Escalier de la Semaine : Quand la forme transcende la fonction
Ce duplex parisien n'aurait guère été différent des autres si son escalier n'avait fait de lui une véritable attraction
Ce duplex de 66 m² aux cinquième et sixième étages disposait d’une très belle terrasse avec vue sur Saint-Sulpice, mais elle était accessible uniquement par l’une de ses deux chambres. Le propriétaire de l’appartement a donc contacté CAPO Architectes avec l’idée d’inverser le plan de l’appartement : il souhaitait déplacer sa pièce de vie au sixième étage afin qu’elle s’ouvre sur la terrasse. Dans le cadre de cette rénovation complète de l’appartement, les architectes de CAPO ont proposé à leur client un escalier sculptural, sorte de résille blanche aussi belle qu’utile. Cette structure, réalisée par la société française Kozac, « couturier de l’escalier », a su pleinement convaincre le propriétaire des lieux. Retour sur la genèse d’un escalier pas comme les autres.
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple sans enfant, locataires
Emplacement : rue Guisarde, Paris VIᵉ
Superficie : duplex de 66 m²
Date de la rénovation : 2015
Budget de l’escalier : 30 000 euros
Architectes : CAPO Architectes (Luce Pozzo di Borgo, Bastien Casasoprana, Jeremy Baglioni, Saem Chang)
Anecdote : CAPO architectes a fait chiffrer un premier devis pour cet escalier qui s’est monté à 150 000 euros, soit quasiment le budget complet de la rénovation du duplex. Les architectes ont ensuite pensé à la société Kozac, qu’ils avaient rencontrée quelque temps avant sur le salon Architect@work…
Photos : David Foessel
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple sans enfant, locataires
Emplacement : rue Guisarde, Paris VIᵉ
Superficie : duplex de 66 m²
Date de la rénovation : 2015
Budget de l’escalier : 30 000 euros
Architectes : CAPO Architectes (Luce Pozzo di Borgo, Bastien Casasoprana, Jeremy Baglioni, Saem Chang)
Anecdote : CAPO architectes a fait chiffrer un premier devis pour cet escalier qui s’est monté à 150 000 euros, soit quasiment le budget complet de la rénovation du duplex. Les architectes ont ensuite pensé à la société Kozac, qu’ils avaient rencontrée quelque temps avant sur le salon Architect@work…
Photos : David Foessel
L’appartement en duplex disposait déjà d’un escalier hélicoïdal, plutôt design d’ailleurs, avec ses marches en Inox rappelant des ailes d’avion. Mais le propriétaire, qui souhaitait louer les lieux, ne le trouvait ni pratique d’utilisation ni très sécuritaire, car il ne possédait pas de garde-corps. Il a donc demandé à CAPO Architectes de plancher sur un autre escalier dans le cadre de la rénovation complète de l’appartement.
Après avoir dessiné les plans de la redistribution du duplex, les architectes ont constaté qu’il restait une entrée plutôt vaste pour un « petit » appartement de 66 m². « Quand le moindre mètre carré compte, il est primordial d’optimiser au maximum l’espace. Nous nous sommes donc particulièrement attachés à la conception du nouvel escalier que nous avons abordé comme la pièce maîtresse de l’appartement et non comme un simple outil menant d’un étage à un autre », explique l’une des architectes de CAPO, Luce Pozzo di Borgo.
« Nous avons conçu une structure en métal que nous avons sculptée de manière à être à la fois un garde-corps, une bibliothèque sans pour autant altérer l’apport de lumière », poursuit-elle.
Désormais, la structure s’élance vers le ciel telle la colonne vertébrale de l’appartement. D’une trentaine de centimètres de large, elle atteint les 4,85 mètres à son niveau le plus haut.
Désormais, la structure s’élance vers le ciel telle la colonne vertébrale de l’appartement. D’une trentaine de centimètres de large, elle atteint les 4,85 mètres à son niveau le plus haut.
Très aérienne, elle est constituée par des montants en acier de 2,5 centimètres de côté au carré, agencés dans un jeu de pleins et de vides. « Nous n’avons pas rempli toutes les étagères mais seulement une sur trois ou quatre, afin qu’il soit impossible d’occulter complètement la structure. Nous voulions qu’elle demeure un vecteur de lumière du haut vers le bas », explique Luce.
« Du fait de la faible hauteur sous plafond, le travail sur les vues et sur la lumière nous semblait crucial, c’est pourquoi nous avons créé des ouvertures supplémentaires et un puits de lumière donnant sur l’escalier. Il était important d’avoir un maximum de luminosité pour ne pas se sentir écrasé, nous avons donc souhaité des tons neutres pour le choix des matériaux et du mobilier », détaille Luce.
Pour égayer néanmoins la montée d’escalier totalement épurée, l’architecte a choisi l’une des œuvres de sa sœur, Camille Pozzo di Borgo, étudiante aux Beaux-Arts. « Elle a réalisé cette gravure de tête de cerf en superposant des plaques de Plexiglas qu’elle grave à la pointe sèche puis qu’elle imprime. Le résultat est d’une grande finesse », explique Luce.
Pour égayer néanmoins la montée d’escalier totalement épurée, l’architecte a choisi l’une des œuvres de sa sœur, Camille Pozzo di Borgo, étudiante aux Beaux-Arts. « Elle a réalisé cette gravure de tête de cerf en superposant des plaques de Plexiglas qu’elle grave à la pointe sèche puis qu’elle imprime. Le résultat est d’une grande finesse », explique Luce.
Les architectes ont voulu également renforcer le côté théâtral de cette structure en dentelle par une mise en lumière zénithale. À cette fin, ils ont fait percer un puits de lumière de 120 x 120 centimètres dans le toit de l’immeuble. Il s’opère des jeux d’ombre intéressants quand les rayons du soleil traversent la résille à différentes heures de la journée.
Tout en haut de la structure, les montants se dressent à des hauteurs variées : « Quand nous l’avons dessinée, nous avons pensé à des coraux dont les branches se mouvaient vers la lumière », explique Luce. Les plantes qui végétalisent çà et là la structure accentuent d’ailleurs le caractère organique dégagé par l’élégant dessin de CAPO Architectes.
L’inspiration de départ pour cet escalier émane néanmoins de la structure blanche aérienne de l’architecte japonais Sou Fujimoto exposée en 2013 à la Serpentine Gallery, à Londres. Luce Pozzo di Borgo tient à rendre hommage à ce jeune prodige de l’architecture, considéré par ses pairs comme l’un des plus grands architectes mondiaux à venir. Voici une des maisons qu’il a réalisées à Tokyo, repérée sur Houzz.
Faire réaliser un tel escalier n’est pas allé de soi. Les architectes se sont adressés à trois sociétés différentes. C’est Kozac, implantée au Puy-en-Velay, qui a gagné l’appel d’offres. Cette société spécialisée en escaliers métalliques sur mesure, métallerie fine et miroiterie a un bureau d’études intégré et sa propre usine. « C’est ce qui a fait toute la différence », explique Luce Pozzo di Borgo. « CAPO Architectes a imaginé l’escalier, mais Kozac a guidé techniquement l’ensemble de l’ouvrage. Nous souhaitions au départ une structure beaucoup plus aérienne, avec des sections de 2 centimètres. Les ingénieurs de Kozac ont fait beaucoup de dessins en 2D et 3D, calculé tous les modules d’assemblage, les résistances au niveau des soudures et nous avons dû faire un compromis avec des montants de 2,5 centimètres. »
Le projet a mis environ huit mois à aboutir car le syndic de copropriété a requis des consultations d’ingénieurs afin de déterminer si cet escalier, assez lourd, n’allait pas causer de dommages à l’immeuble. Enfin, la structure a été montée, brute, avec toutes les soudures visibles (photo).
Le thermolaquage, en blanc mat, n’est intervenu qu’à la toute fin de l’aménagement du duplex. « Le propriétaire, d’un caractère pragmatique, était plutôt circonspect sur ce projet un peu fou. Il a été complètement séduit quand la structure lui est apparue achevée et aérienne dans sa livrée blanche », avoue Luce.
L’escalier central dessert désormais la pièce de vie ouverte sur la terrasse. Cette pièce profite également de la vue artistique sur la structure qui lui donne un caractère et un charme fous.
Margaux Tronel, chargée de communication chez Kozac, ajoute : « Par le passé, les escaliers avaient un rôle décoratif important, mais cette caractéristique a eu tendance à se perdre au profit de la seule fonctionnalité. La société Kozac réalise chaque escalier comme un projet unique, sur mesure et haut de gamme. Nous sommes fiers d’avoir été choisis pour ce projet hautement esthétique. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet escalier ?
Lire aussi :
11 escaliers hors normes, graphiques et fonctionnels
Aménagement : Zoom sur 4 escaliers exceptionnels
Retrouvez d’autres idées pour équiper votre entrée et vos couloirs
Retrouvez plus d’idées et de conseils pour aménager votre escalier
Margaux Tronel, chargée de communication chez Kozac, ajoute : « Par le passé, les escaliers avaient un rôle décoratif important, mais cette caractéristique a eu tendance à se perdre au profit de la seule fonctionnalité. La société Kozac réalise chaque escalier comme un projet unique, sur mesure et haut de gamme. Nous sommes fiers d’avoir été choisis pour ce projet hautement esthétique. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet escalier ?
Lire aussi :
11 escaliers hors normes, graphiques et fonctionnels
Aménagement : Zoom sur 4 escaliers exceptionnels
Retrouvez d’autres idées pour équiper votre entrée et vos couloirs
Retrouvez plus d’idées et de conseils pour aménager votre escalier