Visites Privées
Suivez le Guide : Paul, l'amoureux des tomates
Bien caché entre vignes et vergers, Paul élève ses tomates « à l'ancienne ». Il nous ouvre aujourd'hui les portes de son paradis terrestre
Non loin de Montpellier, c’est au hasard des sentiers que nous sommes arrivés chez Paul. Cet amateur de tomates anciennes ne les collectionne pas, il leur donne la vie. Autant dire qu’une visite chez lui, c’est toute une histoire ! D’abord parce que Paul est intarissable lorsqu’il s’agit de nous raconter pourquoi il a planté tous ces arbres qu’il chérit et protège, mais aussi car il se passe toujours quelque chose. À croire que sa vie est trépidante d’aventures ! Il n’en finit pas de nous décrire tout ce qu’il voit ou entend autour de lui, alors que nous serions bien incapables d’en saisir la moitié. C’est dans un concert d’oiseaux que nous discutons sous les arbres abritant les serres. « Vous voyez, là, ce qui tombe dans la serre, c’est l’écureuil au-dessus de nos têtes qui balance des morceaux de pommes de pin ! »
Allez, pendant qu’il part remplir son arrosoir, arpentons les lieux sur ses conseils avisés.
Coup d’œil
Qui travaille ici : Paul Nicolas et sa compagne Christina
Depuis quand : vingt ans qu’il plante des arbres et cultive des légumes
Emplacement : Montaud, une commune au nord de Montpellier (Hérault), Languedoc-Roussillon
Superficie : 2 hectares plantés d’arbres et de vignes
Anecdote : Paul défend la diversité des espèces et des légumes. Il est toujours à l’affût de graines de collectionneurs ou de passionnés et redonne vie à des variétés anciennes de tomates et de courges rares.
Photos : Jours & Nuits © 2015 Houzz
Allez, pendant qu’il part remplir son arrosoir, arpentons les lieux sur ses conseils avisés.
Coup d’œil
Qui travaille ici : Paul Nicolas et sa compagne Christina
Depuis quand : vingt ans qu’il plante des arbres et cultive des légumes
Emplacement : Montaud, une commune au nord de Montpellier (Hérault), Languedoc-Roussillon
Superficie : 2 hectares plantés d’arbres et de vignes
Anecdote : Paul défend la diversité des espèces et des légumes. Il est toujours à l’affût de graines de collectionneurs ou de passionnés et redonne vie à des variétés anciennes de tomates et de courges rares.
Photos : Jours & Nuits © 2015 Houzz
Bienvenue chez Paul ! C’est par ce petit chemin dissimulé derrière des buissons fleuris que l’on arrive sur le domaine arboré de Paul. Le loriot nous accueille de son chant reconnaissable parmi tant d’autres. En fait, c’est une cacophonie de sons et de senteurs qui envahissent l’espace doté d’une lumière apaisante. Une ancienne serre est laissée en jachère pour le plus grand bonheur de plantes qui y trouvent un refuge idéal. Un petit passage sous les frondaisons, un pont de bois étroit pour traverser le ruisseau et nous voilà visiteurs de ce lieu où se côtoient plus de 80 espèces d’arbres et de buissons.
Vous ne verrez jamais personne apporter autant de soins à ses plants de tomates que Paul. Il est connu dans toute la région pour ses techniques traditionnelles, sa démarche écologique vers une agriculture durable et raisonnée en toute autonomie. Sa production reste à l’échelle de ce qu’il est capable d’apporter à ses cultures et il ne recherche que l’équilibre. Après une « douche » quotidienne à l’arrosoir, pour bien veiller sur chaque plant, il les inspecte feuille à feuille et retire les escargots intrépides un à un. Aucun produit chimique n’est employé et Paul ne compte que sur les végétaux pour repousser les maladies et les parasites.
Tandis que les champs aux alentours sont tapissés de coquelicots, les serres de Paul s’entourent délicieusement de pavots de Californie. « Des graines sont restées dans la cuisine pendant des mois, et puis un jour, je les ai lancées par là, et voilà ! », nous raconte Paul. Dotées de vertus sédatives une fois concoctées en tisane, elles assurent des nuits tranquilles et soulagent du stress. Paul en aurait bien besoin en cette saison, lui qui est si anxieux à l’idée que ses plants grandissent trop vite !
Ici, la nature est maîtresse des lieux. Paul veille quotidiennement sur ses plantes et redessine le paysage avec des essences en tout genre. Il s’est donné comme mission de replanter des arbres et des buissons en favorisant la diversité. Il tient particulièrement à ses haies pour les avoir sélectionnées une à une depuis vingt ans. Autrefois plantées pour délimiter les parcelles cultivées, les haies dessinaient le bocage français. Ainsi, le paysage autour du territoire de Paul bénéficie d’ombre, de protection pour les sols tout en servant de « brise-vent » à la végétation. Les arbres et arbustes fournissent du bois et des fruits, tandis que les buissons apportent une vraie diversité d’essences pour les abeilles.
C’est dans cette serre à semis que tout commence. Là, Paul sème les graines de dizaines de variétés issues du monde entier. Certaines sont plus répandues comme la Marmande, la Cœur de bœuf ou la Merveille des marchés, mais d’autres plus surprenantes afficheront des noms et des couleurs incroyables comme la Jupiter, l’Ananas, la Rose de Berne, ou les Nuits australes.
Au début, Paul a commencé par des variétés classiques, faciles à semer. Puis, suite à une rencontre décisive avec un « collectionneur » de tomates et de courges anciennes, il s’est rapproché de l’association Fruits oubliés à Saint-Jean-du-Gard. Là, il a découvert des petits trésors comme la Cornue des Andes. Peu à peu, il complète son panel de tomates issues d’origines et de cultures différentes. « Ce qui m’intéresse, c’est la diversité, les couleurs, les formes, les goûts. Mais pas la diversité pour la diversité, ce qui importe avant tout et justifie toutes mes actions, c’est l’agriculture durable », nous dit-il. « Je n’agis jamais au hasard et sans réflexion par rapport à l’environnement, pour nous, mais aussi pour les générations futures. » Aujourd’hui, il cultive plus d’une trentaine de variétés de tomates.
Afin de renouveler son stock, Paul récupère les graines des poivrons et des aubergines. Pour les tomates, il extrait le jus chargé de graines qu’il fait fermenter. Au bout de deux ou trois jours, les graines viables coulent au fond du jus. Il les lave sous un filet d’eau claire, les passe au tamis et les laisse sécher encore deux ou trois jours. Placées dans une boîte hermétique, il les conserve en sécurité de nombreuses années. Tous les ans, il renouvelle sept variétés de tomates différentes qu’il gardera pendant 5 ans. Des tests de germination lui assurent la qualité des graines qui se gardent très bien entre 7 et 8 ans.
Paul confectionne un « bac à couche chaude » selon une méthode ancestrale. Du fumier de cheval est arrosé couche par couche, tassé et recouvert d’un terreau confectionné par ses soins. Ce système de « chauffage naturel par biomasse » garantit la pousse des semis en 48 heures. « Il faut bien les surveiller car si ça chauffe trop, ils sortent trop vite. Un chauffage de ce type assure une température constante entre 35 et 40°, ce qui au mois de mars est une aubaine car les nuits sont fraîches », nous explique-t-il.
Rapidement, les cotylédons percent la terre et grandissent en deux ou trois jours. Dès l’apparition des toutes premières feuilles débute le repiquage en mini-motte. Une organisation stricte est mise en place avec Christina afin d’agir au plus vite. « On récupère une petite partie de terre ainsi que la racine fragile du plant. Comme nous sommes en production raisonnée, nous ne repiquons à nous deux que 4 000 pieds de tomates pour l’année. Mais quel stress ! », nous avoue-t-il.
Au bout de 10 ou 15 jours, à force de vigilance et de soin, il est temps de changer de serre. « Nous repiquons chaque mini-motte en godet avec du terreau “fait maison” », nous raconte Paul. « Les pieds grandissent alors très vite, c’est une période délicate. Selon l’ensoleillement, la chaleur et la variété surviennent les complications. Certaines s’étiolent rapidement et poussent en hauteur. Elles deviennent compliquées à arroser et se font de l’ombre entre elles. Elles sont moins fragiles, mais il faut continuer à y faire attention. »
Le terreau employé par Paul pour sa production maraîchère est « fait maison », composé sur place. « C’est ça aussi, le durable, c’est bien plus que du bio. Je n’achète pas le terreau ailleurs, il vient directement de ma production et de la fermentation des matières organiques issues du terrain. Je récupère le vieux compost du jardin, les restes de la couche chaude restée au pied du tilleul, du fumier décomposé et du sable des Cévennes récupéré dans le Vidourle. Nous sommes en pays calcaire et le sable apporte la silice au mélange. Le drainage est essentiel et la silice assure une protection idéale contre les maladies tout en rigidifiant les tissus », nous rappelle Paul.
De l’autre côté du terrain, la bourrache prend ses aises. Paul la laisse envahir la serre et les champs sans aucune crainte. D’abord parce qu’elle lui rend de fiers services. Elle se resseme naturellement et assure d’année en année la pollinisation de nombreux insectes et papillons. Elle éloigne également les limaces et attire les essaims d’abeilles. Cette belle plante aux fleurs bleues étoilées se mange aussi en condiment. Paul nous l’a même fait goûter et prétend qu’elle a « un délicieux goût d’huître » !
Cette image est très caractéristique de la démarche de Paul en termes de cohérence dans la relation qu’entretiennent les végétaux entre eux, et de leur influence respective sur la faune. Cette « superposition » végétale est en réalité très astucieuse. Les fraisiers plantés là sous la protection de la bourrache bénéficient d’une saveur plus intense à leur contact. Elle leur apporte une protection contre la violence du plein soleil et du vent, alors que les fraisiers tapissent en toute liberté le sol, laissant apparaître des fruits rouges. Les abeilles virevoltent entre les fleurs du seringat, de la bourrache et des fraisiers, avant-goût de miel au parfum délicat.
Il est vrai que les abeilles butinent en permanence de fleur en fleur, gourmandes et travailleuses incessantes. La diversité des plantations, arbustes à fleurs, plantes sauvages et acacias leur procure un milieu favorable qu’elles fréquentent et reconnaissent depuis des années. Des essaims entiers viennent s’y installer. Une colonie vient d’arriver sur une ruche anciennement habitée. « Ce sont des pillardes, celles-là, elles ne viennent pas pour butiner les fleurs, elles mangent directement le miel dans la ruche abandonnée. D’ailleurs ne vous approchez pas de celles-ci », nous prévient Paul.
Depuis vingt ans, Paul plante des essences d’autrefois, des arbres disparus, des espèces devenues rares. Il offre ainsi ce paradis aux abeilles et aux oiseaux. Une ruche perchée dans le tronc d’un févier d’Amérique est dissimulée au milieu du jardin d’acacias, derrière les ruches traditionnelles posées dans les herbes hautes. Le délicieux miel sera récolté à la fin de l’été.
Dès que l’on arrive sur les lieux, c’est le parfum envoûtant du seringat qui envahit l’air et nous invite à la rêverie. Ces arbustes aux fleurs blanches tapissent l’allée d’une paroi odorante tout en offrant un havre de paix aux abeilles. « Il pleut toujours sur ces fleurs ! Je ne le croyais pas quand un ami me l’a fait remarquer. Et une année de sécheresse en 2006, après un hiver pauvre en eau, un printemps aussi aride, la seule pluie abondante qu’a connue cette année a correspondu exactement avec la floraison du seringat. Il était étrangement en retard cette année-là. C’est comme s’il avait attendu la pluie pour fleurir ! », nous raconte Paul, tout ému.
Au milieu de la bourrache sauvage, des kiwis s’accrochent au bambou de la serre laissée libre cette année. Paul donne à la nature toutes ses chances de fournir de l’aide aux végétaux qu’il accueille tous les ans sur son territoire. « D’année en année, tout est différent. Certaines plantes prennent le dessus, génèrent des toxines et s’autorégulent. Jamais elles n’envahiront le terrain. Elles s’organisent naturellement entre elles, aucun danger. Et d’ailleurs c’est une belle leçon pour les hommes ! », nous livre-t-il en émerveillement permanent.
Entouré de vergers, le terrain planté d’arbres protège les vignes parsemées de fleurs sauvages. « Vous reconnaissez mes vignes quand vous arrivez dans le coin. Les miennes ne sont pas désherbées aux produits chimiques. » Et effet, au printemps, elles affichent des tapis de fleurs blanches, jaunes, aux abords de champs entiers remplis de coquelicots.
Les arbres croulent sous les fruits encore verts. Les abricots et les pêches du verger sont entourés de haies qui font la fierté de Paul. Utiles dans la biodynamique du lieu, les arbres favorisent l’ombre sous ce climat sec et venteux du sud de la France.
Mais depuis tout ce temps, le cerisier commence à faire de l’ombre sur la serre, au grand dam de Paul qui ne parvient pas à se résoudre à le couper. Il pratique néanmoins quelques tailles claires juste avant que les tomates ne trouvent abri dans la grande serre pour ne pas les priver de soleil.
Mais depuis tout ce temps, le cerisier commence à faire de l’ombre sur la serre, au grand dam de Paul qui ne parvient pas à se résoudre à le couper. Il pratique néanmoins quelques tailles claires juste avant que les tomates ne trouvent abri dans la grande serre pour ne pas les priver de soleil.
Lorsque vous venez pour acheter des pieds de tomates chez Paul, vous avez l’impression d’adopter des enfants. Il vous explique pendant des heures comment les planter dans les meilleures conditions, et surtout, il vous conseille de ne les planter que lorsque les conditions sont favorables. Il les amène lui-même dans votre coffre avant de les placer avec précaution dans une petite barquette ou une cagette, et les dispose bien à côté les uns des autres pour qu’ils voyagent sans se bousculer ou se casser. « Nous ne faisons que quatre ou cinq marchés pour les tomates. Certains clients sont pressés de les planter au début du printemps, mais c’est trop tôt car la terre est froide. Rien ne presse… Même plantés en juin, les pieds démarrent tout de suite et rattrapent les autres ! »
Merci Paul, nous allons en prendre soin, et surtout nous régaler !
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photos organisés par Houzz dans les intérieurs de houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fiers de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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Merci Paul, nous allons en prendre soin, et surtout nous régaler !
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