux vivants devait être en adéquation avec l’habitat environnant et faire écho au paysage unique de la région du Nord-Ouest australien. »
« Notre connaissance de la région nous a permis d’identifier une sélection d’espèces résistantes (indigènes et étrangères) capables de mettre la touche finale au style architectural des hébergements », explique Tim Davies, le directeur général. « Le choix des matériaux vivants devait être en adéquation avec l’habitat environnant et faire écho au paysage unique de la région du Nord-Ouest australien. »
Une chapelle de forme ovale donne sur le cimetière familial et sur les eucalyptus et les gommiers des rivières qui bordent la rivière plus loin.
Le projet vient tout juste de recevoir le Terra Award, un prix international soutenu par l’UNESCO, qui distingue l’excellence des architectures contemporaines en terre crue. Le projet avait déjà remporté deux autres récompenses internationales : le prix Building of the Year, du site ArchDaily, et le prix Architizer A+.
Les résidences sont agencées de façon à fournir une certaine intimité sur chaque terrasse couverte. Aucune porte intérieure ne relie les appartements.
Les résidences sont agencées de façon à fournir une certaine intimité sur chaque terrasse couverte. Aucune porte intérieure ne relie les appartements.
Daniela Ciancio, professeure associée à l’université d’Australie-Occidentale, la UWA, affirme que la région est une pionnière dans le pays en matière de bâtiments en pisé, même si certains sont sceptiques. « Les gens pensent que les constructions peuvent être emportées par la pluie », explique-t-elle. Elle souligne toutefois que certains des monuments les plus célèbres du monde tendent à prouver le contraire. La Grande Muraille de Chine, dont certains éléments remontent au Vᵉ siècle avant J-C, le palais de l’Alhambra en Espagne et le monastère de Basgo en Inde, tous deux érigés au XIVᵉ siècle, sont tous des monuments construits en pisé.
Daniela Ciancio, de la Faculté du génie civil, de l’environnement et des mines de la UWA, effectue des recherches sur les structures en pisé comme habitations potentielles pour les communautés autochtones des régions éloignées. En plus d’être solides et durables, les maisons de terre sont facilement accessibles aux communautés isolées, car elles n’occasionnent aucuns frais de transport de matériaux et ne nécessitent pas de payer et d’héberger des travailleurs qualifiés.
Daniela Ciancio, de la Faculté du génie civil, de l’environnement et des mines de la UWA, effectue des recherches sur les structures en pisé comme habitations potentielles pour les communautés autochtones des régions éloignées. En plus d’être solides et durables, les maisons de terre sont facilement accessibles aux communautés isolées, car elles n’occasionnent aucuns frais de transport de matériaux et ne nécessitent pas de payer et d’héberger des travailleurs qualifiés.
Les auvents sont conçus pour protéger du soleil pendant les heures les plus chaudes de la journée et invitent les travailleurs à l’extérieur pour profiter de la brise fraîche de la soirée… et pourquoi pas, boire un verre ou deux après le travail.
L’auvent est fait d’acier Corten, un matériau qui résiste aux cyclones et auquel répond une dalle de béton au sol. Elle contient du gravier et des agrégats de la rivière, qui donnent à la surface polie une couleur rougeâtre.
L’extrémité nord de la paroi en pisé descend progressivement vers un bâtiment plus ancien utilisé comme salle commune et coin salon. La lumière qui traverse la pergola faite d’anciens tuyaux de forage crée un damier.
L’intérieur est frais et confortable grâce aux murs en pisé de 450 millimètres d’épaisseur et à la dune de sable d’un mètre d’épaisseur au-dessus. On peut voir partout le choix restreint de matériaux et de mobilier naturels et robustes.
Inutile de préciser que les saisonniers qui séjournent ici adorent l’endroit et ne veulent plus le quitter : l’hébergement se distingue des habitations rudimentaires qui sont la norme sur les exploitations rurales australiennes auxquelles ils sont habitués.
Inutile de préciser que les saisonniers qui séjournent ici adorent l’endroit et ne veulent plus le quitter : l’hébergement se distingue des habitations rudimentaires qui sont la norme sur les exploitations rurales australiennes auxquelles ils sont habitués.
La chapelle constitue le sommet de la dune. Les architectes l’avaient initialement imaginée comme une structure ouverte. Ils ont toutefois revu les plans et ajouté des fenêtres coulissantes en verre incurvées afin de la protéger des tempêtes de poussière. Les fenêtres sont assez solides pour résister aux vents cycloniques. Un cimetière familial datant d’une centaine d’années est situé en dessous de la chapelle. La clôture empêche la faune locale de pénétrer le périmètre.
De l’aluminium anodisé doré recouvre le plafond de la chapelle, qui fait aussi salle de réunion.
Le toit est fabriqué à partir de plaques d’acier Corten. Elles forment un cône oblique où s’ouvre une lucarne dans l’apex. Le toit a été fabriqué à l’extérieur et a été transporté en deux sections. L’oculus vitré, orienté à l’est, s’inspire du Panthéon romain.
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Très belle réalisation en cohérence avec son environnement. Bravo!
très sociale, bravo !!!!!!!!!!!!!!!!!!