Architecture : Grande extension pour petite maison de 70 m²
Une grande extension dialogue avec l'existant sans lui voler la vedette grâce à une gestion soignée de « l'entre-deux »
Comme beaucoup de familles, ce couple avec trois enfants recherchait un logement bien placé, en proche banlieue parisienne. À l’origine, ils avaient imaginé trouver un terrain à construire à l’ouest de Paris, mais la pénurie les a fait se rabattre sur ce bien situé à Houilles, près de la gare RER. La maison de 70 m² était beaucoup trop petite, mais la construction 1930 ne manquait pas de cachet et, surtout, elle disposait d’un grand terrain. Le couple avait déjà fait appel à l’architecte Florence Gaudin pour la rénovation d’une première maison, aussi s’est-il tourné vers elle pour estimer le potentiel de ce bien avant l’achat. L’architecte, ayant consulté le PLU de la commune, leur confirme la possibilité de construire à l’arrière de la maison une extension telle que l’on voit rarement, deux fois plus grande que la maison d’origine. Une vraie construction neuve en somme ! Les propriétaires adhèrent d’emblée à la proposition de l’architecte d’une nouvelle bâtisse, à la fois indépendante et liée à la première, offrant de vastes volumes de vie en prise directe sur le jardin. Visite.
Coup d’œil
Qui vit ici : une famille composée d’un couple et trois ados
Emplacement : en banlieue parisienne, à Houilles (Yvelines)
Superficie : maison d’origine 70 m² + extension 160 m²
Architecte : Florence Gaudin
Budget : 2 000 euros/m² pour une extension de ce standing
Livraison du projet : mars 2016
Photos : Cendrine Robert
Coup d’œil
Qui vit ici : une famille composée d’un couple et trois ados
Emplacement : en banlieue parisienne, à Houilles (Yvelines)
Superficie : maison d’origine 70 m² + extension 160 m²
Architecte : Florence Gaudin
Budget : 2 000 euros/m² pour une extension de ce standing
Livraison du projet : mars 2016
Photos : Cendrine Robert
Voici la petite maison datant de 1928 acquise par la famille avec ses minuscules pièces cloisonnées et son escalier pour descendre au jardin. Les propriétaires auraient pu envisager de la détruire s’ils n’avaient pas été séduits par son charme désuet, son soubassement de pierres meulières et ses modénatures en briques. Elle a donc fait partie d’emblée du projet architectural orchestré par Florence Gaudin.
La famille avait grand besoin d’espace pour loger trois enfants et le grand terrain permettait justement d’envisager une extension de 160 m², soit plus de deux fois plus grande que la maison à laquelle elle s’adosse. Mieux encore, cette extension pouvait être imaginée sur le côté droit ou gauche du jardin. L’orientation est aurait permis une vaste entrée dans la maison, mais l’orientation ouest, qui a été retenue, offrait de plus jolies vues et la lumière du soir.
Pour l’architecte, la problématique de cette extension s’est résumée à étendre sans annihiler, à faire dialoguer les deux constructions sans que l’extension n’écrase la maison existante.
« Pour qu’il y ait dialogue et non pastiche », décrypte Florence Gaudin, « il fallait que le projet ait un élément commun et un élément dissonant. Ainsi, pour imaginer la forme de l’extension, nous sommes partis du volume à deux pentes de la maison d’origine, que nous avons grossi puis suspendu dans l’air. La langue d’origine a ainsi été réinterprétée dans un langage plus contemporain. »
« Pour qu’il y ait dialogue et non pastiche », décrypte Florence Gaudin, « il fallait que le projet ait un élément commun et un élément dissonant. Ainsi, pour imaginer la forme de l’extension, nous sommes partis du volume à deux pentes de la maison d’origine, que nous avons grossi puis suspendu dans l’air. La langue d’origine a ainsi été réinterprétée dans un langage plus contemporain. »
Et pour faire dialoguer ces deux maisons, l’une ancienne, l’autre contemporaine, l’architecte a proposé sa vision originale, basée sur une vraie philosophie de l’habitat. L’extension n’a pas été juxtaposée à la maison existante, comme il est de coutume, mais envisagée tel un module indépendant, dans le prolongement de la maison existante. Entre les deux corps d’habitation, une circulation à la fois pratique et sensationnelle a vu le jour.
« Pour créer un dialogue entre les deux constructions, il est essentiel de soigner l’entre-deux, un thème particulièrement cher à notre agence. Parfois la relation entre les choses est plus importante que les choses elles-mêmes », explique la professionnelle. « Ce postulat a également évité de chatouiller les fondations délicates d’une maison début de siècle. »
« Pour créer un dialogue entre les deux constructions, il est essentiel de soigner l’entre-deux, un thème particulièrement cher à notre agence. Parfois la relation entre les choses est plus importante que les choses elles-mêmes », explique la professionnelle. « Ce postulat a également évité de chatouiller les fondations délicates d’une maison début de siècle. »
La maison d’origine a été entièrement rénovée – intérieur, extérieur, toiture, électricité, gaz, chauffage, distribution… – ce qui a quasiment doublé le budget dévolu à l’extension. Son entrée, sur un perron central en façade, a été déplacée sur le côté afin de donner accès de plain-pied à la construction neuve. Pour cette raison, un porche au toit végétalisé a vu le jour sur la gauche de la maison. On l’aperçoit ici sur la photo.
Cette vue de l’arrière de la maison montre la nouvelle extension dans son « dialogue » avec l’existant. Tandis que la maison de 1928 offrait un rez-de-chaussée surélevé par rapport aux extérieurs, l’extension se connecte complètement au jardin. Elle se sert même de sa topographie pour créer un jeu de dénivelés dans l’immense pièce de vie qui occupe son rez-de-chaussée.
La nouvelle bâtisse a été construite en briques Monomur et isolée par l’intérieur avec du polystyrène expansé afin de répondre aux exigences de la RT2012. Pour ancrer encore davantage le projet dans la nature environnante, de grandes baies vitrées s’ouvrent sur le jardin. Face à nous, celle-ci disparaît même dans un galandage.
Baies vitrées : Technal Soleal
Baies vitrées : Technal Soleal
Une structure métallique de type pergola a permis de fixer des câbles sur lesquels viendront s’enrouler des plantes grimpantes. « C’est le même principe que la pergola bioclimatique, mais au naturel. La végétation est très efficace pour filtrer les apports solaires l’été, d’autant que nous sommes orientés plein sud ici », explique Florence Gaudin.
À noter que toutes les baies de la maison ont également été équipées de volets roulants électriques en aluminium, isolés avec de la mousse polyuréthane extrudée. « Ils sont très performants. Ce sont des produits destinés à l’industrie car au-dessus de 9 m² de vitrage, on ne peut employer des volets classiques en raison de la prise au vent », explique la professionnelle.
Ce visuel montre l’aménagement conçu entre les deux bâtiments, le fameux « entre-deux » qui fait la plus-value de ce projet. Un vaste escalier connecte l’ancienne maison (dont on distingue encore la façade) avec la grande pièce de vie de l’extension. Cet espace baigné par la lumière de l’ouest a été volontairement théâtralisé par une double hauteur sous plafond, avec beaucoup de vide, comme une respiration et de nombreux apports lumineux.
« Il fallait mettre en valeur ce lieu de rencontre attendu entre deux époques, mais aussi entre les générations, puisqu’il connecte l’espace des enfants, situé dans la partie neuve, à celui des parents, situé dans la partie ancienne », explique Florence Gaudin.
« Il fallait mettre en valeur ce lieu de rencontre attendu entre deux époques, mais aussi entre les générations, puisqu’il connecte l’espace des enfants, situé dans la partie neuve, à celui des parents, situé dans la partie ancienne », explique Florence Gaudin.
Le rez-de-chaussée de l’extension est architecturé en une vaste pièce de vie, semi-cloisonnée par une cheminée magistrale. L’insert dispose d’une paroi vitrée côté salon et d’une autre côté cuisine pour une utilisation recto verso.
Le sol a fait l’objet d’une recherche poussée car les propriétaires souhaitaient une continuité entre le sol de l’extension et celui de la terrasse extérieure. « Nous avons retenu la pierre bleue d’Irlande, moins chère que celle du Hainaut. Il nous fallait une pierre qui puisse accepter deux finitions différentes sans trop de changement de teinte. La pierre est flammée brossée en intérieur et simplement flammée en extérieur pour être antidérapante », précise Florence Gaudin.
Côté salon, la cheminée est à hauteur classique.
Côté cuisine, la bonne gestion du dénivelé du terrain a abouti à la création d’un escalier. Celui-ci vient renforcer la séparation de l’espace créée par la cheminée qui se retrouve ainsi à hauteur d’homme. « Cette hauteur est pratique pour faire le feu et recharger la cheminée », de l’avis de l’architecte.
La cuisine sur mesure en médium laqué blanc reprend les codes monolithiques de la cheminée et apporte un contraste contemporain. Pour casser la froideur de ces non-couleurs, une table de ferme en chêne brut, un meuble de famille, et une crédence colorée font le show.
L’îlot a été conçu comme un meuble convivial sur lequel on s’accoude pour prendre l’apéritif ou discuter avec celui qui cuisine. Dès lors, pas question d’envisager une hotte au-dessus ni même de l’encombrer d’un évier ou d’un plan de cuisson.
Cuisine AvivA, plan de travail en quartz blanc
L’îlot a été conçu comme un meuble convivial sur lequel on s’accoude pour prendre l’apéritif ou discuter avec celui qui cuisine. Dès lors, pas question d’envisager une hotte au-dessus ni même de l’encombrer d’un évier ou d’un plan de cuisson.
Cuisine AvivA, plan de travail en quartz blanc
La crédence graphique est une bonne idée de la propriétaire. « Elle l’a peinte un week-end dans l’attente d’avoir un peu plus de budget pour un matériau plus noble », glisse Florence Gaudin. « Elle l’a protégée avec une plaque de verre au niveau du fond de hotte. »
La cheminée n’est pas le seul moyen de chauffage de l’extension. La pièce de vie a été équipée d’un plancher chauffant à eau sur chaudière gaz : « Un sol en pierre est tout indiqué sur du plancher chauffant. Loin d’être froid, il a beaucoup d’inertie et emmagasine une douce chaleur. »
Sur ce plan rapproché du sol, on note que la pierre bleue d’Irlande est une roche sédimentaire qui contient des inclusions. Ici, une algue fossilisée.
Sur ce plan rapproché du sol, on note que la pierre bleue d’Irlande est une roche sédimentaire qui contient des inclusions. Ici, une algue fossilisée.
L’étage de l’extension se compose des chambres des trois enfants et de leur salle de bains.
À l’étage de « l’entre-deux » se dévoile une trémie équipée par un filet de catamaran.
« C’est à la fois un objet sensationnel, aménagement ludique qui réunit les deux générations, et un élément architectural qui permet de faire traverser la lumière et de se passer d’un coûteux garde-corps », résume Florence Gaudin.
Côté maison ancienne, le filet est jouxté par un petit salon parental. Le parquet d’origine a été teinté en noir pour s’accorder à la tonalité générale.
L’étage de l’extension est traversé par le couloir qui mène aux chambres des enfants.
Des couleurs claires ont été privilégiées dans les chambres.
Dans la chambre de l’aînée, un original meuble rouge sur roulettes peut servir à recloisonner l’espace différemment.
Côté jardin, la maison est bien protégée. Même de nuit, les grandes baies de 4,20 de haut permettent aux propriétaires de ne pas redouter les vis-à-vis.
Vu de l’extérieur « l’entre-deux » marie ces maisons qui ont chacune leur langage, sans dissonance.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison et de son extension ?
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