Avant/Après : A Paris 5e, couleurs et motifs transforment 75 m2
Retour sur la naissance à distance de ce pied-à-terre lumineux et audacieux pour une famille anglaise
Quand les deux enfants de cette Française installée à Londres depuis des années débutent leurs études à Paris, celle-ci y acquiert un appartement de 75 m² afin de le transformer en pied-à-terre pour toute la famille. Acheté à distance dans un immeuble en pierre de taille du quartier Port-Royal, le bien, traversant et lumineux, est dans son jus avec une seule chambre et un parquet ancien badigeonné de blanc. Sur la recommandation d’un notaire, la cliente confie la rénovation à Marlène Teixier-Schwartz, architecte d’intérieur de Maison Gabinel, lui laissant carte blanche. « La propriétaire n’est jamais venue avant et pendant les travaux et validait tout à distance. J’ai pu laisser parler mon instinct en partant d’un coup de cœur pour des carrelages », confie la professionnelle, qui nous a dévoilé ce cocon où elle a laissé s’exprimer motifs et couleurs.
Avant. Situé au quatrième étage d’un immeuble ancien du 5ᵉ arrondissement, cet appartement de 75 m² disposant d’un salon double et d’une suite bénéficie d’un emplacement privilégié face à la maternité Port-Royal, dans un quartier central et animé de la capitale. Traversant, il offre une belle luminosité grâce à ses fenêtres côté rue et côté cour. « Le charme des vieux immeubles parisiens était là : parquet ancien, cheminées, portes vitrées. Mais tout était à repenser, notamment la cuisine mal fichue, le manque d’une seconde chambre pour les enfants et l’absence d’une deuxième salle de bains », expose Marlène Teixier.
Le parquet, peint en blanc « façon Tipp Ex» restait une inconnue de taille, car la propriétaire souhaitait le conserver, tandis qu’il semblait plutôt irrécupérable, et les irrégularités du sol et des plafonds ajoutaient certes du charme, mais également une complexité technique.
Le parquet, peint en blanc « façon Tipp Ex» restait une inconnue de taille, car la propriétaire souhaitait le conserver, tandis qu’il semblait plutôt irrécupérable, et les irrégularités du sol et des plafonds ajoutaient certes du charme, mais également une complexité technique.
Après. « La clé du projet a été de préserver la cuisine à sa place pour conserver l’aspect traversant et lumineux, tout en créant une salle de douche dans l’espace cuisine et une chambre pour les enfants. Nous avons optimisé les rangements et proposé une touche d’audace autour de la déco », explique Marlène en entamant la visite.
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Avant. L’entrée s’ouvrait sur un long couloir desservant toutes les pièces. Le parquet restait l’inconnue. « Nous n’avions pas le budget pour le changer en entier », explique l’architecte d’intérieur. Poncé avec soin par l’entreprise CVG BAT PRO qui a réalisé l’ensemble des travaux avec brio et sans le moindre retard (« c’est assez rare pour être souligné », insiste la pro), la peinture blanche a fini par disparaître, en particulier entre les interstices des lames grattées une à une. Sublimé par une vitrification mate, ce sol d’origine en chêne massif a retrouvé toute sa beauté.
Au fond du couloir, le très grand placard a été retravaillé afin de créer du rangement, à la fois du côté de la chambre parentale et du séjour.
Au fond du couloir, le très grand placard a été retravaillé afin de créer du rangement, à la fois du côté de la chambre parentale et du séjour.
Après. Cette arche en bois, façon claustra sans vitrage, donne désormais accès à la cuisine délestée de sa porte. Proposée par l’architecte d’intérieur, elle apporte une identité artistique au projet, tout en restant simple à fabriquer et relativement peu coûteuse. « Visible de l’entrée, du salon et de la chambre, cette arche revendique dès l’entrée une identité forte. J’y ai inclus une notion d’arrondi pour adoucir le décor, une thématique que l’on retrouve un peu partout dans les nouveaux aménagements », souligne Marlène.
Suspension : Rif Luminaires
Suspension : Rif Luminaires
Après. S’épanouissant dans l’ancien séjour, le salon s’organise autour de la cheminée, encadrée d’étagères et de placards intégrant une télévision.
La seconde partie du salon – dédiée auparavant à la salle à manger – a été muée en chambre pour les enfants, séparée par les portes vitrées anciennes que nous avons aperçues sur la photo précédente, conservées pour leur élégance.
La seconde partie du salon – dédiée auparavant à la salle à manger – a été muée en chambre pour les enfants, séparée par les portes vitrées anciennes que nous avons aperçues sur la photo précédente, conservées pour leur élégance.

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Après. La décoration du salon repose sur un tapis de chez Chichi Paris, dont les motifs aussi graphiques que dynamiques donnent le ton. Un canapé Maisons du Monde, convertible, permet d’accroitre le nombre de couchages. D’autres éléments tout en rondeur comme le fauteuil Sklum, le pouf Westwing et la table basse de La Redoute apportent de la douceur.
Suspension : The Socialite Family
Suspension : The Socialite Family
Le tapis du séjour, avec ses couleurs et contrastes vifs, a été inspiré par les carrelages verts de la nouvelle salle de bains, sélectionnés dans un premier temps. « Les carrelages de ce chantier ont été mon coup de cœur initial, puis j’ai tiré le fil de la pelote et choisi par rapport à ça les autres touches de déco comme les vases, les coussins ou la vaisselle, petit à petit comme une assemblière », explique Marlène.
Plus d’idées pour décorer un salon sur Houzz
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Sur le sol du séjour, le tableau d’Atelier Laurentine Burelle, réalisé avec des chutes de tissus nouées, ajoute une touche poétique. Cette œuvre d’art parle particulièrement à Marlène, adepte de la première heure de l’upcycling dans ses chantiers, un concept qui consiste à récupérer des matériaux ou des objets dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en produits de qualité ou d’utilité supérieure. « Ce tableau, avec ses draps noués, apporte une touche artisanale toute simple qui équilibre l’audace des motifs », estime-t-elle.
Avant. La cuisine, lumineuse grâce à ses deux fenêtres, était mal agencée, encombrée par un angle saillant, la chaudière, un conduit de cheminée et des tuyaux apparents. Sa disposition en angle limitait les rangements et empêchait un usage convivial des lieux. « Toutefois, la propriétaire souhaitait la scinder afin de créer une seconde salle de bains. Elle voulait également conserver côté cuisine les deux fenêtres et la belle luminosité traversante qui lui avait plu », explique la professionnelle.
Après. L’architecte d’intérieur a métamorphosé l’espace en scindant la cuisine pour intégrer la salle de douche (au-delà de la fenêtre que nous voyons ici sur la gauche), tout en préservant la luminosité et l’esprit traversant cher à la cliente.
Le design s’articule autour de carreaux de ciment blanc et gris, aux motifs organiques inspirés des années 1970 et sourcés sur internet. « L’offre en carrelages du site Etoffe.com était très alléchante. Ces carreaux clairs ont été le point de départ de la cuisine. Pour l’animer, j’ai misé sur du placage chêne assemblé avec une laque vert amande et un coffrage en cannage pour la chaudière et souligné le tout par un plan de travail en quartz blanc », explique-t-elle. Des poignées baguettes et une robinetterie laitonnée ajoutent une touche raffinée.
Le design s’articule autour de carreaux de ciment blanc et gris, aux motifs organiques inspirés des années 1970 et sourcés sur internet. « L’offre en carrelages du site Etoffe.com était très alléchante. Ces carreaux clairs ont été le point de départ de la cuisine. Pour l’animer, j’ai misé sur du placage chêne assemblé avec une laque vert amande et un coffrage en cannage pour la chaudière et souligné le tout par un plan de travail en quartz blanc », explique-t-elle. Des poignées baguettes et une robinetterie laitonnée ajoutent une touche raffinée.
La cuisine a été repensée selon deux linéaires en parallèle, conçus par le cuisiniste Mesure Paris dont Marlène a apprécié le travail précis d’adaptation à l’espace. « On a optimisé cette cuisine au maximum, malgré une profondeur réduite à 40 centimètres par endroits, en raison de la chaudière et du tableau électrique [sur la partie gauche de ce visuel] », explique-t-elle.
Un lave-vaisselle, un frigo et un four ont été intégrés, tandis que des rangements de faible profondeur accueillent les couverts et ustensiles. Le joli cintrage d’un des meubles bas a permis de laisser un espace nécessaire au radiateur et renoue avec l’un des fils rouges de cette rénovation avec harmonie.
Carrelage sol et crédence : Studio Sandy Rubio via Cimenterie de la Tour
Carrelage sol et crédence : Studio Sandy Rubio via Cimenterie de la Tour
Le coin repas était un impératif pour la propriétaire. Elle souhaitait un espace intime pour faire déjeuner ici quatre personnes, étant donné que la salle à manger d’antan allait être reconvertie en chambre. « Ce fut une prouesse d’agencement », se remémore Marlène. Une banquette sur mesure, nichée sous une fenêtre, s’accompagne d’une table ronde, conçue au millimètre pour permettre l’ouverture des vantaux.
« Ce coin repas était un vrai Tetris ! Tout a été ajusté au millimètre pour être fonctionnel et rester chaleureux », s’enthousiasme-t-elle.
Après. Cette pièce a été pensée comme une chambre pour les enfants étudiants de la propriétaire lorsqu’ils sont de passage. L’aménagement est simple, exploitant les deux côtés de la belle cheminée de marbre noir existante : du côté lumineux, un bureau et des étagères et, de l’autre, le lit double.
La décoration s’articule autour d’une fresque panoramique des Dominotiers commandée sur le site Au Fil des Couleurs. Ses tons bleu-vert font écho aux teintes de sa salle de bains choisies préalablement.
Papier peint : Les Dominotiers ; Suspension : The Socialite Family
Papier peint : Les Dominotiers ; Suspension : The Socialite Family
« Cette fresque, c’était un pari risqué. La cliente craignait qu’elle soit trop forte, mais je l’ai placée dans une pièce fermée pour qu’on puisse choisir de l’admirer ou non depuis le salon. En ouvrant les portes vitrées, elle crée un vrai effet de profondeur et une belle perspective sur un coin de ciel bleu », explique Marlène. Depuis, la professionnelle témoigne de la satisfaction de la propriétaire. « Elle m’a dit qu’elle avait vraiment eu raison de me faire confiance », partage-t-elle.
Après. Contigue à la cuisine et aux toilettes, la nouvelle salle de douche maximise l’espace avec une grande douche, une vasque simple et quelques rangements minimalistes. « La salle de douche, nichée dans l’ancienne cuisine, devait être fonctionnelle sans alourdir l’espace. Les couleurs lient cette salle d’eau avec la chambre enfants comme un fil conducteur », précise Marlène.
Un miroir organique et des motifs graphiques modernisent l’ensemble, tandis qu’un meuble vasque en chêne réchauffe les lieux et offre un rangement pratique pour les produits du quotidien.
Un miroir organique et des motifs graphiques modernisent l’ensemble, tandis qu’un meuble vasque en chêne réchauffe les lieux et offre un rangement pratique pour les produits du quotidien.
Le carrelage a encore une fois donné le ton de ces deux pièces liées par la même ambiance d’une couleur bleu-vert. Le carreau de ciment Popham prolongé du mur au sol, fait écho aux arrondis aperçus çà et là tandis qu’un zellige vert d’eau rehausse la douche qui s’étend idéalement autour de la lucarne existante.
Carrelage : Étoffe - carreau ciment Brasilia, Popham + zellige traditionnel, couleur Amazonite
Carrelage : Étoffe - carreau ciment Brasilia, Popham + zellige traditionnel, couleur Amazonite
Dans les nouvelles toilettes, un rappel du carreau de ciment vert de la salle de bains égaie les lieux tandis que la fonctionnalité n’a pas été oubliée grâce à une niche en chêne et un placard fermé de faible profondeur au dessus du bâti-support.
Après. Pensée comme un cocon apaisant, la chambre de la propriétaire s’habille de tons roses et blancs avec des touches de jaune. Un papier peint de chez Coordonné, aux motifs Ikat doux, a été posé sur tous les murs pour un effet tapisserie. « Ce papier peint, c’était un vrai coup de cœur. Avec les murs en blanc crème, il crée une bulle douce loin de l’agitation de la ville », confie Marlène.
Papier peint : Lloseta, Au fil des couleurs
Papier peint : Lloseta, Au fil des couleurs
Un dressing, accessible via une petite arche, libère l’espace en exploitant l’ancien placard du couloir. Les boisseaux de cheminée ont par ailleurs été exploités avec des placards fermés de faible profondeur et des étagères comme au salon.
Après. La nouvelle salle de bains intègre une douche habillée d’un carrelage en relief mat, choisi pour son effet graphique. Ses motifs en relief, font écho à ceux de la cuisine et de la salle de douche.
Au sol, les carreaux de ciment pêche, aux formes organiques, revendiquent une petite esthétique pop que n’a pas dédaignée la propriétaire, tandis qu’un meuble vasque double, en chêne, lévite idéalement dans une niche surmonté par un miroir organique.
Au sol, les carreaux de ciment pêche, aux formes organiques, revendiquent une petite esthétique pop que n’a pas dédaignée la propriétaire, tandis qu’un meuble vasque double, en chêne, lévite idéalement dans une niche surmonté par un miroir organique.
« Cette salle de bains, plus spacieuse que la petite salle de douche attenante à la cuisine, devait être un écrin confortable. Les carreaux pêche ont inspiré la palette rose et blanche, que j’ai prolongée dans la chambre pour une harmonie visuelle. Leurs motifs organiques créent un dialogue avec le reste de l’appartement. », précise Marlène.
Comme la salle de bains parentale disposait de vastes proportions, elle a également permis d’intégrer une buanderie discrète. Elle se présente comme un placard semblable à un buffet, dissimulant un lave-linge et un sèche-linge côte à côte. Il est surmonté d’un large plan, très pratique pour plier le linge. Au dessus, des étagères ouvertes accueillent serviettes et produits.
Carrelage mural : Étoffe, carreau ciment Kelly Relief, Popham ; Carrelage au sol : Etoffe - carreau ciment Éclats, couleur pêche - via Cimenterie de la tour
Carrelage mural : Étoffe, carreau ciment Kelly Relief, Popham ; Carrelage au sol : Etoffe - carreau ciment Éclats, couleur pêche - via Cimenterie de la tour
La réussite de ce projet tient à une belle énergie vibrante de couleurs et de motifs. Marlène s’en explique ainsi : « Tout repose sur la confiance absolue de ma cliente, qui a validé à distance mes choix sans voir un seul matériau. Je suis partie d’un coup de cœur pour des carrelages, puis j’ai assemblé papiers peints, couleurs et objets comme une recette. Si un élément avait changé, l’équilibre aurait été rompu. Cette liberté m’a permis de créer un univers unique. »
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Qui vit ici ? C’est le pied-à-terre d’une famille anglaise
Emplacement : Paris 5ᵉ, quartier Port-Royal
Superficie : 75 m²
Dates : Signature du projet en mai 2024, début des travaux juillet 2024, fin des travaux janvier 2025
Architecte d’intérieur et scénographe : Marlène Teixier-Schwartz, Maison Gabinel
Société de rénovation tout corps d’état : CVG BAT PRO
Cuisine : Mesure Paris
Budget : 170 500 € TTC dont
120 000 € TTC de travaux,19 500 € TTC pour la cuisine, 15 000 € TTC de mobilier et luminaires et 16 000 € TTC pour les honoraires de l’architecte d’intérieur
Photos : Laura Jacques