Focus matière : Histoire et fabrication des carreaux de ciment
Le saviez-vous ? Les carreaux de ciment à motifs, si prisés en déco, sont une invention française du XIXᵉ. Retour sur leurs origines
Le carreau de ciment, appelé « carreau-mosaïque » au début de son histoire, est né vers 1850. Il a été inventé par un entrepreneur des travaux publics français, Étienne Larmande, à Viviers, en Ardèche, un site marqué par la présence de cimenteries.
L’ouvrage d’Yves Esquieu, Carreau-mosaïque, itinéraires à travers un patrimoine méconnu (1995), en témoigne : « Le brevet d’invention fut accordé en septembre 1851. Le nouveau procédé permettrait de produire des carreaux qui seraient du plus bel effet pour les sols et à des prix modérés. »
Il faut se représenter qu’alors, les seuls pavages existants étaient en pierre, en marbre ou en granito, des matériaux très onéreux que les applicateurs travaillaient sur place. Le carreau de ciment, solution alternative originale, solide et bien moins chère, connaît donc rapidement un immense succès. C’est l’époque où on les voit fleurir dans les halls des immeubles haussmanniens, par exemple.
Trouvez un professionnel des revêtements de sol sur Houzz
L’ouvrage d’Yves Esquieu, Carreau-mosaïque, itinéraires à travers un patrimoine méconnu (1995), en témoigne : « Le brevet d’invention fut accordé en septembre 1851. Le nouveau procédé permettrait de produire des carreaux qui seraient du plus bel effet pour les sols et à des prix modérés. »
Il faut se représenter qu’alors, les seuls pavages existants étaient en pierre, en marbre ou en granito, des matériaux très onéreux que les applicateurs travaillaient sur place. Le carreau de ciment, solution alternative originale, solide et bien moins chère, connaît donc rapidement un immense succès. C’est l’époque où on les voit fleurir dans les halls des immeubles haussmanniens, par exemple.
Trouvez un professionnel des revêtements de sol sur Houzz
La fabrication
La fabrication des carreaux de ciment est restée quasi identique depuis leur invention. Delphine Laporte explique qu’aujourd’hui, les carreaux sont coulés dans un moule en fonte d’acier qui définit leur format. Le carreau est en général carré, de 20 centimètres de côté, mais on en trouve également des rectangulaires, triangulaires, octogonaux…
Inspirez-vous de milliers de réalisations avec carreaux de ciment
La fabrication des carreaux de ciment est restée quasi identique depuis leur invention. Delphine Laporte explique qu’aujourd’hui, les carreaux sont coulés dans un moule en fonte d’acier qui définit leur format. Le carreau est en général carré, de 20 centimètres de côté, mais on en trouve également des rectangulaires, triangulaires, octogonaux…
Inspirez-vous de milliers de réalisations avec carreaux de ciment
À l’intérieur du moule vient se positionner le diviseur, un séparateur de couleurs destiné à la création des motifs. Yves Esquieu mentionne déjà ce détail : « Pour pouvoir incruster des dessins polychromes, Larmande demanda à un serrurier de Viviers, Auguste Lachave, de concevoir le matériel de fabrication, notamment les “diviseurs” de bronze destinés à répartir les couleurs. »
Aujourd’hui, les diviseurs sont réalisés en cuivre (« une trame en lame de cuivre soudée ») car ils doivent être d’une qualité irréprochable, explique Delphine Laporte : « De la qualité du diviseur dépend celle du dessin. »
Aujourd’hui, les diviseurs sont réalisés en cuivre (« une trame en lame de cuivre soudée ») car ils doivent être d’une qualité irréprochable, explique Delphine Laporte : « De la qualité du diviseur dépend celle du dessin. »
Materialien
Deux couches
À la différence des carreaux de terre cuite, le carreau de ciment est épais (environ 16 mm) et présente deux strates bien visibles. La couche d’usure d’environ 4 mm est composée d’un mélange de 2/3 de poudre de marbre, 1/3 de ciment blanc et des pigments pour la coloration.
À la différence des carreaux de terre cuite, le carreau de ciment est épais (environ 16 mm) et présente deux strates bien visibles. La couche d’usure d’environ 4 mm est composée d’un mélange de 2/3 de poudre de marbre, 1/3 de ciment blanc et des pigments pour la coloration.
À l’intérieur de chaque cloisonnement du diviseur, le fabricant injecte de la couleur puis ôte le diviseur, afin que les couleurs arrivent en jonction.
L’artisan pose ensuite la chape composée de ciment Portland et de silice (sable) sur la couche d’usure. Elle définit l’épaisseur des carreaux ciment (12 mm pour les murs et 16 à 19 mm pour les sols) et fait leur solidité.
Notez que la fabrication reste totalement manuelle.
L’artisan pose ensuite la chape composée de ciment Portland et de silice (sable) sur la couche d’usure. Elle définit l’épaisseur des carreaux ciment (12 mm pour les murs et 16 à 19 mm pour les sols) et fait leur solidité.
Notez que la fabrication reste totalement manuelle.
Pressage et hydratation
Cet ensemble (couche d’usure + chape) encore positionné dans le moule part sous presse. Le tout ainsi compacté permet de sortir le carreau ciment de son moule et de le manipuler. Il est ensuite nécessaire de créer une réaction chimique d’hydratation afin que le carreau durcisse.
Cet ensemble (couche d’usure + chape) encore positionné dans le moule part sous presse. Le tout ainsi compacté permet de sortir le carreau ciment de son moule et de le manipuler. Il est ensuite nécessaire de créer une réaction chimique d’hydratation afin que le carreau durcisse.
Traditionnellement, les carreaux étaient plongés dans des bacs d’eau, mais aujourd’hui, ils sont pulvérisés, ce qui raccourcit leur temps de séchage (3 à 5 jours) et fait disparaître l’effet de laitance sur leur surface. Delphine souligne aussi l’avantage d’« une meilleure gestion de l’eau avec une consommation réduite ». Enfin, chaque carreau est vérifié avant d’être placé en carton ou en palette comme ci-dessus.
La diffusion à travers le monde
Présenté à l’Exposition universelle de 1867 à Paris, le carreau de ciment a rapidement fait le tour de l’Europe. En pleine période de colonisation, ce procédé simple permettant de faire de plaisants motifs colorés à bas coût s’est diffusé rapidement aux quatre coins de la planète. On en retrouve en Indonésie ou à Bali, avec des motifs flamands, témoins de l’époque coloniale hollandaise en Asie. Ou encore au Maghreb et en Afrique, où la France avait des colonies.
Présenté à l’Exposition universelle de 1867 à Paris, le carreau de ciment a rapidement fait le tour de l’Europe. En pleine période de colonisation, ce procédé simple permettant de faire de plaisants motifs colorés à bas coût s’est diffusé rapidement aux quatre coins de la planète. On en retrouve en Indonésie ou à Bali, avec des motifs flamands, témoins de l’époque coloniale hollandaise en Asie. Ou encore au Maghreb et en Afrique, où la France avait des colonies.
« Du moment qu’il existait une cimenterie, il était facile de faire appel à un ferronnier ou un dinandier pour créer le diviseur propre à réaliser les motifs colorés. Ensuite, une seule presse hydraulique était requise, un procédé mécanique simple qui a permis à ces carreaux de se développer partout », explique Delphine Laporte. En Espagne, notamment à Barcelone, les carreaux de ciment appelésmosaico hidráulico connaissent une période de faste à l’époque moderniste et leurs motifs Art nouveau continuent à faire aujourd’hui le tour du monde.
ET VOUS ?
Aimez-vous les carreaux de ciment au sol ? En connaissiez-vous l’histoire et la fabrication ?
Lire aussi :
Carreaux de ciment : 5 questions à se poser avant de se lancer
Les carreaux de ciment sont-ils adaptés à la salle de bains ?
5 questions à se poser sur les carreaux de ciment dans la cuisine
Découvrez d’autres focus matières
Trouvez des professionnels près de chez vous sur Houzz
Plus de photos déco
Aimez-vous les carreaux de ciment au sol ? En connaissiez-vous l’histoire et la fabrication ?
Lire aussi :
Carreaux de ciment : 5 questions à se poser avant de se lancer
Les carreaux de ciment sont-ils adaptés à la salle de bains ?
5 questions à se poser sur les carreaux de ciment dans la cuisine
Découvrez d’autres focus matières
Trouvez des professionnels près de chez vous sur Houzz
Plus de photos déco
À la base de la fabrication des carreaux de ciment anciens, un procédé révolutionnaire découvert par l’ingénieur ardéchois Étienne Larmande et relaté par Yves Esquieu : « La chaux hydraulique, seule ou mélangée dans de certaines proportions à de l’argile calcinée, du sable et de l’eau, produit une matière aussi dure que de la pierre ordinaire sans qu’il soit besoin d’aucune cuisson. »
Delphine Laporte, fabricante française de carreaux de ciments (Ateliers Zelij à Toulouse), nous explique en effet que « les carreaux de ciment sont la résultante d’une opération chimique de carbonatation sous l’effet combiné de l’oxygène, de l’air et de l’eau ». Pour durcir, les carreaux de ciment ne nécessitent pas de cuisson comme les carrelages à base d’argile, mais d’eau. Il s’agit du même procédé employé pour durcir les enduits à la chaux à l’époque.