Sa vocation, Alexandra Gorla la tient de son père, ancien dessinateur-projeteur dans l'architecture, reconverti dans l'hôtellerie où il rénovait des établissements. Baignée dans le dessin d'intérieur depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme décide néanmoins d'entamer une carrière de comédienne et metteure en scène, avant de dévier vers l'animation 3D au poste de productrice. « C'est à ce moment-là que j'ai découvert les logiciels 3D, dont je me servais aussi en parallèle pour rénover les appartements de mes proches. Tous me disaient que j'étais douée et que je devais en faire mon métier », se souvient Alexandra. À l'arrivée de son premier enfant, elle ressent le besoin de ralentir le rythme et de se concentrer sur une activité plus en lien avec ses passions. Elle suit donc des cours d'architecture intérieure à l'école Boulle et prend conscience de ses connaissances techniques, héritage paternel. Confortée dans sa nouvelle voie, elle se lance et crée sa propre société, baptisée dans un premier temps LD&CO (La Demoiselle et la Caisse à Outils), avant de devenir récemment Alexandra Gorla Architecture d'Intérieur.
Miser sur le numérique pour construire sa clientèle
Trouver ses premiers clients n'a pas été difficile pour Alexandra, qui a tout de suite misé sur le numérique. « Je n'avais pas un gros réseau, alors je me suis tout de suite inscrite sur Houzz et cela m'a apporté la majorité de ma clientèle. Le bouche-à-oreille a ensuite fait son travail. Aujourd’hui, 80 % de mes clients viennent de Houzz, des réseaux sociaux et de mon site Internet. Tout passe par le net », explique la professionnelle. Internet a pris une telle place dans le développement de son activité, qu'elle a même fermé ses locaux : « Je n'en voyais plus l'utilité car j'arrivais très bien à travailler à distance. J'ai aussi pas mal de e-projets. »
Proposer une prestation à la carte
« J'ai d'abord appelé ma société La Demoiselle et la Caisse à Outils car j'allais littéralement chez les gens avec ma caisse à outils et je refaisais une pièce dans la journée. Je trouvais que ce nom faisait aussi un peu film d'auteur, comme un hommage à mon expérience de metteure en scène », se remémore Alexandra. Au fil des ans, l'architecte d'intérieur a ainsi développé une large palette de prestations à la carte, allant du simple conseil déco au projet de rénovation clé en main. Elle confie toutefois désirer faire davantage de rénovations totales et moins de prestations simples de conseils, même si elle reste très attachée à cette pratique : « Avec les conseils déco, j'ai vraiment l'impression d'aider les clients qui n'ont pas un budget énorme et c'est très gratifiant. Malheureusement, ce n'est pas assez rentable. »
Tirer le positif de toute situation
Alexandra a su faire de son attitude positive une force pour sa réussite professionnelle. Avec ses clients et pour la gestion de ses projets évidemment, mais également lorsqu'elle traverse des périodes de ralentissement économique : « Quand c'est le cas, j'essaie de rester positive et d'utiliser mon temps pour faire des choses que je n'ai pas le temps de faire habituellement, comme des tâches administratives et du marketing. » La professionnelle vient d'ailleurs de changer le statut de son entreprise, passant d'autoentreprise à SARL pour mieux se protéger et gérer ses frais, mais elle a aussi entrepris la refonte de son identité visuelle. « J'ai changé le nom de ma société pour Alexandra Gorla Architecture d'intérieur, refait mon logo et mon site Internet. L'idée était vraiment de simplifier mon image pour aller à l'essentiel et de préparer la reprise. » Son nouveau logo mise ainsi sur des formes arrondies et une teinte terracotta, deux tendances déco dont on n'est pas près de se lasser, selon la professionnelle.
La confiance avant la technologie
Selon l'architecte d'intérieur, le secteur de l'aménagement est dirigé par deux mouvements contradictoires : « Influencés par l'Intelligence artificielle et les nouveaux outils technologiques, les clients s'attendent de plus en plus à être projetés dans le résultat final avec les rendus 3D photoréalistes ou les masques de réalité virtuelle. Personnellement, j'aime les outils simples et efficaces encore plus proches du crayon… et surtout rêver le projet avec mes clients, le retranscrire et lui donner forme, avant de le leur faire découvrir comme un cadeau au pied du sapin. »
L'architecte d'intérieur prévoit de s'y mettre pour répondre à la demande grandissante, mais reste prudente quant à l'usage de ces nouveaux outils. « L'essentiel est d'arriver à instaurer une relation de confiance et faire en sorte que les clients se projettent un minimum pour être satisfaits du résultat, mais tout en gardant la surprise de la découverte le jour de la levée des réserves. » La créativité et la personnalisation doivent également rester au cœur du métier d'architecte d'intérieur.
Ce qu'Alexandra préfère dans son métier, c'est la sensation de se sentir utile et d'aider les gens. « Je suis très heureuse de faire ce que je fais aujourd'hui, malgré un parcours alambiqué. La dimension humaine m'intéresse beaucoup et j'ai l'impression d'être utile, car j'apporte du bien-être aux clients. J'interviens vraiment au sein des foyers et j'aide les occupants à vivre mieux ensemble. C'est pour cette raison que je fais des projets très hétéroclites, avec beaucoup de couleurs et de matériaux différents, car cela aide à vivre ensemble malgré nos différences. »
