Portrait : Ramy Fischler, designer de l'année 2018
Découvrez le parcours étonnant du designer Ramy Fischler, distingué Designer de l’année 2018 par le salon Maison&Objet
À chacune de ses sessions, le salon Maison&Objet Paris distingue les signatures les plus marquantes de l’actualité internationale du design et de la décoration à travers l’élection du « Designer of the Year ». En septembre 2018, le designer Ramy Fischler remporte la précieuse distinction. Retour sur son parcours riche, inspirant et éclectique qui incarne la créativité du design en 2018 et une pratique en perpétuelle évolution.
© Ramy Fischler - Twitter 2016
En 2016, le voici déjà en train de repenser les bureaux du siège parisien de Twitter. Les espaces de travail, de repos, de restauration et de jeux pensés par RF Studio s’enchaînent sur deux étages. Dotés d’une Blue Room et de salles au nom d’oiseaux, ces locaux mettent en scène la créativité de l’entreprise.
« En architecture intérieure, la meilleure façon de convaincre, c’est de penser des lieux magnifiques dans lesquels les gens ont envie de vivre et de rester. Je l’ai compris dès mon expérience avec Patrick Jouin quand on a travaillé pour Ducasse. Des lieux qui peuvent aussi parfois changer le monde à l’instar du restaurant du premier étage de la tour Eiffel que j’ai redessiné et qui a récemment fait le tour de la planète avec les photos de Trump », explique-t-il.
En 2016, le voici déjà en train de repenser les bureaux du siège parisien de Twitter. Les espaces de travail, de repos, de restauration et de jeux pensés par RF Studio s’enchaînent sur deux étages. Dotés d’une Blue Room et de salles au nom d’oiseaux, ces locaux mettent en scène la créativité de l’entreprise.
« En architecture intérieure, la meilleure façon de convaincre, c’est de penser des lieux magnifiques dans lesquels les gens ont envie de vivre et de rester. Je l’ai compris dès mon expérience avec Patrick Jouin quand on a travaillé pour Ducasse. Des lieux qui peuvent aussi parfois changer le monde à l’instar du restaurant du premier étage de la tour Eiffel que j’ai redessiné et qui a récemment fait le tour de la planète avec les photos de Trump », explique-t-il.
© Ramy Fischler - Nu ! 2017
Designer entrepreneur
En 2017, il présentait Nu !, une offre de restauration en entreprise zéro déchet basée sur des circuits courts. En mode start-up, il a conçu avec trois collaborateurs un frigo connecté, telle une alternative aux cantines RIE d’entreprise afin de proposer une alimentation plus saine, moins polluante et sans déchet dans le monde du travail.
« Le designer ne peut pas résoudre tous les problèmes, mais peut avoir son mot à dire pour un futur plus innovant, écologique et vertueux. Des projets comme celui-ci, j’en ai plein les tiroirs, mais il est important pour moi non de créer des objets pour des objets mais pour un vrai usage, de bâtir un écosystème viable économiquement et pour de vrais gens qui les utiliseront », souligne Ramy Fischler.
Designer entrepreneur
En 2017, il présentait Nu !, une offre de restauration en entreprise zéro déchet basée sur des circuits courts. En mode start-up, il a conçu avec trois collaborateurs un frigo connecté, telle une alternative aux cantines RIE d’entreprise afin de proposer une alimentation plus saine, moins polluante et sans déchet dans le monde du travail.
« Le designer ne peut pas résoudre tous les problèmes, mais peut avoir son mot à dire pour un futur plus innovant, écologique et vertueux. Des projets comme celui-ci, j’en ai plein les tiroirs, mais il est important pour moi non de créer des objets pour des objets mais pour un vrai usage, de bâtir un écosystème viable économiquement et pour de vrais gens qui les utiliseront », souligne Ramy Fischler.
© RF STUDIO - Table Monaco 2015
Le créateur de mobilier
Ramy Fischler aime également créer du mobilier à l’instar de cette table basse Monaco éditée 2015. « J’ai été jusqu’à mettre sept ans pour fabriquer la chaise en bois multiplis dont personne n’avait vraiment besoin, mais elle m’a permis de dialoguer avec le fabricant et créer des liens forts. Le processus de création, même s’il est pavé de 80 % de difficultés inhérentes et normales, est une étape encore plus importante pour moi que le résultat. Dessiner des objets, expérimenter la matière et explorer la création artisanale me tiennent à cœur. Et également donner envie d’acheter de beaux objets, artisanaux », commente-t-il.
Le créateur de mobilier
Ramy Fischler aime également créer du mobilier à l’instar de cette table basse Monaco éditée 2015. « J’ai été jusqu’à mettre sept ans pour fabriquer la chaise en bois multiplis dont personne n’avait vraiment besoin, mais elle m’a permis de dialoguer avec le fabricant et créer des liens forts. Le processus de création, même s’il est pavé de 80 % de difficultés inhérentes et normales, est une étape encore plus importante pour moi que le résultat. Dessiner des objets, expérimenter la matière et explorer la création artisanale me tiennent à cœur. Et également donner envie d’acheter de beaux objets, artisanaux », commente-t-il.
© The National Gallery 2017
Le scénographe
En 2017, The National Café, au cœur de la National Gallery, est le premier projet à Londres de RF Studio, qui a pensé des dispositifs pour faire entrer l’art dans le restaurant. Les triptyques reprennent les toiles du peintre français Claude-Joseph Vernet et entreprennent un dialogue entre le musée, la ville et la nature.
En 2018, la fondation Bettencourt l’invite à signer la scénographie de l’exposition « Pour l’intelligence de la main ». Celui-ci propose un parcours qui met en avant les artisans d’art. L’installation, composée de murs en terre crue réalisés par l’atelier grenoblois d’Amàco, est en effet une prouesse artisanale qui valorise le développement de pratiques écoresponsables et met en exergue l’avenir des métiers d’art au temps de la technologie, deux valeurs chères à Ramy Fischler.
Cette année, il effectue un autre travail de scénographe pour l’Opéra-Comique en signant les décors d’Hamlet mis en scène par Cyril Teste qui viseront à souligner « à quel point Shakespeare est contemporain pour parler de la politique, des médias ou des relations humaines ! ».
Le scénographe
En 2017, The National Café, au cœur de la National Gallery, est le premier projet à Londres de RF Studio, qui a pensé des dispositifs pour faire entrer l’art dans le restaurant. Les triptyques reprennent les toiles du peintre français Claude-Joseph Vernet et entreprennent un dialogue entre le musée, la ville et la nature.
En 2018, la fondation Bettencourt l’invite à signer la scénographie de l’exposition « Pour l’intelligence de la main ». Celui-ci propose un parcours qui met en avant les artisans d’art. L’installation, composée de murs en terre crue réalisés par l’atelier grenoblois d’Amàco, est en effet une prouesse artisanale qui valorise le développement de pratiques écoresponsables et met en exergue l’avenir des métiers d’art au temps de la technologie, deux valeurs chères à Ramy Fischler.
Cette année, il effectue un autre travail de scénographe pour l’Opéra-Comique en signant les décors d’Hamlet mis en scène par Cyril Teste qui viseront à souligner « à quel point Shakespeare est contemporain pour parler de la politique, des médias ou des relations humaines ! ».
Ramy Fischler - The Agora - Maison&Objet 2018 ©AETHION
Une transversalité qui fait sens
Nous l’avons compris, loin de se cantonner à un aspect de la création, Ramy est un touche-à-tout. Créateur passionné, détestant s’enfermer dans un registre, il mène de front plusieurs postes de designer mobilier, d’architecte d’intérieur, de scénographe…
Quand on lui demande pourquoi une telle boulimie de projets, Ramy explique : « Je ne fais pas plus de projets que d’autres studios de design, mais c’est un choix intellectuel de travailler tout le temps sur des domaines différents. J’affirme par cette démarche hyperactive que la transversalité est le sens de l’ensemble. Je considère que dans mon métier de designer, la spécialité n’a plus vraiment de sens. Nous ne pouvons pas faire tout tout seul aujourd’hui, nous travaillons dans des écosystèmes et partout en même temps. »
C’est cette nouvelle hybridation du métier de designer qu’il a voulu signifier dans la structure The Agora, aménagée avec ses collaborateurs du Studio RF pour la session de Maison&Objet qui l’a consacré designer de l’année (septembre 2018). Conçu comme sa projection d’un cabinet de design, à la fois lieu de travail, mais aussi lieu de vie et de partage, la structure en gradins avec espace bar et détente invite le visiteur à comprendre l’évolution du métier.
Une transversalité qui fait sens
Nous l’avons compris, loin de se cantonner à un aspect de la création, Ramy est un touche-à-tout. Créateur passionné, détestant s’enfermer dans un registre, il mène de front plusieurs postes de designer mobilier, d’architecte d’intérieur, de scénographe…
Quand on lui demande pourquoi une telle boulimie de projets, Ramy explique : « Je ne fais pas plus de projets que d’autres studios de design, mais c’est un choix intellectuel de travailler tout le temps sur des domaines différents. J’affirme par cette démarche hyperactive que la transversalité est le sens de l’ensemble. Je considère que dans mon métier de designer, la spécialité n’a plus vraiment de sens. Nous ne pouvons pas faire tout tout seul aujourd’hui, nous travaillons dans des écosystèmes et partout en même temps. »
C’est cette nouvelle hybridation du métier de designer qu’il a voulu signifier dans la structure The Agora, aménagée avec ses collaborateurs du Studio RF pour la session de Maison&Objet qui l’a consacré designer de l’année (septembre 2018). Conçu comme sa projection d’un cabinet de design, à la fois lieu de travail, mais aussi lieu de vie et de partage, la structure en gradins avec espace bar et détente invite le visiteur à comprendre l’évolution du métier.
Ramy Fischler - The Agora - Maison&Objet 2018 ©AETHION
Du designer au réalisateur en passant par l’entrepreneur
Au final, pour Ramy Fischler, le métier de designer ne se résume pas une seule seconde à faire un dessin tout seul dans son coin : « Avec la technologie dans notre poche, c’est facile de travailler sur une multitude de dossiers en même temps. Et le métier d’entrepreneur vient très vite, dès que l’on se met à chercher des clients. Ensuite vient la phase du “corpus” ou du “programme”, celle où l’on fait de la veille et où l’on étudie toutes les solutions avec mes collaborateurs du studio, avec des spécialistes, des artisans… Notre métier est devenu humaniste et connecté. Le dessin ne doit pas venir trop vite, sinon le projet se fige et vieillit. Il doit venir au bon moment, lorsque le projet est mature, que l’on a tiré la quintessence des avis de tous les spécialistes avec lesquels on va travailler. »
Du designer au réalisateur en passant par l’entrepreneur
Au final, pour Ramy Fischler, le métier de designer ne se résume pas une seule seconde à faire un dessin tout seul dans son coin : « Avec la technologie dans notre poche, c’est facile de travailler sur une multitude de dossiers en même temps. Et le métier d’entrepreneur vient très vite, dès que l’on se met à chercher des clients. Ensuite vient la phase du “corpus” ou du “programme”, celle où l’on fait de la veille et où l’on étudie toutes les solutions avec mes collaborateurs du studio, avec des spécialistes, des artisans… Notre métier est devenu humaniste et connecté. Le dessin ne doit pas venir trop vite, sinon le projet se fige et vieillit. Il doit venir au bon moment, lorsque le projet est mature, que l’on a tiré la quintessence des avis de tous les spécialistes avec lesquels on va travailler. »
© Guillaume Chauvin - Visual Exformation - 2016
Il faut environ trois ans de travail à l’équipe de designers pour rendre un projet mature, trois ans pendant lesquels les difficultés créatives s’enchaînent et que le studio de design prend plaisir à surmonter : « Je suis heureux de m’arracher à chaque fois, de savoir que l’on va tenir et réussir même si cela prend des années. On est là pour transformer les aléas en énergie positive et pour convaincre. »
Et dans ce but, Ramy Fischler n’hésite pas à emprunter ses techniques à un réalisateur de cinéma en réunissant tous les acteurs du projet dans le Pod : « C’est un lieu de réalité virtuelle que nous avons créé dans lequel on présente le projet aux investisseurs une fois qu’il est arrivé à maturité. Comme un réalisateur de cinéma, nous sommes alors dans la fiction de notre projet qu’il convient de bien présenter, de raconter comme une belle histoire pour emporter l’adhésion. Mais si les fictions d’aujourd’hui sont souvent dans le côté dark et chaotique, il nous appartient à nous, designers, d’inventer un futur vertueux et durable », conclut-il.
Il faut environ trois ans de travail à l’équipe de designers pour rendre un projet mature, trois ans pendant lesquels les difficultés créatives s’enchaînent et que le studio de design prend plaisir à surmonter : « Je suis heureux de m’arracher à chaque fois, de savoir que l’on va tenir et réussir même si cela prend des années. On est là pour transformer les aléas en énergie positive et pour convaincre. »
Et dans ce but, Ramy Fischler n’hésite pas à emprunter ses techniques à un réalisateur de cinéma en réunissant tous les acteurs du projet dans le Pod : « C’est un lieu de réalité virtuelle que nous avons créé dans lequel on présente le projet aux investisseurs une fois qu’il est arrivé à maturité. Comme un réalisateur de cinéma, nous sommes alors dans la fiction de notre projet qu’il convient de bien présenter, de raconter comme une belle histoire pour emporter l’adhésion. Mais si les fictions d’aujourd’hui sont souvent dans le côté dark et chaotique, il nous appartient à nous, designers, d’inventer un futur vertueux et durable », conclut-il.
© N. Millet - Colombie 2012
ET VOUS ?
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Les années de formation
Ramy Fischler a quitté sa Belgique natale pour s’installer en 1998 à Paris afin de mener ses études à l’École nationale supérieure de création industrielle ENSCI-Les Ateliers. Élève doué, il devient pensionnaire de la Villa Médicis à Rome avant de faire ses armes pendant une dizaine d’années aux côtés du talentueux designer industriel Patrick Jouin. En 2011, à 33 ans il fonde son propre studio de design (RF Studio) où il pratique la création de manière très éclectique, avec des valeurs qui lui sont chères : parmi celles-ci, l’ouverture sur ses contemporains, sur différents médiums, sur les nouvelles technologies et l’écologie.