Évasion : Une villa bâtie pour deux amoureux de l'île Maurice
Retour sur l'histoire de la Casa Belle Montagne, une villa imaginée par un designer comme un resort de luxe, fun et arty
Agnès Carpentier
15 décembre 2017
Contributrice HOUZZ. Journaliste.
Gino, son épouse et leurs deux enfants vivent en Australie. Épris de l’île Maurice, ils y prennent leurs vacances deux à trois fois l’an. Peu à peu l’idée germe de faire construire leur propre maison sur l’île. Ils dénichent un beau terrain sur la côte ouest, à Rivière Noire, entre mer et montagne, là où le climat est le plus agréable. La parcelle est bien orientée, pile face à la mer et au couchant, mais accrochée à flanc de montagne sur une pente à 45°. Faute de trouver un architecte pour se charger de la grande villa que veut faire construire la famille à cet endroit difficile, Gino s’en remet à son ami, Mario Guillot, pour qu’il lui dessine les plans de sa maison. Ce styliste et designer est une figure de l’île Maurice. Célèbre pour sa marque de jeans IV Play et pour sa ligne d’ameublement, il n’a toutefois conçu de plans de maison qu’en tant que passe-temps. Il décide néanmoins de relever le défi et, après deux ans de travaux, la villa de vacances baptisée Casa Belle Montagne voit le jour. Mario Guillot nous a fait faire une visite exclusive des lieux qui ont bousculé son destin.
Coup d’œil
Qui habite ici : C’est la maison de vacances d’une famille de Mauriciens installés en Australie : Gino, son épouse, leur fille de 14 ans et leur fils de 9 ans.
Superficie : 450 m² environ
Emplacement : Rivière Noire, Île Maurice
Designer : Mario Guillot
Budget travaux : 550 000 euros
Durée des travaux : 2 ans, livraison automne 2017
Anecdote : « On ne se l’imagine pas forcément, mais bâtir une maison sur une montagne implique de couper la montagne. Ici, à Rivière Noire, il s’agissait d’excaver une pente de granit à 45°. Cela a engendré un tas de 8 mètres de roche qu’il a bien fallu inclure dans les plans et 150 camions de terre que nous avons fait évacuer », relate Mario Guillot qui a dessiné les plans puis a géré la construction de la villa.
Photos : Bamba Sourang
Le terrain était réellement magnifique, exposé plein ouest face à la mer, entouré d’une végétation tropicale, et avec une vue imprenable sur le Morne, une curieuse montagne entourée d’eau turquoise, très connue à Maurice. Mario Guillot aurait pu imaginer le plan de la villa en l’orientant plein ouest, comme toutes les bâtisses avoisinantes. Il a préféré l’envisager à la perpendiculaire de la montagne, avec une orientation nord-sud.
Qui habite ici : C’est la maison de vacances d’une famille de Mauriciens installés en Australie : Gino, son épouse, leur fille de 14 ans et leur fils de 9 ans.
Superficie : 450 m² environ
Emplacement : Rivière Noire, Île Maurice
Designer : Mario Guillot
Budget travaux : 550 000 euros
Durée des travaux : 2 ans, livraison automne 2017
Anecdote : « On ne se l’imagine pas forcément, mais bâtir une maison sur une montagne implique de couper la montagne. Ici, à Rivière Noire, il s’agissait d’excaver une pente de granit à 45°. Cela a engendré un tas de 8 mètres de roche qu’il a bien fallu inclure dans les plans et 150 camions de terre que nous avons fait évacuer », relate Mario Guillot qui a dessiné les plans puis a géré la construction de la villa.
Photos : Bamba Sourang
Le terrain était réellement magnifique, exposé plein ouest face à la mer, entouré d’une végétation tropicale, et avec une vue imprenable sur le Morne, une curieuse montagne entourée d’eau turquoise, très connue à Maurice. Mario Guillot aurait pu imaginer le plan de la villa en l’orientant plein ouest, comme toutes les bâtisses avoisinantes. Il a préféré l’envisager à la perpendiculaire de la montagne, avec une orientation nord-sud.
« Quand on vit à Maurice, on sait que lorsque le soleil décline à l’ouest l’après-midi, le couchant est un vrai spectacle, mais vers 17-18 heures, il fait très chaud face au soleil. En plaçant la maison dans l’autre sens, en recueillant la lumière du nord et le vent du sud, je savais que l’on pourrait ventiler naturellement la maison selon les principes bioclimatiques », explique Mario.
Et si Mario est parti de cette observation topographique, c’est qu’il avait une idée bien précise du type de maison qu’il voulait dessiner : « Sur l’île, beaucoup de maisons traditionnelles ressemblent à des boîtes fermées. Je voulais au contraire que la maison s’ouvre de toute part, se mélange à la nature. Que les portes des pièces s’ouvrent face à de grandes baies vitrées et que les vues se prolongent sur l’extérieur faisant paraître plus grands les espaces. »
Pour ouvrir au maximum la villa vers l’extérieur, Mario a renoncé au plan classique de la « maison-boîte ». Il l’a pensée en trois modules éclatés et reliés les uns aux autres par des circulations extérieures couvertes. Chaque module donne ainsi sur des jardins, la piscine, la mer et la montagne afin de permettre aux propriétaires des lieux une vie en prise directe avec l’île qu’ils aiment tant.
Pour ouvrir au maximum la villa vers l’extérieur, Mario a renoncé au plan classique de la « maison-boîte ». Il l’a pensée en trois modules éclatés et reliés les uns aux autres par des circulations extérieures couvertes. Chaque module donne ainsi sur des jardins, la piscine, la mer et la montagne afin de permettre aux propriétaires des lieux une vie en prise directe avec l’île qu’ils aiment tant.
« Construire une maison coûte très cher, c’est pourquoi les gens les conçoivent avec beaucoup de sérieux. Trop selon moi car, la plupart du temps, ils se rabattent sur un plan classique. Mais lorsque l’on part en vacances, on aime aller dans des resorts baignés de nature, tout ouverts sur la piscine et la mer. J’ai voulu reproduire ce plan fun et tellement attirant », explique-t-il.
Comme dans les resorts de luxe, Mario a cherché à gommer les frontières entre intérieur et extérieur, mais également à mélanger les matériaux et à donner du graphisme et du rythme à la bâtisse : « Gino et moi aimons le design et les formes contemporaines, mais nous étions d’accord pour que la maison ne soit pas désincarnée, toute froide en béton. Nous voulions qu’elle reflète la belle énergie de l’île Maurice et ses couleurs luxuriantes. Nous avons opté pour un mélange de couleurs et de matières : du béton, du bois, de la pierre, du verre, de la tôle ondulée, de l’eau, de la nature. Même vide, la maison semblait habitée, elle dégageait une bonne énergie. »
Comme dans les resorts de luxe, Mario a cherché à gommer les frontières entre intérieur et extérieur, mais également à mélanger les matériaux et à donner du graphisme et du rythme à la bâtisse : « Gino et moi aimons le design et les formes contemporaines, mais nous étions d’accord pour que la maison ne soit pas désincarnée, toute froide en béton. Nous voulions qu’elle reflète la belle énergie de l’île Maurice et ses couleurs luxuriantes. Nous avons opté pour un mélange de couleurs et de matières : du béton, du bois, de la pierre, du verre, de la tôle ondulée, de l’eau, de la nature. Même vide, la maison semblait habitée, elle dégageait une bonne énergie. »
Si Mario a voulu mettre du « fun » dans ses plans, il n’a pas dédaigné pour autant la sécurité et la qualité de la construction. Tous ses tracés ont été validés par un ingénieur structures et les fondations de la maison particulièrement peaufinées : « Nous avons arrimé la maison à la montagne sur un plateau en béton de 60 centimètres d’épaisseur. Les constructions de l’île sont soumises aux normes anti-cycloniques et doivent être capables de résister à des vents de 290 km/h », justifie le designer.
Vous vous demandez sans doute comment fermer une maison tout ouverte quand les propriétaires rentrent chez eux en Australie. « La maison est complètement ouverte, mais de l’intérieur si l’on peut dire. À l’extérieur, les ouvertures sont à l’étage ce qui permet d’être en sécurité », explique le designer.
On entre dans la maison par une immense porte d’entrée pivotante de 3 mètres de large qui fait face à cet escalier. Au rez-de-chaussée de ce module principal se trouvent deux chambres et une salle de bains.
On entre dans la maison par une immense porte d’entrée pivotante de 3 mètres de large qui fait face à cet escalier. Au rez-de-chaussée de ce module principal se trouvent deux chambres et une salle de bains.
Le premier étage comprend une grande pièce de vie qui fait salon et cuisine, une arrière-cuisine et une buanderie. Le salon a été meublé avec du mobilier signé (a2mg), la marque personnelle du designer, dont le nom signifie « According to Mario Guillot ».
L’univers déco de Mario se veut simple et chaleureux, au carrefour de la modernité et de la tradition de son île. Ainsi, les canapés modulables, ultracontemporains, recouverts de tissu technique Aquaclean « qui résiste même aux taches de vin » se parent de coussins émaillés de chiffres et de lettres inspirés par des vieilles enseignes faites main à Maurice.
Le salon est ouvert de part en part sur deux terrasses. Côté nord, une table fabriquée par Mario en bois balau se pare d’un top en tôle zinguée : « Quand j’étais petit, les épiceries de l’île étaient tenues par des Chinois et leurs comptoirs en zinc portaient des inscriptions sur le pourtour. L’inspiration est venue de là. J’aime les objets qui ont des histoires à raconter. Quand on isole une pièce ancienne dans un univers contemporain, elle prend la valeur d’une œuvre d’art », explique le designer. Les chaises signées par Mario ont également un petit air ancien relooké façon arty à coup de résine – l’un des matériaux préféré du designer – et de graphismes.
Côté sud, la grande pièce de vie s’ouvre complètement sur la baie aux eaux turquoise et sur le Morne. Le ventilateur accroché au plafond du salon est davantage une concession à la décoration locale qu’un accessoire indispensable.
Comme Mario l’avait imaginé, l’orientation nord-sud de la villa la maintient au frais. Les propriétaires ont quand même insisté pour faire climatiser les chambres pendant les travaux, mais cet équipement s’est avéré jusque-là inutile.
Comme Mario l’avait imaginé, l’orientation nord-sud de la villa la maintient au frais. Les propriétaires ont quand même insisté pour faire climatiser les chambres pendant les travaux, mais cet équipement s’est avéré jusque-là inutile.
Sur ce côté du salon orienté plein sud a été installée la grande piscine de 15 mètres de long. Comme elle est placée au premier étage de la construction, elle semble en lévitation, une impression renforcée par le débordement.
Le designer a conçu le fond en résine blanche recouvert d’une seconde couche de résine transparente outremer pour l’effet de profondeur et l’aspect chatoyant en pleine journée. Au fond de l’eau, il a fait inscrire « chill », un message à destination de ses amis vacanciers pour les inviter à la détente totale et à profiter du moment présent.
Juste devant la piscine, à l’arrière du deck en bois de cumaru qui la borde, un espace de détente a été semi-enterré pour ne pas couper la vue sur l’extérieur depuis le salon.
« Nous avons conçu ce salon lounge comme si le deck en bois avait été replié sur lui-même. C’est une réinterprétation de la varangue des maisons traditionnelles, cet espace patio dedans/dehors dans lequel les Mauriciens reçoivent leurs invités », décrypte le designer.
Le deck qui longe le salon a été ajouré au moyen de grands hublots de verre. Cette terrasse passe au-dessus d’un jardin en rez-de-chaussée, agencé autour d’un bassin : « Les hublots permettent de voir le jardin illuminé à la nuit tombée », précise Mario.
Derrière le salon se profile la grande cuisine. Celle-ci avait été conçue au départ avec un seul îlot, parallèle au canapé, créant la séparation des espaces. Mais Mario a finalement changé ses plans afin de pouvoir cuisiner avec la magnifique vue sur le Morne. Il a donc créé un second îlot perpendiculaire au salon, sur lequel il a installé la table de cuisson.
La cuisine est très agréable avec son toit verrière qui s’ouvre vers le nord. Le sol de la pièce de vie a été réalisé en béton mélangé avec du verre pilé pour la brillance. Le designer regrette d’avoir fait résiner sa surface car il préférait le rendu mat et irrégulier du béton brut à ce sol homogène et satiné. En revanche, il est assez content du travail fait autour des joints de dilatation : « Ils sont obligatoires pour que le sol ne fissure pas mais l’artisan souhaitait faire un quadrillage régulier. À la place, j’ai dessiné un ensemble de faisceaux graphiques et irréguliers en résine blanche qui donnent un côté dynamique à la pièce. »
Le mobilier de cuisine a été dessiné par Mario. Un cuisiniste de l’île s’est chargé de le faire fabriquer en Italie.
Le module d’habitation le plus à l’est abrite au rez-de-chaussée une salle télé et de jeu pour les enfants. À l’étage, il prolonge le deck de la piscine et dissimule le bureau du propriétaire.
Voici la baie vitrée du bureau vue de l’extérieur de la maison. Elle donne plein sud, sur la montagne du Morne.
Voici la même vue à couper le souffle, prise depuis la piscine à débordement.
Derrière le bureau se niche une petite salle de bains. Son sol a été conçu exactement comme le deck de la piscine, en cumaru. L’étanchéité se fait par-dessous, ainsi la douche à l’italienne n’a besoin ni de paroi ni de receveur.
Les carrelages qui habillent les murs ont été choisis pour reprendre les couleurs des paysages de l’île : « Difficile de trouver du carrelage de couleur à Maurice. Nous avons finalement réussi à importer ces pâtes de verre d’Afrique du Sud », explique Mario.
Les carrelages qui habillent les murs ont été choisis pour reprendre les couleurs des paysages de l’île : « Difficile de trouver du carrelage de couleur à Maurice. Nous avons finalement réussi à importer ces pâtes de verre d’Afrique du Sud », explique Mario.
Un troisième module d’habitation prend place à 6 mètres du module principal. Il s’y rattache lui aussi par une circulation en hauteur couverte. Le rez-de-chaussée de ce module est occupé par un double garage. Le premier étage abrite la suite parentale.
Un bas-relief en résine habille l’un des murs de la grande chambre. Mario l’a fait réaliser sur mesure à partir d’une de ses photos personnelles. « Un jour, je dînais dans un restaurant et il se trouvait un arbre dont les racines s’étaient enchevêtrées dans le ciment. J’ai pris la photo de ces racines car je les trouvais belles et je les ai reproduites en résine », se souvient-il.
En face de la fresque s’ouvre une grande salle de bains. Les sanitaires ont tous été dessinés par Mario qui les a fait réaliser… en résine, bien sûr.
Posée sur le deck de cumaru, une grande baignoire ronde est accompagnée de deux douches dont on distingue les ciels de pluie au plafond.
Le carrelage ensoleillé est en pâte de verre. Lui aussi a été importé d’Afrique du Sud.
Le meilleur moment pour profiter de la maison se situe vers 18 heures, quand le soleil se couche à l’ouest et que le ciel au-dessus du Morne se teinte de couleurs pastel. Il est temps de s’installer sur l’espace lounge et de siroter un verre entre famille et amis, en profitant du temps qui passe.
Mario a-t-il trouvé difficile de faire bâtir cette villa pour son ami ? « Pas du tout, mis à part quelques retards de fournisseurs, nous n’avons pas eu de problèmes. Le plus ardu a été de faire travailler les artisans quand ils venaient sur le chantier. Ils tenaient tous à visiter la maison et à s’asseoir au bord de la piscine plutôt que de se mettre au travail », plaisante-t-il.
Et que gardera le designer de cette expérience ? « Cette maison a purement et simplement transformé ma vie. Mon ami Gino m’a fait une entière confiance et m’a permis d’oser et d’essayer beaucoup de choses en matière d’architecture et de design d’intérieur. J’ai commencé styliste de mode, puis designer de meubles, mais à travers cette aventure, j’ai compris que j’étais designer tout court. Aujourd’hui, je me suis lancé sérieusement dans cette voie et je suis en train de travailler sur un projet de huit villas dans ce même esprit mais, cette fois, au bord d’une rivière », conclut Mario. Gageons que les photos en seront magnifiques.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison ?
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Et que gardera le designer de cette expérience ? « Cette maison a purement et simplement transformé ma vie. Mon ami Gino m’a fait une entière confiance et m’a permis d’oser et d’essayer beaucoup de choses en matière d’architecture et de design d’intérieur. J’ai commencé styliste de mode, puis designer de meubles, mais à travers cette aventure, j’ai compris que j’étais designer tout court. Aujourd’hui, je me suis lancé sérieusement dans cette voie et je suis en train de travailler sur un projet de huit villas dans ce même esprit mais, cette fois, au bord d’une rivière », conclut Mario. Gageons que les photos en seront magnifiques.
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Sublime maison ! un rêve absolu. Tout est splendide à commencer par la vue