Des femmes aborigènes à l’origine d’une nouvelle identité créative
Des designers autochtones d’Australie introduisent des motifs traditionnels dans les luminaires, les textiles, les meubles et les céramiques
Dans la culture aborigène australienne, l’art et le design ont été utilisés comme formes de communication et d’éducation depuis plus de 50 000 ans. Aujourd’hui, les concepts de design contemporain s’ajoutent aux arts et métiers traditionnels qui ont évolué au fil des siècles. Beaucoup de designers avec des racines aborigènes participent à l’élaboration d’une nouvelle image identitaire. Découvrez un groupe de tisserandes accompagné de quatre designers, des femmes sur le devant de la scène.
Mavis Ganambarr, à gauche, Sasha Titchkosky, à droite, et son fils Anders recueillent les feuilles de pandanus sur l’île d’Elcho. Photo : Shantanu Starick
Pour fabriquer les abat-jour de la collection de Koskela, Yuta Badayala (« une nouvelle lumière »), les femmes de l’île d’Elcho utilisent des colorants à base de plantes pour teindre les feuilles de pandanus récoltées localement et les fibres de kurrajong. « Les fibres sont ensuite utilisées pour tisser des motifs complexes sur un cadre noir », explique Sasha Titchkosky. La fabrication de ces abat-jour, parfois assez grands, peut prendre jusqu’à un mois.
Pour fabriquer les abat-jour de la collection de Koskela, Yuta Badayala (« une nouvelle lumière »), les femmes de l’île d’Elcho utilisent des colorants à base de plantes pour teindre les feuilles de pandanus récoltées localement et les fibres de kurrajong. « Les fibres sont ensuite utilisées pour tisser des motifs complexes sur un cadre noir », explique Sasha Titchkosky. La fabrication de ces abat-jour, parfois assez grands, peut prendre jusqu’à un mois.
Photo : avec l’aimable autorisation d’Elcho Island Arts
Russell Kennedy, maître de conférences et directeur de cours à la faculté de design de communication visuelle à l’université Deakin, à Melbourne, décrit ce lien entre les traditions aborigènes et le design contemporain comme passionnant.
« Les expressions contemporaines des designers aborigènes constituent d’authentiques points de différence alors que nous cherchons encore à comprendre ce concept apparemment difficile à définir de “style australien” », précise Russel Kennedy, fondateur d’Indigo, International Indigenous Design Network.
Russell Kennedy, maître de conférences et directeur de cours à la faculté de design de communication visuelle à l’université Deakin, à Melbourne, décrit ce lien entre les traditions aborigènes et le design contemporain comme passionnant.
« Les expressions contemporaines des designers aborigènes constituent d’authentiques points de différence alors que nous cherchons encore à comprendre ce concept apparemment difficile à définir de “style australien” », précise Russel Kennedy, fondateur d’Indigo, International Indigenous Design Network.
Photo : Shantanu Starick
Photo : Shantanu Starick
Sasha Titchkosky, à gauche, et Mavis Ganambarr tissent des feuilles de pandanus sur l’île d’Elcho. Photo : Shantanu Starick
Les abat-jour Koskela ont été sélectionnés pour les prix australiens Idea Awards et Rigg Design Prize. En 2016, ils ont été exposés pour une deuxième fois à la Milan Design Week. La plus récente commande passée à Sasha Titchkosky la rend enthousiaste : « Nous venons tout juste de recevoir la commande d’une première œuvre pour le restaurant Noma à Copenhague. »
Les abat-jour Koskela ont été sélectionnés pour les prix australiens Idea Awards et Rigg Design Prize. En 2016, ils ont été exposés pour une deuxième fois à la Milan Design Week. La plus récente commande passée à Sasha Titchkosky la rend enthousiaste : « Nous venons tout juste de recevoir la commande d’une première œuvre pour le restaurant Noma à Copenhague. »
Photo : Anson Smart
Selon Sasha, les distributeurs d’objets design peuvent élever les motifs et les objets du symbolisme autochtone bien au-dessus du marché du kitsch et de celui des boutiques de souvenirs et ainsi donner à ce travail tout le respect qu’il mérite. « Les choses changent petit à petit », assure-t-elle. « Des projets comme le Barangaroo development, un nouvel ensemble immobilier urbain à Sydney, exigent que leurs locataires aient recours à des éléments de design aborigène » dans leurs espaces.
Selon Sasha, les distributeurs d’objets design peuvent élever les motifs et les objets du symbolisme autochtone bien au-dessus du marché du kitsch et de celui des boutiques de souvenirs et ainsi donner à ce travail tout le respect qu’il mérite. « Les choses changent petit à petit », assure-t-elle. « Des projets comme le Barangaroo development, un nouvel ensemble immobilier urbain à Sydney, exigent que leurs locataires aient recours à des éléments de design aborigène » dans leurs espaces.
Photo : Anson Smart
Photo : Gaawaa Miyay
Lucy Simpson : designer textile et créatrice d’objets
Lucy Simpson a étudié le graphisme et le design textile à la prestigieuse faculté des beaux-arts de l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud à Sydney. Elle dirige maintenant son propre cabinet de design, Gaawaa Miyay (« fille de la rivière »). « Je suis passionnée par tous les aspects de la conception aborigène et je puise mon inspiration de ma terre d’origine, le Yuwaalaraay » dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles-du-Sud, raconte-t-elle.
Lucy Simpson : designer textile et créatrice d’objets
Lucy Simpson a étudié le graphisme et le design textile à la prestigieuse faculté des beaux-arts de l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud à Sydney. Elle dirige maintenant son propre cabinet de design, Gaawaa Miyay (« fille de la rivière »). « Je suis passionnée par tous les aspects de la conception aborigène et je puise mon inspiration de ma terre d’origine, le Yuwaalaraay » dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles-du-Sud, raconte-t-elle.
Parmi les torchons imprimés de Gaawaa Miyay, on trouve le Crow & Seagull, en haut sur la photo, le Dhinawan, au motif de plumes d’émeu, et le Guddu-Bidi, avec l’image d’un gros poisson. Photo : Gaawaa Miyay
Au cœur des impressions graphiques abstraites et audacieuses de Lucy Simpson se trouvent les histoires de sa famille et de ses ancêtres souvent racontées à l’aide de représentations de plantes, d’animaux et des couleurs de sa terre d’origine, « des corbeaux et des mouettes, des cabillauds et des mollusques, des herbes et des fruits de la passion ».
Ces motifs ont une signification, affirme l’artiste. « Ils doivent être respectés si l’on envisage un certain avenir pour le design contemporain australien qui met en avant l’identité aborigène. »
Au cœur des impressions graphiques abstraites et audacieuses de Lucy Simpson se trouvent les histoires de sa famille et de ses ancêtres souvent racontées à l’aide de représentations de plantes, d’animaux et des couleurs de sa terre d’origine, « des corbeaux et des mouettes, des cabillauds et des mollusques, des herbes et des fruits de la passion ».
Ces motifs ont une signification, affirme l’artiste. « Ils doivent être respectés si l’on envisage un certain avenir pour le design contemporain australien qui met en avant l’identité aborigène. »
Torchon Gaawaa Miyay avec imprimé Gwibiirr (fruit de la passion du bush). Photo : Gaawaa Miyay
Lucy Simpson raconte des récits visuels par le biais de ses textiles – des impressions numériques et des sérigraphies –, par son graphisme et par les œuvres réalisées sur commande. Tous ses travaux expriment, illustrent et partagent des aspects de la culture et du mode de vie autochtones contemporains.
« À l’aide de mes créations, je partage ce regard avec le public, ceux qui portent mes créations autant que ceux qui les voient. J’exporte la vie des terres Yuwaalaraay et leur histoire loin des rives de leurs rivières d’eau douce, pour favoriser une meilleure compréhension de la culture autochtone contemporaine et la beauté de sa diversité et de sa force », explique Lucy.
Lucy Simpson raconte des récits visuels par le biais de ses textiles – des impressions numériques et des sérigraphies –, par son graphisme et par les œuvres réalisées sur commande. Tous ses travaux expriment, illustrent et partagent des aspects de la culture et du mode de vie autochtones contemporains.
« À l’aide de mes créations, je partage ce regard avec le public, ceux qui portent mes créations autant que ceux qui les voient. J’exporte la vie des terres Yuwaalaraay et leur histoire loin des rives de leurs rivières d’eau douce, pour favoriser une meilleure compréhension de la culture autochtone contemporaine et la beauté de sa diversité et de sa force », explique Lucy.
Les coussins Gaawaa Miyay imprimés à la main sont disponibles dans une variété de modèles. Photo : Gaawaa Miyay
Le repositionnement de l’identité est devenu prioritaire à mesure que l’on se rapproche d’un référendum national pour reconnaître officiellement l’Australie comme le foyer de la plus ancienne culture survivante sur terre, affirme Russel Kennedy. « Un vote pour le oui, signifiant la reconnaissance officielle de l’occupation précoloniale dans notre constitution, recontextualisera l’histoire de l’Australie », ajoute-t-il. « Cette rétrospection aura potentiellement un impact sur la façon de représenter notre identité nationale. »
Le repositionnement de l’identité est devenu prioritaire à mesure que l’on se rapproche d’un référendum national pour reconnaître officiellement l’Australie comme le foyer de la plus ancienne culture survivante sur terre, affirme Russel Kennedy. « Un vote pour le oui, signifiant la reconnaissance officielle de l’occupation précoloniale dans notre constitution, recontextualisera l’histoire de l’Australie », ajoute-t-il. « Cette rétrospection aura potentiellement un impact sur la façon de représenter notre identité nationale. »
Photo : Trish O’Brien
Alison Page : une passionnée du design aux mille talents
En 2015, la designer Alison Page est entrée au panthéon du Design Institute of Australia. Elle a également reçu de nombreux prix de design et de leadership.
Il y a quatre ans, elle a créé la National Aboriginal Design Agency, en tant que branche commerciale de la Saltwater Freshwater Arts Alliance, un organisme à but non lucratif régi par dix conseils aborigènes de la région du nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud. Là-bas, elle a travaillé avec des artistes locaux pour développer et promouvoir leur travail.
Alison Page : une passionnée du design aux mille talents
En 2015, la designer Alison Page est entrée au panthéon du Design Institute of Australia. Elle a également reçu de nombreux prix de design et de leadership.
Il y a quatre ans, elle a créé la National Aboriginal Design Agency, en tant que branche commerciale de la Saltwater Freshwater Arts Alliance, un organisme à but non lucratif régi par dix conseils aborigènes de la région du nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud. Là-bas, elle a travaillé avec des artistes locaux pour développer et promouvoir leur travail.
The Sit Place, d’Alison Page en collaboration avec les artistes Brentan Lugnan et Jeremy Devitt. Photo : Trish O’Brien
L’installation d’Alison Page, The Sit Place, faisait partie d’une exposition itinérante nationale de l’Australian Design Centre intitulée « CUSP : Designing Into the Next Decade », qui se traduirait en français par CUSP : le design de la prochaine décennie [NDLT]. « Pour ce projet, j’ai collaboré avec d’autres artistes aborigènes à la création des meubles, d’éclairage et des rideaux », explique Alison. « C’était un nouveau regard posé sur le salon australien, conçu dans une perspective autochtone. »
L’installation d’Alison Page, The Sit Place, faisait partie d’une exposition itinérante nationale de l’Australian Design Centre intitulée « CUSP : Designing Into the Next Decade », qui se traduirait en français par CUSP : le design de la prochaine décennie [NDLT]. « Pour ce projet, j’ai collaboré avec d’autres artistes aborigènes à la création des meubles, d’éclairage et des rideaux », explique Alison. « C’était un nouveau regard posé sur le salon australien, conçu dans une perspective autochtone. »
Dentelle aborigène. Photo : Trish O’Brien
Alison est une descendante des Walbanga et du peuple Wadi Wadi, habitants du pays Yuin, dans la région de Shoalhaven, sur la côte sud de la Nouvelle-Galles-du-Sud. Elle se décrit comme une conteuse. « Mon travail raconte l’histoire de gens et de lieux au moyen de différents médiums comme le mobilier, la joaillerie, l’art public, les luminaires, l’aménagement intérieur et maintenant, le cinéma. »
« Comme chaque arbre, chaque rivière et chaque montagne a une histoire à raconter à propos de sa création, j’essaie de concevoir ce que l’environnement bâti et le design peuvent ajouter à cette histoire », précise l’artiste.
Alison est une descendante des Walbanga et du peuple Wadi Wadi, habitants du pays Yuin, dans la région de Shoalhaven, sur la côte sud de la Nouvelle-Galles-du-Sud. Elle se décrit comme une conteuse. « Mon travail raconte l’histoire de gens et de lieux au moyen de différents médiums comme le mobilier, la joaillerie, l’art public, les luminaires, l’aménagement intérieur et maintenant, le cinéma. »
« Comme chaque arbre, chaque rivière et chaque montagne a une histoire à raconter à propos de sa création, j’essaie de concevoir ce que l’environnement bâti et le design peuvent ajouter à cette histoire », précise l’artiste.
Comeback table, une création d’Alison Page. Photo : Trish O’Brien
Ces anciens principes de design devraient guider la conception australienne contemporaine, ajoute Alison. « En donnant plus de sens aux objets, nous pouvons les rendre précieux et donc plus durables », explique la conceptrice.
« Quand on regarde le design d’un boomerang, d’un woomera – une sagaie peinte selon les motifs propres au groupe linguistique de son propriétaire – ou d’un de nos outils, on voit des objets très élaborés dans leur fonctionnement et qui racontent une histoire à travers l’art et leurs décorations sculptées », explique-t-elle.
En fait, de plus en plus de designers travaillent avec le patrimoine autochtone et contribuent ainsi au développement et à la production d’articles de maison, objets, meubles, textiles, aménagement intérieur et architecture contemporaine de qualité.
Ces anciens principes de design devraient guider la conception australienne contemporaine, ajoute Alison. « En donnant plus de sens aux objets, nous pouvons les rendre précieux et donc plus durables », explique la conceptrice.
« Quand on regarde le design d’un boomerang, d’un woomera – une sagaie peinte selon les motifs propres au groupe linguistique de son propriétaire – ou d’un de nos outils, on voit des objets très élaborés dans leur fonctionnement et qui racontent une histoire à travers l’art et leurs décorations sculptées », explique-t-elle.
En fait, de plus en plus de designers travaillent avec le patrimoine autochtone et contribuent ainsi au développement et à la production d’articles de maison, objets, meubles, textiles, aménagement intérieur et architecture contemporaine de qualité.
Nicole Monks, ici à Sydney, à la périphérie du quartier The Block, où les Aborigènes ont vécu pendant des décennies. Photo : Paul van Kan
Nicole Monks : créatrice de meubles, architecte d’intérieur et artiste
Comme Lucy Simpson, Nicole Monks est une designer contemporaine. Son entreprise, blackandwhite creative, a été primée. Elle met au point deux collections de meubles inspirées de son patrimoine aborigène, néerlandais et anglais. Nicole appartient au groupe des langues Wajarri Yamatji de la région Gascoyne-Murchison d’Australie-Occidentale.
Nicole Monks : créatrice de meubles, architecte d’intérieur et artiste
Comme Lucy Simpson, Nicole Monks est une designer contemporaine. Son entreprise, blackandwhite creative, a été primée. Elle met au point deux collections de meubles inspirées de son patrimoine aborigène, néerlandais et anglais. Nicole appartient au groupe des langues Wajarri Yamatji de la région Gascoyne-Murchison d’Australie-Occidentale.
Walarnu (boomerang) un fauteuil de Nicole Monks. Photo : Chico Monks
Fabriquées par BSeated, avec le soutien d’ArtsNSW, les collections Nyinajimanha (« s’asseoir ensemble ») et Wabarn-Wabarn (« rebondir ») seront lancées cette année par l’Australian Design Centre. Les meubles sont faits sur mesure à partir de matériaux respectueux de l’environnement. Ils sont fabriqués sur commande et localement. Ce processus correspond à une éthique de développement durable, précise Nicole.
Les finitions et les couleurs rappellent l’environnement naturel du pays Wajarri Yamatji. Par exemple, le fauteuil Walarnu (« boomerang ») est disponible avec une finition or, cuivre ou étain. « Tous ces métaux se trouvent dans la contrée Wajarri Yamatji, en Australie-Occidentale », souligne-t-elle.
La forme du fauteuil est inspirée du boomerang de chasse. La répétition de cette forme est symbolique du mouvement de l’objet dans le ciel. « La forme du boomerang de chasse est différente de celle du boomerang commun, très symétrique », rappelle Nicole Monks. « Il ne revient pas ! » La forme a permis à Nicole d’engager une conversation sur les méthodes et les techniques de chasse utilisées par les Aborigènes.
Fabriquées par BSeated, avec le soutien d’ArtsNSW, les collections Nyinajimanha (« s’asseoir ensemble ») et Wabarn-Wabarn (« rebondir ») seront lancées cette année par l’Australian Design Centre. Les meubles sont faits sur mesure à partir de matériaux respectueux de l’environnement. Ils sont fabriqués sur commande et localement. Ce processus correspond à une éthique de développement durable, précise Nicole.
Les finitions et les couleurs rappellent l’environnement naturel du pays Wajarri Yamatji. Par exemple, le fauteuil Walarnu (« boomerang ») est disponible avec une finition or, cuivre ou étain. « Tous ces métaux se trouvent dans la contrée Wajarri Yamatji, en Australie-Occidentale », souligne-t-elle.
La forme du fauteuil est inspirée du boomerang de chasse. La répétition de cette forme est symbolique du mouvement de l’objet dans le ciel. « La forme du boomerang de chasse est différente de celle du boomerang commun, très symétrique », rappelle Nicole Monks. « Il ne revient pas ! » La forme a permis à Nicole d’engager une conversation sur les méthodes et les techniques de chasse utilisées par les Aborigènes.
L’installation Marri Ngurang. Photo : Luke Butterly Photography
Nicole a également travaillé sur des projets en collaboration comme celui de Marri Ngurang (« vaste place »). Cette installation d’art public, représentation d’une paroi rocheuse gravée de symboles aborigènes, a été conçue pour être exposée dans le hall d’un immeuble de logements abordables d’Eveleigh à Sydney. C’est une collaboration entre Nicole Monks, l’artiste Charles Madden, un ancien Gadigal et le cabinet d’architecture Urban Future Organisation. Toute en bois, elle raconte les histoires traditionnelles du pays Gadigal à Sydney.
Nicole a également travaillé sur des projets en collaboration comme celui de Marri Ngurang (« vaste place »). Cette installation d’art public, représentation d’une paroi rocheuse gravée de symboles aborigènes, a été conçue pour être exposée dans le hall d’un immeuble de logements abordables d’Eveleigh à Sydney. C’est une collaboration entre Nicole Monks, l’artiste Charles Madden, un ancien Gadigal et le cabinet d’architecture Urban Future Organisation. Toute en bois, elle raconte les histoires traditionnelles du pays Gadigal à Sydney.
Ce mannequin porte une robe maxi en patchwork de la collection Gumnut, de chez Pandanah, lancée lors de l’Australian Indigenous Fashion Week en 2015. Photo : Prue Aja
Nicole Monks, qui a élargi son activité de conception avec le label Pandanah, un atelier de textiles et de revêtements – une collaboration interculturelle avec Cara Mancini Geros –, estime que les perspectives culturelles autochtones traditionnelles exprimées dans de nouvelles formes vont inspirer la génération future de designers.
Nicole Monks, qui a élargi son activité de conception avec le label Pandanah, un atelier de textiles et de revêtements – une collaboration interculturelle avec Cara Mancini Geros –, estime que les perspectives culturelles autochtones traditionnelles exprimées dans de nouvelles formes vont inspirer la génération future de designers.
Penny Evans, dans son atelier, chez elle. Photo : Neshko Garch
Penny Evans : céramiste et artiste contemporaine
Le nouveau design aborigène est caractérisé en grande partie par le mélange d’une variété d’influences et inspiré par un patrimoine culturel complexe. Par exemple, la technique européenne classique des sgraffites (qui consiste à gratter la surface) apparaît comme une caractéristique forte des graphiques qui ornent les céramiques Northern Rivers de l’artiste Penny Evans.
« C’est relié à mon héritage culturel Kamilaroi-Goomeroi, dans lequel, traditionnellement, on grave les arbres, les armes, les ustensiles, ainsi que le sol à des fins rituelles, de communication et de narration », raconte-t-elle.
Penny Evans : céramiste et artiste contemporaine
Le nouveau design aborigène est caractérisé en grande partie par le mélange d’une variété d’influences et inspiré par un patrimoine culturel complexe. Par exemple, la technique européenne classique des sgraffites (qui consiste à gratter la surface) apparaît comme une caractéristique forte des graphiques qui ornent les céramiques Northern Rivers de l’artiste Penny Evans.
« C’est relié à mon héritage culturel Kamilaroi-Goomeroi, dans lequel, traditionnellement, on grave les arbres, les armes, les ustensiles, ainsi que le sol à des fins rituelles, de communication et de narration », raconte-t-elle.
Cluster, une installation murale de Penny Evans composée de plats de faïence. Photo : Penny Evans
« Mes ancêtres ont habité les terres au nord-ouest de la contrée Bundjalung, autour de Garah, Mungindi et Narrabri », précise Penny. Elle possède aussi des racines anglo-celtes et allemandes. Ce contexte multiculturel lui permet d’explorer de manière tout à fait unique son identité australienne par l’art et le design.
« Dans ma famille court cette histoire de frontières… de noir et de blanc… une histoire à propos d’une femme autochtone et d’un forçat libéré », ajoute-t-elle. « Je me penche sur le passé et j’imagine notre histoire truffée de récits anecdotiques et historiques, avant le premier contact, puis pendant la colonisation. Pour moi, notre histoire n’est pas un passé lointain. J’en suis l’aboutissement. Je l’incarne. »
« Mes ancêtres ont habité les terres au nord-ouest de la contrée Bundjalung, autour de Garah, Mungindi et Narrabri », précise Penny. Elle possède aussi des racines anglo-celtes et allemandes. Ce contexte multiculturel lui permet d’explorer de manière tout à fait unique son identité australienne par l’art et le design.
« Dans ma famille court cette histoire de frontières… de noir et de blanc… une histoire à propos d’une femme autochtone et d’un forçat libéré », ajoute-t-elle. « Je me penche sur le passé et j’imagine notre histoire truffée de récits anecdotiques et historiques, avant le premier contact, puis pendant la colonisation. Pour moi, notre histoire n’est pas un passé lointain. J’en suis l’aboutissement. Je l’incarne. »
Les plats Meeting Place de Penny Evans sont ici disposés entre des bâtons à creuser sculptés. Photo : Penny Evans
Les décors des céramiques de Penny font référence à son héritage culturel Kamilaroi-Goomeroi. L’artiste s’intéresse aussi aux reliefs naturels de sa contrée d’adoption, le Widjabul, de la nation Bundjalung, autour de Lismore, et du groupe de langues Ngaku de la côte nord de Nouvelle-Galles-du-Sud. Penny s’y rend lors de vacances en famille. De ses pièces, elle affirme « qu’elles ont chacune des significations multiples. Par exemple, les motifs Floodplain ressemblent aux alvéoles d’une ruche, mais ils se réfèrent également à la constellation des Pléiades, appelée aussi des sept sœurs ».
Penny Evans mêle ces influences au ludique style rétro des souvenirs « Aboriginalia », populaires en Australie dans les années 1950 et 1960. Elle développe ainsi son propre style graphique toujours en évolution. Penny Evans vend ses œuvres sur son site Web, et ses objets sont également disponibles à la boutique de l’Art Gallery of South Australia et à la galerie Michael Reid à Murrurundi.
Les décors des céramiques de Penny font référence à son héritage culturel Kamilaroi-Goomeroi. L’artiste s’intéresse aussi aux reliefs naturels de sa contrée d’adoption, le Widjabul, de la nation Bundjalung, autour de Lismore, et du groupe de langues Ngaku de la côte nord de Nouvelle-Galles-du-Sud. Penny s’y rend lors de vacances en famille. De ses pièces, elle affirme « qu’elles ont chacune des significations multiples. Par exemple, les motifs Floodplain ressemblent aux alvéoles d’une ruche, mais ils se réfèrent également à la constellation des Pléiades, appelée aussi des sept sœurs ».
Penny Evans mêle ces influences au ludique style rétro des souvenirs « Aboriginalia », populaires en Australie dans les années 1950 et 1960. Elle développe ainsi son propre style graphique toujours en évolution. Penny Evans vend ses œuvres sur son site Web, et ses objets sont également disponibles à la boutique de l’Art Gallery of South Australia et à la galerie Michael Reid à Murrurundi.
Plateaux Floodplain : un plateau « parent » avec ses deux plateaux « enfants ». Photo : Penny Evans
Avoir un héritage aborigène offre des avantages lorsque l’on travaille dans le monde du design contemporain, affirme Penny. « Nous sommes reliés à la plus ancienne culture encore vivante sur terre », lance-t-elle. « Nos motifs traditionnels se distinguent d’une manière générale, mais ils sont également très individualisés. L’innovation ne peut se produire que dans les pratiques culturelles vivantes, et l’Australie aborigène est très diversifiée dans sa production artistique, dans les territoires éloignés comme dans les centres urbains. »
Avoir un héritage aborigène offre des avantages lorsque l’on travaille dans le monde du design contemporain, affirme Penny. « Nous sommes reliés à la plus ancienne culture encore vivante sur terre », lance-t-elle. « Nos motifs traditionnels se distinguent d’une manière générale, mais ils sont également très individualisés. L’innovation ne peut se produire que dans les pratiques culturelles vivantes, et l’Australie aborigène est très diversifiée dans sa production artistique, dans les territoires éloignés comme dans les centres urbains. »
Photo : Shantanu Starick
Russel Kennedy, de l’université Deakin, pense que le meilleur du design et de l’architecture aborigène s’appuie sur les détails culturels et l’inspiration. « Cela crée de nouveaux récits, respectueux des traditions. Ils interpellent un nouveau public », explique-t-il. « C’est ainsi que les valeurs, les sensibilités et les connaissances traditionnelles insufflent une nouvelle orientation esthétique et indiquent une direction unique au design australien. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ces magnifiques designs ? Croyez-vous que nous ayons beaucoup à apprendre de ce patrimoine aborigène ? Partagez votre opinion dans les commentaires ci-dessous.
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Russel Kennedy, de l’université Deakin, pense que le meilleur du design et de l’architecture aborigène s’appuie sur les détails culturels et l’inspiration. « Cela crée de nouveaux récits, respectueux des traditions. Ils interpellent un nouveau public », explique-t-il. « C’est ainsi que les valeurs, les sensibilités et les connaissances traditionnelles insufflent une nouvelle orientation esthétique et indiquent une direction unique au design australien. »
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Les tisserandes de l’île d’Elcho
Il y a sept ans, Sasha Titchkosky cofondatrice avec Russel Koskela de l’agence de design Koskela, à Sydney, a contacté les femmes Yolngu d’Elcho Island Arts dans le nord-est de la terre d’Arnhem, dans le Territoire du Nord de l’Australie, et leur a proposé de collaborer avec l’entreprise. Est alors né un partenariat dans lequel les femmes de l’île d’Elcho ont adapté leurs techniques traditionnelles de tissage afin de participer avec Koskela à la production d’abat-jour contemporains pour des suspensions. La collaboration a donné naissance à un style australien qui allie pratiques ancestrales et design d’avant-garde.