Visite Privée : Une maison parisienne revue avec inventivité
Un concentré de technicité et de style pour une petite maison du XVIᵉ arrondissement rénovée de A à Z
Les enfants du couple ayant quitté le nid, ces parisiens quinquagénaires ont décidé de revendre leur vaste appartement familial afin de racheter un logement plus petit à Paris et une villégiature dans le bassin d’Arcachon. Dans une coquette impasse privée du XVIᵉ arrondissement aux allées fleuries, ils ont acquis une maison de 100 m² sur trois niveaux, avec un fort potentiel, mais dont le style et surtout la distribution ne leur convenaient pas. Avec ses airs de cour à l’anglaise, le rez-de-chaussée semi-enterré était aménagé en suite parentale. Au rez-de-jardin se situaient la pièce de vie et une cuisine sombres. Sous le toit, l’étage était scindé en deux chambrettes avec mezzanines qu’occupaient auparavant les enfants des anciens propriétaires. Les propriétaires avaient l’idée d’un programme différent : déplacer leur suite sous les toits, aménager l’étage inférieur pour leur grande fille qui avait encore un pied à la maison et enfin optimiser l’étage central en lui apportant du style et de la lumière. Contactés par le couple, les architectes d’intérieur Florian Bochard et Marie Adam ont pris plaisir à répondre à ce chantier d’ampleur en proposant, comme à leur habitude des solutions inédites qui ont emballé les propriétaires.
Coup d’œil
Qui habite ici : Un couple de quinquagénaires avec trois grands enfants
Superficie : 100 m²
Livraison : janvier 2018
Durée du chantier : 6 mois
Budget : 300 000 euros (dont travaux tout corps d’état 150 000 euros / menuiserie 66 000 euros dont 7 000 euros pour le plateau pivotant / escalier 26 000 euros / climatisation 4 000 euros / verrière salle de bains : 2200 euros / cuisine 30 000 euros / honoraires architectes 36 000 euros)
Architectes d’intérieur : Florian Bochard (Atelier FB) en collaboration avec Marie Adam (agence Mad)
Entreprise tout corps d’état : Gemin
Menuiserie : Ligna et Espri’ Dome
Crédit photos : Arnaud Rinuccini
Coup d’œil
Qui habite ici : Un couple de quinquagénaires avec trois grands enfants
Superficie : 100 m²
Livraison : janvier 2018
Durée du chantier : 6 mois
Budget : 300 000 euros (dont travaux tout corps d’état 150 000 euros / menuiserie 66 000 euros dont 7 000 euros pour le plateau pivotant / escalier 26 000 euros / climatisation 4 000 euros / verrière salle de bains : 2200 euros / cuisine 30 000 euros / honoraires architectes 36 000 euros)
Architectes d’intérieur : Florian Bochard (Atelier FB) en collaboration avec Marie Adam (agence Mad)
Entreprise tout corps d’état : Gemin
Menuiserie : Ligna et Espri’ Dome
Crédit photos : Arnaud Rinuccini
PLAN APRÈS TRAVAUX
Pour remédier à la sensation d’étouffement et à ses proportions dignes d’une « maison de poupées », l’architecte d’intérieur l’a remplacé par un escalier magistral, desservant la maison de haut en bas.
Pour remédier à la sensation d’étouffement et à ses proportions dignes d’une « maison de poupées », l’architecte d’intérieur l’a remplacé par un escalier magistral, desservant la maison de haut en bas.
Une transformation de l’épine dorsale de la maison que l’on saisit encore mieux à la vue de cette 3D.
Installé sur l’un des côtés de la bâtisse, cet escalier émanant de l’entreprise française Arredamenti, permet de gagner le premier étage par une volée de marches allégées de leurs contremarches et arrimées uniquement sur l’un des côtés du mur. Afin qu’il profite de la lumière naturelle, une verrière a été ajoutée à l’aplomb.
Florian Bochard a également proposé une autre solution des plus théâtrales : laisser apparaître l’escalier depuis la cuisine à travers une vitre qui sert de crédence !
Cette partie vitrée a également la vertu de faire gagner de la luminosité à la cuisine sombre à l’origine car elle récupère à présent la lumière zénithale du Velux.
L’étage de vie, comme les deux autres niveaux, n’excédait pas les 35 m² et, une fois la trémie de l’escalier élargie, il restait 32 m² à optimiser en cuisine et salon/salle à manger, ce qui était assez peu. La propriétaire désirait une grande cuisine et Jean-Christophe, un vrai salon confortable pour amateur chevronné d’écoute musicale. Où placer la salle à manger pour recevoir famille et amis sans que celle-ci ne compromette les autres espaces ?
« C’est la propriétaire qui a trouvé la solution. Elle est arrivée un jour avec une photo 3D d’un îlot à partir duquel un plateau pouvait pivoter à 45° et se transformer en table à manger. Au départ nous nous sommes moqués d’elle mais notre menuisier a réussi à donner corps au rendering et à fabriquer cet îlot très technique », raconte Florian Bochard.
Concrètement, la table de la salle à manger est constituée par un plateau en noyer enchâssé dans l’îlot de la cuisine recouvert de quartz Silestone blanc pur. « Le plateau ne dispose d’aucun pivot mais il est pincé très fortement entre des feutres. Deux personnes doivent le manipuler car il est bien serré afin de pouvoir tenir très solidement en porte-à-faux », détaille le professionnel.
Les marches de l’escalier en lévitation et cette table inédite, concourent à un minimalisme assumé qui laisse le beau jeu à la mise en scène. Pas un invité qui ne soit impressionné par ces effets de légèreté qui requièrent, de l’avis même de Florian Bochard, une maîtrise technique hors pair. Le budget menuiserie a été d’ailleurs très conséquent sur ce chantier.
Autre détail technique que l’architecte d’intérieur a pris plaisir à dessiner : cette cachette à couverts façonnée à même l’îlot et inspirée par les plumiers d’écolier.
« Elle est entièrement habillée de noyer et dispose de solides charnières et vérins pour supporter le poids du quartz du plan de travail dans lequel elle a été découpée », note le pro.
Florian Bochard a optimisé la cuisine avec deux autres réalisations qu’il a pensées comme autant de défis personnels : « le cabinet à alcools en noyer avec sa grille de laiton noirci et, en particulier, la cachette qui est nichée juste en dessous, un rangement pour le seau à champagne. Au départ, elle devait être réfrigérée mais nous avons eu trop de problèmes techniques pour équiper l’îlot d’un compresseur », explique-t-il.
Question mobilier, la propriétaire a pris le relais : « Ma cliente avait énormément de goût, c’est elle qui a dégoté les tabourets en noyer Norman Copenhagen, le fauteuil Le Corbusier, la table Cassina et les suspensions Petite Friture », lui rend hommage Florian.
Si Jean-Christophe a laissé sa femme gérer ce pan des travaux, il n’a pas perdu une miette de l’aménagement du salon. Esthète et mélomane, il désirait offrir un véritable écrin à son installation sonore de haute volée.
« Pour ne pas trop empiéter sur la pièce, nous avons conçu le mobilier sur mesure en médium recouvert de laque satinée. Jean-Christophe nous a demandé de dissimuler les câbles de son installation derrière ces caissons et c’est ce que nous avons fait en tout premier dans la pièce. Les câbles, dorés à l’or véritable, avaient été réalisés sur mesure avec de très grosses sections. C’était un sport de les placer sous goulottes et de les intégrer sous le doublage des murs », relate Florian Bochard.
L’intérieur de chaque caisson a été peint dans une couleur primaire pour faire un écho à Le Corbusier, grande figure de l’architecture appréciée du couple.
Peinture : Argile
Peinture : Argile
L’installation sonore de Jean-Christophe est dédiée exclusivement à l’écoute des vinyles. Il s’est offert du très haut de gamme à l’instar des enceintes Sophia de Wilson Audio, choisies en bleu Bugatti, de l’ampli à tubes de puissance Octave, ou de la platine Transrotor. Un boîtier noir placé sur l’un des cubes en laque assure l’alimentation en courant, un matériel utilisé par les puristes pour parer les microcoupures du réseau électrique et assurer au son un rendu hi-fi constant.
Les platines vinyles haut de gamme, reconnaissables à leurs plateaux très épais, cherchent à annuler les vibrations, qui sont l’ennemi premier de la lecture d’un disque. Matériau très dense, le médium qui a servi à créer la base du caisson sur lequel repose la platine, concourt également à la pureté du son en absorbant les vibrations.
Outre le travail sur la lumière naturelle dont a bénéficié ce logement, une étude a également été réalisée sur l’éclairage artificiel. L’escalier a été souligné d’un ruban LED tandis que le canapé s’est vu surplombé de ces deux appliques graciles et sculpturales, réalisées par l’un des maîtres contemporains de la mise en lumière : « Comptez 400 euros l’unité chez Catellani & Smith… »
Même les interrupteurs ont fait l’objet d’une grande attention : ils ont été choisis en noir chez 6ixtes, une marque française qui gagne à être connue.
Même les interrupteurs ont fait l’objet d’une grande attention : ils ont été choisis en noir chez 6ixtes, une marque française qui gagne à être connue.
L’étage avec ses deux chambrettes équipées de mezzanines a été entièrement nettoyé pour laisser libre court à la nouvelle suite parentale. La tête de lit est venue structurer le centre du plateau et servir de séparation avec la salle d’eau et le dressing.
En haut de l’escalier, nous distinguons la verrière qui a été installée pour offrir un puits de lumière bienvenu dont ont profité cet étage et, en dessous, la pièce de vie. « Nous avons eu un problème technique et avons carrément raté la levée de notre Velux. Il s’est trouvé décalé par rapport à ce que nous souhaitions et du coup ne tombait plus correctement au-dessus du dressing. Nous avons donc décidé d’y remédier artistiquement en coupant un pan du dressing », raconte Florian Bochard.
Au premier plan, ce pan coupé est donc le fruit du hasard mais c’est à ce genre d’erreur assumée et sublimée que l’on mesure la qualité des intervenants de ce chantier. La faille a été travaillée avec des joints creux et une finition bicolore, mi-medium peint mi-chêne de fil travaillé avec un frisage à 45°. Remarquez encore le parquet calepiné en biais, une astuce efficace lorsque l’on veut faire paraître l’espace plus grand.
« Le chêne de fil une essence dont on distingue particulièrement le veinage. Avec cette découpe en biais, l’ébéniste allemande de Ligna, a réalisé du travail d’orfèvre », note l’architecte d’intérieur.
Le dressing a été composé avec des caissons laqués et du placage de chêne. Pour l’éclairer, on note la présence de spots posés en appliques doublés par une suspension légère.
Suspension : Mini Austere chez Trizo 21
Suspension : Mini Austere chez Trizo 21
La tête de lit sert d’appui à deux vasques en Corian, l’une pour Monsieur, l’autre pour Madame. Au mur, une peinture tilleul a été retenue tandis qu’au sol de la douche, les propriétaires ont opté pour de la micromosaïque qui déborde et s’incruste dans le parquet comme pour marquer une transition douce des espaces.
Peinture vert tilleul : Farrow & Ball ; Vasques : Alape
Peinture vert tilleul : Farrow & Ball ; Vasques : Alape
L’intérieur de ces niches surplombant les vasques, façonnées dans l’arrière de la tête de lit, a été recouvert en partie d’un carrelage Mutina.
Le même carrelage pare le mur de la douche autour de la niche en Corian, pratique pour poser les produits de toilette.
Le chauffe-serviette électrique est le seul radiateur visible de la maison et encore ses quatre tubes de métal très minimalistes ne déparent-ils pas la pièce : « En effet, il n’y a pas de radiateurs car nous avons géré la problématique du chauffage au moyen de plinthes chauffantes électriques. Nous avons fait des tests de consommation par rapport à des radiateurs électriques performants et elles sont très efficaces sans générer de surconsommation », affirme le pro.
Plinthes chauffantes : Worldstyle
Plinthes chauffantes : Worldstyle
Côté chambre, le mobilier a lui aussi été réalisé en laque blanche et placage de chêne. On note en particulier le travail de frisage à 45° du bois sur l’élément de côté. « Cela fait beaucoup d’effet mais c’est une réalisation onéreuse car en ouvrageant ainsi le placage en biais, on en perd forcément une partie », explique Florian.
La tête de lit est animée par des niches soulignées par un éclairage LED. Elles ont été souhaitées par le propriétaire afin d’exposer sa collection de figurines : « Jean Christophe est fou de BD », nous glisse l’architecte d’intérieur.
De part et d’autre de la tête de lit, les mêmes suspensions légères que dans le dressing dialoguent avec une applique murale qui diffuse la lumière de façon graphique vers le haut et le bas.
Applique Ben chez Molto Luce ; Suspension Mini Austere chez Trizo 21
De part et d’autre de la tête de lit, les mêmes suspensions légères que dans le dressing dialoguent avec une applique murale qui diffuse la lumière de façon graphique vers le haut et le bas.
Applique Ben chez Molto Luce ; Suspension Mini Austere chez Trizo 21
Assurant le rôle de chevets, des tablettes amovibles intégrées à la tête de lit débordent de part et d’autre pour l’effet design.
Si les interrupteurs sont visibles, en revanche les prises ont été discrètement nichées dans un renfoncement.
Si les interrupteurs sont visibles, en revanche les prises ont été discrètement nichées dans un renfoncement.
Les curieux auront également remarqué une trappe noire en haut de la tête de lit : « Nous avons placé une clim réversible dans la menuiserie car les propriétaires avaient peur d’avoir très chaud en été sous le toit », explique Florian Bochard.
Quittons la suite parentale et reprenons l’escalier magistral aux marches de chêne clair. Nous descendons à l’étage le plus bas afin de découvrir l’espace réservée à Alix, la jeune fille du couple.
Nous remarquons que la dernière volée de marches a été équipée de contremarches.
Nous remarquons que la dernière volée de marches a été équipée de contremarches.
« En effet, pour optimiser l’aménagement de cette petite maison, nous avons conçu le dessous de l’escalier du niveau inférieur en espace technique : s’y logent lave-linge, sèche-linge et le ballon d’eau chaude », décrypte Florian Bochard.
Légèrement enterrée par rapport au niveau du jardin, un peu comme un basement à l’anglaise, la chambre de la jeune fille a sa sortie personnelle.
Pour éclairer la salle d’eau contiguë en lumière naturelle, la cloison intègre une grande verrière : « Nous n’avons pas misé sur le vitrage atelier vu et revu mais avons dessiné ses montants en métal laqué noir à partir d’un vrai dessin Art déco des années 20-30 », note Florian.
Dans la salle d’eau, le carrelage graphique du sol marque les esprits : un original mix de carreaux de différentes couleurs et formes — triangles, losanges et trapèze — à assembler pour créer ce motif particulier calepiné par l’architecte d’intérieur.
De même que les propriétaires ont choisi des interrupteurs noirs, ils ont opté pour une robinetterie contrastante. Suspendu, le plan vasque en Solid Surface apporte beaucoup de légèreté à l’ensemble.
Robinetterie : Christina de Ondyna ; Suspension en marbre : &Tradition ; Miroir lumineux antibuée, Idlight Edge et vasque en Solid Surface chez masalledebain.com
De même que les propriétaires ont choisi des interrupteurs noirs, ils ont opté pour une robinetterie contrastante. Suspendu, le plan vasque en Solid Surface apporte beaucoup de légèreté à l’ensemble.
Robinetterie : Christina de Ondyna ; Suspension en marbre : &Tradition ; Miroir lumineux antibuée, Idlight Edge et vasque en Solid Surface chez masalledebain.com
Les toilettes du bas ont été composées sur le même design. Elles servent également de toilettes invités car pour optimiser l’espace du niveau central, elles ont été déplacées ici.
Qu’a pensé Florian Bochard de ce projet ? « J’ai aimé relever les défis techniques et stylistiques présentés par cette petite maison et grâce au travail des propriétaires pour habiller ce chantier, nous sommes particulièrement fiers de son rendu », affirme-t-il.
À suivre : La semaine prochaine, nous vous présenterons la maison de vacances du couple dans le bassin d’Arcachon.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison ?
Visitez d’autres maisons contemporaines
Trouvez le bon pro pour votre projet
Qu’a pensé Florian Bochard de ce projet ? « J’ai aimé relever les défis techniques et stylistiques présentés par cette petite maison et grâce au travail des propriétaires pour habiller ce chantier, nous sommes particulièrement fiers de son rendu », affirme-t-il.
À suivre : La semaine prochaine, nous vous présenterons la maison de vacances du couple dans le bassin d’Arcachon.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison ?
Visitez d’autres maisons contemporaines
Trouvez le bon pro pour votre projet
Il est des rénovations qui font mouche et dont on se dit qu’elles vont sans doute en inspirer plus d’un. Celle-ci justement en fait partie, non par son style détonnant mais plutôt par l’originalité des solutions proposées et leur maîtrise technique.
La petite maison acquise par les propriétaires était distribuée par un escalier en colimaçon, étroit et complètement cloisonné, comme on le distingue en bas à gauche dans ce plan de l’existant.