Les astuces du maître incontesté des jardins anglais, Capability Brown
Il y a 300 ans naissait le plus célèbre jardinier d’Angleterre. Découvrez comment son approche s'adapte aujourd'hui aux petits jardins
2016 est l’année du jardin anglais. Elle célébrera le 300ᵉ anniversaire du plus célèbre paysagiste d’Angleterre, Lancelot « Capability » Brown. Ce visionnaire du XVIIIᵉ siècle a créé plus de 170 jardins anglais, y compris les parcs vallonnés de grandes demeures seigneuriales dont le château d’Alnwick dans le Northumberland, qu’on peut voir dans les films de Harry Potter, Longleat dans le Wiltshire, aujourd’hui devenu un parc zoologique, et Althorp dans le Northamptonshire, où la princesse Diana a grandi.
Dans ce reportage, vous pourrez admirer trois remarquables jardins anglais, conçus chacun à un siècle différent, mais tous dans l’esprit du grand homme. Mais tout d’abord, à la lueur de certaines des plus belles réalisations de Capability Brown, un expert nous révèle comment adapter quelques astuces classiques du maître dans nos petits jardins modernes.
Dans ce reportage, vous pourrez admirer trois remarquables jardins anglais, conçus chacun à un siècle différent, mais tous dans l’esprit du grand homme. Mais tout d’abord, à la lueur de certaines des plus belles réalisations de Capability Brown, un expert nous révèle comment adapter quelques astuces classiques du maître dans nos petits jardins modernes.
Cambridge Lodge, qu’on voit ici sur la photo, se trouve dans l’enceinte du palais d’Audley End dans l’Essex. Capability Brown a modernisé le paysage en 1762 et remis au goût du jour cet aménagement trop formel.
Le site est traversé par la rivière Cam, qui avait été aménagée auparavant en canaux. Un changement clé que Brown a opéré sur le site – on y reconnaîtra sa griffe – a été de transformer ces canaux en un lac tout en courbes. Sur ses rives, il a planté des groupements d’arbres qui semblent avoir toujours été là.
Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter attirer la faune dans nos jardins et à demander des conceptions naturalistes. Les idées de Capability Brown sont donc plus pertinentes que jamais. Mais comment ses concepts peuvent-ils aider ceux qui ne disposent pas de centaines d’hectares d’espaces verts ? C’est avec une facilité surprenante qu’ils peuvent être adaptés, explique John Phibbs, directeur de Debois Landscape Survey Group, une société de conseil spécialisée dans la gestion des paysages historiques, organisatrice des célébrations autour du tricentenaire de Brown. Elle est aussi l’éditeur du site consacré au jardinier, The Brown Advisor.
Selon lui, même dans un petit jardin moderne, on peut assez facilement transposer les caractéristiques des conceptions de Capability Brown.
Le site est traversé par la rivière Cam, qui avait été aménagée auparavant en canaux. Un changement clé que Brown a opéré sur le site – on y reconnaîtra sa griffe – a été de transformer ces canaux en un lac tout en courbes. Sur ses rives, il a planté des groupements d’arbres qui semblent avoir toujours été là.
Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter attirer la faune dans nos jardins et à demander des conceptions naturalistes. Les idées de Capability Brown sont donc plus pertinentes que jamais. Mais comment ses concepts peuvent-ils aider ceux qui ne disposent pas de centaines d’hectares d’espaces verts ? C’est avec une facilité surprenante qu’ils peuvent être adaptés, explique John Phibbs, directeur de Debois Landscape Survey Group, une société de conseil spécialisée dans la gestion des paysages historiques, organisatrice des célébrations autour du tricentenaire de Brown. Elle est aussi l’éditeur du site consacré au jardinier, The Brown Advisor.
Selon lui, même dans un petit jardin moderne, on peut assez facilement transposer les caractéristiques des conceptions de Capability Brown.
1. Ajouter de l’eau
À Chatsworth House – qui figurait Pemberley dans le film de 2005 tiré du roman de Jane Austen, Orgueil et Préjugés –, Capability Brown a élargi la rivière Derwent, qui traverse la propriété. Bien que ce niveau d’aménagement paysager ne soit évidemment pas une option pour la plupart d’entre nous, John Phibbs suggère un moyen simple d’en reproduire l’esprit.
« Les lacs sont importants dans ses aménagements », explique-t-il. « Si vous avez un petit jardin et que vous souhaitez un style “brownien”, évitez la piscine et optez pour quelque chose qui ressemble à un ruisseau. Cela procurera un sentiment de liberté et éliminera les frontières pour courir jusqu’à la rivière puis vers la mer. »
À Chatsworth House – qui figurait Pemberley dans le film de 2005 tiré du roman de Jane Austen, Orgueil et Préjugés –, Capability Brown a élargi la rivière Derwent, qui traverse la propriété. Bien que ce niveau d’aménagement paysager ne soit évidemment pas une option pour la plupart d’entre nous, John Phibbs suggère un moyen simple d’en reproduire l’esprit.
« Les lacs sont importants dans ses aménagements », explique-t-il. « Si vous avez un petit jardin et que vous souhaitez un style “brownien”, évitez la piscine et optez pour quelque chose qui ressemble à un ruisseau. Cela procurera un sentiment de liberté et éliminera les frontières pour courir jusqu’à la rivière puis vers la mer. »
Vous n’êtes pas encore convaincu que ces idées s’appliquent à votre terrain aux dimensions d’un timbre-poste ? « Donnez à votre étang une forme longue et étroite plutôt que circulaire », précise John. C’est l’idée qu’on a adoptée dans ce grand jardin londonien. Elle pourrait facilement être mise en pratique à une échelle encore plus réduite. « C’est aussi un moyen de créer une frontière entre votre potager et vos massifs de fleurs », ajoute-t-il.
15 astuces pour aménager un bassin dans votre jardin
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2. Ajoutez un sentier, mais discret
Au domaine Althorp, mentionné précédemment et que l’on peut voir ici, on peut admirer une autre astuce brownienne, à imiter dans un espace restreint. Il est en effet possible de dissimuler un sentier avec des buissons, de sorte qu’il soit invisible depuis la maison. Cela donnera l’impression, lorsqu’on contemple le jardin depuis une fenêtre, d’un paysage champêtre ininterrompu, même dans un environnement urbain. Sur la photo suivante, on peut voir cette astuce transposée dans un jardin moderne de l’ouest de Londres.
Au domaine Althorp, mentionné précédemment et que l’on peut voir ici, on peut admirer une autre astuce brownienne, à imiter dans un espace restreint. Il est en effet possible de dissimuler un sentier avec des buissons, de sorte qu’il soit invisible depuis la maison. Cela donnera l’impression, lorsqu’on contemple le jardin depuis une fenêtre, d’un paysage champêtre ininterrompu, même dans un environnement urbain. Sur la photo suivante, on peut voir cette astuce transposée dans un jardin moderne de l’ouest de Londres.
Même si elle était encore plus large, l’allée qu’on voit dans ce jardin pourrait être entièrement dissimulée, pour un effet brownien.
Les allées d’un jardin sont un détail important chez Capability Brown, rappelle John Phibbs. Dans les vastes jardins des grands domaines, il y a toujours deux tracés qu’on peut emprunter. Ils mènent vers les plus belles perspectives : un chemin de gravier pour l’hiver, qui donne accès à des détails intéressants comme un banc ou un élément décoratif, et une allée d’herbe pour l’été, qui s’étend plus loin dans l’espace ouvert du jardin.
Pour dissimuler les chemins asphaltés à la manière du maître, John Phibbs suggère de les tracer à proximité des clôtures et de les camoufler derrière des arbustes et des buissons.
Les allées d’un jardin sont un détail important chez Capability Brown, rappelle John Phibbs. Dans les vastes jardins des grands domaines, il y a toujours deux tracés qu’on peut emprunter. Ils mènent vers les plus belles perspectives : un chemin de gravier pour l’hiver, qui donne accès à des détails intéressants comme un banc ou un élément décoratif, et une allée d’herbe pour l’été, qui s’étend plus loin dans l’espace ouvert du jardin.
Pour dissimuler les chemins asphaltés à la manière du maître, John Phibbs suggère de les tracer à proximité des clôtures et de les camoufler derrière des arbustes et des buissons.
Pour faire disparaître un chemin tondu, l’expert explique que Capability Brown surélevait de quelques centimètres la pelouse qui l’entourait. Ainsi, il disparaissait complètement quand on le regardait de côté.
Pour obtenir le même effet, « vous pouvez aussi faire pousser des herbes hautes sur les côtés », explique John Phibbs. L’allée tondue sera dissimulée dans le style brownien, puisqu’elle sera plus basse que l’herbe environnante. Sur la photo ci-dessus, imaginez-vous regarder ces allées d’un point de vue éloigné.
L’expert précise : « Il ne reste que de la verdure. Cela donne au jardin de la douceur et de l’harmonie grâce à une approche plus délicate que ce qu’on peut voir dans les jardins modernes. »
Conseils de pro pour aménager un chemin à travers votre jardin
Pour obtenir le même effet, « vous pouvez aussi faire pousser des herbes hautes sur les côtés », explique John Phibbs. L’allée tondue sera dissimulée dans le style brownien, puisqu’elle sera plus basse que l’herbe environnante. Sur la photo ci-dessus, imaginez-vous regarder ces allées d’un point de vue éloigné.
L’expert précise : « Il ne reste que de la verdure. Cela donne au jardin de la douceur et de l’harmonie grâce à une approche plus délicate que ce qu’on peut voir dans les jardins modernes. »
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3. Créez une vue
« Dans un long jardin de ville, là où se croisent deux sentiers, il n’est pas rare de voir une pergola, une tonnelle ou des treillis », raconte John Phibbs. Il associe cette idée contemporaine à l’habitude qu’avait Capability Brown d’utiliser des structures ou des abris de jardin pour créer des paysages. « Lorsqu’on s’y engage, on voit par exemple un petit banc blanc à l’autre extrémité. » Dans ce jardin naturaliste, l’élément décoratif en pierre sert de point de mire.
« Dans un long jardin de ville, là où se croisent deux sentiers, il n’est pas rare de voir une pergola, une tonnelle ou des treillis », raconte John Phibbs. Il associe cette idée contemporaine à l’habitude qu’avait Capability Brown d’utiliser des structures ou des abris de jardin pour créer des paysages. « Lorsqu’on s’y engage, on voit par exemple un petit banc blanc à l’autre extrémité. » Dans ce jardin naturaliste, l’élément décoratif en pierre sert de point de mire.
4. Soyez sauvage, mais aux bons endroits
Au début de sa carrière, Lancelot Brown a développé l’idée de la conception progressive, explique John Phibbs. Elle est simple à réaliser. « On tond la partie du jardin la plus proche de la maison et on laisse le reste pousser à l’état sauvage. On peut ajouter un étang et tenter de recréer un petit écosystème naturel. Voilà comment Capability Brown travaillait. »
Conseils de pro pour transformer votre jardin en prairie fleurie
5. Travaillez avec la nature
Un peu plus tard dans sa carrière, le maître paysagiste, en observant les domaines et les espaces qu’il conçoit, tente de suivre ce qu’on appelle le genius loci, ce qui signifie « l’esprit du lieu ». John explique : « En d’autres termes, il travaille avec ce que la nature lui fournit, simplement en la sublimant. Comme tout horticulteur le recommande, il faut planter les végétaux dans les milieux qui leur conviennent. Par exemple, les plantes qui ont besoin d’un milieu acide devraient pousser dans un sol tourbeux. »
Au début de sa carrière, Lancelot Brown a développé l’idée de la conception progressive, explique John Phibbs. Elle est simple à réaliser. « On tond la partie du jardin la plus proche de la maison et on laisse le reste pousser à l’état sauvage. On peut ajouter un étang et tenter de recréer un petit écosystème naturel. Voilà comment Capability Brown travaillait. »
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5. Travaillez avec la nature
Un peu plus tard dans sa carrière, le maître paysagiste, en observant les domaines et les espaces qu’il conçoit, tente de suivre ce qu’on appelle le genius loci, ce qui signifie « l’esprit du lieu ». John explique : « En d’autres termes, il travaille avec ce que la nature lui fournit, simplement en la sublimant. Comme tout horticulteur le recommande, il faut planter les végétaux dans les milieux qui leur conviennent. Par exemple, les plantes qui ont besoin d’un milieu acide devraient pousser dans un sol tourbeux. »
6. Oubliez la clôture
« À la fin de sa carrière », affirme John Phibbs, « Capability Brown voit l’Angleterre elle-même comme un magnifique jardin. Il incorpore des villages entiers dans ses paysages et dissout ainsi complètement la frontière entre le paysage aménagé et la campagne environnante. Pour lui, c’est presque spirituel. Althorp, Belvoir et Milton Abbey en sont d’excellents exemples. Et quand on a quelque chose d’intéressant à regarder au-delà de la limite de son jardin, pourquoi ne pas l’y intégrer ? »
Mais que fait-on dans nos jardins ordinaires, et peut-être urbains, lorsqu’on ne possède pas exactement ce type de point de vue ? John Phibbs déclare en riant : « C’est ici que vous et vos voisins arrachez toutes vos clôtures, pour atteindre enfin le nirvana ! »
À présent, pour poursuivre la célébration de l’année du jardin anglais, place à trois jardins très différents, chacun en lien avec Capability Brown.
« À la fin de sa carrière », affirme John Phibbs, « Capability Brown voit l’Angleterre elle-même comme un magnifique jardin. Il incorpore des villages entiers dans ses paysages et dissout ainsi complètement la frontière entre le paysage aménagé et la campagne environnante. Pour lui, c’est presque spirituel. Althorp, Belvoir et Milton Abbey en sont d’excellents exemples. Et quand on a quelque chose d’intéressant à regarder au-delà de la limite de son jardin, pourquoi ne pas l’y intégrer ? »
Mais que fait-on dans nos jardins ordinaires, et peut-être urbains, lorsqu’on ne possède pas exactement ce type de point de vue ? John Phibbs déclare en riant : « C’est ici que vous et vos voisins arrachez toutes vos clôtures, pour atteindre enfin le nirvana ! »
À présent, pour poursuivre la célébration de l’année du jardin anglais, place à trois jardins très différents, chacun en lien avec Capability Brown.
L’héritage de Capability Brown
1. Le jardin historique
Le jardin de la maison de l’écrivaine Jane Austen à Chawton, dans le Hampshire – qu’on voit ici sur la photo et sur les trois suivantes –, était auparavant tout à fait dans le style traditionnel du cottage anglais et complètement différent de ceux conçus par Capability Brown.
Mais en 1811, deux ans avant la publication de son roman Orgueil et Préjugés, Jane Austen visite Chatsworth, dont les jardins ont été conçus par le maître. On pense – et c’est l’opinion des propriétaires de Chatsworth – que la femme de lettres a utilisé la résidence comme modèle pour la demeure de M. Darcy. Comme nous l’avons vu, le domaine apparaît dans l’adaptation cinématographique de 2005.
Dans le roman, la description que fait l’auteure de l’arrivée d’Elizabeth Bennet à Pemberley pour la première fois ressemble au portrait d’une allée typiquement brownienne, conçue pour d’abord attiser la curiosité et ensuite dévoiler une vue spectaculaire.
« Le parc était très vaste et d’aspect extrêmement varié. Ils y avaient pénétré par la partie la plus basse ; après une montée d’un demi-mille environ à travers une belle étendue boisée, ils se trouvèrent au sommet d’une colline d’où le regard était tout de suite frappé par la vue de Pemberley House situé de l’autre côté de la vallée vers laquelle la route descendait en lacets assez brusques », écrit Jane Austen dans son roman. « Le château, grande et belle construction en pierre, se dressait avantageusement sur une petite éminence derrière laquelle s’étendait une chaîne de hautes collines boisées. »
Les références aux astuces propres à Capability Brown se poursuivent dans le même passage : « Devant le château coulait une rivière assez importante que d’habiles travaux avaient encore élargie, mais sans donner à ses rives une apparence artificielle. Elizabeth était émerveillée ; jamais encore elle n’avait vu un domaine dont le pittoresque naturel eût été aussi bien respecté. »
1. Le jardin historique
Le jardin de la maison de l’écrivaine Jane Austen à Chawton, dans le Hampshire – qu’on voit ici sur la photo et sur les trois suivantes –, était auparavant tout à fait dans le style traditionnel du cottage anglais et complètement différent de ceux conçus par Capability Brown.
Mais en 1811, deux ans avant la publication de son roman Orgueil et Préjugés, Jane Austen visite Chatsworth, dont les jardins ont été conçus par le maître. On pense – et c’est l’opinion des propriétaires de Chatsworth – que la femme de lettres a utilisé la résidence comme modèle pour la demeure de M. Darcy. Comme nous l’avons vu, le domaine apparaît dans l’adaptation cinématographique de 2005.
Dans le roman, la description que fait l’auteure de l’arrivée d’Elizabeth Bennet à Pemberley pour la première fois ressemble au portrait d’une allée typiquement brownienne, conçue pour d’abord attiser la curiosité et ensuite dévoiler une vue spectaculaire.
« Le parc était très vaste et d’aspect extrêmement varié. Ils y avaient pénétré par la partie la plus basse ; après une montée d’un demi-mille environ à travers une belle étendue boisée, ils se trouvèrent au sommet d’une colline d’où le regard était tout de suite frappé par la vue de Pemberley House situé de l’autre côté de la vallée vers laquelle la route descendait en lacets assez brusques », écrit Jane Austen dans son roman. « Le château, grande et belle construction en pierre, se dressait avantageusement sur une petite éminence derrière laquelle s’étendait une chaîne de hautes collines boisées. »
Les références aux astuces propres à Capability Brown se poursuivent dans le même passage : « Devant le château coulait une rivière assez importante que d’habiles travaux avaient encore élargie, mais sans donner à ses rives une apparence artificielle. Elizabeth était émerveillée ; jamais encore elle n’avait vu un domaine dont le pittoresque naturel eût été aussi bien respecté. »
Le jardin personnel de Jane Austen fait dorénavant partie du Jane Austen’s House Museum et est ouvert au public. L’horticultrice Celia Simpson, qui en a la charge, veille à ne choisir que des plantes et des arbustes que la famille Austen aurait pu se procurer à l’époque. On y trouve des végétaux utilisés pour la teinture, comme le coréopsis, qui produit une couleur jaune vert ou rouille, et la garance, qui donne une teinte rouge.
Nous connaissons certaines des fleurs qui poussaient dans le jardin à l’époque où Jane Austen y a vécu. Elle les mentionne dans une lettre à sa sœur Cassandra : « Toute la bordure de buissons sera bientôt égayée de roses et d’œillets du poète et des ancolies déjà en fleurs. Les seringas aussi fleuriront prochainement. » [NDLT]
Dans le mémoire qu’il a consacré à sa tante écrivaine, James Edward Austen-Leigh rappelle que le jardin offrait « un agréable et surprenant mélange de haie et d’allée de gravier, de verger et d’herbes hautes ».
Ici, deux bordures de fleurs guident le regard sous l’arbre en arrière-plan, vers un coin détente ombragé, un paysage à la Capability Brown.
Ici, deux bordures de fleurs guident le regard sous l’arbre en arrière-plan, vers un coin détente ombragé, un paysage à la Capability Brown.
2. Le jardin communautaire des années 1950
Quand on pense au design intérieur du milieu des années 1950, on s’imagine peut-être que les jardins de cette époque étaient eux aussi épurés et minimalistes. Ce n’est pas le cas ici, dans les jardins communautaires de Templemere, à Weybridge, dans le Surrey.
L’ensemble immobilier construit en 1963, qu’on voit sur cette photo, regroupe 65 maisons. Il a été l’un des 73 conçus par le célèbre architecte anglais Eric Lyons et construits par Span Developments, principalement dans le sud-est de l’Angleterre. Ces projets de renom se présentaient comme une alternative aux constructions de banlieues alors en vogue et toutes semblables les unes aux autres.
Quand on pense au design intérieur du milieu des années 1950, on s’imagine peut-être que les jardins de cette époque étaient eux aussi épurés et minimalistes. Ce n’est pas le cas ici, dans les jardins communautaires de Templemere, à Weybridge, dans le Surrey.
L’ensemble immobilier construit en 1963, qu’on voit sur cette photo, regroupe 65 maisons. Il a été l’un des 73 conçus par le célèbre architecte anglais Eric Lyons et construits par Span Developments, principalement dans le sud-est de l’Angleterre. Ces projets de renom se présentaient comme une alternative aux constructions de banlieues alors en vogue et toutes semblables les unes aux autres.
L’idée était d’inviter la nature à l’intérieur grâce à très grandes fenêtres – qui deviendront emblématiques du projet – et de fondre les maisons à leur environnement. Presque chaque maison possède son propre petit jardin, mais l’accent a toujours été mis sur les jardins communautaires magnifiquement aménagés. Ceux-ci partagent plusieurs caractéristiques avec les plans de Capability Brown, selon Matthew Baxter, un résident qui fait partie de l’équipe qui s’occupe de l’entretien des terrains à Templemere. Il est le fils de Warner Baxter, associé dans la firme d’architecture d’Eric Lyons.
Templemere a un lien particulièrement fort avec Capability Brown : il a été construit sur les fondations d’un site de près de 5 hectares, conçu au XVIIIᵉ siècle par William Kent, le mentor de Lancelot Brown. L’aménagement paysager y est respectueux de son histoire : « Les concepteurs ont travaillé avec l’existant », explique Matthew. « Le jardin a été coûteux et complexe à créer, mais ça le rend encore plus passionnant. »
Templemere a un lien particulièrement fort avec Capability Brown : il a été construit sur les fondations d’un site de près de 5 hectares, conçu au XVIIIᵉ siècle par William Kent, le mentor de Lancelot Brown. L’aménagement paysager y est respectueux de son histoire : « Les concepteurs ont travaillé avec l’existant », explique Matthew. « Le jardin a été coûteux et complexe à créer, mais ça le rend encore plus passionnant. »
« Une des choses qu’ils ont empruntées aux aménagements typiques de Capability », explique-t-il à propos de l’équipe de conception, « ce sont les perspectives progressives. Elles sont à la fois astucieuses et classiques. Une chose pour laquelle William Kent excellait. » Il poursuit : « Lorsqu’on se balade ici, que ce soit à pied ou en voiture, on découvre à chaque détour des panoramas différents. C’est le propre d’un aménagement réussi : on place un obstacle pour bloquer la vue juste avant de tout révéler. Ce suspense jusqu’au moment parfait rend le panorama plus spectaculaire encore. »
« Ils ont également enfoui les sentiers et les ont enchâssés dans la verdure de sorte qu’ils soient invisibles quand on regarde de loin. » On peut le voir ici : l’allée semble disparaître au profit des courbes. On peut également constater que les arbustes ont été plantés afin de dissimuler encore davantage le chemin depuis les maisons.
Les jardins de Templemere – qui comprennent des bois et un lac – possèdent une variété de plantes tirées d’une liste restreinte de végétaux autorisés, poursuit Matthew Baxter. C’était nécessaire afin que les jardins ressemblent le plus possible aux plans d’origine. Parmi les arbustes autorisés, on compte l’herbe de la pampa, qu’on aperçoit clairement sur la photo, ainsi que le lin de Nouvelle-Zélande, l’amélanchier, l’hortensia grimpant, le laurier et le rhododendron. Le séquoia, le cèdre, le sycomore et le bouleau verruqueux sont des arbres qui étaient sur le site à l’origine. On y a ajouté entre autres des sorbiers et du houx. Parmi les plantes et couvre-sol autorisés, on trouve le lierre, la lavande et le buis. « Il n’y a pas de fleurs », déclare Matthew. « C’est un point clé de cette esthétique. Je crois que les concepteurs ont imaginé les plantes comme éléments sculpturaux plutôt que comme un ensemble de variétés. Ils les ont utilisées pour l’effet de surprise et pour créer des formes. »
Les jardins de Templemere – qui comprennent des bois et un lac – possèdent une variété de plantes tirées d’une liste restreinte de végétaux autorisés, poursuit Matthew Baxter. C’était nécessaire afin que les jardins ressemblent le plus possible aux plans d’origine. Parmi les arbustes autorisés, on compte l’herbe de la pampa, qu’on aperçoit clairement sur la photo, ainsi que le lin de Nouvelle-Zélande, l’amélanchier, l’hortensia grimpant, le laurier et le rhododendron. Le séquoia, le cèdre, le sycomore et le bouleau verruqueux sont des arbres qui étaient sur le site à l’origine. On y a ajouté entre autres des sorbiers et du houx. Parmi les plantes et couvre-sol autorisés, on trouve le lierre, la lavande et le buis. « Il n’y a pas de fleurs », déclare Matthew. « C’est un point clé de cette esthétique. Je crois que les concepteurs ont imaginé les plantes comme éléments sculpturaux plutôt que comme un ensemble de variétés. Ils les ont utilisées pour l’effet de surprise et pour créer des formes. »
3. Le jardin contemporain
Spectaculaire et contemporain, le jardin clos de Scampston Hall, une demeure de style Régence dans le Yorkshire du Nord, est entouré des 32 hectares d’un parc vallonné conçu par Capability Brown. Le jardin clos, dont on pense qu’il a été conçu par le maître quand il a redessiné le parc vers 1782, a été créé en 1999 par le célèbre jardinier néerlandais, Piet Oudolf. On lui doit la High Line de New York, le jardin du comté de Cork, en Irlande, et le parc municipal d’Enköping en Suède. Il est aussi connu pour être le pionnier du mouvement New Perennial, c’est-à-dire le Mouvement pour le jardin naturel.
Spectaculaire et contemporain, le jardin clos de Scampston Hall, une demeure de style Régence dans le Yorkshire du Nord, est entouré des 32 hectares d’un parc vallonné conçu par Capability Brown. Le jardin clos, dont on pense qu’il a été conçu par le maître quand il a redessiné le parc vers 1782, a été créé en 1999 par le célèbre jardinier néerlandais, Piet Oudolf. On lui doit la High Line de New York, le jardin du comté de Cork, en Irlande, et le parc municipal d’Enköping en Suède. Il est aussi connu pour être le pionnier du mouvement New Perennial, c’est-à-dire le Mouvement pour le jardin naturel.
« Les principales caractéristiques de ce mouvement », explique Claudia de Yong, créatrice de jardins, « sont l’utilisation de plantes vivaces et de graminées herbacées en abondance et la volonté de pouvoir admirer ces plantes au fil des saisons. » C’est pourquoi le jardin de Scampston compte de grandes étendues de graminées, des prairies recouvertes de plantes pérennes, des haies sinueuses et des bordures herbacées, que l’on peut voir sur cette photo.
« Il n’y a pas de haies pour définir les zones, mais les grandes plantations de graminées peuvent créer un effet similaire tout en se fondant dans le paysage », précise Claudia de Yong. « Les graminées ajoutent du mouvement alors que les haies sont statiques. Avec les changements de saisons, les herbes revêtent un nouvel attrait et se teintent d’oranges profonds, de rouges ardents et de sable fin. Le mélange de textures des herbes sur le vert sombre de la pelouse est très efficace et ressemble à un champ de blé ou de foin. »
« Il n’y a pas de haies pour définir les zones, mais les grandes plantations de graminées peuvent créer un effet similaire tout en se fondant dans le paysage », précise Claudia de Yong. « Les graminées ajoutent du mouvement alors que les haies sont statiques. Avec les changements de saisons, les herbes revêtent un nouvel attrait et se teintent d’oranges profonds, de rouges ardents et de sable fin. Le mélange de textures des herbes sur le vert sombre de la pelouse est très efficace et ressemble à un champ de blé ou de foin. »
Comme on peut le voir, ce type d’aménagement est particulièrement adapté aux grands espaces. Mais même dans les petits jardins, « ajouter un petit coin de prairie prolonge la saison de floraison dans le jardin. Les herbes apportent de la structure et du mouvement », ajoute Claudia de Yong.
« Des haies formelles amènent de la structure à un jardin. Persistantes, elles amélioreront l’aspect général pendant les mois d’hiver », indique la créatrice. « De douces graminées, qu’on peut laisser tout l’hiver au jardin, peuvent aussi avoir fière allure avec une légère couche de givre. L’idée est de combiner structure et mouvement fluide, afin de donner le sentiment d’être entouré de plantes quand on s’assied dans le jardin. Les graminées peuvent être plantées dans des plates-bandes afin de relier des parterres plus importants. Elles apporteront de la structure en hiver si on les laisse en place sans les tailler. »
« Des haies formelles amènent de la structure à un jardin. Persistantes, elles amélioreront l’aspect général pendant les mois d’hiver », indique la créatrice. « De douces graminées, qu’on peut laisser tout l’hiver au jardin, peuvent aussi avoir fière allure avec une légère couche de givre. L’idée est de combiner structure et mouvement fluide, afin de donner le sentiment d’être entouré de plantes quand on s’assied dans le jardin. Les graminées peuvent être plantées dans des plates-bandes afin de relier des parterres plus importants. Elles apporteront de la structure en hiver si on les laisse en place sans les tailler. »
« Un jeu d’eau, petit ou grand, est le point de mire d’un jardin. Un large pot rempli d’eau bouillonnante peut suffire. Cela donne une nouvelle dimension aux parterres et guide le regard vers le centre de l’espace », explique Claudia de Yong. « Même une baignoire à oiseaux sur un piédestal placé en position centrale peut être efficace. Un petit bassin entouré de briques fera lui aussi son petit effet. On peut planter des graminées autour pour ajouter du mouvement. »
Voici une superbe vue sur les herbes et les plantes, dont le phlomis de Russel, le géranium, la sauge, et l’Echinacea pallida. « Pour obtenir ce résultat, on doit planter une grande quantité de pieds », indique la créatrice. « Il ne faut pas hésiter à planter plus de quinze variétés et s’assurer que les couleurs s’estompent peu à peu dans la distance et que les teintes vives captent le regard. »
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Lancelot Brown a été chargé de mettre en valeur les jardins à Highclere en 1771. À l’époque, il est déjà réputé pour son approche bien personnelle de l’aménagement paysager, qui deviendra le mouvement paysagiste anglais. Ce dernier s’éloigne volontairement du style à l’italienne, qui était la référence à la mode jusque-là.
Capability Brown commence sa carrière comme apprenti au service du jardinier en chef de Kirkharle dans le Northumberland, près de l’endroit où il est né. Après avoir occupé d’autres postes, il arrive à Stowe, dans le Buckinghamshire, où il travaille sous la direction de l’architecte paysagiste William Kent, qui deviendra son mentor. Cependant, la réputation de l’élève dépasse bientôt celle du maître et des commandes importantes commencent à affluer.
Le style de Lancelot Brown se résume en un mot : « Capability », un surnom qu’il obtient grâce à sa célèbre philosophie de conception qui consiste à aménager un site selon ses capacités déterminées par la nature, plutôt que d’y imposer des exigences ou des concepts abstraits. Comme plusieurs l’ont décrit, son habileté était de sublimer le paysage.
Ainsi, à Highclere, il a façonné plus de 400 hectares, agrandi des lacs, transformé des collines et aplani des champs existants. Une de ses astuces consiste à créer des jardins aux vues incroyables. Ici, les arbres à feuilles caduques et les cèdres sont plantés stratégiquement afin d’attirer l’attention sur les paysages spectaculaires.