Développement durable
Maison&Objet : La seconde main, une nouvelle manière de consommer
Le développement des plateformes comme Selency, Yourse ou Catawiki démocratise l'accès au design. Paroles d'experts
Les Digital Days de Maison&Objet, qui remplacent l’édition physique du mois de janvier annulée en raison de la pandémie, ont été l’occasion de décrypter une tendance qui s’est imposée en 2020 : le développement des sites de seconde main dans le domaine de la maison. S’équiper en mobilier et objets design et authentiques n’a jamais été aussi accessible, en termes de choix comme de coût, grâce au développement des plateformes en ligne. Qui de mieux placés pour en parler que leurs fondateurs : Charlotte Cadé du site de seconde main Selency, Franck Mallez du jeune site de leasing Yourse et Cyrille Coiffet de la plateforme de ventes aux enchères Catawiki. Chacun à leur manière, ils favorisent l’accès aux pièces haut de gamme, un rêve jusque-là inaccessible pour beaucoup.
Dans cette salle à manger, la propriétaire des lieux a chiné les chaises sur LeBonCoin.
Quels sont les avantages à chiner sur Internet ?
La possibilité de chiner en ligne, de rechercher des pièces iconiques depuis son canapé, a ouvert le fait de “brocanter” à une tranche plus large de la population, séduite par ces nombreux avantages. Outre le fait de ne pas avoir à se lever à 6h du matin le dimanche pour arpenter les brocantes, nos experts parlent de variété et d’accessibilité. « Ce qui est intéressant sur Internet, c’est la variété dans le choix et dans les catégories de prix proposés. Deux aspects sur lesquels le monde physique ne peut pas rivaliser pour des raisons de logistique », estime Cyrille Coiffet.
Franck Mallez considère également que le coût des produits est un élément clé du modèle de Yourse : « Avoir un accès démocratisé à des pièces iconiques, pour quelques euros par mois pour une lampe par exemple, est séducteur. Le particulier vient aussi pour la curation et la sélection d’objets, mais également pour les conseils que nous proposons à nos clients, qui sont généralement des amateurs et non des experts. »
Chez Selency, un récent sondage a été effectué auprès des clients pour connaître leurs raisons d’achat. Charlotte Cadé revient sur les résultats : « La première raison d’acheter sur Selency est pour trouver un objet unique en adoptant une démarche durable. En second lieu viennent la diversité, le choix, la grande gamme de prix et le rôle de tiers de confiance que nous jouons et qui rassure. »
Quels sont les avantages à chiner sur Internet ?
La possibilité de chiner en ligne, de rechercher des pièces iconiques depuis son canapé, a ouvert le fait de “brocanter” à une tranche plus large de la population, séduite par ces nombreux avantages. Outre le fait de ne pas avoir à se lever à 6h du matin le dimanche pour arpenter les brocantes, nos experts parlent de variété et d’accessibilité. « Ce qui est intéressant sur Internet, c’est la variété dans le choix et dans les catégories de prix proposés. Deux aspects sur lesquels le monde physique ne peut pas rivaliser pour des raisons de logistique », estime Cyrille Coiffet.
Franck Mallez considère également que le coût des produits est un élément clé du modèle de Yourse : « Avoir un accès démocratisé à des pièces iconiques, pour quelques euros par mois pour une lampe par exemple, est séducteur. Le particulier vient aussi pour la curation et la sélection d’objets, mais également pour les conseils que nous proposons à nos clients, qui sont généralement des amateurs et non des experts. »
Chez Selency, un récent sondage a été effectué auprès des clients pour connaître leurs raisons d’achat. Charlotte Cadé revient sur les résultats : « La première raison d’acheter sur Selency est pour trouver un objet unique en adoptant une démarche durable. En second lieu viennent la diversité, le choix, la grande gamme de prix et le rôle de tiers de confiance que nous jouons et qui rassure. »
Dans ce projet, l’architecte d’intérieur Margaux Carnevalli a chiné le fauteuil en rotin sur Selency.
Quelles sont les garanties à acheter des objets anciens sur Internet ?
Acheter sur Internet pouvait en effet être une démarche inquiétante pour le client il y a encore quelques années. Aujourd’hui, et dans le cas précis de la chine, passer par un intermédiaire qui joue le rôle de garant est au contraire rassurant. « Les maîtres mots ici sont sélection, garantie et assurance. Quand on confie ce choix à une plateforme d’experts, il n’y a plus aucun frein à l’achat et on fait plus facilement l’acquisition de produits onéreux », explique Cyrille Coiffet. Il rappelle que la plateforme Catawiki rejette plus d’un million de lots ou d’objets par an pour suspicion de faux, soit à peu près 25 % de ce qui lui est confié. Même argument chez Selency qui propose une authentification par photo afin de rassurer ses clients et chez qui une pièce sur deux ne passe pas la validation des experts.
Enfin, pour Yourse, l’équation est encore plus simple : « Nous bénéficions de la caution des marques qui sont les propriétaires des droits d’édition. Les plus jeunes, qui n’ont pas forcément les moyens d’acheter du vintage authentifié, se tournent généralement vers la copie. Nous leur permettons de ne pas avoir ce problème en leur proposant de louer des objets et mobilier qu’ils ne pourraient pas s’offrir autrement », explique Franck Mallez.
Quelles sont les garanties à acheter des objets anciens sur Internet ?
Acheter sur Internet pouvait en effet être une démarche inquiétante pour le client il y a encore quelques années. Aujourd’hui, et dans le cas précis de la chine, passer par un intermédiaire qui joue le rôle de garant est au contraire rassurant. « Les maîtres mots ici sont sélection, garantie et assurance. Quand on confie ce choix à une plateforme d’experts, il n’y a plus aucun frein à l’achat et on fait plus facilement l’acquisition de produits onéreux », explique Cyrille Coiffet. Il rappelle que la plateforme Catawiki rejette plus d’un million de lots ou d’objets par an pour suspicion de faux, soit à peu près 25 % de ce qui lui est confié. Même argument chez Selency qui propose une authentification par photo afin de rassurer ses clients et chez qui une pièce sur deux ne passe pas la validation des experts.
Enfin, pour Yourse, l’équation est encore plus simple : « Nous bénéficions de la caution des marques qui sont les propriétaires des droits d’édition. Les plus jeunes, qui n’ont pas forcément les moyens d’acheter du vintage authentifié, se tournent généralement vers la copie. Nous leur permettons de ne pas avoir ce problème en leur proposant de louer des objets et mobilier qu’ils ne pourraient pas s’offrir autrement », explique Franck Mallez.
Le grainetier de cette salle à manger a aussi été déniché sur LeBonCoin.
Comment expliquez-vous l’engouement actuel pour vos plateformes ?
Pour Charlotte Cadé, la démarche d’acheter un objet ancien sur Internet est purement décorative, créative et de plaisir à la base. Mais, la co-fondatrice de Selency remarque une nouvelle raison du succès actuel de la plateforme : « Nous avons clairement constaté une accélération en 2020 autour de toute la problématique de développement durable. Il y a eu une prise de conscience générale certainement insufflée par la crise sanitaire, et cela fait aujourd’hui clairement partie des aspirations de nos clients et de leurs motivations d’achat. Je ne pense pas qu’on puisse parler de tendance 2020, mais bien d’une nouvelle manière de consommer. S’il n’a que dix ans, le marché de la seconde main devrait bientôt dépasser celui du neuf. »
Cyrille Coiffet fait la même analyse : « Nous nous inscrivons complètement dans cette démarche et il y a encore beaucoup de choses à faire de ce côté-là en France. Il y a aussi une préoccupation autour de la création contemporaine et nous essayons aussi de promouvoir des objets neufs produits en série limitée par des artisans, des artistes et des designers. Car il y a quelque chose à faire pour ne pas encourager la création de masse, mais aider toute une branche de l’industrie qui est mise de côté et qui souffre aujourd’hui. »
Du côté de chez Yourse, Franck Mallez estime répondre à des attentes des clients qui sont par nature sensibles à l’économie circulaire, donc au développement durable. « Cela concerne aussi l’édition neuve, car si à l’issue de la location le client décide de rendre son équipement, nous le reprenons et nous le remettons en état pour lui donner une seconde vie », explique le fondateur.
Comment expliquez-vous l’engouement actuel pour vos plateformes ?
Pour Charlotte Cadé, la démarche d’acheter un objet ancien sur Internet est purement décorative, créative et de plaisir à la base. Mais, la co-fondatrice de Selency remarque une nouvelle raison du succès actuel de la plateforme : « Nous avons clairement constaté une accélération en 2020 autour de toute la problématique de développement durable. Il y a eu une prise de conscience générale certainement insufflée par la crise sanitaire, et cela fait aujourd’hui clairement partie des aspirations de nos clients et de leurs motivations d’achat. Je ne pense pas qu’on puisse parler de tendance 2020, mais bien d’une nouvelle manière de consommer. S’il n’a que dix ans, le marché de la seconde main devrait bientôt dépasser celui du neuf. »
Cyrille Coiffet fait la même analyse : « Nous nous inscrivons complètement dans cette démarche et il y a encore beaucoup de choses à faire de ce côté-là en France. Il y a aussi une préoccupation autour de la création contemporaine et nous essayons aussi de promouvoir des objets neufs produits en série limitée par des artisans, des artistes et des designers. Car il y a quelque chose à faire pour ne pas encourager la création de masse, mais aider toute une branche de l’industrie qui est mise de côté et qui souffre aujourd’hui. »
Du côté de chez Yourse, Franck Mallez estime répondre à des attentes des clients qui sont par nature sensibles à l’économie circulaire, donc au développement durable. « Cela concerne aussi l’édition neuve, car si à l’issue de la location le client décide de rendre son équipement, nous le reprenons et nous le remettons en état pour lui donner une seconde vie », explique le fondateur.
Ici, le canapé Airborne a été déniché sur LeBonCoin par les architectes d’intérieur d’Ouvrage.
Les confinements ont-ils joué un rôle ?
Que ce soit sur la problématique d’aménagement et de décoration intérieure, ou sur la question du développement durable, les confinements ont eu un impact non négligeable sur les plateformes de chine en ligne. C’est notamment ce que constate Charlotte Cadé : « C’est un sujet délicat, mais force est de constater que l’impact business des confinements a été très positif. Les gens ont passé plus de temps chez eux à se soucier de leur cocon et à vouloir le soigner, en faisant donc des achats de mobilier et de déco. Le retail n’étant pas accessible, la solution était le digital. Aussi, les démarches d’achat plus raisonnées et responsables se sont bien intégrées dans cette crise. » Une tendance que confirme Cyrille Coiffet, en faisant un autre constat : « On a redécouvert nos intérieurs avec la Covid-19, on les a vus différemment car c’était l’endroit où on était confinés, et on a revu nos équipements. Nous avons vu augmenter l’intérêt pour tout ce qui concerne le bureau, par exemple, en France comme dans le monde. »
Franck Mallez n’a d’ailleurs pas loupé le tournant du télétravail. « Nous avons tout de suite réagi sur le télétravail, alors que Yourse a démarré pendant le premier confinement. Nous avons répondu aux besoins des particuliers, mais aussi des entreprises qui ne pouvaient pas laisser leurs collaborateurs travailler sur la table de leur cuisine, en créant des packs home office. » Pour Cyrille Coiffet, le besoin d’aménager un vrai bureau chez soi va même au-delà du confort : « Les gens se mettent de plus en plus en scène dans les visios, alors qu’avant ils se contentaient d’un mur blanc. C’était horrible d’ailleurs et on a envie de voir des beaux intérieurs chez nos collaborateurs et collègues. Les gens ont donc besoin de kits de déco. Selon moi, c’est quelque chose qui va rester même lorsqu’on retournera au bureau. Les gens auront du mal à retrouver un mobilier standard pour travailler. »
Les confinements ont-ils joué un rôle ?
Que ce soit sur la problématique d’aménagement et de décoration intérieure, ou sur la question du développement durable, les confinements ont eu un impact non négligeable sur les plateformes de chine en ligne. C’est notamment ce que constate Charlotte Cadé : « C’est un sujet délicat, mais force est de constater que l’impact business des confinements a été très positif. Les gens ont passé plus de temps chez eux à se soucier de leur cocon et à vouloir le soigner, en faisant donc des achats de mobilier et de déco. Le retail n’étant pas accessible, la solution était le digital. Aussi, les démarches d’achat plus raisonnées et responsables se sont bien intégrées dans cette crise. » Une tendance que confirme Cyrille Coiffet, en faisant un autre constat : « On a redécouvert nos intérieurs avec la Covid-19, on les a vus différemment car c’était l’endroit où on était confinés, et on a revu nos équipements. Nous avons vu augmenter l’intérêt pour tout ce qui concerne le bureau, par exemple, en France comme dans le monde. »
Franck Mallez n’a d’ailleurs pas loupé le tournant du télétravail. « Nous avons tout de suite réagi sur le télétravail, alors que Yourse a démarré pendant le premier confinement. Nous avons répondu aux besoins des particuliers, mais aussi des entreprises qui ne pouvaient pas laisser leurs collaborateurs travailler sur la table de leur cuisine, en créant des packs home office. » Pour Cyrille Coiffet, le besoin d’aménager un vrai bureau chez soi va même au-delà du confort : « Les gens se mettent de plus en plus en scène dans les visios, alors qu’avant ils se contentaient d’un mur blanc. C’était horrible d’ailleurs et on a envie de voir des beaux intérieurs chez nos collaborateurs et collègues. Les gens ont donc besoin de kits de déco. Selon moi, c’est quelque chose qui va rester même lorsqu’on retournera au bureau. Les gens auront du mal à retrouver un mobilier standard pour travailler. »
Pour son appartement Tatiana Nicol a choisi sa table basse sur Selency.
Quels sont les produits les plus chinés ?
Pour clore la conférence en ligne, les experts ont dû répondre à la question : quels sont vos best-sellers ? Voici la réponse de Charlotte Cadé : « Il est toujours difficile d’aborder le sujet des best-sellers quand on parle de pièces uniques, mais on peut par exemple citer le Togo que l’on retrouve dans plein de coloris, matières et formes. Au-delà des best-sellers à proprement parler, on remarque des tendances comme le mobilier en rotin qui a clairement suscité un intérêt et que nous avons beaucoup vendu. Nous avons aussi réussi à anticiper le succès de la chaise B32 de Marcel Bauer quand le cannage est redevenu à la mode, par exemple. » Actuellement, l’experte remarque un engouement pour tout ce qui touche à l’art.
Et à Cyrille Coiffet de conclure sur une note encourageante pour les petits producteurs : « À notre surprise totale, ce qui a bien fonctionné en 2020, c’est la création contemporaine. On le voit avec ce que font les jeunes créateurs et on retrouve le plaisir d’avoir des pièces artisanales en série limitée que personne d’autre n’a. »
Quels sont les produits les plus chinés ?
Pour clore la conférence en ligne, les experts ont dû répondre à la question : quels sont vos best-sellers ? Voici la réponse de Charlotte Cadé : « Il est toujours difficile d’aborder le sujet des best-sellers quand on parle de pièces uniques, mais on peut par exemple citer le Togo que l’on retrouve dans plein de coloris, matières et formes. Au-delà des best-sellers à proprement parler, on remarque des tendances comme le mobilier en rotin qui a clairement suscité un intérêt et que nous avons beaucoup vendu. Nous avons aussi réussi à anticiper le succès de la chaise B32 de Marcel Bauer quand le cannage est redevenu à la mode, par exemple. » Actuellement, l’experte remarque un engouement pour tout ce qui touche à l’art.
Et à Cyrille Coiffet de conclure sur une note encourageante pour les petits producteurs : « À notre surprise totale, ce qui a bien fonctionné en 2020, c’est la création contemporaine. On le voit avec ce que font les jeunes créateurs et on retrouve le plaisir d’avoir des pièces artisanales en série limitée que personne d’autre n’a. »
ET VOUS ?
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Qui chine sur Internet ?
On pourrait penser que chiner sur Internet est une activité principalement pratiquée par les plus jeunes générations. Or, nos experts constatent que la pratique concerne toutes les catégories d’âges. « Notre cible est assez large. Nous avons aussi bien des clients âgés entre 25 et 30 ans que des clients de plus de 65 ans », témoigne par exemple Charlotte Cadé, co-fondatrice de Selency. « Internet est aujourd’hui le monde quotidien et toutes les démographies y sont représentées. Notre base d’acheteurs est âgée de 30 à 45 ans mais, pour les pièces les plus iconiques, la clientèle est plus âgée car le panier moyen est aussi plus élevé », poursuit Cyrille Coiffet, directeur du département Arts & Antiquités chez Catawiki.
Tous reçoivent aussi bien des clients particuliers que professionnels, architectes, architectes d’intérieur et décorateurs. « En tant que plateforme de leasing, nous attirons naturellement les personnes habituées à l’économie d’usage, devenue assez courante auprès des jeunes générations. Nous avons aussi une cible professionnelle avec des entreprises ou des hôtels auxquels nous proposons des objets qui auront besoin d’être renouvelés dans quelques années », ajoute Franck Mallez, Fondateur de Yourse.