Un après-midi chez Caroline, créatrice du site The Yoginist
Sur une toile blanche, la jeune femme décrit ses passions pour le voyage, la déco et le yoga
Caroline n’a que trente ans mais la maturité et l’épanouissement d’une femme qui a déjà fait un bon bout de chemin. Son papa, professeur, et sa maman, directrice de communication dans une agence de voyages, l’ont initiée dès son plus jeune âge à la découverte, la curiosité, l’ailleurs. Baroudant dès l’enfance de l’Indonésie à Hong Kong, des Seychelles à la Thaïlande, elle s’imprègne d’autres cultures, comprend la nécessité de parler anglais et a du mal à tenir en place. Après son master dans le domaine du développement durable appliqué à l’entreprise (RSE) à Paris puis Shanghaï, elle retourne en France pour un stage au ministère de l’Environnement, repart en Chine apprendre six mois le mandarin, puis revient dans l’Hexagone pour un second master dans le développement durable appliqué aux États (politiques publiques) avant de s’expatrier un an à Londres. Elle compte à peine 25 printemps quand on lui propose son premier poste à Shanghaï, dans une entreprise chinoise de production de ciment. Avec l’enthousiasme propre à un premier poste, elle devient chef de projet, en charge du process de dépollution. Mais au bout de deux ans, la banlieue shanghaïenne, la solitude d’être la seule européenne dans la firme, le rythme de travail intense et les repas à base de pattes et de poulet dans une cantine en sous-sol ont raison de son bel optimisme. C’est dans ce contexte que Caroline découvre le yoga, grâce à une amie californienne qui l’entraîne se changer les idées en suivant des cours en ville. Et la jeune femme devient vite accro : « Je vivais des choses très difficiles à l’époque et je ne m’écoutais pas. J’ai passé une fin de contrat maltraitée, mon copain de l’époque m’a quittée avec pertes et fracas et ma grand-mère, ma seconde maman, est morte sans que j’aie pu la revoir… Le yoga m’a donné les clés pour faire attention à ces signes, apprendre à les écouter et à les interpréter. Cela m’a permis de faire les bons choix. » Caroline décryptant ses essentiels, fuit les soirées faciles et la nuit trépidante de Shanghaï, qui lui ont un temps servi de refuge, et fait ses valises pour se rapprocher des siens. Aujourd’hui, les turbulences sont loin. Forte des épreuves traversées avec succès et désormais à la tête d’un florissant cours de yoga, celle qui s’est baptisée sur la toile The Yoginist nous a ouvert les portes de son cocon parisien. Bouffées de bonnes ondes garanties !
Coup d’œil
Qui vit ici : Caroline, 30 ans, professeure de yoga, et sa petite chienne Sasha, 5 ans
Emplacement : Invalides, Paris VIIᵉ
Superficie : 45 m²
Crédit photos : Jours & Nuits © 2018 Houzz
Coup d’œil
Qui vit ici : Caroline, 30 ans, professeure de yoga, et sa petite chienne Sasha, 5 ans
Emplacement : Invalides, Paris VIIᵉ
Superficie : 45 m²
Crédit photos : Jours & Nuits © 2018 Houzz
Aujourd’hui, Caroline a refermé la porte sur ses angoisses. Professeure de yoga depuis deux ans, elle nous accueille chez elle avec un sourire franc et spontané, annonciateur de l’après-midi chaleureux et sans faux-semblants que nous allons passer. À ses pieds, Sasha, la petite chienne de 5 ans qu’elle a recueillie dans la rue à Shanghaï, est son amie inséparable. Il faut dire qu’elle a joué un rôle non négligeable dans le destin de sa propriétaire.
« Quand j’ai décidé de quitter la Chine, Sasha a dû rester en quarantaine un mois avant de prendre l’avion. Je me suis retrouvée bloquée et, comme je ne voulais pas rentrer à Paris puis revenir la chercher, je me suis inscrite à une formation sur un mois de professeure de yoga à Bali. J’ai suivi ces cours en pensant simplement approfondir ma pratique, mais de retour en France, cette formation a pris une tout autre dimension. »
Lorsque Caroline rentre à Paris, elle prend ses quartiers chez son père, qui habite le VIIᵉ arrondissement, le temps de se retourner. À cette époque, elle poursuit le yoga assidûment en tant qu’élève, explorant divers cours de la capitale : « Il est essentiel de toujours se former », estime-t-elle.
Une fois de plus, le yoga l’aide dans son introspection car, à cette époque, Caroline hésite encore beaucoup sur son avenir. Elle pense même un temps faire une nouvelle formation dans un autre secteur qui la passionne : « Je suis une folle de déco depuis toujours. Quand j’étais gamine, je rangeais et réagençais les chambres de mes copines et leurs mamans m’adoraient. Quand j’ai quitté mon travail à Shanghaï, j’ai d’ailleurs passé six mois à redécorer des locations Airbnb pour gagner ma vie. »
Une fois de plus, le yoga l’aide dans son introspection car, à cette époque, Caroline hésite encore beaucoup sur son avenir. Elle pense même un temps faire une nouvelle formation dans un autre secteur qui la passionne : « Je suis une folle de déco depuis toujours. Quand j’étais gamine, je rangeais et réagençais les chambres de mes copines et leurs mamans m’adoraient. Quand j’ai quitté mon travail à Shanghaï, j’ai d’ailleurs passé six mois à redécorer des locations Airbnb pour gagner ma vie. »
En fin de compte, au bout de quelques mois chez papa et au fil de ses méditations, Caroline trouve sa voie : elle reprend contact via Internet avec ses anciens copains de collège et de lycée, leur annonce qu’elle donne des cours de yoga. Un petit groupe se forme, puis par bouche à oreille affluent les amis d’amis : le cours de Caroline est lancé suivi de son site internet, The Yoginist.
C’est à ce moment qu’elle décide de voler de ses propres ailes et de chercher son appartement. Mais sans feuilles de salaire et avec la seule caution de son père, les possibilités sont limitées.
« La seule offre décente que l’on m’ait faite a été ce trois-pièces. J’ai eu une chance folle, car en plus d’être près de chez mon père, il était très lumineux, ce qui est prioritaire pour moi, et il dégageait une belle énergie. Je l’ai retenu tout de suite », explique-t-elle.
Elle a particulièrement craqué sur sa situation, au cinquième étage sur cour, sans autre vis-à-vis qu’une église et un jardin, sur son parquet blanc et ses volumes qui lui permettaient d’avoir de la place pour sa pratique quotidienne. Elle a en effet aménagé le double séjour de sorte à pouvoir pousser la table à manger et se dégager de la place pour installer son tapis de yoga et s’adonner à la séance avec laquelle débute sa journée.
« Le yoga n’est pas une quête de performances, ce n’est pas aller plus loin mais mieux se pousser », nous explique-t-elle alors qu’elle met en place son tapis. « Pas un tapis de gym classique, mais en caoutchouc adhérent, exprès pour le yoga. »
Caroline commence son échauffement avec cette posture dite du « chien tête en bas ». « Les āsanas, c’est-à-dire les postures constituées par un ensemble de flexions et d’étirements, constituent la partie visible du yoga, mais ce ne sont pas quelques postures réussies qui font de toi un yogi. Outre les āsanas, le yoga enseigne des yamas, des principes de vie avec les autres, et les niyamas, avec soi-même, que l’on essaie de mettre en œuvre au quotidien et qui transforment petit à petit notre vie. Le yoga est avant tout une philosophie », nous explique-t-elle.
Caroline attaque sa séquence avec la posture dite du « guerrier 1 ». « On commence par placer “une intention”, on se dit à soi-même pourquoi on est là : parfois seulement pour bouger, d’autre fois pour se découvrir… L’important est de s’écouter et de s’ouvrir à soi-même, chacun à son rythme. Dans mes cours, j’ai choisi de pratiquer le vinyasa, un yoga très libre dans sa forme d’expression. C’est un yoga dynamique qui allie force et flexibilité, dans le respect de sa respiration. Il existe d’autres formes de yoga, comme l’hatha yoga, le plus classique, ou l’ashtanga, dont les séquences enchaînant les āsanas et le nombre de respirations à tenir sont beaucoup plus codées. »
Caroline finit sa séquence avec un « chien à trois pattes » et, devant notre mine déconfite, nous fait rire en citant d’autres noms d’āsanas inspirés par la nature : « La vache, le pigeon, le lézard, le corbeau, le chameau… »
Et de s’étirer avec cette posture du « pigeon » peu académique, les yeux dans les yeux avec sa petite chienne. « J’ai souvent fini mes séances en pleurs à Shanghaï, car je donnais tout et je commençais à m’écouter. Quitter le monde des paillettes, faire face à soi-même en écoutant les signes physiques en soi et ses propres émotions est un long processus auquel le yoga m’a donné accès. »
Après cette mise en jambes, Caroline est d’attaque pour nous faire faire la visite de son chez-elle, caractérisé par une ambiance douce, une décoration minimaliste, beaucoup de lumière et quelques touches de nature. Trouve-t-elle qu’il la reflète ? « J’aime décorer un appartement comme une feuille blanche et ajouter plein d’éléments qui rappellent mes voyages et mon histoire », insiste-t-elle. Le tapis a par exemple été ramené d’un voyage de Caroline à Marrakech, le tabouret d’une visite au Bénin, la statuette bleue placée dans la cheminée d’Afrique du Sud…
Mais c’est l’Asie, le continent de cœur de Caroline, qui imprègne le plus ses goûts et ses choix portés sur le blanc et le noir, comme le yin et le yang, et sur une déco fonctionnelle et épurée : « Je vis simplement et j’adore me débarrasser des choses », affirme-t-elle, à rebours de nos habitudes occidentales de surconsommation. Dans le coffre de l’entrée, que Caroline a récupéré à Tours chez sa grand-mère adorée, la jeune femme rangeait sa profusion de sacs avant de partir en Asie. À présent, elle n’en a plus qu’un et convient que la Chine et le yoga l’ont changée durablement.
Sur la cheminée, une petite accumulation d’objets chers à son cœur la ramène à ses voyages et sa pratique : « Ce bouddha vient de Bali et il porte au cou des malas, des colliers de prière. Je l’ai ramené d’Ubud, là où j’ai fait ma formation de yogi, mais des années avant. Cela devait être un signe. Je ne suis pas bouddhiste et j’aime d’ailleurs m’affranchir de tous les codes et des étiquettes, mais je l’ai acheté car ma mère en avait rapporté un à mon père il y a très longtemps, que j’aimais beaucoup et qui ressemblait à celui-ci. Les mains sont des “mudras” que j’ai ramenées de Thaïlande bien avant de pratiquer. C’était sûrement un autre signe… J’ai également un bol tibétain de méditation offert par mon père. Quant à l’eucalyptus, j’adore ça, et même séché, il sent bon. »
Cette commode années 60 a été récupérée par Caroline dans la rue : « Ma mère qui vit en Touraine est venue pour Noël et nous l’avons retapée ensemble. Elle a toujours été très manuelle et c’est grâce à elle que je suis devenue bricoleuse. La commode avait un bois orange tout usé. Nous l’avons entièrement replaquée en bois au fer. Nous avons passé de bons moments à partager ça ensemble, car nous adorons toutes les deux redonner vie à d’anciens objets. »
Le canapé et le siège blanc sont quelques rares achats faits par Caroline lorsqu’elle est arrivée dans son appartement. « C’était tellement vide ! Ce canapé est la meilleure affaire que j’ai faite, acheté 400 euros sur Le Bon Coin. »
Canapé et siège blanc : Lafuma
Canapé et siège blanc : Lafuma
Près du canapé, un vidéoprojecteur trône sur une étagère : « Je déteste l’objet télévision. Avec un vidéoprojecteur, j’ai l’impression de consommer malin. J’adore me mettre dans une atmosphère cosy et me faire des séances ciné sur mes grands murs blancs. »
Caroline a également ramené quelques objets de sa vie à Shanghaï : un banc qui sert d’assise à la table à manger et cet élément de porte ajouré qu’elle a transformé en miroir. « Ces objets proviennent d’une espèce de grotte d’Ali Baba à la sortie de Shanghaï, un entrepôt chinois où l’on achetait des antiquités pour une bouchée de pain. J’ai dû payer le banc 10 euros. »
Les toiles proviennent quant à elles d’un carton de peintures mis à la poubelle : « C’était dans la même rue que celle où j’ai trouvé la commode et que j’ai rebaptisée depuis la Rue des Trésors. J’ai aimé les décors de mer, montagne et cascade. Je les ai fait encadrer, mais comme je suis locataire, je n’ai pas voulu les accrocher, pour ne pas abîmer les murs. »
Les toiles proviennent quant à elles d’un carton de peintures mis à la poubelle : « C’était dans la même rue que celle où j’ai trouvé la commode et que j’ai rebaptisée depuis la Rue des Trésors. J’ai aimé les décors de mer, montagne et cascade. Je les ai fait encadrer, mais comme je suis locataire, je n’ai pas voulu les accrocher, pour ne pas abîmer les murs. »
La cuisine de Caroline n’est pas bien grande, mais lui sert beaucoup car elle adore cuisiner. Elle a d’ailleurs tenu à avoir une rubrique de recettes sur son site Internet. Son accessoire favori : son extracteur de jus.
Extracteur de jus : Juicepresso, de Jupiter
Extracteur de jus : Juicepresso, de Jupiter
Le yoga ne commande pas de changer d’alimentation, mais Caroline, à force de pratique, tend à devenir végétarienne : « C’est une conscience globale qui est venue de moi-même. La raison est environnementale, mais essentiellement d’ordre éthique. Je n’ai plus envie de manger un animal mort, tué sans commisération. Aussi petit soit l’effort, faisons-le, me dis-je souvent ». La jeune femme n’adhère pas pour autant au strict contrôle alimentaire, quitte à se délecter d’une mangue importée. « Le plaisir des papilles reste le plus important », assure-t-elle.
La chambre de la demoiselle, toute en nuances douces, est aussi épurée que le reste de l’appartement. Deux notes vertes tranchent sur le cadre blanc et rose, la monstera posée au sol et « une lampe chinoise de banque, témoin de l’art colonial shanghaïen ». Au-dessus du poêle prussien, deux photos de sa chère grand-mère et de son papa.
Côté tête de lit, Caroline a suspendu une autre photo : « C’est un cliché retouché que j’ai acheté à Shanghaï et qui reflète ce qu’il se passe là-bas en ce moment : un vieux monsieur fume une cigarette sur un canapé posé au milieu d’un champ de ruines. »
Côté tête de lit, Caroline a suspendu une autre photo : « C’est un cliché retouché que j’ai acheté à Shanghaï et qui reflète ce qu’il se passe là-bas en ce moment : un vieux monsieur fume une cigarette sur un canapé posé au milieu d’un champ de ruines. »
Sur la table de nuit de Caroline figurent quelques objets qu’elle aime bien : un pied de lampe de chez sa grand-mère qu’elle a équipé d’un abat-jour origami, une méduse dans une boule de verre achetée en Chine qui devient fluo la nuit et une petite boîte noire : « C’est une bougie Mama Moon, appréciée des yogis. Ce sont des mélanges qui favorisent la spiritualité et les invocations. Celle-ci s’appelle Love Manifestation. » Est-ce que ça a marché ? « Oui, j’ai trouvé l’amour », nous avoue-t-elle à brûle-pourpoint, « un prof de sport que j’ai mis au yoga. Nous avons une approche du corps très différente, c’est très enrichissant. »
Et si on lui demande quels sont ses autres rêves, elle affirme que le plus puissant d’entre eux serait de créer un lieu où elle puisse réunir ses trois passions, pour l’étranger, le yoga et la déco. « Je le décorerais à mon image, je pourrais y recevoir mes amis et y donner mes cours de yoga. Ce serait un lieu convivial, de bien-être et d’apprentissage du mieux-être. »
Abat-jour origami : Habitat
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet appartement ?
Et si on lui demande quels sont ses autres rêves, elle affirme que le plus puissant d’entre eux serait de créer un lieu où elle puisse réunir ses trois passions, pour l’étranger, le yoga et la déco. « Je le décorerais à mon image, je pourrais y recevoir mes amis et y donner mes cours de yoga. Ce serait un lieu convivial, de bien-être et d’apprentissage du mieux-être. »
Abat-jour origami : Habitat
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet appartement ?