Portrait d'artisan : L'univers onirique et enchanteur d'Anna Borowski
Les objets, sculptures et illustrations de la créatrice sont autant d'invitations à découvrir un monde à part
Artisan d’art à géométrie variable, la jeune femme est à la fois sculptrice spécialisée dans les matériaux de synthèse, illustratrice et scénographe. Fascinée par les animaux, elle aime donner naissance à des formes délicates et créatures hybrides, en faisant preuve d’un rare sens du détail. Rencontre avec une artiste de la beauté étrange.
Avez-vous immédiatement créé votre propre studio en sortant de l’école ?
Au départ, je pensais acquérir davantage d’expérience en intégrant des ateliers. Mais j’ai rapidement eu une première commande, d’un artiste qui m’a demandé de réaliser des sculptures chez lui.
Par ailleurs, j’avais présenté ma candidature pour le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris. Si j’y ai terminé finaliste, cela m’a surtout permis de rencontrer la bonne personne. Laquelle m’a aidée à intégrer une résidence parisienne, où les locaux sont mis à disposition de jeunes designers et créateurs. Pour le moment, je suis donc basée aux Ateliers de Paris, que je quitterai à la fin du mois, pour une nouvelle résidence d’artiste à La Villa Belleville.
Au départ, je pensais acquérir davantage d’expérience en intégrant des ateliers. Mais j’ai rapidement eu une première commande, d’un artiste qui m’a demandé de réaliser des sculptures chez lui.
Par ailleurs, j’avais présenté ma candidature pour le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris. Si j’y ai terminé finaliste, cela m’a surtout permis de rencontrer la bonne personne. Laquelle m’a aidée à intégrer une résidence parisienne, où les locaux sont mis à disposition de jeunes designers et créateurs. Pour le moment, je suis donc basée aux Ateliers de Paris, que je quitterai à la fin du mois, pour une nouvelle résidence d’artiste à La Villa Belleville.
Votre activité est à géométrie variable. Comment vous définissez-vous ?
Tout simplement comme artisan designer. Mon métier ressemble un peu à celui d’une directrice artistique : je conçois des projets que je réalise de bout en bout, en me servant de mes mains. J’ai néanmoins plusieurs casquettes puisque je suis à la fois illustratrice, sculptrice sur matériaux de synthèse et scénographe. En effet, j’imagine des décors pour de la publicité, le théâtre ou à destination d’enseignes commerciales de luxe.
Pourquoi votre métier vous passionne-t-il ?
J’aime que mon métier me permette de collaborer avec de grandes enseignes et sur de beaux projets. J’ai eu la chance de pouvoir créer mon studio dès que je suis sortie de l’école. Et que cela fonctionne rapidement. Les commandes font vivre le studio et j’en suis ravie. Pour autant, ce n’est pas un métier qui me procure 100 % de plaisir.
Tout simplement comme artisan designer. Mon métier ressemble un peu à celui d’une directrice artistique : je conçois des projets que je réalise de bout en bout, en me servant de mes mains. J’ai néanmoins plusieurs casquettes puisque je suis à la fois illustratrice, sculptrice sur matériaux de synthèse et scénographe. En effet, j’imagine des décors pour de la publicité, le théâtre ou à destination d’enseignes commerciales de luxe.
Pourquoi votre métier vous passionne-t-il ?
J’aime que mon métier me permette de collaborer avec de grandes enseignes et sur de beaux projets. J’ai eu la chance de pouvoir créer mon studio dès que je suis sortie de l’école. Et que cela fonctionne rapidement. Les commandes font vivre le studio et j’en suis ravie. Pour autant, ce n’est pas un métier qui me procure 100 % de plaisir.
Deadly Senses
Par quelles étapes de création passez-vous ?
Tout dépend de la liberté que me laisse le client. La charte est très précise pour certains tandis que pour d’autres, je démarre seulement avec un thème prédéfini.
Je réalise tout d’abord des esquisses parmi lesquelles les clients font leur choix. Après, j’utilise de la plastiline, sorte de pâte à modeler, pour faire une matrice. Soit un premier modèle. Cela a valeur d’ébauche, puisque cela reste mou et ne se cuit pas. Pour reproduire cette matrice en dur, je réalise un moule en silicone, qui va servir à faire mes tirages en résine. Je ponce ensuite cette seconde matrice, que je travaille dans le détail. C’est le prototype que je fournis au client. Je réalise enfin un dernier moule dans lequel je fais ma sculpture définitive.
Tout dépend de la liberté que me laisse le client. La charte est très précise pour certains tandis que pour d’autres, je démarre seulement avec un thème prédéfini.
Je réalise tout d’abord des esquisses parmi lesquelles les clients font leur choix. Après, j’utilise de la plastiline, sorte de pâte à modeler, pour faire une matrice. Soit un premier modèle. Cela a valeur d’ébauche, puisque cela reste mou et ne se cuit pas. Pour reproduire cette matrice en dur, je réalise un moule en silicone, qui va servir à faire mes tirages en résine. Je ponce ensuite cette seconde matrice, que je travaille dans le détail. C’est le prototype que je fournis au client. Je réalise enfin un dernier moule dans lequel je fais ma sculpture définitive.
Les herbes folles
Vous avez un univers très caractéristique. Comment le définiriez-vous ?
Onirique et enfantin, décalé et sombre. J’aime jouer sur plusieurs tableaux. Mon travail tourne beaucoup autour de la nature, poétisée et vue à travers un prisme humain. On est dans le merveilleux. J’ai beaucoup puisé mon inspiration dans les chambres des merveilles de la Renaissance, où la monstruosité avait aussi sa place. Et je fais encore régulièrement référence aux éléments de table traditionnels, pour créer des saynètes centrales, composites et oniriques.
Quand on se rapproche de ma sculpture Les Herbes folles, on découvre des jouets aux pieds des personnages. C’est ce genre de petits détails qui permet de créer la surprise. Et si mes créations peuvent sembler naïves ou enfantines de loin, on se rend compte en s’en approchant qu’elles sont plus obscures qu’il n’y paraissait.
Onirique et enfantin, décalé et sombre. J’aime jouer sur plusieurs tableaux. Mon travail tourne beaucoup autour de la nature, poétisée et vue à travers un prisme humain. On est dans le merveilleux. J’ai beaucoup puisé mon inspiration dans les chambres des merveilles de la Renaissance, où la monstruosité avait aussi sa place. Et je fais encore régulièrement référence aux éléments de table traditionnels, pour créer des saynètes centrales, composites et oniriques.
Quand on se rapproche de ma sculpture Les Herbes folles, on découvre des jouets aux pieds des personnages. C’est ce genre de petits détails qui permet de créer la surprise. Et si mes créations peuvent sembler naïves ou enfantines de loin, on se rend compte en s’en approchant qu’elles sont plus obscures qu’il n’y paraissait.
Les oiseaux rares
Vous vous adonnez donc à la sculpture, appliquée aux matériaux de synthèse…
En effet, je sculpte des objets d’art, qui n’ont pas toujours vocation à être utilisés. Je m’amuse souvent à créer des sculptures qui paraissent fonctionnelles mais ne le sont pas. Ce sont des éléments de déco qui revisitent l’esthétique d’objets traditionnels, de manière incongrue.
En effet, je sculpte des objets d’art, qui n’ont pas toujours vocation à être utilisés. Je m’amuse souvent à créer des sculptures qui paraissent fonctionnelles mais ne le sont pas. Ce sont des éléments de déco qui revisitent l’esthétique d’objets traditionnels, de manière incongrue.
Atelier Paris Design
Quelles sont vos matières de prédilection ?
Je peux utiliser n’importe quelle matière. La résine est intéressante pour les matrices, parce qu’elle permet d’imiter les effets de nombreuses matières. Mais elle n’est ni pérenne ni noble, ce qui explique que l’objet final ne soit pas en résine. À la fin, je préfère miser sur du bronze ou de la porcelaine. J’ai également un faible pour le biscuit de porcelaine. Car c’est une matière qui a une belle résonance, sans être clinquante.
Je peux utiliser n’importe quelle matière. La résine est intéressante pour les matrices, parce qu’elle permet d’imiter les effets de nombreuses matières. Mais elle n’est ni pérenne ni noble, ce qui explique que l’objet final ne soit pas en résine. À la fin, je préfère miser sur du bronze ou de la porcelaine. J’ai également un faible pour le biscuit de porcelaine. Car c’est une matière qui a une belle résonance, sans être clinquante.
Et vous réalisez également des illustrations…
En effet ! C’est une activité que j’ai mise de côté pour un temps, lorsque j’ai créé mon entreprise. Mais que j’ai peu à peu réussi à réintégrer dans mes commandes. J’arrive désormais à puiser dans mes différentes compétences pour un seul et même projet.
Par exemple, je réalise actuellement, pour une marque de haute couture, un coffret dans lequel il y aura à la fois une sculpture et un foulard, avec l’une de mes illustrations.
En effet ! C’est une activité que j’ai mise de côté pour un temps, lorsque j’ai créé mon entreprise. Mais que j’ai peu à peu réussi à réintégrer dans mes commandes. J’arrive désormais à puiser dans mes différentes compétences pour un seul et même projet.
Par exemple, je réalise actuellement, pour une marque de haute couture, un coffret dans lequel il y aura à la fois une sculpture et un foulard, avec l’une de mes illustrations.
Je travaille aussi avec l’illustrateur du Muséum national d’histoire naturelle, qui m’a prise sous son aile et me permet de mener des recherches graphiques in situ. J’ai donc la chance de m’exercer dans l’un des lieux que je préfère à Paris. J’accède ainsi aux collections de manière privilégiée et j’en suis ravie, car j’ai toujours été fascinée par l’esthétique des bestiaires, des insectes, des fleurs, etc.
Ici, vous avez dessiné Charles Eames et sa célèbre Long Chair. Dans quel cadre ?
C’est le résultat d’une collaboration avec The Pocket Factory plus que d’une commande. Car j’ai réellement mené ce projet de bout en bout. J’ai réalisé une série d’illustrations qui représentent des meubles iconiques et leurs créateurs. Elles sont utilisées pour habiller les sacs que propose cette galerie de meubles vintage.
C’est le résultat d’une collaboration avec The Pocket Factory plus que d’une commande. Car j’ai réellement mené ce projet de bout en bout. J’ai réalisé une série d’illustrations qui représentent des meubles iconiques et leurs créateurs. Elles sont utilisées pour habiller les sacs que propose cette galerie de meubles vintage.
Vous enfilez aussi parfois une casquette de scénographe…
Pour Fauchon, j’ai imaginé plusieurs vitrines. Cela me pousse à travailler à plus grande échelle et c’est passionnant. Bien que mon cœur d’activité soit davantage centré sur le petit objet.
Pour Fauchon, j’ai imaginé plusieurs vitrines. Cela me pousse à travailler à plus grande échelle et c’est passionnant. Bien que mon cœur d’activité soit davantage centré sur le petit objet.
Pinces à sucre
Nombre de vos créations sont blanches. Est-ce un parti pris ou travaillez-vous également la couleur ?
Le blanc domine sur mon projet Le Festin Mue mais j’aime aussi les couleurs. En général, je les ajoute à la fin, en peignant mes objets.
Le blanc domine sur mon projet Le Festin Mue mais j’aime aussi les couleurs. En général, je les ajoute à la fin, en peignant mes objets.
Ceci n'est pas une tasse
Justement, pourriez-vous nous en dire davantage sur Le Festin Mue ?
Pour ce projet, j’ai joué sur le contraste entre la porcelaine brillante et l’aspect mat d’un matériau de synthèse, qui ressemble à du biscuit. Cela m’a permis de me lancer et de remporter des concours. Puis cet ensemble, très personnel, incarne réellement mon univers.
Pour ce projet, j’ai joué sur le contraste entre la porcelaine brillante et l’aspect mat d’un matériau de synthèse, qui ressemble à du biscuit. Cela m’a permis de me lancer et de remporter des concours. Puis cet ensemble, très personnel, incarne réellement mon univers.
C’est d’ailleurs à partir de ces bouchons tirés de ma série Le Festin Mue que j’ai été sollicitée pour créer d’autres bouchons, destinés à sublimer des flacons de parfum.
Vous avez effectivement conçu d’autres bouchons mais sur une thématique bien particulière…
Oui. Pour Firmenich, j’ai réalisé des bouchons proches de ceux du Festin Mue, mais en déclinant la thématique des sept péchés capitaux. Cela participait d’une scénographie de présentation des nouvelles fragrances de la marque. À chaque péché était associée une fragrance dont le bouchon devait asseoir et confirmer la différence.
Oui. Pour Firmenich, j’ai réalisé des bouchons proches de ceux du Festin Mue, mais en déclinant la thématique des sept péchés capitaux. Cela participait d’une scénographie de présentation des nouvelles fragrances de la marque. À chaque péché était associée une fragrance dont le bouchon devait asseoir et confirmer la différence.
BOHIN - L'Accent du M
Quid de ce dernier projet ?
Ça a été fait en partenariat avec L’Accent du m, studio de design également basé aux ateliers de Paris. L’agence travaillait pour la scénographie du musée de Bohin, qui évoque une manufacture ancestrale de fabrication d’aiguilles et d’épingles. L’idée pour ce petit projet était de revisiter le concept du bouquet d’aiguilles, que l’on devait traditionnellement offrir aux jeunes filles à l’occasion de leur mariage. Pour ma part, je suis intervenue pour concevoir les fleurs, en résine et en argent.
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Petite, j’étais déjà sensible à l’art. Mais, n’ayant aucune certitude, je ne considère pas mon métier comme une vocation. Aujourd’hui encore, il me semble que rien n’est gravé dans le marbre. J’ai toujours dessiné, baigné dans l’artistique, et j’ai toujours eu des facilités dans le domaine de la création. Les choses se sont donc faites assez naturellement.
J’ai suivi une formation à Olivier de Serres, ou ENSAAMA (École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art). Dans ce cadre, j’ai commencé par travailler des matières textiles, avant d’enchaîner sur un diplôme de Sculpture appliquée aux matériaux de synthèse. Cela m’a permis d’asseoir mes compétences en manipulation de ces matières bien particulières.