Comment les pros gèrent-ils la hausse des prix des matériaux ?
Voici ce que mettent en place les professionnels de la maison pour faire face à cette situation sans précédent
Initiée par la crise sanitaire et plus précisément par son impact sur les productions, la demande et le transport international, la hausse des prix des matières premières et matériaux de construction continue d’inquiéter les professionnels de la maison en ce début d’année 2022. Dans son communiqué de presse publié en janvier 2022 sur la conjoncture de l’artisanat du bâtiment, la Capeb, le syndicat patronal de l’artisanat du bâtiment, faisait ainsi état d’une hausse moyenne de 18 % du prix des matériaux. Comment les professionnels de la maison gèrent-ils l’envolée des tarifs ? Nous nous sommes entretenus avec eux pour en savoir plus.
En ce qui concerne les rénovations extérieures, le paysagiste Philippe Delage de Luget, de la société L’esprit au vert nous a confié que : « Le bois a pris de 55 % à 70 % de hausse pour les essences exotiques. Même les bois français sont plus chers en raison de la forte demande internationale. » Sa consœur Claire Delahaye, de la société Slowgarden, renchérit : « Avant, il fallait compter en moyenne 30 000 euros pour aménager un jardin que je dessinais, maintenant c’est presque le double. »
Comment la pénurie de matériaux affecte-elle vos projets ?
Comment la pénurie de matériaux affecte-elle vos projets ?
Le rôle de sensibilisation des clients
Dans ce contexte, les professionnels n’ont pas d’autre choix que de faire preuve de transparence auprès de leurs clients et de les sensibiliser au contexte actuel. « Nous avons un rôle de conseil à jouer. Nous choisissons parfois trois matériaux au lieu d’un pour faire face à la situation », explique Karen Tinka. Pour l’architecte d’intérieur Alexandra Teboul, de l’agence InDé - créateurs d’identités, il n’est pas toujours évident d’expliquer l’envolée des prix aux clients : « Je trouve que la hausse se fait encore plus ressentir cette année et il est difficile de respecter les budgets annoncés aux clients pour assurer les chantiers, et de les garder. » Ces derniers ne sont en effet pas toujours enclins ou en capacité de revoir leur budget à la hausse.
Dans ce contexte, les professionnels n’ont pas d’autre choix que de faire preuve de transparence auprès de leurs clients et de les sensibiliser au contexte actuel. « Nous avons un rôle de conseil à jouer. Nous choisissons parfois trois matériaux au lieu d’un pour faire face à la situation », explique Karen Tinka. Pour l’architecte d’intérieur Alexandra Teboul, de l’agence InDé - créateurs d’identités, il n’est pas toujours évident d’expliquer l’envolée des prix aux clients : « Je trouve que la hausse se fait encore plus ressentir cette année et il est difficile de respecter les budgets annoncés aux clients pour assurer les chantiers, et de les garder. » Ces derniers ne sont en effet pas toujours enclins ou en capacité de revoir leur budget à la hausse.
« Quand le devis a été fait à l’avance, le prestataire se garde souvent une marge de dépréciation, mais ce n’est pas évident d’expliquer cela aux clients », poursuit l’architecte d’intérieur Anne Chemineau, de Decor Interieur, qui constate une hausse des prix plus importante au niveau des menuiseries, dans les cuisines par exemple. « Cela a un impact plus grand sur les petits projets, pas toujours réalistes quand les budgets des clients sont trop serrés. »
3 défis qui attendent les propriétaires et leurs solutions
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La réactivité comme principale réponse
Pour éviter au maximum les mauvaises surprises, les professionnels sont contraints de demander à leurs clients d’être les plus réactifs possibles quant à leurs choix et la validation des décisions concernant le chantier. « J’explique aux clients qu’il y a une hausse des prix des matériaux et que, plus ils se décident rapidement, mieux c’est », partage Alexandra Teboul. La décoratrice d’intérieur Marion Dubost adopte la même stratégie avec ses clients : « En tant que professionnels, nous sommes au courant des dates des augmentations, alors quand je sais qu’il va y avoir une augmentation chez un fournisseur je préviens les clients pour qu’ils commandent au plus vite, avant la hausse. C’est aussi notre rôle d’aider nos clients à gérer leur budget malgré tous ces aléas. »
Le portail client Houzz Pro est un bon outil pour fluidifier les relations entre professionnels et clients, et ainsi gagner en réactivité lors de la réalisation d’un projet. Personnalisé, il centralise les échanges, les étapes du projet ainsi que les devis et factures, et facilite les approbations et validations.
Pour éviter au maximum les mauvaises surprises, les professionnels sont contraints de demander à leurs clients d’être les plus réactifs possibles quant à leurs choix et la validation des décisions concernant le chantier. « J’explique aux clients qu’il y a une hausse des prix des matériaux et que, plus ils se décident rapidement, mieux c’est », partage Alexandra Teboul. La décoratrice d’intérieur Marion Dubost adopte la même stratégie avec ses clients : « En tant que professionnels, nous sommes au courant des dates des augmentations, alors quand je sais qu’il va y avoir une augmentation chez un fournisseur je préviens les clients pour qu’ils commandent au plus vite, avant la hausse. C’est aussi notre rôle d’aider nos clients à gérer leur budget malgré tous ces aléas. »
Le portail client Houzz Pro est un bon outil pour fluidifier les relations entre professionnels et clients, et ainsi gagner en réactivité lors de la réalisation d’un projet. Personnalisé, il centralise les échanges, les étapes du projet ainsi que les devis et factures, et facilite les approbations et validations.
Garder une marge de manœuvre sur les budgets et matériaux
Anne Chemineau l’expliquait plus haut, l’une des stratégies adoptées par les professionnels et artisans pour respecter les tarifs annoncés sur les devis, malgré la hausse des prix, est de garder une marge de dépréciation, soit d’anticiper l’inflation en facturant un peu plus cher. Ainsi les mauvaises surprises sont évitées. Karen Tinka, quant à elle, préfère se garder de la flexibilité sur le choix des produits et matériaux. Elle explique : « Je fais une offre complète aux clients et c’est à eux de faire des choix pour piloter les coûts. Aussi, je ne donne pas de références précises, mais je leur fais valider une idée et ensuite je cherche les matériaux disponibles qui correspondent à cette idée. C’est une manière de ne pas s’engager sur les coûts et de contrer les problèmes d’approvisionnement. Aussi, je date mes recommandations comme un entrepreneur date ses achats. »
Anne Chemineau l’expliquait plus haut, l’une des stratégies adoptées par les professionnels et artisans pour respecter les tarifs annoncés sur les devis, malgré la hausse des prix, est de garder une marge de dépréciation, soit d’anticiper l’inflation en facturant un peu plus cher. Ainsi les mauvaises surprises sont évitées. Karen Tinka, quant à elle, préfère se garder de la flexibilité sur le choix des produits et matériaux. Elle explique : « Je fais une offre complète aux clients et c’est à eux de faire des choix pour piloter les coûts. Aussi, je ne donne pas de références précises, mais je leur fais valider une idée et ensuite je cherche les matériaux disponibles qui correspondent à cette idée. C’est une manière de ne pas s’engager sur les coûts et de contrer les problèmes d’approvisionnement. Aussi, je date mes recommandations comme un entrepreneur date ses achats. »
Stocker les matériaux dès que possible
Certains produits et matériaux sont indispensables quelle que soit la nature du chantier entrepris et leur usage peut être plus facilement anticipé que pour d’autres matières premières. Plusieurs professionnels font donc le choix de les stocker au maximum, à condition de disposer de l’espace et des capacités financières nécessaires, pour ralentir le plus possible l’impact de la hausse des prix sur leur activité. C’est notamment le cas du paysagiste Théo Gallibert, de la société T.O l’Atelier des Jardins : « Si les problèmes d’approvisionnement se sont un peu calmés par rapport à l’an dernier, les hausses des prix sont réellement importantes et nous sommes obligés de les répercuter sur les clients. Cette année, j’essaie donc de stocker un peu plus les matériaux en prévision des futurs chantiers. Il y a certaines choses dont je sais que j’aurai besoin et donc pour lesquelles je peux anticiper trois ou quatre mois à l’avance. »
Certains produits et matériaux sont indispensables quelle que soit la nature du chantier entrepris et leur usage peut être plus facilement anticipé que pour d’autres matières premières. Plusieurs professionnels font donc le choix de les stocker au maximum, à condition de disposer de l’espace et des capacités financières nécessaires, pour ralentir le plus possible l’impact de la hausse des prix sur leur activité. C’est notamment le cas du paysagiste Théo Gallibert, de la société T.O l’Atelier des Jardins : « Si les problèmes d’approvisionnement se sont un peu calmés par rapport à l’an dernier, les hausses des prix sont réellement importantes et nous sommes obligés de les répercuter sur les clients. Cette année, j’essaie donc de stocker un peu plus les matériaux en prévision des futurs chantiers. Il y a certaines choses dont je sais que j’aurai besoin et donc pour lesquelles je peux anticiper trois ou quatre mois à l’avance. »
Trouver des alternatives
En revanche, difficile d’anticiper la demande pour d’autres matériaux et produits, qui dépendra davantage des choix des clients. Ainsi, pour contrer la hausse des prix de certains revêtements, comme le bois dont il n’est plus besoin de préciser l’ampleur de la hausse des tarifs, la paysagiste Claire Delahaye tente de proposer des alternatives plus accessibles à ses clients. « Je remarque que les gens se détournent dernièrement du bois en raison de l’augmentation des prix. En remplacement, je leur propose des aménagements maçonnés qui coûtent moins cher et durent plus longtemps sans entretien. Pour les sols, il est aussi possible de partir sur du béton ou de la pierre en faisant attention à conserver des zones perméables dans les jardins. », précise la professionnelle.
En revanche, difficile d’anticiper la demande pour d’autres matériaux et produits, qui dépendra davantage des choix des clients. Ainsi, pour contrer la hausse des prix de certains revêtements, comme le bois dont il n’est plus besoin de préciser l’ampleur de la hausse des tarifs, la paysagiste Claire Delahaye tente de proposer des alternatives plus accessibles à ses clients. « Je remarque que les gens se détournent dernièrement du bois en raison de l’augmentation des prix. En remplacement, je leur propose des aménagements maçonnés qui coûtent moins cher et durent plus longtemps sans entretien. Pour les sols, il est aussi possible de partir sur du béton ou de la pierre en faisant attention à conserver des zones perméables dans les jardins. », précise la professionnelle.
Consommer plus localement
Dans ce contexte, nombreux sont les professionnels à transformer leur manière de s’approvisionner, en se tournant davantage vers des fournisseurs locaux. Cette année, Alexa Funes, fondatrice de l’Atelier Germain, a par exemple choisi de sourcer de nombreux nouveaux matériaux plus locaux et écologiques, afin également de respecter son engagement en faveur de l’environnement. Le paysagiste Marc Petit, de la société Terrasses des Oliviers, nous a expliqué aussi utiliser de plus en plus d’essences de bois locales et responsables pour l’aménagement d’extérieurs, comme le châtaignier qui plaît actuellement beaucoup à ses clients.
Dans ce contexte, nombreux sont les professionnels à transformer leur manière de s’approvisionner, en se tournant davantage vers des fournisseurs locaux. Cette année, Alexa Funes, fondatrice de l’Atelier Germain, a par exemple choisi de sourcer de nombreux nouveaux matériaux plus locaux et écologiques, afin également de respecter son engagement en faveur de l’environnement. Le paysagiste Marc Petit, de la société Terrasses des Oliviers, nous a expliqué aussi utiliser de plus en plus d’essences de bois locales et responsables pour l’aménagement d’extérieurs, comme le châtaignier qui plaît actuellement beaucoup à ses clients.
Acheter en seconde main
Enfin, certains vont encore plus loin dans leur démarche vers une consommation plus raisonnée, en faisant fonctionner au maximum les filières de réutilisation et de recyclage pour alimenter leurs chantiers en produits et matériaux. Afin de contourner la pénurie de matériaux, l’architecte Tina Merkes se tourne ainsi de plus en plus vers l’achat de seconde main. « On peut trouver des matériaux de récupération sur des plateformes de réemploi spécifiques comme www.backacia.com ou www.cycle-up.fr. Une solution économique et écologique en même temps », explique-t-elle
10 idées reçues sur l’achat de seconde main pour la maison
Enfin, certains vont encore plus loin dans leur démarche vers une consommation plus raisonnée, en faisant fonctionner au maximum les filières de réutilisation et de recyclage pour alimenter leurs chantiers en produits et matériaux. Afin de contourner la pénurie de matériaux, l’architecte Tina Merkes se tourne ainsi de plus en plus vers l’achat de seconde main. « On peut trouver des matériaux de récupération sur des plateformes de réemploi spécifiques comme www.backacia.com ou www.cycle-up.fr. Une solution économique et écologique en même temps », explique-t-elle
10 idées reçues sur l’achat de seconde main pour la maison
ET VOUS ?
Comment gérez-vous la hausse des prix des matériaux et l’inflation ?
Comment gérez-vous la hausse des prix des matériaux et l’inflation ?
« Ce qui a été possible début 2021 ne l’est plus un an après. Les prix des matériaux et de la main-d’œuvre ont augmenté de 15 à 20 % suite à la pandémie et il faut désormais miser sur 1200 à 1500 euros du mètre carré pour une telle rénovation à Paris », nous expliquait l’architecte d’intérieur Nicolas Payet, de l’Agence Marn Déco à l’occasion d’un reportage sur la rénovation d’un appartement de 30 m² réalisée en 2021. De son côté, la designer d’intérieur Karen Tinka estimait en début d’année 2022 la hausse du coût d’une rénovation complète à Paris à 200 euros par mètre carré, tous matériaux confondus. Elle parlait d’une « augmentation exponentielle qui ne s’arrête pas en raison des ruptures de stocks et de l’épuisement des ressources ».