Avant/Après : À Paris, ce deux-pièces graphique fait son cinéma
Ce jeune quadra voyageur, épris de cinéma et de bon son, s'est fait tailler un cocon cosy inspiré par Almodovar
Lorsque l’on est souvent sur les routes pour exercer sa profession, le confort de son intérieur est primordial. Un sentiment que partage Charles Coutris, gérant de la société L’Indochineur, qui vient d’acquérir un deux/trois-pièces « dans son jus » dans le 14e arrondissement. Afin d’orchestrer la rénovation intégrale du 50 m² perché au septième étage d’une résidence années 70, il contacte les architectes de l’agence Lagom, Déborah et Avinoam Bettan, repérés sur les réseaux et conforté par un reportage publié sur Houzz. Ceux-ci partagent en effet les qualités recherchées par le propriétaire : la passion des univers graphiques et contemporains ainsi que celle du cinéma et du bon son.
Avant. Depuis 2002, Charles Coutris s’est consacré à sa société, L’indochineur qui fait fabriquer des objets de décoration, des bijoux et de l’art de la table par des artisans du Vietnam. Souvent par monts et par vaux, il aspire à la détente et au bien-être dans son nouvel appartement, non loin de la place Denfert-Rochereau. Il a craqué pour pour la vue fantastique sur tout Paris de ce grand deux-pièces classique des années 70, qui n’a jamais été rénové. Les pièces principales (séjour, cuisine, chambre) sont bordées par la terrasse sur un jardin arboré. Elles sont desservies par un couloir au fond duquel se trouve les toilettes et la salle de bains.
Après. Esthète, passionné de cinéma et de musique, le propriétaire attend de l’agence d’architecture Lagom, qu’elle rénove le bien intégralement tout en installant une salle de cinéma à domicile et un discret système de sonorisation dans toutes les pièces. D’autres demandes sont plus classiques comme l’aménagement d’un un coin bureau, l’ouverture de la cuisine sur le séjour et le remplacement de la baignoire par une douche.
En ce qui concerne le style, Charles Coutris est mis en confiance par les précédentes rénovations des architectes et ne leur confie que ce simple indice : « fan de l’univers du réalisateur espagnol Amoldovar, il avait flashé sur l’intérieur du héros du film Dolor y Gloria qui venait de sortir, en particulier sur sa cuisine graphique », dévoile l’architecte Déborah Bettan. Comme à son habitude, le duo est revenu rapidement vers lui avec deux esquisses. Nous allons découvrir celle que le propriétaire a choisi, une proposition lumineuse et aérienne soulignée de notes de bois clair et de vert foncé.
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En ce qui concerne le style, Charles Coutris est mis en confiance par les précédentes rénovations des architectes et ne leur confie que ce simple indice : « fan de l’univers du réalisateur espagnol Amoldovar, il avait flashé sur l’intérieur du héros du film Dolor y Gloria qui venait de sortir, en particulier sur sa cuisine graphique », dévoile l’architecte Déborah Bettan. Comme à son habitude, le duo est revenu rapidement vers lui avec deux esquisses. Nous allons découvrir celle que le propriétaire a choisi, une proposition lumineuse et aérienne soulignée de notes de bois clair et de vert foncé.
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Après. On entrait dans un couloir étroit et sombre, face à la double porte du salon. On est désormais happé par le grand espace ouvert jusqu’à la baie vitrée du séjour, cadrée en partie par la claustra.
À l’arrière, le placard d’entrée a été remanié pour laisser place à un nouveau rangement avec une colonne en plaqué chêne faisant vide-poches et enfermant la box notamment. Deux autres colonnes blanches, très discrètes en medium peint, jouent le rôle de vestiaire d’entrée.
Suspension entrée : Vibia Funnel
À l’arrière, le placard d’entrée a été remanié pour laisser place à un nouveau rangement avec une colonne en plaqué chêne faisant vide-poches et enfermant la box notamment. Deux autres colonnes blanches, très discrètes en medium peint, jouent le rôle de vestiaire d’entrée.
Suspension entrée : Vibia Funnel
Côté séjour, le mur du couloir s’est mué en un filtre tout en légèreté qui donne d’emblée le ton du projet « très dessiné ». Conçue par les architectes de l’agence Lagom, ce claustra bibliothèque semi-cloisonne artistiquement l’espace sans bloquer la lumière. « Il fallait absolument cadrer cette vue inouïe sur tout Paris ! », s’enthousiasme Déborah Bettan.
Ses tablettes asymétriques, suspendues par des tuyaux en alu thermolaqués, accueillent également quelques beaux objets chers au propriétaire, à l’instar des vases en corne blonde, que l’on retrouve parmi les collections de L’Indochineur.
Ceux qui auront vu le film Dolor y Gloria ne retrouveront pas ici le côté baroque des touches de couleurs vives de l’appartement du héros. Pas de cuisine rouge à la crédence ciel ni de salon peuplé de toiles géantes aux couleurs exubérantes. Les architectes n’ont gardé des lieux que le graphisme des compositions chères au réalisateur Almodovar et la couleur vert profond du canapé en velours du héros. C’est elle en effet qui a donné l’idée de la teinte vert sapin du cadre de la claustra, adouci par les étagères en chêne clair et qui contraste sur le blanc des murs.
Ses tablettes asymétriques, suspendues par des tuyaux en alu thermolaqués, accueillent également quelques beaux objets chers au propriétaire, à l’instar des vases en corne blonde, que l’on retrouve parmi les collections de L’Indochineur.
Ceux qui auront vu le film Dolor y Gloria ne retrouveront pas ici le côté baroque des touches de couleurs vives de l’appartement du héros. Pas de cuisine rouge à la crédence ciel ni de salon peuplé de toiles géantes aux couleurs exubérantes. Les architectes n’ont gardé des lieux que le graphisme des compositions chères au réalisateur Almodovar et la couleur vert profond du canapé en velours du héros. C’est elle en effet qui a donné l’idée de la teinte vert sapin du cadre de la claustra, adouci par les étagères en chêne clair et qui contraste sur le blanc des murs.
Après. Seul le sol en parquet mosaïque à damier, typique des années 60-70, a été soigneusement, conservé pour son aspect graphique. Les baies vitrées ont été changées avec des modèles KLine coulissants, aux montants blancs à l’intérieur et noirs à l’extérieur pour respecter l’unité de la façade.
En fond de pièce, les architectes ont imaginé deux meubles en bandeau afin d’installer le système de home cinéma en toute discrétion.
En fond de pièce, les architectes ont imaginé deux meubles en bandeau afin d’installer le système de home cinéma en toute discrétion.
L’architecte Avinoam Bettan, passionné de technologies, s’est chargé de dimensionner ce cinéma à domicile avec grand écran immersif et son enveloppant : « Le meuble haut cache un écran de vidéoprojection HD 16:9 cm tandis que le système sonore 5.1 est alimenté en wifi par un amplificateur Yamaha. Trois enceintes Focal sont encastrées dans les meubles hauts et bas. À l’arrière deux autres enceintes assurent le retour arrière », détaille-t-il. L’ensemble du matériel a été acheté chez Cobra, spécialiste du son et de l’image depuis 40 ans. « Une enseigne de très bon conseil », assure-t-il.
Écran Lumene Showplace HD 240C motorisé 235 x 132 cm (16:9) ; Enceintes latérales et centrale encastrées : Focal 300 ICW 6. ; Ampli Yamaha Musiccast RX-A780 noir ; Enceintes arrière : Yamaha Musiccast 20 (WX-021)
Écran Lumene Showplace HD 240C motorisé 235 x 132 cm (16:9) ; Enceintes latérales et centrale encastrées : Focal 300 ICW 6. ; Ampli Yamaha Musiccast RX-A780 noir ; Enceintes arrière : Yamaha Musiccast 20 (WX-021)
Fabriqué par le menuisier de la société Ergo-Logic, comme l’ensemble du mobilier sur mesure de l’appartement, ces meubles bandeau en plaqué chêne se terminent par un biseau cintré qui adoucit leur dessin. « Fred, le menuisier, est vraiment bon, il nous aide à réfléchir et optimiser toutes nos créations », lui rend hommage la pro.
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Cette fois, ce sont les vases et boites allongés en pierre naturelle de L’Indochineur que Charles a exposé sur le meuble filant.
Après. Très fraîche en vert et blanc, la cuisine est une autre des belles réussites de cet aménagement. Les architectes ont paraît-il passé des heures à la dessiner pour obtenir cet effet de simplicité évidente.
Les caissons Ikea ont été parés de portes Plum Kitchen dont le vert sapin fait écho à celui du meuble d’entrée. En clin d’œil à la mosaïque ciel de la cuisine du héros d’Almodovar dans son film Dolor y Gloria, un carreau de 5 x 5 cm a été proposé par Déborah pour rehausser le graphisme des lieux. La céramique mate recouvre en continuité crédence et plan de travail dont on note le beau détail de finition de la tranche. Au dessus des meubles hauts de 40 cm de profondeur, des éléments blancs s’alignent sur le linéaire bas, donnant un sentiment d’intégration parfaite. « Au milieu de ceux-ci se cache le vidéoprojecteur », révèle Déborah.
Impossible de finir la revue de cette cuisine sans évoquer le système lumineux installé au plafond. « Nous l’avons proposé à Charles pour rester dans l’esprit graphique et il l’a adoré. Il l’avait d’ailleurs repéré dans un reportage consacré à une autre de nos réalisations. Ensuite les calculs ont été compliqués mais c’est Avi qui s’en occupe ! », plaisante-t-elle. L’araignée de Vibia, système lumineux à composer sur mesure, a en effet nécessité de calculer chaque mètre linéaire de câblage nécessaire à partir du calepinage fait en amont par l’architecte. Muni d’un variateur de puissance, il assure un éclairage puissant ou cosy, en fonction du moment.
Crédence cuisine : 5 x 5 cm sur trame Bianco, série I Colori - Matte, chez Ce.Si
Les caissons Ikea ont été parés de portes Plum Kitchen dont le vert sapin fait écho à celui du meuble d’entrée. En clin d’œil à la mosaïque ciel de la cuisine du héros d’Almodovar dans son film Dolor y Gloria, un carreau de 5 x 5 cm a été proposé par Déborah pour rehausser le graphisme des lieux. La céramique mate recouvre en continuité crédence et plan de travail dont on note le beau détail de finition de la tranche. Au dessus des meubles hauts de 40 cm de profondeur, des éléments blancs s’alignent sur le linéaire bas, donnant un sentiment d’intégration parfaite. « Au milieu de ceux-ci se cache le vidéoprojecteur », révèle Déborah.
Impossible de finir la revue de cette cuisine sans évoquer le système lumineux installé au plafond. « Nous l’avons proposé à Charles pour rester dans l’esprit graphique et il l’a adoré. Il l’avait d’ailleurs repéré dans un reportage consacré à une autre de nos réalisations. Ensuite les calculs ont été compliqués mais c’est Avi qui s’en occupe ! », plaisante-t-elle. L’araignée de Vibia, système lumineux à composer sur mesure, a en effet nécessité de calculer chaque mètre linéaire de câblage nécessaire à partir du calepinage fait en amont par l’architecte. Muni d’un variateur de puissance, il assure un éclairage puissant ou cosy, en fonction du moment.
Crédence cuisine : 5 x 5 cm sur trame Bianco, série I Colori - Matte, chez Ce.Si
Décloisonner l’ancienne cuisine est une opération classique mais deux problématiques ont tout de même sollicité l’attention des architectes.
En premier lieu, les colonnes d’eau, difficiles à déplacer. « Nous avons décidé de les assumer dès le départ en cherchant un radiateur pleine hauteur qui puisse jouer les claustras tout en les englobant », explique Déborah Bettan. C’est un radiateur Acova qui a sauvé la situation, installé avec des platines carrées qui reprennent le motif de la crédence. De cette difficulté, perçue par les pros dès la première visite, a d’ailleurs découlé l’un des leitmotivs du nouveau décor. « Ce sont en effet ces colonnes qui nous ont guidées sur le dessin des meubles suspendus », confirme-t-elle.
Le second problème était lié au traitement du sol de l’ancienne cuisine. « Nous avons décidé de prolonger le parquet en damier avec un parquet neuf le plus approchant possible puis de créer un tapis de carrelage le long des éléments. Nous avons créé une transition désagrégée en semant ici et là dans le parquet des carreaux. Trouver le parquet adéquate et les carreaux de même dimension que les motifs d’origine n’a pas été de tout repos », se remémore-t-elle.
En premier lieu, les colonnes d’eau, difficiles à déplacer. « Nous avons décidé de les assumer dès le départ en cherchant un radiateur pleine hauteur qui puisse jouer les claustras tout en les englobant », explique Déborah Bettan. C’est un radiateur Acova qui a sauvé la situation, installé avec des platines carrées qui reprennent le motif de la crédence. De cette difficulté, perçue par les pros dès la première visite, a d’ailleurs découlé l’un des leitmotivs du nouveau décor. « Ce sont en effet ces colonnes qui nous ont guidées sur le dessin des meubles suspendus », confirme-t-elle.
Le second problème était lié au traitement du sol de l’ancienne cuisine. « Nous avons décidé de prolonger le parquet en damier avec un parquet neuf le plus approchant possible puis de créer un tapis de carrelage le long des éléments. Nous avons créé une transition désagrégée en semant ici et là dans le parquet des carreaux. Trouver le parquet adéquate et les carreaux de même dimension que les motifs d’origine n’a pas été de tout repos », se remémore-t-elle.
Inspiré au fil de ses voyages par la philosophie asiatique, Charles Courtis affectionne les ambiances dépouillées, rehaussées de quelques beaux objets. Il a choisi lui-même sa salle à manger chinant une table en bois et Formica des années 50 qu’il a complétée d’icones du design : les fameuses chaises Y (Wishbone CH24) de Hans Wegner en noyer et corde.
Le coin bureau qu’il souhaitait a pris place à droite de la colonne dissimulant le réfrigérateur combiné sous la forme d’un meuble élégamment suspendu.
Le propriétaire y installe généralement son ordinateur portable mais, pour le shooting, il a sorti sa belle vaisselle qu’il fait fabriquer à Hanoï par des artisans.
Après. On note les progrès d’intégration des éléments contemporains. Exit les gros spots ! Place aux discrets bandeaux leds sous les éléments de cuisine. À la place de l’évier Inox et sa grande paillasse a été encastré un évier céramique blanc à même le plan de travail carrelé.
Après. En rabotant les toilettes, le couloir a été raccourci à 1,85m de long, ce qui a permis de redonner du volume à l’entrée. Le compteur a été caché dans l’armoire dressing. Afin d’isoler la partie nuit du reste de l’appartement, le couloir peut être fermé par une porte.
Après. Cuvette suspendue, mini vasque en béton et porte coulissante ont propulsé les petits coins dans la modernité.
Après. Focalisée sur sa vue magnifique, la chambre a été aménagée avec sobriété dans des tons clairs et apaisants, reflétant la philosophie minimaliste du propriétaire. La moquette en laine épaisse est agréable aux pieds tandis que le plaid, reprenant le motif à carreaux de la crédence, flatte l’œil. Deux grandes lampes à poser en rotin, signées L’Indochineur, complètent cette composition qui mise sur l’essentiel.
Pour sonoriser la chambre, une enceinte sans fil Sonos Play 1 a été installée. « Où que Charles soit dans l’appartement, la musique qu’il écoute le suit », note Déborah.
Couverture carreaux : Caravane ; Moquette : Saint Maclou
Pour sonoriser la chambre, une enceinte sans fil Sonos Play 1 a été installée. « Où que Charles soit dans l’appartement, la musique qu’il écoute le suit », note Déborah.
Couverture carreaux : Caravane ; Moquette : Saint Maclou
Après. Cette salle de bains a été revue de fond en combles. Une douche a pris la place de la baignoire et un meuble vasque celle du lavabo de l’époque. Prolongeant l’harmonie graphique, un carreau 5 x 5 cm blanc a été posé sur le plan et au sol puis mixé avec une céramique murale verte pleine masse de 10 x 10 cm.
Faïence salle de bains : Giada en 5 x 5 cm sur trame, série Full Body, chez Ce.Si
Faïence salle de bains : Giada en 5 x 5 cm sur trame, série Full Body, chez Ce.Si
Les architectes ont opté pour des carreaux de la marque Ce.SI ceramica, disponibles en différentes tailles et couleurs et en deux matières : émaillés ou teintés dans la masse. « Leur variété rend la mise en œuvre graphique très facile. On peut vraiment s’amuser avec des tailles différentes sans avoir de raccords à faire au niveau des joints. Le matériau pleine masse est parfait pour faire les niches sans devoir faire de coupe à 45° », affirme Déborah Bettan.
Si le film d’Amoldovar a bel et bien été le départ de l’inspiration, ces carreaux au graphisme souligné par les joints contrastants resteront l’un des principaux fils rouge de la nouvelle déco de cet appartement. Un matériau qui évoque d’ailleurs à Déborah l’une des découvertes qui ont marqué son double cursus d’architecte et d’étudiante en école d’art : « Ces carreaux blanc aux joints noirs m’évoquent toujours l’architecte plasticien contemporain Jean-Pierre Raynaud qui en a paré toute sa “maison” et disait que “la stimulation vient des effets contraires”. La tension essentielle entre le noir et le blanc est puissante. » Et elle a su également séduire le propriétaire Charles Coutris.
Qui vit ici ? Charles Coutris, gérant de la société L’Indochineur et sa marque Studio Rivêt
Emplacement : au septième étage d’un immeuble années 70 dans le 14 arrondissement de Paris
Superficie : 50 m²
Date des travaux : livraison juin 2020 après 1,5 mois d’étude et 4 mois de travaux
Architectes : Déborah Calfond Bettan (Architecte DE) et Avinoam Bettan (Architecte HMONP) de Lagom architectes
Menuiserie : Ergo-Logic (Aulnay-sous-Bois)
Budget : 76 000 euros (budget détaillé en fin d’article)
Photos : Maude Artarit et Delphine Quesme