Avant/Après : 32 m2 à la vue imprenable sur le port de Toulon
Dans cette barre historique de Toulon, ce studio de 32 m² a été optimisé avec cinq couchages et un design moderniste
La propriétaire, la quarantaine et trois enfants, vient d’hériter d’un studio face mer, au 3ᵉ étage de la Frontale, la longue barre qui longe le port de Toulon. Bien que le logement serve encore de perchoir aux pigeons après avoir été longtemps squatté, cette Toulonnaise résidant à Paris, versée dans l’architecture et la décoration, perçoit d’emblée l’intérêt du 32 m² traversant, niché dans cette construction conçue par l’architecte Jean de Mailly dans les années 1950, en remplacement des immeubles démolis par la guerre. Pour en faire son pied-à-terre de vacances, pour elle et ses enfants, elle est prête à consentir les efforts nécessaires, notamment financiers, afin de le transformer en un cocon douillet.
Avant. En 1951, le projet de reconstruction de la barre La Frontale à Toulon reçut le Grand Prix d’honneur lors de la Triennale de Milan. Cette distinction rare saluait la réussite de son architecte pour sa synthèse entre logement de masse et confort intérieur, et avoir fait de Toulon le laboratoire de la modernité.
« Même si l’architecture de la longue barre La Frontale a pu être décriée, ce studio, soit la plus petite unité construite dans le bâtiment, avait des qualités que n’aurait pas reniées un Le Corbusier », reconnaît l’architecte Rémi Granet de Kargosud qui a eu plaisir à intervenir sur ce logement chargé d’histoire, après avoir été contacté par la propriétaire via son site Internet.
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« Même si l’architecture de la longue barre La Frontale a pu être décriée, ce studio, soit la plus petite unité construite dans le bâtiment, avait des qualités que n’aurait pas reniées un Le Corbusier », reconnaît l’architecte Rémi Granet de Kargosud qui a eu plaisir à intervenir sur ce logement chargé d’histoire, après avoir été contacté par la propriétaire via son site Internet.
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Après. Ce studio avec cuisine séparée, salle de bains et terrasse, était en effet doté d’une vue sur mer époustouflante tandis que, de l’autre, il offrait un panorama dégagé sur les montagnes qui encerclent la ville. Le cahier des charges de la propriétaire était fort lourd car celle-ci a d’emblée imposé aux architectes de nicher six couchages dans les 32 m², pour y loger avec ses trois ados et leurs amis. Aussi, l’agence Kargosud a dû faire preuve d’astuce pour caser toutes les fonctions de manière fluide après le curage et la lourde réhabilitation dus à l’état très abîmé du bien.
Avant. La porte d’entrée se profile au fond à gauche du volume. Sur la droite se trouvait précédemment la cuisine et, juste devant, la salle d’eau.
Cette photo a été prise à la suite de la démolition, au moment où le nouveau sol en dalles de terrazzo de 60×60 centimètres a été posé. « Il y avait à l’origine un mélange entre des tomettes en mauvais état dans la pièce principale et des carreaux de grès dans la cuisine. Nous avons opté pour une unité de sol dans toutes les pièces », explique l’architecte. C’est après cette opération et la refonte des réseaux électrique et de plomberie qu’a pu commencer la reconstruction des volumes.
Cette photo a été prise à la suite de la démolition, au moment où le nouveau sol en dalles de terrazzo de 60×60 centimètres a été posé. « Il y avait à l’origine un mélange entre des tomettes en mauvais état dans la pièce principale et des carreaux de grès dans la cuisine. Nous avons opté pour une unité de sol dans toutes les pièces », explique l’architecte. C’est après cette opération et la refonte des réseaux électrique et de plomberie qu’a pu commencer la reconstruction des volumes.
Après. La nouvelle cuisine a été déplacée sur le côté gauche de la pièce de vie où elle joue les épures en se fondant parfaitement au mur blanc. « Nous l’avons conçue comme un beau meuble, souligné par un plan de travail, en Corian » explique l’architecte.
9 erreurs à éviter quand on aménage un studio
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De chaque côté de la cuisine, afin de mieux définir sa zone et de dissimuler le petit électroménager sur plan, deux claustras en lames de contreplaqué de bouleau la mettent entre parenthèses avec élégance. « Nous avons pensé à cet élément graphique et fonctionnel, suite à la découverte lors de la démolition d’un plenum de 30 centimètres au plafond qui a dévoilé les poutres constructives. Nous les avons laissées apparentes car elles guident idéalement le regard du visiteur vers la vue »,” explique l’architecte, soucieux d’inscrire sa conception dans l’histoire des lieux.
11 astuces pour installer et optimiser une cuisine dans un studio
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Face à la cuisine, se matérialise un coin repas imaginé par l’agence sous forme d’un mobilier tout intégré. Deux banquettes à angle droit, recouvertes de skaï, encadrent une table réalisée sur mesure en contreplaqué de bouleau laqué blanc. « Ce sont des banquettes coffres qui cachent beaucoup de rangement », fait savoir Rémi Granet.
Derrière le coin repas, la verrière en bois et verre miroir crée la séparation avec la salle de bains placée à l’arrière.
Derrière le coin repas, la verrière en bois et verre miroir crée la séparation avec la salle de bains placée à l’arrière.
Avant. Côté Méditerranée, le studio se prolonge par une loggia de 5,5 m². Elle est semi-fermée par une sorte de moucharabieh plein, décoré de quadrillages. « C’est un élément historique classé. Certains appartements ont le même, mais avec un quadrillage ouvert », dévoile l’architecte. Cet élément graphique et historique a beaucoup joué dans l’esthétique du mobilier créé sur mesure pour la petite surface.
Plus d’idées pour aménager une loggia sur Houzz
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Après. Nombreux sont les propriétaires de la barre à avoir fait vitrer la loggia afin de rattacher son emprise au séjour, mais le parti pris de la propriétaire fut au contraire de garder un extérieur pour déjeuner au soleil et à l’air libre. « La grande baie accordéon coulissante permet de faire disparaître la frontière entre l’intérieur et l’extérieur et ainsi de rattacher cette surface supplémentaire à l’appartement cinq mois dans l’année, » partage l’architecte.
En prolongement de la cuisine, le coin séjour s’est épanoui côté baie vitrée afin de profiter de sa lumière. La propriétaire tenait au départ à un canapé-lit afin de pouvoir disposer de 6 couchages mais, au fil du projet, a finalement préféré une assise fixe dans laquelle puisse dormir éventuellement un adulte outre la chambre et la « cabine » que nous découvrirons.
En prolongement de la cuisine, le coin séjour s’est épanoui côté baie vitrée afin de profiter de sa lumière. La propriétaire tenait au départ à un canapé-lit afin de pouvoir disposer de 6 couchages mais, au fil du projet, a finalement préféré une assise fixe dans laquelle puisse dormir éventuellement un adulte outre la chambre et la « cabine » que nous découvrirons.
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Dans la continuité du meuble cuisine, cette console filante sert de meuble télé, surplombée d’une bibliothèque dans un style cubiste. « Nous l’avons conçue comme un clin d’œil à celle de Charlotte Perriand pour la Maison du Mexique. Je souhaitais jouer sur les décalages des tablettes afin qu’elle se déploie sur le mur de manière aléatoire », explique l’architecte.
La propriétaire a choisi d’habiller certaines des portes pleines de la bibliothèque avec des couleurs primaires jaunes vif et bleu Klein de chez Ressource peintures, en clin d’œil à l’usage initié par son célèbre collaborateur, Le Corbusier. Grâce à son système baptisé « Polychromie Architecturale », celui-ci utilisait en effet les couleurs primaires pour renforcer les contrastes et mettre en avant certains éléments architecturaux phares. Les couleurs avaient également pour lui une symbolique émotionnelle. Ainsi, le jaune représentait la lumière et la joie, et le bleu la paix et la sérénité. Des principes qui ont fortement résonné dans l’esprit de la propriétaire à l’heure de faire des choix de finitions pour son petit pied-à-terre.
Sur le garde-corps de la loggia, Rémi Granet a proposé de créer une tablette-bar escamotable. « C’est un coin apéro que nous avons prévu avec un dosseret pour ne pas faire tomber les verres. Ce dernier est rabattable pour ne pas attenter à la belle vue sur le port et la mer lorsque l’on est dans le canapé », indique-t-il.
Le cadre tracé par l’ouverture de la loggia a été équipé de persiennes à lames orientables. « Il était important de pouvoir fermer tout en ventilant, car nous sommes orientés plein sud », rappelle-t-il.
Le cadre tracé par l’ouverture de la loggia a été équipé de persiennes à lames orientables. « Il était important de pouvoir fermer tout en ventilant, car nous sommes orientés plein sud », rappelle-t-il.
La chambre – ou plutôt le coin nuit – de la propriétaire est venue se couler à gauche de l’entrée, derrière la salle d’eau, à l’emplacement de l’ancienne cuisine. Elle bénéficie donc de la seconde fenêtre du logement avec vue sur le centre-ville et le mont Faron au Nord.
Son fond de scène bleu Klein a été choisi par son occupante. Quant à la tête de lit, elle est latérale pour une question de place. « Nous avons coffré l’allège de la fenêtre sur laquelle s’appuie le lit de 140 centimètres pour qu’elle joue le rôle de tête de lit, ainsi, nous avons pu créer de l’autre côté un placard pour les vêtements », justifie Rémi Granet.
Son fond de scène bleu Klein a été choisi par son occupante. Quant à la tête de lit, elle est latérale pour une question de place. « Nous avons coffré l’allège de la fenêtre sur laquelle s’appuie le lit de 140 centimètres pour qu’elle joue le rôle de tête de lit, ainsi, nous avons pu créer de l’autre côté un placard pour les vêtements », justifie Rémi Granet.
Nous distinguons ici la porte de la salle de bains depuis l’entrée du logement. « Cette porte a été conçue comme une arche en volume de 2,10 mètres de haut, encadrée par des placards invisibles, à gauche celui des manteaux, à droite celui du lave-linge et du chauffe-eau Malicio de 35 centimètres de profondeur », explique l’architecte.
La salle d’eau a été entièrement repensée, mais figure à l’emplacement d’origine pour respecter les évacuations en place. Quant aux évacuations déplacées de la cuisine, cela n’a pas été facile. « Nous avions la pente limite pour que ce soit réalisable ».
La salle d’eau a été entièrement repensée, mais figure à l’emplacement d’origine pour respecter les évacuations en place. Quant aux évacuations déplacées de la cuisine, cela n’a pas été facile. « Nous avions la pente limite pour que ce soit réalisable ».
Face à l’entrée un peu réduite par rapport à l’origine, il a été possible de caser cette chambre pour deux, façon « cabine de bateau ». Deux lits superposés sur mesure se nichent dans la forme arrondie de l’alcôve, utile pour fluidifier la circulation. L’échelle reprend le rythme graphique qui crée le leitmotiv de cette rénovation.
Ce projet restera longtemps gravé dans l’esprit de l’architecte Rémi Granet, tant pour le défi spatial imposé que par les attentes esthétiques modernistes de la propriétaire. « Elle s’est fait plaisir et à nous aussi. Nous la remercions d’avoir mis le budget utile pour que nous puissions tout dessiner et faire les choses bien », partage-t-il.
De son côté, la propriétaire passionnée d’architecture s’est tant investie dans son projet qu’il a orienté durablement le cours de sa vie. « Elle songeait déjà à se reconvertir en tant que décoratrice, mais c’est officiel, elle a ouvert sa structure SP Studio et a même fait son premier stage à l’agence », se félicite Rémi Granet.
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Ce projet restera longtemps gravé dans l’esprit de l’architecte Rémi Granet, tant pour le défi spatial imposé que par les attentes esthétiques modernistes de la propriétaire. « Elle s’est fait plaisir et à nous aussi. Nous la remercions d’avoir mis le budget utile pour que nous puissions tout dessiner et faire les choses bien », partage-t-il.
De son côté, la propriétaire passionnée d’architecture s’est tant investie dans son projet qu’il a orienté durablement le cours de sa vie. « Elle songeait déjà à se reconvertir en tant que décoratrice, mais c’est officiel, elle a ouvert sa structure SP Studio et a même fait son premier stage à l’agence », se félicite Rémi Granet.
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Qui habite ici ? C’est le pied-à-terre d’une Parisienne avec trois enfants
Emplacement : À Toulon, dans la barre « la Frontale »
Dates : mai 2020 à fin janvier 2021
Superficie : 32 m²
Architecte : Rémi Granet de Kargosud Architectes
Budget : 71 000 € HT
Photos : Rémi Granet