La maison en quête de confort
Entretien exclusif avec François Bernard, fondateur de l’agence Croisements et observateur des tendances style et design
À chaque session du salon Maison&Objet, l’Observatoire définit un thème générique qui n’a pas pour ambition d’offrir un décryptage des tendances immédiates sur l’art d’habiter, mais qui vise à créer du sens autour des objets présentés sur les stands.
Photo : Anne-Emmanuelle Thion
Sur un espace de 200 m² (ci-dessus), il a choisi et exposé des objets représentatifs de cette recherche de confort dans l’univers de la maison. Ceux-ci marquent l’évolution des époques et la richesse du salon Maison&Objet et transcendent la sectorisation des halls. Dans un entretien exclusif, il nous a livré le décryptage de cet espace de réflexion transverse sur la maison et nous a donné des pistes pour faire de notre chez-nous une zone de confort.
Sur un espace de 200 m² (ci-dessus), il a choisi et exposé des objets représentatifs de cette recherche de confort dans l’univers de la maison. Ceux-ci marquent l’évolution des époques et la richesse du salon Maison&Objet et transcendent la sectorisation des halls. Dans un entretien exclusif, il nous a livré le décryptage de cet espace de réflexion transverse sur la maison et nous a donné des pistes pour faire de notre chez-nous une zone de confort.
Pourquoi avoir choisi de fédérer les objets présentés sur le salon autour du thème « Comfort zone » ?
François Bernard : Le confort est un thème universel que l’on pourrait résumer comme notre envie de bien vivre. Aujourd’hui, autour de nous, on se rend compte que la fonction ne suffit plus. Notre époque cherche à rendre la fonction confortable. Ainsi, on ne veut plus se contenter de se déplacer, on veut voyager confortablement. Observez les nouvelles rames de RER avec des sièges plus douillets et un éclairage amélioré.
C’est la même chose dans le domaine de la maison. Les matelas de nos lits n’en finissent plus de s’épaissir pour nous offrir davantage de bien être. Les assises – comme ce canapé Nuvola de chez Gervasoni – prennent des airs d’airbags et, métaphoriquement, atténuent pour nous les chocs du quotidien. La recherche de confort transcende la variété des objets présentés sur le salon, qu’ils soient artisanaux ou, au contraire, très technologiques.
François Bernard : Le confort est un thème universel que l’on pourrait résumer comme notre envie de bien vivre. Aujourd’hui, autour de nous, on se rend compte que la fonction ne suffit plus. Notre époque cherche à rendre la fonction confortable. Ainsi, on ne veut plus se contenter de se déplacer, on veut voyager confortablement. Observez les nouvelles rames de RER avec des sièges plus douillets et un éclairage amélioré.
C’est la même chose dans le domaine de la maison. Les matelas de nos lits n’en finissent plus de s’épaissir pour nous offrir davantage de bien être. Les assises – comme ce canapé Nuvola de chez Gervasoni – prennent des airs d’airbags et, métaphoriquement, atténuent pour nous les chocs du quotidien. La recherche de confort transcende la variété des objets présentés sur le salon, qu’ils soient artisanaux ou, au contraire, très technologiques.
La recherche du confort est-elle propre à notre époque ?
François Bernard : La recherche du confort n’est pas une donnée nouvelle. Le fauteuil Bergère Louis XV a créé une rupture stylistique au XVIIIᵉ siècle qui a démarré la quête de confort dans la maison. Le XXᵉ siècle a beaucoup créé en réponse à nos zones d’inconfort physique en apportant l’eau courante et le gaz ainsi que le chauffage avec température ambiante dans tous les logements. Aujourd’hui l’inconfort physique a été couvert par la création et le XXIᵉ siècle commence à s’atteler à soigner également le confort psychologique. On veut être à la fois en confort et en confiance. Regardez par exemple les progrès réalisés sur les revêtements plus écologiques qui ne dégagent pas de COV, sur l’isolation et l’insonorisation de l’habitat, l’éclairage et l’accessibilité des logements.
François Bernard : La recherche du confort n’est pas une donnée nouvelle. Le fauteuil Bergère Louis XV a créé une rupture stylistique au XVIIIᵉ siècle qui a démarré la quête de confort dans la maison. Le XXᵉ siècle a beaucoup créé en réponse à nos zones d’inconfort physique en apportant l’eau courante et le gaz ainsi que le chauffage avec température ambiante dans tous les logements. Aujourd’hui l’inconfort physique a été couvert par la création et le XXIᵉ siècle commence à s’atteler à soigner également le confort psychologique. On veut être à la fois en confort et en confiance. Regardez par exemple les progrès réalisés sur les revêtements plus écologiques qui ne dégagent pas de COV, sur l’isolation et l’insonorisation de l’habitat, l’éclairage et l’accessibilité des logements.
Comment interpréter notre recherche de confort dans l’habitat ?
François Bernard : Le confort n’est pas une fin en soi. Il nous permet d’être en confiance et de nous libérer l’esprit dans le but d’améliorer notre développement personnel. Le confort touche à l’intime. Nos nuits par exemple font l’objet de recherches toujours plus accrues : les matelas à mémoire de forme nous enveloppent comme dans des cocons, on se dote d’objets technologiques qui analysent les phases du sommeil, d’autres pour nous aider à mieux nous éveiller… De multiples objets sont développés en faveur de la méditation. Le lit Sleep Number, 360 présenté au dernier CES de Las Vegas, enregistre grâce à des capteurs nos mouvements pendant la nuit et compense automatiquement nos points de pression. Ce confort physique n’est pas un but mais un moyen. Celui de mieux vivre, plus épanouis, plus performants.
François Bernard : Le confort n’est pas une fin en soi. Il nous permet d’être en confiance et de nous libérer l’esprit dans le but d’améliorer notre développement personnel. Le confort touche à l’intime. Nos nuits par exemple font l’objet de recherches toujours plus accrues : les matelas à mémoire de forme nous enveloppent comme dans des cocons, on se dote d’objets technologiques qui analysent les phases du sommeil, d’autres pour nous aider à mieux nous éveiller… De multiples objets sont développés en faveur de la méditation. Le lit Sleep Number, 360 présenté au dernier CES de Las Vegas, enregistre grâce à des capteurs nos mouvements pendant la nuit et compense automatiquement nos points de pression. Ce confort physique n’est pas un but mais un moyen. Celui de mieux vivre, plus épanouis, plus performants.
Que faire dans nos logements pour accroître efficacement notre zone de confort ?
François Bernard : La première chose à faire selon moi est d’y améliorer la lumière. Le contrôle vocal de l’éclairage ou la création de scénarios lumineux dans la maison avec la domotique sont de vraies révolutions. Ensuite je crois beaucoup en notre désir de douceur. Nous avons des envies de moquette et de tapis épais, de matières enveloppantes, chaudes et naturelles.
François Bernard : La première chose à faire selon moi est d’y améliorer la lumière. Le contrôle vocal de l’éclairage ou la création de scénarios lumineux dans la maison avec la domotique sont de vraies révolutions. Ensuite je crois beaucoup en notre désir de douceur. Nous avons des envies de moquette et de tapis épais, de matières enveloppantes, chaudes et naturelles.
Quelles couleurs privilégier ?
François Bernard : Les couleurs de l’air, de l’eau et le « nude », la couleur de la peau. Nous sommes dans les « half tones », inspirés par la nature, ainsi que dans la transparence et l’immatérialité. On fait le choix de nuances qui rendent les murs flottants, de teintes plutôt froides réchauffées par des beiges ou des roses pâles. C’est l’anti-rouge en somme.
François Bernard : Les couleurs de l’air, de l’eau et le « nude », la couleur de la peau. Nous sommes dans les « half tones », inspirés par la nature, ainsi que dans la transparence et l’immatérialité. On fait le choix de nuances qui rendent les murs flottants, de teintes plutôt froides réchauffées par des beiges ou des roses pâles. C’est l’anti-rouge en somme.
Quel mobilier choisir ?
François Bernard : Nous avons envie de confiance et d’abandon, de mobilier qui invite à l’intimité et à la confidence. On opte pour des formes enveloppantes, du mobilier qui enserre la taille, qui monte au niveau des dossiers et s’arrondit autour de notre corps.
Le canapé d’aujourd’hui est une métaphore intéressante de notre époque, car il marque une mutation. En se transformant en couette ou en cocon – comme le canapé Cosse de Philippe Nigro pour Cinna (photo) – il affirme notre désir de nous lover et notre envie de légèreté. Nous pourrions parler de « doudouisation » du design.
François Bernard : Nous avons envie de confiance et d’abandon, de mobilier qui invite à l’intimité et à la confidence. On opte pour des formes enveloppantes, du mobilier qui enserre la taille, qui monte au niveau des dossiers et s’arrondit autour de notre corps.
Le canapé d’aujourd’hui est une métaphore intéressante de notre époque, car il marque une mutation. En se transformant en couette ou en cocon – comme le canapé Cosse de Philippe Nigro pour Cinna (photo) – il affirme notre désir de nous lover et notre envie de légèreté. Nous pourrions parler de « doudouisation » du design.
Notons d’ailleurs que de nombreux objets design évoquent la bulle, le cocon, la cosse ou la chrysalide, évocateurs d’un monde en devenir, de maturation d’un nouvel art de vivre en « cocoonexion ».
Quelles matières sont à l’honneur ?
François Bernard : La vraie ou fausse fourrure et le velours sont toujours bien présents et dénotent une envie de confort précieux. Quant aux matières naturelles – lin, osier, rotin ou encore le cuir – sont incontournables. Ces matières sont très tendance, portées par les courants venus du Nord : style scandinave, hygge ou cocooning. De tout temps, l’homme s’est inspiré de Mère Nature et des bêtes qui la peuplent, synonymes d’animalité et aussi de naïveté. Ces matières naturelles – nos héritages que l’on travaille d’ailleurs dans un esprit artisanal – cohabitent avec de nouvelles surfaces, techniques. Apparaissent notamment des textiles tissés en 3D et naturellement antichocs. Notre époque est métissée et n’hésite pas à tirer sur toutes les ficelles à la fois.
François Bernard : La vraie ou fausse fourrure et le velours sont toujours bien présents et dénotent une envie de confort précieux. Quant aux matières naturelles – lin, osier, rotin ou encore le cuir – sont incontournables. Ces matières sont très tendance, portées par les courants venus du Nord : style scandinave, hygge ou cocooning. De tout temps, l’homme s’est inspiré de Mère Nature et des bêtes qui la peuplent, synonymes d’animalité et aussi de naïveté. Ces matières naturelles – nos héritages que l’on travaille d’ailleurs dans un esprit artisanal – cohabitent avec de nouvelles surfaces, techniques. Apparaissent notamment des textiles tissés en 3D et naturellement antichocs. Notre époque est métissée et n’hésite pas à tirer sur toutes les ficelles à la fois.
Comment percevez-vous le futur de la maison en termes de confort ?
François Bernard : Il y aura une véritable hybridation entre le technologique et l’organique. Le « hand-made » est là pour nous rappeler que nous sommes humains. Nous ne voulons pas d’un habitat froid et désincarné, mais habité et chaleureux. Mais nous souhaitons aussi le confort moderne et ferons de plus en plus appel à la technologie. Ce n’est pas schizophrénique. Notre capacité d’hybridation est un moyen de gérer la richesse de notre histoire. Pierre Berger, immense créateur qui vient de décéder, disait des nostalgiques du monde d’avant qu’ils n’aimaient pas leur époque…
Lire aussi :
Maison&Objet : 7 tendances couleur à retenir pour l’an prochain
Maison&Objet : 9 tendances mobilier incontournables pour 2018
Maison&Objet : 9 tendances clés pour les chambres d’enfant
Maison&Objet : 9 matières réchaufferont la maison en 2018
Suivez les tendances déco
François Bernard : Il y aura une véritable hybridation entre le technologique et l’organique. Le « hand-made » est là pour nous rappeler que nous sommes humains. Nous ne voulons pas d’un habitat froid et désincarné, mais habité et chaleureux. Mais nous souhaitons aussi le confort moderne et ferons de plus en plus appel à la technologie. Ce n’est pas schizophrénique. Notre capacité d’hybridation est un moyen de gérer la richesse de notre histoire. Pierre Berger, immense créateur qui vient de décéder, disait des nostalgiques du monde d’avant qu’ils n’aimaient pas leur époque…
Lire aussi :
Maison&Objet : 7 tendances couleur à retenir pour l’an prochain
Maison&Objet : 9 tendances mobilier incontournables pour 2018
Maison&Objet : 9 tendances clés pour les chambres d’enfant
Maison&Objet : 9 matières réchaufferont la maison en 2018
Suivez les tendances déco
Pour faire suite au thème « Silence » développé en janvier 2017 par Elizabeth Leriche, François Bernard (ci-contre), fondateur de l’agence Croisements et observateur des tendances dans l’univers du style et du design, a attiré notre attention sur l’ère de la maison vue comme une « Comfort zone ».