Les trésors cachés du design danois
Peut-on rééditer des pièces emblématiques de designers des années 1950, même si ces objets n’ont jamais été produits auparavant ?
Lorsqu’on évoque le « design danois », beaucoup pensent immédiatement mobilier et luminaires des années 1950 et 1960 réalisés par des designers comme Arne Jacobsen, Hans J. Wegner et Poul Henningsen. Même si ces maîtres de la conception ont disparu depuis longtemps et que le Danemark dispose de nombreux jeunes designers, certaines « nouvelles » créations de la vieille garde font aujourd’hui leur apparition.
Misant sur la popularité du design des années 1950, les héritiers et les fabricants fouillent les archives et trouvent des modèles, des croquis et des dessins à faire revivre, à produire et à lancer sur le marché. Les objets de ces designers emblématiques sont très recherchés, mais cette tendance essuie de nombreuses critiques. Est-il admissible de donner vie à des créations rejetées par leurs auteurs aujourd’hui décédés ? Les maîtres du design seront-ils toujours meilleurs que les nouveaux designers ? Et s’ils voyaient leur travail reprendre vie soudainement, qu’en penseraient Arne Jacobsen ou Poul Henningsen ?
Misant sur la popularité du design des années 1950, les héritiers et les fabricants fouillent les archives et trouvent des modèles, des croquis et des dessins à faire revivre, à produire et à lancer sur le marché. Les objets de ces designers emblématiques sont très recherchés, mais cette tendance essuie de nombreuses critiques. Est-il admissible de donner vie à des créations rejetées par leurs auteurs aujourd’hui décédés ? Les maîtres du design seront-ils toujours meilleurs que les nouveaux designers ? Et s’ils voyaient leur travail reprendre vie soudainement, qu’en penseraient Arne Jacobsen ou Poul Henningsen ?
Horloge murale Bankers d’Arne Jacobsen pour Arne Jacobsen ure.
L’un des principaux objectifs de Tobias est de garder vivants les dessins de son grand-père. Entre autres produits, on trouve une collection de nappes, de draps et de serviettes réalisée à partir d’esquisses et actuellement en production chez Georg Jensen Damask.
Autre exemple : les horloges créées par Arne Jacobsen pour les façades des mairies et de la Banque Nationale du Danemark. Tobias, en collaboration avec l’entreprise danoise Rosendahl, les a récemment reproduites en horloges murales et réveille-matin.
L’un des principaux objectifs de Tobias est de garder vivants les dessins de son grand-père. Entre autres produits, on trouve une collection de nappes, de draps et de serviettes réalisée à partir d’esquisses et actuellement en production chez Georg Jensen Damask.
Autre exemple : les horloges créées par Arne Jacobsen pour les façades des mairies et de la Banque Nationale du Danemark. Tobias, en collaboration avec l’entreprise danoise Rosendahl, les a récemment reproduites en horloges murales et réveille-matin.
Nappe, avec motif réalisé à partir d’un croquis d’Arne Jacobsen, Georg Jensen Damask.
Verres Royal d’Arne Jacobsen, Holmegaard.
« Nous avons également réédité la collection de verres Royal, réalisée par Arne en 1960 pour le Royal Hotel à Copenhague, le premier hôtel design du monde », explique Tobias. « Les verres à vin ont été fabriqués dans un nombre limité et exclusivement pour l’hôtel Royal, mais l’entreprise Holmegaard les a remis en production. Comme designer et architecte, je vois dans ces verres des courbes inspirées à la fois des fauteuils Egg et Swan, de ses poignées de porte et de ses cuillères à soupe. »
« Nous avons également réédité la collection de verres Royal, réalisée par Arne en 1960 pour le Royal Hotel à Copenhague, le premier hôtel design du monde », explique Tobias. « Les verres à vin ont été fabriqués dans un nombre limité et exclusivement pour l’hôtel Royal, mais l’entreprise Holmegaard les a remis en production. Comme designer et architecte, je vois dans ces verres des courbes inspirées à la fois des fauteuils Egg et Swan, de ses poignées de porte et de ses cuillères à soupe. »
Réveil Station d’Arne Jacobsen pour Arne Jacobsen ure, Rosendahl.
« Comme designer, je sais comme il est difficile de mettre sa production sur le marché. C’est plutôt drôle et étonnant de découvrir comme c’est facile de vendre du Arne Jacobsen. Ses objets sont très populaires », raconte le petit-fils.
« On pourrait penser qu’il est simple et facile de fouiller dans la mine d’or du grand-père et rapidement mettre des objets en production. Il y a toutefois plusieurs considérations délicates associées à ce geste », explique-t-il. « Nous en sommes à 180 nouveaux motifs et d’autres sont encore à venir. C’est évidemment un grand défi de tout évaluer et de choisir ce qu’il faut mettre en production. L’ensemble de ce que mon grand-père a créé n’est pas rééditable, quoique… Nous avons trouvé des croquis avec des motifs d’animaux un peu trop enfantins. C’était une de ses faiblesses, et le monde n’a pas besoin de le savoir. Je ne veux pas ça. »
« Comme designer, je sais comme il est difficile de mettre sa production sur le marché. C’est plutôt drôle et étonnant de découvrir comme c’est facile de vendre du Arne Jacobsen. Ses objets sont très populaires », raconte le petit-fils.
« On pourrait penser qu’il est simple et facile de fouiller dans la mine d’or du grand-père et rapidement mettre des objets en production. Il y a toutefois plusieurs considérations délicates associées à ce geste », explique-t-il. « Nous en sommes à 180 nouveaux motifs et d’autres sont encore à venir. C’est évidemment un grand défi de tout évaluer et de choisir ce qu’il faut mettre en production. L’ensemble de ce que mon grand-père a créé n’est pas rééditable, quoique… Nous avons trouvé des croquis avec des motifs d’animaux un peu trop enfantins. C’était une de ses faiblesses, et le monde n’a pas besoin de le savoir. Je ne veux pas ça. »
Papier peint Trapez réalisé à partir d’un motif d’Arne Jacobsen, Boråstapeter.
En outre, il faut beaucoup de travail pour adapter des motifs aux méthodes actuelles d’impression tout en respectant les originaux. Ce fut le cas avec certains modèles ressuscités par Tobias pour des papiers peints en collaboration avec la société suédoise Boråstapeter.
En outre, il faut beaucoup de travail pour adapter des motifs aux méthodes actuelles d’impression tout en respectant les originaux. Ce fut le cas avec certains modèles ressuscités par Tobias pour des papiers peints en collaboration avec la société suédoise Boråstapeter.
Papier peint Epsilon, à partir d’un motif d’Arne Jacobsen, Boråstapeter.
« Il faut prendre le temps et le faire soigneusement, comme en avait l’habitude Arne Jacobsen à son époque. Si les choses sont faites trop vite, elles passent rapidement. Si elles prennent naissance lentement, elles dureront longtemps. J’ai passé plusieurs semaines à travailler en collaboration avec le personnel de Boråstapeter afin d’obtenir la meilleure qualité d’impression. Il faut que ça ressemble à une magnifique aquarelle », ajoute Tobias Jacobsen.
Cependant, tout le monde n’est pas aussi enthousiaste à l’idée que d’anciens croquis de designers célèbres reprennent vie. Christian Holmsted Olesen, le directeur des expositions et des collections au Designmuseum Danmark, a des réserves quant à cette tendance. « Il y a souvent une raison pour laquelle certains meubles n’ont pas été mis en production à l’époque. Dans la plupart des cas, le designer ou le fabricant pensait que l’objet ne le méritait pas », précise-t-il.
« Il existe de nombreux exemples de trouvailles d’archives commercialisées avec succès », ajoute Christian Holmsted Olesen. Mais il a aussi vu l’opposé. « Les fabricants et le public sont parfois aveuglés quand un meuble porte sur son étiquette le nom d’Arne Jacobsen, de Hans J. Wegner ou de Poul Henningsen. Ils perdent alors tout sens critique jusqu’à oublier de se demander si ce design est de qualité. En fait, ça tient de l’idolâtrie », poursuit-il.
« Il faut prendre le temps et le faire soigneusement, comme en avait l’habitude Arne Jacobsen à son époque. Si les choses sont faites trop vite, elles passent rapidement. Si elles prennent naissance lentement, elles dureront longtemps. J’ai passé plusieurs semaines à travailler en collaboration avec le personnel de Boråstapeter afin d’obtenir la meilleure qualité d’impression. Il faut que ça ressemble à une magnifique aquarelle », ajoute Tobias Jacobsen.
Cependant, tout le monde n’est pas aussi enthousiaste à l’idée que d’anciens croquis de designers célèbres reprennent vie. Christian Holmsted Olesen, le directeur des expositions et des collections au Designmuseum Danmark, a des réserves quant à cette tendance. « Il y a souvent une raison pour laquelle certains meubles n’ont pas été mis en production à l’époque. Dans la plupart des cas, le designer ou le fabricant pensait que l’objet ne le méritait pas », précise-t-il.
« Il existe de nombreux exemples de trouvailles d’archives commercialisées avec succès », ajoute Christian Holmsted Olesen. Mais il a aussi vu l’opposé. « Les fabricants et le public sont parfois aveuglés quand un meuble porte sur son étiquette le nom d’Arne Jacobsen, de Hans J. Wegner ou de Poul Henningsen. Ils perdent alors tout sens critique jusqu’à oublier de se demander si ce design est de qualité. En fait, ça tient de l’idolâtrie », poursuit-il.
Fauteuil Pelican de Finn Juhl. Conçu et lancé en 1940, reproduit par Onecollection en 2001.
Chistian Holmsted Olesen l’affirme : pour lui, c’est « jouer en toute sécurité », c’est de la paresse et un manque d’imagination de la part des fabricants. Maintenir l’adoration des anciens à un si haut degré équivaut à refuser de faire de la place aux jeunes designers.
« Le design doit refléter l’époque dans laquelle on vit. Si le design ne se développe pas en utilisant des matériaux et des technologies actuelles, alors on devient un musée et le Danemark ne pourra plus porter le titre de leader du design international », rappelle-t-il.
« Quand le design danois a obtenu un vaste succès dans les années 1950, c’est entre autres grâce à cette volonté des fabricants de prendre des risques. Ces petites entreprises familiales avaient une passion pour le design et le mobilier. Aujourd’hui, de nombreux fabricants s’intéressent plus au commerce qu’au design. »
Chistian Holmsted Olesen l’affirme : pour lui, c’est « jouer en toute sécurité », c’est de la paresse et un manque d’imagination de la part des fabricants. Maintenir l’adoration des anciens à un si haut degré équivaut à refuser de faire de la place aux jeunes designers.
« Le design doit refléter l’époque dans laquelle on vit. Si le design ne se développe pas en utilisant des matériaux et des technologies actuelles, alors on devient un musée et le Danemark ne pourra plus porter le titre de leader du design international », rappelle-t-il.
« Quand le design danois a obtenu un vaste succès dans les années 1950, c’est entre autres grâce à cette volonté des fabricants de prendre des risques. Ces petites entreprises familiales avaient une passion pour le design et le mobilier. Aujourd’hui, de nombreux fabricants s’intéressent plus au commerce qu’au design. »
L’emblématique suspension Artichoke de Poul Henningsen pour Louis Poulsen. Conçue en 1958, elle n’a jamais cessé d’être produite depuis.
Bientôt, on pourra se procurer du mobilier de Poul Henningsen – ou PH, comme on l’appelle au Danemark –, mondialement célèbre pour ses lampes aux abat-jour réflecteurs, dont le modèle Artichoke. Il a également conçu des meubles, qui seront mis en vente cette année, déclare Søren Vincents Svendsen, directeur et propriétaire de ToneArt Interior qui a obtenu le droit de produire des meubles du designer.
« Lorsque nous avons commencé à explorer les archives, il est apparu rapidement que Poul Henningsen avait créé non seulement des lampes, mais aussi de nombreux meubles. Nous n’avons pas encore tout découvert, jusqu’à présent, nous avons trouvé des croquis et des dessins de 70 différentes pièces de mobilier : des fauteuils, une table basse, une table de conférence et un cheval à bascule », indique-t-il.
Bientôt, on pourra se procurer du mobilier de Poul Henningsen – ou PH, comme on l’appelle au Danemark –, mondialement célèbre pour ses lampes aux abat-jour réflecteurs, dont le modèle Artichoke. Il a également conçu des meubles, qui seront mis en vente cette année, déclare Søren Vincents Svendsen, directeur et propriétaire de ToneArt Interior qui a obtenu le droit de produire des meubles du designer.
« Lorsque nous avons commencé à explorer les archives, il est apparu rapidement que Poul Henningsen avait créé non seulement des lampes, mais aussi de nombreux meubles. Nous n’avons pas encore tout découvert, jusqu’à présent, nous avons trouvé des croquis et des dessins de 70 différentes pièces de mobilier : des fauteuils, une table basse, une table de conférence et un cheval à bascule », indique-t-il.
Prototype contemporain de la table Axe de Poul Henningsen pour PH Møbler, ToneArt Interior.
Lorsqu’on demande à Søren Vincents Svendsen pourquoi ce besoin de produire les meubles de Poul Henningsen, la réponse est claire. « Le monde n’a pas besoin de plus de meubles : il existe déjà beaucoup de tables et de chaises. Les gens veulent poser un regard historique, trouver le meilleur du passé et le ramener dans le présent. Ici, chacune des pièces de mobilier raconte une histoire, c’est ce qui rend l’aventure intéressante », explique-t-il.
Un bon exemple de ce type de récit se cache dans la table Axe. Lorsque Poul Henningsen visite le Canada en 1954, il est inspiré par la forme des manches de hache des bûcherons. Il en rapporte huit à la maison, les place sous un plateau, et hop, il vient de concevoir une table.
Lorsqu’on demande à Søren Vincents Svendsen pourquoi ce besoin de produire les meubles de Poul Henningsen, la réponse est claire. « Le monde n’a pas besoin de plus de meubles : il existe déjà beaucoup de tables et de chaises. Les gens veulent poser un regard historique, trouver le meilleur du passé et le ramener dans le présent. Ici, chacune des pièces de mobilier raconte une histoire, c’est ce qui rend l’aventure intéressante », explique-t-il.
Un bon exemple de ce type de récit se cache dans la table Axe. Lorsque Poul Henningsen visite le Canada en 1954, il est inspiré par la forme des manches de hache des bûcherons. Il en rapporte huit à la maison, les place sous un plateau, et hop, il vient de concevoir une table.
Prototype contemporain d’une table de Poul Henningsen pour PH Møbler, ToneArt Interior.
« Quand PH dessinait ces pièces de mobilier, principalement dans les années 1920 et 1930, certaines étaient trop provocatrices et excentriques pour l’époque, et d’autres ne pouvaient tout simplement pas être produites : les outils et la technologie pour le faire n’existaient pas et elles revenaient trop coûteuses à fabriquer. Il était tout simplement en avance sur son temps », poursuit le directeur. Pour certains modèles, on a initialement fabriqué des prototypes, d’autres ont été produits en petit nombre et le reste est demeuré à l’état de dessins.
« Quand PH dessinait ces pièces de mobilier, principalement dans les années 1920 et 1930, certaines étaient trop provocatrices et excentriques pour l’époque, et d’autres ne pouvaient tout simplement pas être produites : les outils et la technologie pour le faire n’existaient pas et elles revenaient trop coûteuses à fabriquer. Il était tout simplement en avance sur son temps », poursuit le directeur. Pour certains modèles, on a initialement fabriqué des prototypes, d’autres ont été produits en petit nombre et le reste est demeuré à l’état de dessins.
Prototype contemporain d’une table de Poul Henningsen pour PH Møbler, ToneArt Interior.
L’intérêt de Søren Vincents Svendsen pour les conceptions du designer s’est accentué il y a quelques années quand il est tombé sur un grand piano dessiné par Poul Henningsen en 1931. Il a obtenu les droits pour le fabriquer. Plus tard cette année, il a lancé les premières pièces de mobilier de PH. Dans un premier temps, la collection a comporté entre dix et quinze éléments.
« L’astuce est de choisir les bonnes pièces de mobilier. Il ne suffit pas de propulser le patrimoine culturel danois dans le futur, il faut aussi qu’il soit recherché et vendable sur le marché aujourd’hui », ajoute-t-il. La plupart des croquis réalisés par Poul Henningsen représentent des meubles en bois en accord avec la demande actuelle, rappelle le directeur.
L’intérêt de Søren Vincents Svendsen pour les conceptions du designer s’est accentué il y a quelques années quand il est tombé sur un grand piano dessiné par Poul Henningsen en 1931. Il a obtenu les droits pour le fabriquer. Plus tard cette année, il a lancé les premières pièces de mobilier de PH. Dans un premier temps, la collection a comporté entre dix et quinze éléments.
« L’astuce est de choisir les bonnes pièces de mobilier. Il ne suffit pas de propulser le patrimoine culturel danois dans le futur, il faut aussi qu’il soit recherché et vendable sur le marché aujourd’hui », ajoute-t-il. La plupart des croquis réalisés par Poul Henningsen représentent des meubles en bois en accord avec la demande actuelle, rappelle le directeur.
Service à thé et café Cylinda d’Arne Jacobsen pour Stelton.
La question de la reproduction d’anciens designs n’est pas simple rappelle l’héritier d’Arne Jacobsen. Selon lui, les anciens maîtres possédaient un secret auquel les designers actuels n’ont peut-être pas accès.
« J’ai vu récemment le film futuriste, I Robot, avec Will Smith. C’est censé se dérouler en 2035. Et quelle cafetière y voit-on ? Les créations d’Arne Jacobsen pour Stelton, ainsi que des couverts de Georg Jensen. C’est quand même assez loufoque qu’on utilise de vieux designs de mon grand-père pour illustrer l’avenir », s’amuse-t-il. « Cela montre à quel point il était avant-gardiste et que ses créations tiennent la route encore aujourd’hui. »
Mais est-ce éthiquement défendable de mettre en production de nouveaux objets qui portent les noms de designers décédés ? Que diraient ces créateurs s’ils étaient encore en vie ?
« Je comprends qu’on pose la question. Pour des raisons évidentes, nous ne saurons jamais avec certitude ce que PH en penserait », déclare Søren Vincents Svendsen. « Mais il a mis tellement d’énergie dans ses dessins… Je crois que c’est plutôt le manque de demande à l’époque et non ses propres réserves qui ont fait que ça n’a jamais été mis sur le marché. Ce n’est pas un problème si nous produisons ces objets conformément à la conception originale et si nous avons de bonnes relations avec les héritiers. »
La question de la reproduction d’anciens designs n’est pas simple rappelle l’héritier d’Arne Jacobsen. Selon lui, les anciens maîtres possédaient un secret auquel les designers actuels n’ont peut-être pas accès.
« J’ai vu récemment le film futuriste, I Robot, avec Will Smith. C’est censé se dérouler en 2035. Et quelle cafetière y voit-on ? Les créations d’Arne Jacobsen pour Stelton, ainsi que des couverts de Georg Jensen. C’est quand même assez loufoque qu’on utilise de vieux designs de mon grand-père pour illustrer l’avenir », s’amuse-t-il. « Cela montre à quel point il était avant-gardiste et que ses créations tiennent la route encore aujourd’hui. »
Mais est-ce éthiquement défendable de mettre en production de nouveaux objets qui portent les noms de designers décédés ? Que diraient ces créateurs s’ils étaient encore en vie ?
« Je comprends qu’on pose la question. Pour des raisons évidentes, nous ne saurons jamais avec certitude ce que PH en penserait », déclare Søren Vincents Svendsen. « Mais il a mis tellement d’énergie dans ses dessins… Je crois que c’est plutôt le manque de demande à l’époque et non ses propres réserves qui ont fait que ça n’a jamais été mis sur le marché. Ce n’est pas un problème si nous produisons ces objets conformément à la conception originale et si nous avons de bonnes relations avec les héritiers. »
Chauffeuse PK22, lancée en 1956, et méridienne PK80, introduite en 1957 par Poul Kjærholm pour Fritz Hansen.
Selon Christian Holmsted Olesen, certains concepteurs ont beaucoup réfléchi à leur héritage. Par exemple, Poul Kjærholm, un créateur de meubles danois, a détruit tous ses croquis et ses dessins afin de s’assurer qu’on ne les utilise plus après sa mort. En revanche, Hans J Wegner a tout caché et, selon l’expert, il existerait plus de 2 000 esquisses de pièces de mobilier prêtes à être mises en production.
Selon Christian Holmsted Olesen, certains concepteurs ont beaucoup réfléchi à leur héritage. Par exemple, Poul Kjærholm, un créateur de meubles danois, a détruit tous ses croquis et ses dessins afin de s’assurer qu’on ne les utilise plus après sa mort. En revanche, Hans J Wegner a tout caché et, selon l’expert, il existerait plus de 2 000 esquisses de pièces de mobilier prêtes à être mises en production.
Serviettes Mosaic avec un motif basé sur un croquis d’Arne Jacobsen, Georg Jensen Damask.
Pour Tobias Jacobsen, il est essentiel que le contenu du patrimoine de son grand-père Arne Jacobsen soit diffusé de la bonne manière.
« Je surveille de près la façon dont les choses évoluent. J’ai longuement réfléchi avant que des motifs réalisés par mon grand-père ne soient imprimés sur des serviettes avec lesquelles les gens se sèchent. Mais le fabricant, Georg Jensen Damask, est célèbre pour son exceptionnelle qualité de tissage et je pense que ça se défend. Mais je ne permettrais jamais que ses dessins soient imprimés sur un sac Gucci, et pour la même raison, sur du papier de toilette », déclare-t-il.
Et qu’est-ce qu’Arne Jacobsen dirait s’il savait que ses dessins ont été repris après sa mort ? « Mon grand-père n’était pas seulement un grand designer, c’était aussi un grand homme d’affaires, donc je pense qu’il serait heureux. Pour célébrer l’événement, il irait à la pâtisserie acheter son gâteau préféré et il ferait la fête. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de la production de pièces imaginées par ces maîtres du design danois ?
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Pour Tobias Jacobsen, il est essentiel que le contenu du patrimoine de son grand-père Arne Jacobsen soit diffusé de la bonne manière.
« Je surveille de près la façon dont les choses évoluent. J’ai longuement réfléchi avant que des motifs réalisés par mon grand-père ne soient imprimés sur des serviettes avec lesquelles les gens se sèchent. Mais le fabricant, Georg Jensen Damask, est célèbre pour son exceptionnelle qualité de tissage et je pense que ça se défend. Mais je ne permettrais jamais que ses dessins soient imprimés sur un sac Gucci, et pour la même raison, sur du papier de toilette », déclare-t-il.
Et qu’est-ce qu’Arne Jacobsen dirait s’il savait que ses dessins ont été repris après sa mort ? « Mon grand-père n’était pas seulement un grand designer, c’était aussi un grand homme d’affaires, donc je pense qu’il serait heureux. Pour célébrer l’événement, il irait à la pâtisserie acheter son gâteau préféré et il ferait la fête. »
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L’orfèvre et designer Tobias Jacobsen, petit-fils du légendaire designer Arne Jacobsen, s’intéresse de près au patrimoine design. Il travaille comme consultant auprès de fabricants pour produire les croquis tirés des archives de son grand-père.