Exclusif : Le dossier Houzz de Jean-François Bellemère
À travers sa propre sélection de photos dénichées sur Houzz, l'architecte nous livre sa vision de l'habitat urbain
Christine Gaspard
30 mai 2015
Contributrice Houzz pendant un temps.
« À travers cette sélection, j’ai voulu souligner les problématiques que rencontre un architecte en matière de construction urbaine. En ville, il doit composer avec davantage de contraintes notamment parce que l’espace est précieux. Par ailleurs, l’habitat contemporain est riche en questionnements : l’intégration du végétal, le respect de l’ancien et de la typologie d’un lieu, le réinvestissement des zones urbaines, le choix de l’énergie… Mes réponses en images », explique Jean-François Bellemère.
Le dossier de : Jean-François Bellemère, architecte DPLG, qui dirige Compagnie depuis 2003. Une maison d’édition de mobilier et d’objets, destinés à sublimer des environnements domestiques et urbains.
Formation : Les Beaux-Arts de Paris
Anecdote : A travaillé avec Olivier Chabaud avant de devenir directeur de création chez Athem et de collaborer avec Pierre Delavie. L’architecte aime transmettre son savoir, il a enseigné pendant plus de dix ans dans plusieurs écoles parisiennes.
Le dossier de : Jean-François Bellemère, architecte DPLG, qui dirige Compagnie depuis 2003. Une maison d’édition de mobilier et d’objets, destinés à sublimer des environnements domestiques et urbains.
Formation : Les Beaux-Arts de Paris
Anecdote : A travaillé avec Olivier Chabaud avant de devenir directeur de création chez Athem et de collaborer avec Pierre Delavie. L’architecte aime transmettre son savoir, il a enseigné pendant plus de dix ans dans plusieurs écoles parisiennes.
Un paysage inspirant
« On a envie d’y être ! Un paysage naturel, domestiqué ou sauvage, est un symbole de beauté. Il invite à prendre le temps qui semble ici suspendu. On est rappelé à l’essentiel, à ces éléments simples qui étaient là avant nous et survivront à notre passage. »
« On a envie d’y être ! Un paysage naturel, domestiqué ou sauvage, est un symbole de beauté. Il invite à prendre le temps qui semble ici suspendu. On est rappelé à l’essentiel, à ces éléments simples qui étaient là avant nous et survivront à notre passage. »
Le retour du végétal dans nos environnements quotidiens
« Les plantes sont nos racines vers la nature. Élément ornemental, elles ont aussi des qualités physiologiques. Leur utilisation ne se réduit donc plus à la disposition d’un yucca en pot dans une salle d’attente. Elles envahissent notre quotidien, nos bureaux, murs ou toitures. Les friches se métamorphosent en potager et les plantes sont de plus en plus prisées pour leurs propriétés isolantes.
L’intérêt du public pour la protection environnementale est grandissant et implique la réintégration d’éléments naturels dans nos intérieurs. On voit se multiplier les concours qui rendent grâce aux villages les plus fleuris, aux villes les plus vertes, etc. Dans ce bureau, le mur végétal est vraiment là pour le plaisir ! »
« Les plantes sont nos racines vers la nature. Élément ornemental, elles ont aussi des qualités physiologiques. Leur utilisation ne se réduit donc plus à la disposition d’un yucca en pot dans une salle d’attente. Elles envahissent notre quotidien, nos bureaux, murs ou toitures. Les friches se métamorphosent en potager et les plantes sont de plus en plus prisées pour leurs propriétés isolantes.
L’intérêt du public pour la protection environnementale est grandissant et implique la réintégration d’éléments naturels dans nos intérieurs. On voit se multiplier les concours qui rendent grâce aux villages les plus fleuris, aux villes les plus vertes, etc. Dans ce bureau, le mur végétal est vraiment là pour le plaisir ! »
Des plantes en guise de filtre
« La nature nous ramène aussi à des techniques ancestrales qui ont déjà fait leurs preuves. Les plantes peuvent par exemple aider à filtrer l’air ou l’eau, pour une piscine naturelle notamment. Elles nous évitent d’avoir recours à des produits et apportent des réponses à des problématiques intérieures et extérieures. »
« La nature nous ramène aussi à des techniques ancestrales qui ont déjà fait leurs preuves. Les plantes peuvent par exemple aider à filtrer l’air ou l’eau, pour une piscine naturelle notamment. Elles nous évitent d’avoir recours à des produits et apportent des réponses à des problématiques intérieures et extérieures. »
Mise à l’ombre
« Dans les projets sculpturaux de Francis Benincà, le caractère spectaculaire des structures s’efface derrière les plantes grimpantes. Celles-ci apportent de l’ombre, de manière naturelle et rafraîchissante.
En les regardant, je me surprends à rêver à la possibilité de généraliser ce type d’interventions, dans des espaces publics (gares, plages, parkings, places…) comme privés (hôtels, supermarchés…). Qui ne s’est pas brûlé les doigts en plein été en reprenant le volant de sa voiture garée au soleil ? »
« Dans les projets sculpturaux de Francis Benincà, le caractère spectaculaire des structures s’efface derrière les plantes grimpantes. Celles-ci apportent de l’ombre, de manière naturelle et rafraîchissante.
En les regardant, je me surprends à rêver à la possibilité de généraliser ce type d’interventions, dans des espaces publics (gares, plages, parkings, places…) comme privés (hôtels, supermarchés…). Qui ne s’est pas brûlé les doigts en plein été en reprenant le volant de sa voiture garée au soleil ? »
Respecter l’âme, l’histoire et la typologie des lieux anciens
« L’âme d’un lieu ne disparaît pas d’un trait et le succès que rencontrent aujourd’hui les brocantes et journées du patrimoine témoigne de notre besoin de rester connectés à notre histoire. Les sites Internet de seconde main vont aussi dans ce sens, en offrant de donner une seconde vie à des matériaux, meubles et objets anciens.
Pour autant, quand je pense à l’histoire, je ne suis pas nostalgique. Et il ne faut surtout pas verser dans le pastiche qui tourne parfois au ridicule, lorsque des pavillons se parent de colonnes et balustrades en pierres reconstituées. Il s’agit plutôt d’assumer la typologie d’un lieu, sans tomber dans l’écueil du mimétisme. »
« L’âme d’un lieu ne disparaît pas d’un trait et le succès que rencontrent aujourd’hui les brocantes et journées du patrimoine témoigne de notre besoin de rester connectés à notre histoire. Les sites Internet de seconde main vont aussi dans ce sens, en offrant de donner une seconde vie à des matériaux, meubles et objets anciens.
Pour autant, quand je pense à l’histoire, je ne suis pas nostalgique. Et il ne faut surtout pas verser dans le pastiche qui tourne parfois au ridicule, lorsque des pavillons se parent de colonnes et balustrades en pierres reconstituées. Il s’agit plutôt d’assumer la typologie d’un lieu, sans tomber dans l’écueil du mimétisme. »
« J’aime par exemple l’état d’esprit de cet espace ancien, entièrement repensé pour répondre à un mode de vie contemporain. Parce que nous sommes peu de chose, je trouve toujours beau et touchant de retrouver dans un intérieur modernisé une vieille porte ou des carreaux de ciment d’origine, même abîmés. »
Globe de mariés et objets d’antan
« Les cloches anciennes en verre soufflé ? Je trouve ça magnifique et j’en ai une chez moi ! En réalité, je suis un peu schizophrène dans mon plaisir de trouver des objets très anciens comme des créations dernier cri. »
« Les cloches anciennes en verre soufflé ? Je trouve ça magnifique et j’en ai une chez moi ! En réalité, je suis un peu schizophrène dans mon plaisir de trouver des objets très anciens comme des créations dernier cri. »
Pour un réinvestissement intelligent de l’espace urbain
« En se promenant dans n’importe quelle ville, on constate que trop de maisons, d’appartements et d’anciennes usines sont vides, laissés à l’abandon. En moyenne, on évalue à 10 % le taux d’espaces inoccupés dans les centres urbains. La question n’est donc pas exclusivement de sauver un patrimoine, mais d’alerter sur notre façon d’occuper le sol en dévorant toujours plus d’espace, au lieu de prendre en considération ce que l’on a déjà sous la main. Pour l’architecte, c’est un vrai sujet de réhabiliter des lieux anciens plutôt que de continuer à construire. »
« En se promenant dans n’importe quelle ville, on constate que trop de maisons, d’appartements et d’anciennes usines sont vides, laissés à l’abandon. En moyenne, on évalue à 10 % le taux d’espaces inoccupés dans les centres urbains. La question n’est donc pas exclusivement de sauver un patrimoine, mais d’alerter sur notre façon d’occuper le sol en dévorant toujours plus d’espace, au lieu de prendre en considération ce que l’on a déjà sous la main. Pour l’architecte, c’est un vrai sujet de réhabiliter des lieux anciens plutôt que de continuer à construire. »
Comme une maison dans la ville
« La maison individuelle répond à un désir d’intimité et de quiétude. Lorsque l’on demande aux gens ce qu’ils souhaitent pour leur maison, ils ont des désirs simples, comme avoir un espace vert et une place où garer leur voiture. Mais ce sont des critères difficiles à tenir dans un contexte urbain, en particulier dans les grandes villes.
Cette maison, comme celle qui précède et celle qui suit, incarne pourtant la possibilité d’avoir un habitat personnalisé, dans lequel on fait entrer la lumière naturelle tout en préservant l’intimité des habitants. Tout est fait pour atténuer la pression que pourrait occasionner la proximité du voisinage. »
« La maison individuelle répond à un désir d’intimité et de quiétude. Lorsque l’on demande aux gens ce qu’ils souhaitent pour leur maison, ils ont des désirs simples, comme avoir un espace vert et une place où garer leur voiture. Mais ce sont des critères difficiles à tenir dans un contexte urbain, en particulier dans les grandes villes.
Cette maison, comme celle qui précède et celle qui suit, incarne pourtant la possibilité d’avoir un habitat personnalisé, dans lequel on fait entrer la lumière naturelle tout en préservant l’intimité des habitants. Tout est fait pour atténuer la pression que pourrait occasionner la proximité du voisinage. »
L’optimisation d’un intérieur en milieu urbain
« Ici, il faut se représenter un petit pavillon aux volumes modestes, valorisé par un jeu d’imbrication et le développement d’espaces intelligemment exploités, à la fois distincts et communicants. Depuis le salon, on devine une salle de bains en demi-sous-sol et une autre pièce au-dessus. Il y a eu un vrai travail de fait sur les ouvertures, la circulation de la lumière et la préservation de l’intimité. Pourtant, cette maison prend corps au beau milieu d’un tissu urbain particulièrement dense. »
« Ici, il faut se représenter un petit pavillon aux volumes modestes, valorisé par un jeu d’imbrication et le développement d’espaces intelligemment exploités, à la fois distincts et communicants. Depuis le salon, on devine une salle de bains en demi-sous-sol et une autre pièce au-dessus. Il y a eu un vrai travail de fait sur les ouvertures, la circulation de la lumière et la préservation de l’intimité. Pourtant, cette maison prend corps au beau milieu d’un tissu urbain particulièrement dense. »
Le traitement de l’énergie
« Quoi de plus compliqué, lors d’un projet de rénovation ou de construction, que le choix de son mode de chauffage. Chaudière à gaz, pompe à chaleur, bois… C’est aussi une question d’éthique, de prix, de rendement, de confort… Les cheminées à bois reviennent de plus en plus, parce qu’elles ont des performances incroyables, sont très esthétiques et conviviales.
Aujourd’hui, il y a de réels efforts faits pour travailler avec des matériaux isolants et nouvelles techniques innovantes. Par exemple, des entreprises comme Vitrum Glass développent d’intelligents vitrages chauffants. Lesquels offrent un maximum de confort et de lumière, pour donner la sensation d’être dehors toute l’année. »
« Quoi de plus compliqué, lors d’un projet de rénovation ou de construction, que le choix de son mode de chauffage. Chaudière à gaz, pompe à chaleur, bois… C’est aussi une question d’éthique, de prix, de rendement, de confort… Les cheminées à bois reviennent de plus en plus, parce qu’elles ont des performances incroyables, sont très esthétiques et conviviales.
Aujourd’hui, il y a de réels efforts faits pour travailler avec des matériaux isolants et nouvelles techniques innovantes. Par exemple, des entreprises comme Vitrum Glass développent d’intelligents vitrages chauffants. Lesquels offrent un maximum de confort et de lumière, pour donner la sensation d’être dehors toute l’année. »
Sublimer par l’incongru
« J’aime assez les approches osées et différenciées. Et je trouve génial qu’un architecte arrive à amener des éléments totalement incongrus chez un client. Ici, le toboggan en métal détonne en même temps qu’il donne du caractère à toute la pièce de vie ! »
« J’aime assez les approches osées et différenciées. Et je trouve génial qu’un architecte arrive à amener des éléments totalement incongrus chez un client. Ici, le toboggan en métal détonne en même temps qu’il donne du caractère à toute la pièce de vie ! »
« J’aime aussi cet escalier, qui n’en est plus un. Il y a des milliers de beaux escaliers mais celui-ci transporte autre chose. Il est comme un meuble et sert d’espace d’exposition pour des sculptures.
Ce sont ces idées assez simples, mais audacieuses et malignes, qui donnent de l’esprit aux lieux qu’un architecte investit. »
ET VOUS ?
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Lire aussi :
Exclusif : Le dossier Houzz de Benjamin Graindorge
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