Avant/Après : À Marseille, ce cabanon et sa terrasse font rêver
Une cabane en ville, un lieu pour flâner, créer, se ressourcer, une terrasse pour chiller… Stéphanie dévoile sa bohème
Quittons le brouhaha de la ville, profitons du soleil et écoutons chanter les cigales. À deux pas du cours Julien, l’un des quartiers emblématiques de Marseille, faisons un break sur la terrasse ombragée de Stéphanie Le Rouzic avant de visiter son cabanon d’amis. Après sa rénovation ultra optimisée d’un appartement de 40 m² pour quatre personnes, dont l’avant/après bluffant avait captivé les lecteurs de Houzz, l’architecte et décoratrice d’intérieur met ses astucieuses idées d’optimisation spatiale et visuelle au service de ce mignon hideaway. À déguster sans modération !
Avant. À force d’allers-retours entre la capitale et la cité phocéenne, le cœur de Stéphanie Le Rouzic a fini par pencher définitivement vers le Sud, où elle s’est installée comme architecte d’intérieur et décoratrice. C’est à deux pas du cours Julien qu’elle a posé ses valises, « l’un des 10 quartiers les plus cool du monde », a-t-elle lu quelque part, et elle confirme ! Elle a dégoté ce que l’on appelle ici un « trois fenêtres », un appartement typique de cette ville vibrante, épicée et chaleureuse, tournée vers la mer et placée sous la protection de la Bonne Mère.
Trouvez un architecte d’intérieur près de chez vous sur Houzz
Trouvez un architecte d’intérieur près de chez vous sur Houzz
Après. L’appartement de 85 m², situé au premier étage d’un immeuble du début du XXᵉ siècle, se prolonge par une terrasse de 50 m² au fond de laquelle se trouve un petit cabanon, un autre classique du bâti marseillais. Le tout était inhabité depuis quelques années mais présentait un vrai potentiel. « J’habite au-dessus d’une boutique qui occupe toute la profondeur des lieux, ce qui fait que le soir je ne crains pas de faire du bruit. Et le bâtiment est assez atypique car je n’ai personne au-dessus. »
La terrasse de 50 m², un trésor à Marseille, était « aussi grande qu’un appartement », aussi Stéphanie n’a fait aucune concession. « J’ai créé un coin salon, un coin salle à manger, une cuisine d’extérieur et même un coin douche », révèle-t-elle.
Plus d’idées pour aménager une terrasse sur Houzz
Plus d’idées pour aménager une terrasse sur Houzz
Tout l’aménagement a été réalisé par ses soins, sur la base de ses envies du moment et de beaucoup de recyclage. « Les banquettes ont été fabriquées avec un stock de lames de teck restées à l’extérieur, bradées par Leroy Merlin, et les coussins avec du tissu déperlant que j’ai acheté au marché Saint-Pierre », indique-t-elle.
Le mobilier de jardin – chaise et table Fermob en métal rouge, table en plastique blanc des années 1970 – lui appartenaient déjà et ont fait le voyage depuis son ancienne maison située à Saint-Denis.
La professionnelle apprécie le sol d’origine de la terrasse, une sorte de résine d’étanchéité qui recouvre le toit de la boutique, qu’elle a simplement nettoyée. Pour repimper les murs, elle y a appliqué des canisses et agrémenté le tout de plantes, un jasmin, une glycine. « Les précédents propriétaires m’avaient dit que tout poussait sur cette terrasse orientée sud et ça s’est avéré exact », s’enthousiasme-t-elle.
La professionnelle apprécie le sol d’origine de la terrasse, une sorte de résine d’étanchéité qui recouvre le toit de la boutique, qu’elle a simplement nettoyée. Pour repimper les murs, elle y a appliqué des canisses et agrémenté le tout de plantes, un jasmin, une glycine. « Les précédents propriétaires m’avaient dit que tout poussait sur cette terrasse orientée sud et ça s’est avéré exact », s’enthousiasme-t-elle.
Après. La structure du mobilier a été créée en béton cellulaire Siporex, tandis que le plan de travail est en béton coulé et les portes réalisées avec des lames de bois. « J’adore créer ! Je trouve d’ailleurs souvent des idées chez Houzz car le site décortique des questions techniques et ne se limite pas à présenter de la déco. Ça donne envie d’aller chercher la solution et c’est ainsi que l’on apprend à faire soi-même », partage-t-elle.
Conseils de pro pour aménager une cuisine d’extérieur
Conseils de pro pour aménager une cuisine d’extérieur
Elle a notamment appris à faire les enduits à la chaux afin de blanchir les murs et le mobilier. Et la prochaine étape sera de transformer les banquettes en bois en créant des maçonneries. Pour équiper sa cuisine d’extérieur, Stéphanie a installé une plancha à gaz et un évier. « Dès les beaux jours, on est tout le temps dehors, avec les enfants et les amis », glisse-t-elle.
Vous êtes en quête d'un artisan pour votre projet de rénovation ?
Nous vous aidons à trouver les meilleurs pros
Nous vous aidons à trouver les meilleurs pros
Profitant de la déclivité naturelle de la terrasse et du point d’évacuation des eaux présent à l’angle, elle a eu envie d’installer une douche d’extérieur. « C’était un peu mon fantasme de Parisienne que d’aller me baigner à la mer puis pouvoir me doucher dehors, sur ma terrasse », plaisante-t-elle. Comme le circuit d’eau de l’appartement traversait la terrasse pour alimenter le cabanon, elle n’a eu qu’à brancher la douche sur ce circuit. « Et j’ai même fait arriver l’eau chaude ! », s’enorgueillit-elle.
Avec ses ramages datés en fer forgé, la pergola en métal ne lui plaisait pas foncièrement. Mais pour une question d’économie et de conscience, elle a préféré la relooker que la déposer. « On a scié les fioritures à la disqueuse puis on a amélioré le rendu en posant des canisses sur la structure. Ils sont vraiment utiles pour tamiser le feu du soleil », explique Stéphanie.
La pergola a même servi de support pour accrocher une balançoire pour le plaisir des enfants de Stéphanie, une fille et un garçon.
La pergola a même servi de support pour accrocher une balançoire pour le plaisir des enfants de Stéphanie, une fille et un garçon.
N’oublions pas la corde à linge, un élément essentiel pour faire sécher les serviettes de plage et le linge sans consommer d’énergie et faire que la lessive sente bon le soleil.
Avant. En fond de terrasse, le cabanon était une construction maçonnée avec un toit en tuiles, deux portes et une minuscule fenêtre. « Il servait de buanderie et de cafoutche aux précédents propriétaires », explique Stéphanie. « Le cafoutche, c’est vraiment un mot d’ici, ça désigne autant un tiroir où l’on met des embarras qu’un cagibi où l’on entasse tout ce que l’on ne sait pas ranger ailleurs. À Paris, on parle de vide-greniers, ici il y a des vide-cafoutches », développe-t-elle.
Après. Stéphanie a misé sur la lumière et a fait modifier la façade en conséquence pour disposer de deux grandes fenêtres et d’une baie vitrée. Bien que l’entreprise le lui ait suggéré, elle n’a pas cédé aux sirènes du vitrage atelier car « mieux vaut faire simple et épuré pour que les décors durent. »
Son idée était de pouvoir laisser la porte ouverte et de voir le lit se profiler depuis la terrasse, comme un appel à la détente et aux vacances. « Entre les éléments en place comme les évacuations, et la contrainte des meubles que je voulais garder, le plan s’est fait de lui-même », évoque-t-elle.
La colonne à tiroirs, un vieux meuble de métier que ses parents lui ont offert pour ses trente ans, était l’une de ces précieuses contraintes. En créant une mezzanine sur le dessus, elle a souhaité faire comme s’il avait toujours fait partie de la construction. « J’ai gardé un petit espace derrière pour cacher une échelle et monter chercher mes vieilles malles au-dessus », explique-t-elle.
La colonne à tiroirs, un vieux meuble de métier que ses parents lui ont offert pour ses trente ans, était l’une de ces précieuses contraintes. En créant une mezzanine sur le dessus, elle a souhaité faire comme s’il avait toujours fait partie de la construction. « J’ai gardé un petit espace derrière pour cacher une échelle et monter chercher mes vieilles malles au-dessus », explique-t-elle.
Question déco, tout s’est fait comme toujours pour Stéphanie, à l’instinct. « Ce que j’adore c’est assembler et d’ailleurs, s’il y a bien des projets que j’aime particulièrement, ce sont les missions conseil où je dois optimiser les logements de mes clients sur la base de ce qu’ils ont. Souvent, ils ne voient plus le potentiel de leurs objets et c’est un travail plein d’optimisme de les leur faire redécouvrir », partage-t-elle.
Stéphanie n’aime pas les décor lisses, les « gimmicks fades » comme il y a quelques années, le scandinave et aujourd’hui le mélange de rose, de blanc, d’arrondis et de rotin, sans rien qui ne dépasse. « Ce n’est pas moche en soi mais il manque le truc maladroit qui raconte une histoire, qui donne du charme, qui n’est pas celui du voisin », considère-t-elle.
Stéphanie n’aime pas les décor lisses, les « gimmicks fades » comme il y a quelques années, le scandinave et aujourd’hui le mélange de rose, de blanc, d’arrondis et de rotin, sans rien qui ne dépasse. « Ce n’est pas moche en soi mais il manque le truc maladroit qui raconte une histoire, qui donne du charme, qui n’est pas celui du voisin », considère-t-elle.
Alors dans son cabanon, Stéphanie a assemblé sans complexe des détails qui lui parlent : le papier peint au motif trèfles sur lequel elle a craqué sur un site en ligne, une couverture ramenée de Marrakech qui ressemble à une nappe, des coussins colorés, une ancienne lampe Habitat, une étagère années 1950, des rideaux vaporeux en lin…
« Certains diront que ce sont des trucs vieillots, mais je trouve l’ensemble plutôt frais, comme dans une roulotte bohème. Je viens me mettre là pour lire ou je prête le cabanon à des copains. Ça m’arrive aussi de le louer et j’ai toujours de super retours », témoigne-t-elle.
Avant. L’ancienne cuisine a, elle aussi, été entièrement repensée et une mini salle d’eau s’y est même idéalement nichée. Si, en temps normal, Stéphanie aime faire avec le type de meubles qui se trouvait là, elle a dû le supprimer (et, bien sûr, elle l’a conservé démonté) pour créer cette petite salle d’eau.
Après. Une cuisine très complète pour un cabanon de 18 m² a été installée sur la base de modules Ikea, recouverts de contreplaqué de bouleau par son amie menuisière, Alexandra Rozé (société Monsieur Rozé).
Le plan de travail Ikea et le béton ciré du sol, qui remplace les anciens carreaux de terre cuite abîmés, ont été choisis très clairs pour une raison bien précise. « Pour illuminer l’ensemble, mais surtout parce que je me sers aussi du cabanon comme d’atelier. Comme j’utilise beaucoup la couleur, je dois poser mes dessins et créations sur quelque chose de blanc, que ce soit sur le plan ou au sol », révèle-t-elle.
D’ailleurs, la plaque à induction portative permet également de libérer une grande surface de plan pour travailler.
D’ailleurs, la plaque à induction portative permet également de libérer une grande surface de plan pour travailler.
En passant en revue les détails de sa cuisine, Stéphanie confie son art de créer un décor : « Il est important de constituer une base neutre qui sera intemporelle, donc pérenne, avec beaucoup de blanc et des touches de bois chaleureuses. Sur cette base, il est facile de mettre plein de touches colorées et de les changer régulièrement, au fil de ses envies », explique-t-elle
Ce vieux Frigidaire, de la marque éponyme, est un héritage de ses grands-parents. Comme le meuble de métier, il la suit partout depuis plusieurs années. Ses grands parents le lui ont donné fonctionnel, mais elle a fini par le convertir en rangement. Toutefois, elle voulait le loger dans cette cuisine, ce qui lui a imposé de cacher discrètement le vrai réfrigérateur. Et ce qui provoque de temps à autres des situations cocasses comme lorsque les copains vont chercher des bières au mauvais endroit…
La salle de bains est on ne peut plus minimaliste puisque, depuis son entrée, on accède à gauche à la douche et à droite aux toilettes. La mezzanine de l’autre pièce se prolonge au-dessus de la micro salle d’eau pour supporter le ballon d’eau chaude. « Je n’ai pas souhaité intégrer un lavabo supplémentaire puisque l’évier de la cuisine est tout près. J’ai préféré le choix du WC sanibroyeur à un second point d’eau », explique-t-elle.
En termes de finitions, Stéphanie a utilisé un stock de carreaux Leroy Merlin soldés et des tomettes rouges vintage au sol « pour garder l’esprit simple du cabanon ». Les économies ont permis de se faire plaisir avec une robinetterie haut de gamme encastrée de couleur laiton veilli.
Le problème de la porte a été résolu avec un rideau de perles de bois, un des incontournables du Sud, et le dessus des toilettes optimisé avec des étagères fabriquées par Stéphanie en contreplaqué. Pour ce qui est du plafond, l’heureuse idée d’une ambiance paillote avec l’installation de canisses est due à un gros coup de flemme. L’enduit était à refaire, c’est ainsi qu’est née cette idée de génie.
Pour ce qui est de la décoration, Stéphanie conseille de « garder l’oeil ouvert dans les endroits les plus inattendus. On y découvre de belles choses qu’il suffit d’assembler pour créer l’intérêt. » Néanmoins, le trésor de ce coin est le pot de coquillages, un autre héritage de sa grand-mère qui en ramenait une poignée de chacun de ses voyages.
Pour ce qui est de la décoration, Stéphanie conseille de « garder l’oeil ouvert dans les endroits les plus inattendus. On y découvre de belles choses qu’il suffit d’assembler pour créer l’intérêt. » Néanmoins, le trésor de ce coin est le pot de coquillages, un autre héritage de sa grand-mère qui en ramenait une poignée de chacun de ses voyages.
Le cabanon s’est naturellement mué en extension de l’appartement où les habitants des lieux adorent passer du temps, même au plus chaud de l’été depuis que Stéphanie y a fait installer la clim. Ses enfants adorent s’y cacher pour jouer et sa fille préfère même venir se doucher, là, sous les canisses, pour se sentir en vacances. La terrasse est elle aussi devenu un lieu incontournable, où se prolongent les soirées. De grands bacs à plantes en Siporex, appuyés au cabanon, ont permis de la végétaliser et de l’éclairer pour que l’ambiance soit aussi chaleureuse de jour que de nuit.
Merci Stéphanie, d’avoir suspendu le temps au fil de cette visite, merci pour cette parenthèse enchantée !
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette rénovation ?
Merci Stéphanie, d’avoir suspendu le temps au fil de cette visite, merci pour cette parenthèse enchantée !
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette rénovation ?
Qui vit ici :
Emplacement : quartier du cours Julien à Marseille
Livraison du projet : 2021
Durée des travaux : 4 mois (3,5 mois pour le cabanon et 15 jours pour la terrasse)
Superficie : terrasse 50 m² + cabanon 18,5 m²
Architecte d’intérieur et décoratrice : Stéphanie Le Rouzic, Société Mars Avril
Entreprise spécialisée dans les finitions de sols : Francesco Mandis de AD ASTRA
Budget : 20 000 euros (15 000 euros de travaux pour le cabanon + 1 500 euros pour la climatisation + 1 500 euros pour la verrière + 2 000 euros pour la terrasse)
Photos : Lisa Martens