Visite Privée : Un petit écrin grand luxe dans le Marais
Comment métamorphoser un 32 m² délabré en bijou d'esthétique et de technique ? Réponse avec cette pépite signée Manuel Sequeira
Comme on avait déjà pu le remarquer avec l’appartement qu’il avait imaginé pour un auteur dramatique, Manuel Sequeira aime relever les défis, notamment en donnant un cachet fou à de petits appartements qu’il révèle et sublime. Idéalement lové rue du Roi-de-Sicile, au quatrième étage d’un ancien immeuble d’ouvrier, ce petit appartement était dans un état lamentable. « C’était un taudis dans lequel il y avait réellement tout à faire ! Le client – qui voulait un pied-à-terre à Paris où il se rend à peu près deux fois par an – avait acquis cet appartement depuis six mois quand il a fait appel à moi. Les lieux n’avaient pas du tout été investis, puisque le client n’y avait dormi que sur un matelas gonflable ! », explique l’architecte. Parti sur un premier projet très simple, Manuel Sequeira a pu le faire évoluer et monter en gamme en épousant les désirs de son client, au fil des mois d’étude qui ont précédé la validation du projet. « Au final, c’est un appartement très luxueux, entièrement équipé en domotique, où presque tout a été fait sur mesure. »
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple qui vit à Berlin mais souhaitait un pied-à-terre parisien
Emplacement : rue du Roi-de-Sicile, dans le 4e arrondissement de Paris
Date : Le projet a été livré en 2010.
Superficie : 32 m²
Architecte : Manuel Sequeira
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple qui vit à Berlin mais souhaitait un pied-à-terre parisien
Emplacement : rue du Roi-de-Sicile, dans le 4e arrondissement de Paris
Date : Le projet a été livré en 2010.
Superficie : 32 m²
Architecte : Manuel Sequeira
Dessinés par Manuel Sequeira, les meubles du séjour ont tous été réalisés sur mesure à Porto par la société portugaise Magnacasa.
« La table de la cuisine est pour deux personnes, mais peut se déplier pour en accueillir jusqu’à huit », précise Manuel Sequeira.
Arborant un design simple mais efficace, cette table se compose d’un plateau en bois laqué blanc, reposant sur quatre pieds en métal chromé.
Arborant un design simple mais efficace, cette table se compose d’un plateau en bois laqué blanc, reposant sur quatre pieds en métal chromé.
Les quatre chaises positionnées autour de la table lui sont assorties, tout comme la table basse du salon. « S’agissant des chaises, deux d’entre elles sont équipées d’une assise rembourrée, matelassée et amovible. Car le client souhaitait que ses chaises ne soient pas parfaitement identiques. » Quant à la table basse, elle reprend la structure de la table à manger, tout en se caractérisant pas son étroitesse, son épaisseur et le positionnement d’un plateau en verre sur la surface en bois laqué.
« J’ai entièrement dessiné le meuble de la cuisine, qui a également été confectionné par Magnacasa. » Ce meuble structurant est comme le point de départ, la colonne vertébrale de cet appartement. L’architecte l’a en effet imaginé à la manière d’une arche blanche, à laquelle d’autres meubles de l’appartement font écho, comme la cheminée et le dressing de la chambre à coucher.
Les façades sont en medium laqué mat, alternativement blanc et noir. Le plan de travail est en granit noir du Zimbabwe. « Le fait de passer en noir mat permettait de donner plus de profondeur à l’ensemble, de faire disparaître la cuisine. » Et d’augmenter l’impression d’être dans un salon, plus que dans une cuisine. Quant à la crédence, elle a été réalisée avec du Planilaque. « C’est un plateau de verre opaque, dont la face arrière a été laquée en rouge sang. »
L’évier, qui provient de chez Franke, est une cuve en Inox. Le robinet est signé Blanco. En métal chromé, il rappelle les piétements tubulaires des différents meubles de la salle à manger et du salon.
Pour bénéficier d’un éclairage optimal au niveau du plan de travail, mais encore pour révéler la crédence en Planilaque, des spots sont encastrés sous les meubles hauts noirs et blancs. « Ainsi illuminée, la crédence rouge prend toute son ampleur et permet de créer de très belles ambiances », raconte l’architecte.
Le client a choisi les suspensions qui habitent la pièce à vivre. Il s’agit de l’élégant modèle Chasen, imaginé par Patricia Urquiola pour Flos.
À gauche de la cuisine, on accède directement à la salle de bains par l’intermédiaire d’une porte coulissante. « La porte est semi-vitrée pour que la lumière naturelle puisse pénétrer dans la salle de bains. » Le bloc comprenant la chambre et la salle de bains est surélevé, à la fois pour des raisons techniques (le système d’évacuation est situé dessous) et esthétiques. Car Manuel Sequeira souhaitait différencier les espaces privés par rapport à la pièce à vivre.
Dans cette salle de bains de seulement 3,5 m², il fallait réussir à caser « une vasque simple mais longue, un ballon d’eau chaude caché dans un coffrage, des toilettes et une douche ». Très grand, le miroir simple qui trône au-dessus du meuble vasque a été fait sur mesure, en intégrant des luminaires à l’intérieur en haut et en bas.
« La vasque est en Corian blanc. La cuvette suspendue correspond à la version courte du modèle Subway de Villeroy & Boch et le déclencheur des toilettes, entièrement en métal chromé, est signé Hansgrohe. »
Sur le meuble vasque, le robinet cascade en métal chromé vient de chez Hansgrohe. « Il s’éclaire en fonction de la température de l’eau. En rouge quand l’eau est chaude ; en bleu lorsqu’elle est froide. »
« On a exploité la profondeur du coffrage – créé pour camoufler le ballon d’eau chaude –, pour aménager des niches de rangement, avec étagère en verre. »
« Très souvent, le client laisse sa porte ouverte pour pouvoir admirer cette rose depuis sa table à manger », nous glisse Manuel Sequeira.
La mosaïque utilisée dans la salle de bains vient de chez Bisazza. « C’est une marque espagnole, qui signe des mosaïques à motifs et travaille des tesselles précollées sur une trame. »
Comme tout est en domotique, les interrupteurs viennent de chez Bticino. Ils possèdent des cadrans à cristaux liquides pour contrôler le son, la vidéo, le chauffage et la luminosité. On peut aussi choisir entre différentes options d’ambiance, à programmer selon ses envies.
On retrouve évidemment le même type d’interrupteurs au salon.
Vue du tableau de bord qui commande les fonctionnalités des équipements en domotique de l’appartement. Ce qui peut être fait à distance, via Internet.
« Comme il n’y avait pas de cheminée au départ, on est parti sur un modèle à l’éthanol, qui ne nécessitait pas d’installations particulières. » La cheminée est habillée d’aluminium laqué blanc mat, rappelant élégamment l’arche blanche du meuble de cuisine.
« On a fixé un téléviseur au mur au-dessus de la cheminée. Il s’agit d’un modèle Sony avec entourage blanc, qui fonctionne en wi-fi afin de ne pas être gêné par des fils apparents. »
Le mur de la façade a été entièrement gratté pour faire apparaître les pierres. Mais il a ensuite été lissé et les joints ont été retravaillés, pour uniformiser l’ensemble et rester en phase avec le reste de l’appartement, épuré et ultra-léché.
Côté salon, le canapé et le pouf en cuir blanc ont également été faits sur mesure par Magnacasa. « Le canapé et le pouf sont des convertibles, deux places et une place. » Lesquels permettent donc d’accueillir sereinement jusqu’à trois personnes supplémentaires dans cet appartement de seulement 32 m². La cloison blanche à laquelle le canapé est adossé communique avec la chambre à coucher grâce à une grande ouverture vitrée. Tout en permettant de séparer les deux espaces.
Vue, donc, du salon depuis la chambre du couple.
« Les clients n’avaient pas besoin d’une grande chambre mais on l’a ouverte sur le salon parce qu’ils ne voulaient pas avoir le sentiment de dormir dans une boîte. » Le linge de lit, choisi par l’épouse du client, amène de la couleur dans cette chambre où le blanc domine.
La chambre à coucher ne fait donc que 6 m². À l’exception de la salle de bains, toutes les pièces sont rehaussées par le même revêtement au sol, en chêne traité, « vieilli avec un surfaçage travaillé pour avoir des aspérités ».
Pour que le mur libre de la chambre ne fasse pas massif, l’architecte a pris le parti de l’animer en y aménageant quelques niches et une bibliothèque de rangement.
Face au lit, il a encore conçu un dressing – avec façades en bois laquées blanches et brillantes – qui rappelle immédiatement le meuble de la cuisine. Notamment grâce à la présence d’une niche rouge en Planilaque, comme la crédence qui surplombe le plan de travail.
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Par ailleurs, c’est plutôt le blanc, naturellement lumineux, qui a la part belle dans ses projets en général et dans celui-ci en particulier. « Le blanc permet à l’architecture de s’effacer au bénéfice de notes de couleurs amenées par les clients, sur des œuvres d’art, du linge de lit, etc. »