Portrait d'artisan : Secrets et merveilles de la verrerie d'art
Qu'est-ce que la verrerie d'art au chalumeau ? Le jeune Meilleur Ouvrier de France, Adrian Colin, livre sa vision de ce métier d'orfèvre
Tombé tout petit dans le bain de l’artisanat d’art, Adrian Colin compte à seulement 31 ans parmi les plus grands verriers d’art de sa génération. En 2011, il devient le dix-septième lauréat du titre de Meilleur Ouvrier de France (depuis la création du concours en 1924), évidemment dans la catégorie verrerie d’art au chalumeau. À Dinan, dans sa charmante boutique-atelier, quand il ne collabore pas avec des créateurs, designers et grandes maisons du luxe à l’image de Dior ou Caron, cet artisan-artiste crée et expose ses collections personnelles de bijoux, flacons de parfum et sculptures. Entretien.
Collection "Effervescence"
Quelle formation vous a-t-il par conséquent fallu suivre ?
J’ai dû partir à Paris pendant quatre ans, pour faire un CAP puis un Brevet des Métiers d’art, Arts et Technique du Verre option verrier au chalumeau. Pendant ma formation, j’ai effectué des stages chez différents verriers en ayant à chaque fois pour objectif d’apprendre et d’assimiler une nouvelle technique. J’ai jeté mon dévolu sur la verrerie au chalumeau car cela permettait de travailler le verre plus finement, dans le détail.
C’est un métier qu’il faut faire avec passion. Le verre est une matière qui peut initialement être frustrante à travailler. Car elle peut casser. Avec le temps et l’entraînement, on acquiert une certaine maîtrise, on prend de plus en plus de plaisir et l’on s’aperçoit que les possibilités sont infinies.
J’ai dû partir à Paris pendant quatre ans, pour faire un CAP puis un Brevet des Métiers d’art, Arts et Technique du Verre option verrier au chalumeau. Pendant ma formation, j’ai effectué des stages chez différents verriers en ayant à chaque fois pour objectif d’apprendre et d’assimiler une nouvelle technique. J’ai jeté mon dévolu sur la verrerie au chalumeau car cela permettait de travailler le verre plus finement, dans le détail.
C’est un métier qu’il faut faire avec passion. Le verre est une matière qui peut initialement être frustrante à travailler. Car elle peut casser. Avec le temps et l’entraînement, on acquiert une certaine maîtrise, on prend de plus en plus de plaisir et l’on s’aperçoit que les possibilités sont infinies.
Le métier de verrier d’art offre-t-il suffisamment de débouchés ?
À l’issue de mon cursus, je me suis immédiatement installé à mon compte. J’avais donc 19 ans lorsque j’ai lancé ma boutique-atelier en 2003. Se mettre à son compte est presque la seule solution lorsque l’on est verrier d’art au chalumeau. Il faut tout de suite se positionner, avec des créations qui sortent des sentiers battus et en ciblant sa clientèle au départ.
À l’issue de mon cursus, je me suis immédiatement installé à mon compte. J’avais donc 19 ans lorsque j’ai lancé ma boutique-atelier en 2003. Se mettre à son compte est presque la seule solution lorsque l’on est verrier d’art au chalumeau. Il faut tout de suite se positionner, avec des créations qui sortent des sentiers battus et en ciblant sa clientèle au départ.
Justement, quelle a été votre stratégie et qu’est-ce qui fait la singularité de vos créations ?
J’ai immédiatement œuvré à la création de bijoux, sculptures et accessoires de luxe. Je me suis situé sur des niches avec pour principe l’envie de me faire plaisir. Par exemple, on doit être seulement cinq ou six en France à créer des flacons de parfum au chalumeau.
Je réponds aussi à des commandes plus précises, qui émanent de particuliers comme de professionnels.
Dans ma structure, je suis seul et gère tout. Je ne suis donc pas constamment en train de créer, mais les pièces que je façonne sont réalisées sur place, sur mon plan de travail et devant les gens qui sont dans la boutique à ce moment-là.
J’ai immédiatement œuvré à la création de bijoux, sculptures et accessoires de luxe. Je me suis situé sur des niches avec pour principe l’envie de me faire plaisir. Par exemple, on doit être seulement cinq ou six en France à créer des flacons de parfum au chalumeau.
Je réponds aussi à des commandes plus précises, qui émanent de particuliers comme de professionnels.
Dans ma structure, je suis seul et gère tout. Je ne suis donc pas constamment en train de créer, mais les pièces que je façonne sont réalisées sur place, sur mon plan de travail et devant les gens qui sont dans la boutique à ce moment-là.
Sculptures diverses
Vous avez remporté le titre de Meilleur Ouvrier de France en 2011. Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous ?
C’est un concours qui change en effet pas mal de choses. On y valide l’excellence et il faut comprendre que certaines années, personne ne reçoit le titre. Je ne suis d’ailleurs que le dix-septième depuis 1924 à l’avoir obtenu.
Briguer un tel titre est un très gros challenge personnel, qui exige un réel investissement. Il faut compter environ 500 heures de travail sur la réalisation du chef-d’œuvre final que l’on veut présenter.
Pour ma part, j’aime les défis et cela m’a permis de me dépasser. Une fois le titre en poche, on acquiert aussi une crédibilité qui aide à travailler avec certaines grandes maisons. Cela ouvre des portes qu’il ne faut pas hésiter à pousser. Si l’on reste terré dans son atelier, on ne peut pas prétendre à de nouvelles collaborations.
Quid du chef-d’œuvre qui vous a valu ce titre ?
Il s’agit d’une sculpture de 65 cm de haut, baptisée L’Éternel Combat entre le bien et le mal. Elle met en scène deux entités humanoïdes, ailées et asexuées, qui abritent le bien et le mal en leur sein. L’une de leurs ailes en fait des anges ; l’autre, des démons.
C’est un concours qui change en effet pas mal de choses. On y valide l’excellence et il faut comprendre que certaines années, personne ne reçoit le titre. Je ne suis d’ailleurs que le dix-septième depuis 1924 à l’avoir obtenu.
Briguer un tel titre est un très gros challenge personnel, qui exige un réel investissement. Il faut compter environ 500 heures de travail sur la réalisation du chef-d’œuvre final que l’on veut présenter.
Pour ma part, j’aime les défis et cela m’a permis de me dépasser. Une fois le titre en poche, on acquiert aussi une crédibilité qui aide à travailler avec certaines grandes maisons. Cela ouvre des portes qu’il ne faut pas hésiter à pousser. Si l’on reste terré dans son atelier, on ne peut pas prétendre à de nouvelles collaborations.
Quid du chef-d’œuvre qui vous a valu ce titre ?
Il s’agit d’une sculpture de 65 cm de haut, baptisée L’Éternel Combat entre le bien et le mal. Elle met en scène deux entités humanoïdes, ailées et asexuées, qui abritent le bien et le mal en leur sein. L’une de leurs ailes en fait des anges ; l’autre, des démons.
Quelles sont les différentes étapes de réalisation d’une pièce en verre au chalumeau ?
Il y a d’abord l’élaboration des croquis préliminaires. Puis on prépare les différents éléments dont on va avoir besoin, en choisissant d’utiliser des tubes creux ou baguettes pleines. Elles font 1,50 m quand on les reçoit. On les divise en quatre, puis on les étire en pointe. La pièce est soufflée, filée ou sculptée, selon le niveau de détail recherché. On retire enfin les deux pointes qui nous ont servi à tenir l’œuvre pendant l’étape de création. L’avantage du chalumeau, c’est que l’on peut fusionner le verre localement et travailler la matière avec précision.
Il y a d’abord l’élaboration des croquis préliminaires. Puis on prépare les différents éléments dont on va avoir besoin, en choisissant d’utiliser des tubes creux ou baguettes pleines. Elles font 1,50 m quand on les reçoit. On les divise en quatre, puis on les étire en pointe. La pièce est soufflée, filée ou sculptée, selon le niveau de détail recherché. On retire enfin les deux pointes qui nous ont servi à tenir l’œuvre pendant l’étape de création. L’avantage du chalumeau, c’est que l’on peut fusionner le verre localement et travailler la matière avec précision.
Flacon à parfums
De petites gouttelettes de verre ont été fusionnées une à une sur la surface de ce flacon de parfum, qui évoque le corail.
Sculptures diverses
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette pièce ?
C’est une commande à laquelle j’ai répondu. La personne avait envie d’un cadeau de naissance et je lui ai fait cette proposition. Je trouvais que c’était un très beau cadeau, fait pour durer.
C’est une commande à laquelle j’ai répondu. La personne avait envie d’un cadeau de naissance et je lui ai fait cette proposition. Je trouvais que c’était un très beau cadeau, fait pour durer.
Sculptures diverses
Cette sculpture aussi est née en réponse à une commande…
Oui, il s’agissait de réaliser un arbre en verre, dont le nombre de ramifications de départ devait renvoyer à celui d’un immense arbre généalogique. Cet arbre allait être offert à l’occasion d’une énorme cousinade (400 personnes quand même !), à la personne qui avait commencé l’arbre généalogique.
Oui, il s’agissait de réaliser un arbre en verre, dont le nombre de ramifications de départ devait renvoyer à celui d’un immense arbre généalogique. Cet arbre allait être offert à l’occasion d’une énorme cousinade (400 personnes quand même !), à la personne qui avait commencé l’arbre généalogique.
Sculpture collection Chorégraphie
L’une de vos séries de sculptures s’intitule Chorégraphie. Avez-vous une affinité particulière pour la danse ?
De manière générale, j’aime beaucoup créer des personnages, en travaillant sur leur gestuelle et les émotions qu’ils dégagent. Je trouve que les danseurs sont très gracieux et que cette thématique se prêtait bien à la verrerie au chalumeau.
De manière générale, j’aime beaucoup créer des personnages, en travaillant sur leur gestuelle et les émotions qu’ils dégagent. Je trouve que les danseurs sont très gracieux et que cette thématique se prêtait bien à la verrerie au chalumeau.
Flacons à parfum création "creo aqua"
Vous avez signé une série de flacons appelée Creo aqua.
Cette collection tourne autour de la thématique de l’eau. Le contenant a été travaillé avec des anneaux, qui me faisaient penser à la répercussion d’une goutte d’eau sur l’eau.
Cette collection tourne autour de la thématique de l’eau. Le contenant a été travaillé avec des anneaux, qui me faisaient penser à la répercussion d’une goutte d’eau sur l’eau.
Flacons à parfum création "creo aqua"
Le bouchon, réalisé à la flamme en baguette pleine, représente un fond marin. Le verre coloré y a été inséré par une technique dite d’implosion.
Parlez-nous encore de votre collection Effervescence…
Elle est récente et tourne également autour de l’eau. De la bulle plus particulièrement. Je voulais parler des bulles qui pétillent en remontant à la surface et des ondulations de l’eau, le long du flacon.
Elle est récente et tourne également autour de l’eau. De la bulle plus particulièrement. Je voulais parler des bulles qui pétillent en remontant à la surface et des ondulations de l’eau, le long du flacon.
Bijoux
Composez-vous avec d’autres éléments que le verre dans vos créations ?
Oui. Il m’arrive d’y intégrer de la calligraphie ou de la dentelle.
Pour ce pendentif, par exemple, j’ai utilisé de la dentelle réalisée à Caudry par la société Jean Bracq. C’est de la dentelle haute couture de Calais. Elle est intégrée à froid dans le verre.
Oui. Il m’arrive d’y intégrer de la calligraphie ou de la dentelle.
Pour ce pendentif, par exemple, j’ai utilisé de la dentelle réalisée à Caudry par la société Jean Bracq. C’est de la dentelle haute couture de Calais. Elle est intégrée à froid dans le verre.
Sculptures diverses
J’ai imaginé cette sculpture, Ondulation, pour une exposition à Paris. Elle résulte d’une collaboration avec ma mère, qui est calligraphe en plus d’être céramiste. La sculpture mesure un mètre de long. Il s’agissait de créer un mouvement d’ondulation, en jouant sur le reflet de la calligraphie du socle, dans les différentes billes de verre.
Qu’est-ce que cette grande cage à oiseau de verre ?
Je l’ai réalisée pour le plaisir. Même si j’imagine que cette cage pourrait finir par se faire une place dans la vitrine d’une belle enseigne…
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Mes parents étant céramistes, j’ai toujours été sensible aux métiers d’art. À 14 ans, j’ai eu une véritable révélation pour la verrerie d’art en particulier. Je venais alors d’effectuer un stage, au cours duquel j’avais réalisé mes premières perles en verre. J’étais déjà attiré par le verre, sa luminosité et sa transparence, mais j’ai tellement aimé travailler cette matière que j’ai rapidement décidé de devenir verrier d’art.