Le bois, savoir où se fournir pour ne pas nuire à la planète
Matériau naturel par excellence, le bois est à préconiser, mais pas à n'importe quelles conditions
Les arbres peuplent fièrement notre planète et nous apportent oxygène, ombre, matériau de construction et de chauffage l’hiver. Si leur feuillage rythme les saisons, leur croissance suit le fil, parfois, de notre vie entière. Certains nous survivent même, les tordus, ceux dont on ne ferait pas de planches droites, celui qu’un propriétaire précédent, amoureux de la nature a planté dans notre jardin, celui né discrètement d’un gland, ceux que les fermiers ont érigés sur les talus… Nous sommes intimement liés et attachés à eux.
Le bois a gagné nos foyers depuis des lustres. Au XXᵉ siècle, on a cru pouvoir le remplacer par d’autres matériaux composites de construction, de fabrication de mobilier et d’emballage, d’autres ressources d’énergie et de chauffage et puis finalement, non, on y revient dans tous les domaines, car naturel, renouvelable, durable, biodégradable, non polluant. Aujourd’hui, à l’heure de la grande consommation, de l’internationalisation des échanges, d’autres réflexions nous viennent : comment utiliser le bois sans impacter sur les forêts ? Bien choisir ses essences, connaître son origine ? Quelles réserves peut-on émettre en terme d’impact sur la planète, sur la diversité de ses transformations et l’émergence de nombreux produits dérivés – tout en lui conservant cette aptitude de demeurer le meilleur matériau d’avenir ? Quelles solutions autres que cette surconsommation immédiate et jetable parfois du bois, pour lui réassurer longévité, respect et recyclage ?
Certes, la filière bois en France est encadrée par de nombreuses normes : de l’exploitation à la construction en bois (NF DTU 31.2). Mais c’est à nous aussi, consommateurs, de prendre conscience de plusieurs points pour prendre les meilleures décisions, en terme d’achat, de rénovation, de recyclage, tout au long de notre vie.
Le bois a gagné nos foyers depuis des lustres. Au XXᵉ siècle, on a cru pouvoir le remplacer par d’autres matériaux composites de construction, de fabrication de mobilier et d’emballage, d’autres ressources d’énergie et de chauffage et puis finalement, non, on y revient dans tous les domaines, car naturel, renouvelable, durable, biodégradable, non polluant. Aujourd’hui, à l’heure de la grande consommation, de l’internationalisation des échanges, d’autres réflexions nous viennent : comment utiliser le bois sans impacter sur les forêts ? Bien choisir ses essences, connaître son origine ? Quelles réserves peut-on émettre en terme d’impact sur la planète, sur la diversité de ses transformations et l’émergence de nombreux produits dérivés – tout en lui conservant cette aptitude de demeurer le meilleur matériau d’avenir ? Quelles solutions autres que cette surconsommation immédiate et jetable parfois du bois, pour lui réassurer longévité, respect et recyclage ?
Certes, la filière bois en France est encadrée par de nombreuses normes : de l’exploitation à la construction en bois (NF DTU 31.2). Mais c’est à nous aussi, consommateurs, de prendre conscience de plusieurs points pour prendre les meilleures décisions, en terme d’achat, de rénovation, de recyclage, tout au long de notre vie.
1. L’exploitation du bois
- Les ressources naturelles. Le bois demeure le matériau qui allie les plus belles qualités : il est naturel, diversifié, résistant, durable, façonnable, renouvelable, biodégradable, recyclable. La France est un pays qui regorge de bois feuillus et résineux et qui le traite avec respect en appliquant une gestion durable de la forêt selon les normes PEFC et FSC, suivies par une très grande majorité de producteurs. Encore faut-il, pour les consommateurs soucieux d’être garants de la durabilité des forêts, penser à privilégier le bois local ou labellisé plutôt qu’étranger et sans label.
- Une filière réglementée. En France, la FCBA édite un guide actualisé chaque année, « Exploitation forestière et environnement : les aspects réglementaires », qui rappelle aux propriétaires et exploitants forestiers les lois et décrets français, les directives européennes et les normes. Ainsi, si vous souhaitez vérifier la traçabilité de votre bois acheté, assurez-vous qu’il possède les normes ISO14000 et la certification de la gestion forestière durable, au travers des PEFC ou FSC.
- Quel avenir pour les forêts ? Si, au niveau international, l’avenir des forêts surexploitées et non reboisées reste un problème majeur (Asie, Amérique du Sud, nouvellement en Afrique), au niveau européen, quelques soucis persistent dans le détail. Dans les pays réglementés, l’engagement de replanter est assuré, mais ce n’est pas toujours en termes de diversité des essences. Ainsi, sachant qu’un résineux aura une croissance rapide, donc plus exploitable qu’un chêne (le pin met 25 ans à acquérir un diamètre de 50 centimètres, et le chêne, 200 ans), leur exploitation se fait malheureusement plus intense.
De nombreux bois étrangers ne sont soumis à aucune règle en terme de protection de la nature. Ainsi, la Chine, après avoir déforesté de nombreuses régions sans replanter, et avoir largement concurrencé le marché européen avec ses prix attractifs, achète aujourd’hui deux fois plus cher que nos scieries locales des grumes de chênes sur des terrains particuliers français. Ceux-ci nous reviendront en laminé ou placage après un long et coûteux aller-retour en énergies de transport et de transformation. Un choix doublement à éviter en terme d’achat…
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2. Les essences
- Quid des essences locales, ou importées pour la construction et l’extérieur ? Les essences sont diverses, d’aspects et de qualités différents. Certaines seront seules autorisées pour la construction (les bois les plus denses donc résistants à la pression, ceux qui sont plus adaptés à l’humidité, aux UV). Ainsi, chêne et châtaignier demeurent les valeurs sûres pour les charpentes et ossatures, planchers, même si de plus en plus rarement utilisés en raison de leur coût et leur poids.
Côté bois exotique, si le teck a connu un large succès, notamment en terrasse et mobilier d’extérieur, l’Europe impose désormais la licence FLEGT à son importation pour éviter la déforestation de l’Indonésie. L’ipé d’Amérique du Sud et l’afrormosia d’Afrique gagnent du terrain. L’Ipé est aussi surveillé et vient d’être ajouté en 2022 à l’annexe D de l’Union européenne pour les mêmes raisons. L’afrormosia ne l’est pas encore…
Conseils de pro : Quel bois choisir pour une terrasse ?
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- Quelles essences pour l’intérieur ? Si les essences locales telles que le chêne ou le châtaignier, naturellement solides, imputrescibles, demeurent privilégiées dans certaines régions (chalets de montagne, régions forestières ou de tradition comme la Bretagne, le centre), il va sans dire que d’autres essences sont de plus en plus utilisées car à moindre coût. La plupart de celles-ci seront moins durables et auront alors besoin d’être traitées contre les insectes et les champignons, ce qui pourra être moins écologique.
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- Côté mobilier : « hêtre ou ne plus hêtre » ? Autrefois, le menuisier et l’ébéniste ne voyaient que par le hêtre (moins lourd et plus façonnable que le chêne) pour fabriquer le mobilier, ou encore le merisier et les arbres fruitiers depuis le XVIIᵉ siècle. Aujourd’hui, tout type de bois le compose. Parmi les moins chers, moins denses donc légers et les plus prisés des grandes enseignes scandinaves, nous retrouvons le peuplier. Société de consommation oblige car, s’il s’usine facilement, il est des moins durables. Autrefois, il servait essentiellement à la fabrication des boîtes de camembert. En catégorie A, nous retrouvons aussi les sapins et pins. En catégorie B, le noyer ou le bouleau. En C le chêne, le frêne, l’orme ou le faux acacia. Il y a aussi les bois exotiques. Pour le mobilier intérieur, les finitions pourront compenser en partie la durabilité de certains bois moins durs à la base.
3. Le transport
Lorsque l’on se veut écoresponsable, on pense avant tout matière naturelle et durable, mais il existe tout un tas d’à-côtés pour réellement contribuer à la protection de la planète et diminuer ses dépenses en termes d’énergie. Or le transport, selon la distance et la consommation de gasoil, occasionne un sérieux coût pour les énergies de la planète. Donc, acheter du bois parfois produit en France, parti en Chine pour être réimporté en parquet flottant ou contrecollé, ce n’est pas très écolo. Choisir du Red Cedar ou du douglas du Canada, du mélèze de Sibérie, du Kapur, du teck d’Indonésie ou de l’ipé ou du Cumaru d’Amérique du Sud, c’est, si possible, à éviter. Il existe tant d’autres essences locales et européennes de même densité, beauté et prix, sous vos yeux.
Ainsi, il est recommandé non seulement de regarder l’origine d’exploitation du bois, mais aussi son lieu de transformation pour connaître le nombre de trajets qu’il a effectué. Certes, les scieries et menuiseries exploitant et transformant du bois local ne sont pas toujours présentes sur l’internet, mais n’hésitez pas à les contacter.
Lorsque l’on se veut écoresponsable, on pense avant tout matière naturelle et durable, mais il existe tout un tas d’à-côtés pour réellement contribuer à la protection de la planète et diminuer ses dépenses en termes d’énergie. Or le transport, selon la distance et la consommation de gasoil, occasionne un sérieux coût pour les énergies de la planète. Donc, acheter du bois parfois produit en France, parti en Chine pour être réimporté en parquet flottant ou contrecollé, ce n’est pas très écolo. Choisir du Red Cedar ou du douglas du Canada, du mélèze de Sibérie, du Kapur, du teck d’Indonésie ou de l’ipé ou du Cumaru d’Amérique du Sud, c’est, si possible, à éviter. Il existe tant d’autres essences locales et européennes de même densité, beauté et prix, sous vos yeux.
Ainsi, il est recommandé non seulement de regarder l’origine d’exploitation du bois, mais aussi son lieu de transformation pour connaître le nombre de trajets qu’il a effectué. Certes, les scieries et menuiseries exploitant et transformant du bois local ne sont pas toujours présentes sur l’internet, mais n’hésitez pas à les contacter.
4. L’usinage, la transformation
« Parce que j’aime et je respecte la nature, j’ai fait tout mon intérieur en bois… À présent je me demande si tout ce que mon projet a demandé en transformation est vraiment écolo ? » Voici une réflexion que tout maître d’ouvrage peut être amené à se faire à la fin de son projet.
« Parce que j’aime et je respecte la nature, j’ai fait tout mon intérieur en bois… À présent je me demande si tout ce que mon projet a demandé en transformation est vraiment écolo ? » Voici une réflexion que tout maître d’ouvrage peut être amené à se faire à la fin de son projet.
- La découpe du bois. Les machines-outils sont nombreuses en menuiserie et plus on en utilise, plus elles sont énergivores en électricité, sans oublier en métal (pour ces machines). Raboteuse, dégauchisseuse, jusqu’aux tables de découpe laser parfois, le bois peut passer par moult transformations qui consomment beaucoup d’électricité (mais heureusement pas d’eau contrairement aux autres matériaux). Beaucoup de copeaux et de sciures qui sont de plus en plus recyclés et compactés en divers produits : briques en bois, fibres de bois pour isoler, etc.
- Le cas des placages et bois dérivés. Autre casse-tête possible : en utilisant du bois plaqué, contreplaqué, aggloméré ou MDF, on recycle et on utilise moins de bois… donc, c’est plus écolo ? Oui et non, car certes, le bois dit noble comme le chêne ne se retrouve qu’en surface et non en massif, donc il y a un moindre coût et une moindre utilisation de cette essence à croissance lente. Mais ces bois dérivés exigent plus de transformations, donc de machines, d’énergies (et ces manipulations sont souvent sous-traitées ailleurs, donc cela occasionne du transport en plus).
- Menuiserie : la transformation en 3 bonnes règles. Un bon menuisier d’extérieur ou d’intérieur va procéder ainsi : il va choisir l’essence du bois en fonction du produit à réaliser (escalier, bardage, mobilier), tout en se conformant aux règles thermiques, acoustiques, incendie, etc. Il peut même être labellisé RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) dans le cadre d’amélioration de la performance énergétique et/ou d’installation d’équipements faisant appel à des énergies renouvelables. Ensuite, il va calibrer pour avoir le moins de chutes possibles tout en respectant apparence, dimensions et usage. Enfin, les finitions (vernissage, huile, lasure…) seront adaptées à l’environnement (trafic intense, humidité..).
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5. Des alternatives
Plusieurs alternatives existent au bois neuf, transformé, importé, avec un peu moins d’énergies pour un rendu aussi sympa :
Plusieurs alternatives existent au bois neuf, transformé, importé, avec un peu moins d’énergies pour un rendu aussi sympa :
- Le réemploi. On l’appelle bois recyclé, reclaimed, récupéré. Il peut s’agir d’anciennes lames de plancher détournées en façades de mobilier de cuisine, ou pour composer un autre plancher dans une autre maison. Ou encore d’anciennes traverses de chemin de fer détournées en table basse. Voire de palettes, caisses à pommes, tourets de câble électrique détournés en tables.
Bon à savoir : même les déchets de bois sont recyclés et peuvent être valorisés. Si ceux qui ont reçu des produits chimiques (traitement, colle, etc.) sont incinérés, les autres peuvent servir de matière première à la fabrication de panneaux de particules, de pâte à papier, pour la carbonisation, le paillage, le compostage, le nettoyage des sols ou encore des litières animales…
- La restauration. Votre parquet ancien a triste mine sous ses couches de cire juxtaposées depuis des lustres, ses traces d’eau, ses trous ? Plutôt que de le recouvrir d’un stratifié neuf mais sans valeur, pourquoi ne pas le poncer entièrement, réparer, puis huiler ou vitrifier en base aqueuse ? Idem pour vos portes et votre vieux mobilier : un peu d’huile de coude, la redécouverte de boiseries anciennes, solides et de bonne qualité, plutôt qu’un remplacement parfois bas de gamme. Soyez authentiques, chics et écolos, version « seconde vie ».
- Le bois local. Forcément, le bois local est à privilégier. Ainsi, vous savez que son exploitation est régie par les réglementations française et européenne très protectrices des forêts. Vous évitez le transport énergivore. Vous inscrivez aussi votre habitat dans son véritable environnement.
- L’artisanat local. Le menuisier de votre région, en plus de faire du sur-mesure, utilisera le plus souvent ses ressources locales : bois local (ici du chêne) issu de la scierie la plus proche, ayant pu sécher naturellement sans autoclave, découpes adaptées avec le moins de chutes possibles contrairement à l’usinage, pose.
- Le bois massif de l’artisan local. Nombreux artisans français fabriquent du mobilier avec des essences locales (ici du cyprès de Lambert breton), séchées naturellement sans autoclave pendant des mois, des années, travaillées le plus manuellement possible. Il s’agit souvent de bois massif qui subit très peu de transformations (coupe de long sans usinage, moins d’assemblage et de colle) et garde ses irrégularités de bords « forme arbre ». Les artisans ont aussi le souci de finitions écologiques en base aqueuse ou à l’alcool, mais avec le moins de produits chimiques possible car ils ne sont pas aussi bien équipés qu’en usine pour protéger leur propre santé lors de leurs fabrications sur mesure et pièces uniques.
- La construction sèche. On parle de construction humide en béton/ciment et sèche pour l’ensemble des techniques de bâtiment ne nécessitant pas d’eau (bois, plâtre, acier). Ses avantages : une durée de chantier réduite, économique, la longévité et un impact faible sur l’environnement. Le bois étant le seul matériau de construction doté d’un bilan CO2 positif. L’ossature bois permet de plus grandes ouvertures, les panneaux en bois massifs reconstitués offrent une excellente résistance mécanique. Pour une écoconstruction, les mêmes conseils sont donc à rappeler : choisissez bien votre bois, son origine, son essence, et les artisans qui feront l’ouvrage.
ET VOUS ?
Quels bois allez-vous choisir pour vos prochains projets ?