Coronavirus : Le point sur la situation des professionnels
Télétravail, chantiers, communication avec les clients, approvisionnement, avenir : sept pros partagent leur expérience
Nous avions déjà commencé vendredi 13 mars à sonder les professionnels sur la manière dont ils faisaient face à la crise du coronavirus. Nous avons continué de recueillir des témoignages au cours des derniers jours, alors que la situation de la France a évolué très rapidement jusqu’au confinement total annoncé lundi 16 mars au soir. Voici les témoignages de sept professionnels qui font face comme ils peuvent à la situation, allant de l’architecte à l’architecte d’intérieur, en passant par le décorateur et l’entreprise tout corps d’état.
Comment appliquer le télétravail ?
Comme beaucoup, les professionnels de la maison s’organisent à la maison et mettent en place le télétravail. « J’ai beaucoup de travail de conception en ce moment donc je peux quand même avancer. Même si l’annonce d’hier a été assez soudaine, j’ai pu avancer tous mes rendez-vous importants avant le confinement. Cela n’est toutefois pas simple avec les enfants à la maison. Il faut trouver le temps entre une vie de famille chamboulée et l’école à domicile », nous confie Alexandra Gorla, architecte d’intérieur parisienne. La décoratrice de Marque de Fabrik Stéphanie Lhermitte, partage les mêmes difficultés familiales : « Mon activité va forcément tourner un peu au ralenti. Pas obligatoirement à cause des projets, mais aussi car j’ai trois enfants dont deux encore à l’école primaire et qu’il va falloir que je me rende disponible pour eux une bonne partie de la journée. »
Comme beaucoup, les professionnels de la maison s’organisent à la maison et mettent en place le télétravail. « J’ai beaucoup de travail de conception en ce moment donc je peux quand même avancer. Même si l’annonce d’hier a été assez soudaine, j’ai pu avancer tous mes rendez-vous importants avant le confinement. Cela n’est toutefois pas simple avec les enfants à la maison. Il faut trouver le temps entre une vie de famille chamboulée et l’école à domicile », nous confie Alexandra Gorla, architecte d’intérieur parisienne. La décoratrice de Marque de Fabrik Stéphanie Lhermitte, partage les mêmes difficultés familiales : « Mon activité va forcément tourner un peu au ralenti. Pas obligatoirement à cause des projets, mais aussi car j’ai trois enfants dont deux encore à l’école primaire et qu’il va falloir que je me rende disponible pour eux une bonne partie de la journée. »
Nombreux sont les professionnels à se concentrer sur le travail d’étude et de conception pour préparer au mieux la reprise totale de leur activité. « Heureusement pour moi, cette crise arrive à un moment où j’ai beaucoup d’études à faire sur de nombreux projets, pour lesquels les démarrages des chantiers étaient prévus à partir des mois d’avril, mai et juin, voire septembre », partage l’architecte d’intérieur Anne Azoulay. Hier, avant l’annonce du confinement, l’architecte Lynn Pennec de I F Rénovation était du même avis : « Je pense que les études peuvent avancer à distance, mais les chantiers seront arrêtés ».
D’autres professionnels revoient quelque peu leur manière de travailler à l’image de la décoratrice Stéphanie Lhermitte : « En tant que décoratrice, je peux gérer beaucoup de projets à distance lorsqu’il n’y a pas de travaux. La ‘E-déco’ s’est d’ailleurs bien développée ces dernières années. J’ai déjà été consultée pour accompagner des clients dans des choix de matériaux, d’agencement, de mobilier et de petite décoration sans voir le bien. Si le télétravail est déjà mon quotidien, certains projets n’ayant pas encore démarré sont toutefois mis en attente et je ne devrais pas les signer comme prévu. »
D’autres professionnels revoient quelque peu leur manière de travailler à l’image de la décoratrice Stéphanie Lhermitte : « En tant que décoratrice, je peux gérer beaucoup de projets à distance lorsqu’il n’y a pas de travaux. La ‘E-déco’ s’est d’ailleurs bien développée ces dernières années. J’ai déjà été consultée pour accompagner des clients dans des choix de matériaux, d’agencement, de mobilier et de petite décoration sans voir le bien. Si le télétravail est déjà mon quotidien, certains projets n’ayant pas encore démarré sont toutefois mis en attente et je ne devrais pas les signer comme prévu. »
Comment communiquer avec les clients ?
« Mes clients sont extrêmement compréhensifs et je pense que nous nous sentons tous solidaires dans cette période compliquée », affirme Stéphanie Lhermitte qui a dû reporter tous ses rendez-vous physiques et arrêter ses chantiers. Pour garder le contact et avancer comme ils peuvent sur les projets, les professionnels, comme Alexandra Gorla, ont recours au téléphone et à la vidéo : « Je suis déjà habituée aux rendez-vous clients par téléphone ou vidéo car je travaille pour des gens qui vivent à l’étranger ou en province. Toutefois, comme je ne peux pas faire de face-à-face, je ne prends plus de nouveaux projets. »
La décoratrice Charlotte Gille avait déjà mis en place les rendez-vous à distance depuis quelques jours, observant un retour positif de ses clients : « Je fais en fonction des outils dont disposent mes clients. Pour visiter un appartement, je fais une visite virtuelle par visio. Pour des rendus de projet, je fais un partage d’écran pour que le client et moi puissions voir la même chose au même moment. Ce type de rendez-vous a cependant des limites, notamment pour montrer des détails, prendre des mesures, avoir le bon rendu des couleurs. Je ne peux pas faire de rendez-vous de chantier à distance par exemple. »
« Mes clients sont extrêmement compréhensifs et je pense que nous nous sentons tous solidaires dans cette période compliquée », affirme Stéphanie Lhermitte qui a dû reporter tous ses rendez-vous physiques et arrêter ses chantiers. Pour garder le contact et avancer comme ils peuvent sur les projets, les professionnels, comme Alexandra Gorla, ont recours au téléphone et à la vidéo : « Je suis déjà habituée aux rendez-vous clients par téléphone ou vidéo car je travaille pour des gens qui vivent à l’étranger ou en province. Toutefois, comme je ne peux pas faire de face-à-face, je ne prends plus de nouveaux projets. »
La décoratrice Charlotte Gille avait déjà mis en place les rendez-vous à distance depuis quelques jours, observant un retour positif de ses clients : « Je fais en fonction des outils dont disposent mes clients. Pour visiter un appartement, je fais une visite virtuelle par visio. Pour des rendus de projet, je fais un partage d’écran pour que le client et moi puissions voir la même chose au même moment. Ce type de rendez-vous a cependant des limites, notamment pour montrer des détails, prendre des mesures, avoir le bon rendu des couleurs. Je ne peux pas faire de rendez-vous de chantier à distance par exemple. »
Lynn Pennec a elle aussi généralisé les rendez-vous à distance et elle partage son expérience : « Nous le faisions déjà des prestations à distance pour des projets assez lointains et cela se généralise pour respecter les restrictions sanitaires actuelles. Nous fonctionnons généralement de la manière suivante : au démarrage, les clients nous envoient des vidéos ainsi qu’un reportage photos complet, puis nous cernons les contraintes, désirs et points importants au cours d’un échange par téléphone ou visio. Les rendus de phase se font par envoi de documents PDF sur lesquels les clients font leurs observations. Nous proposons des choix de matériaux, teintes et équipements sous forme de tableaux Excel, associés à des planches déco. Nous échangeons avec les entrepreneurs au moment du chiffrage pour qu’ils aient les informations nécessaires, puis nous travaillons avec un maître d’œuvre local. Les imites de ces rendez-vous concernent principalement la gestion de certaines découvertes et aléas de chantier. »
Nos Marbres
Du côté des fournisseurs ?
Avant l’annonce du confinement en France, la société Marbre Import déclarait en commentaire à notre discussion que ses usines n’étaient pas à l’arrêt et que les livraisons se faisaient « normalement ». Mais certains professionnels avaient déjà pris leurs dispositions pour éviter les éventuels problèmes. L’architecte d’intérieur Alexandra Gorla expliquait par exemple : « Avant le confinement, j’avais déjà remplacé mes fournisseurs étrangers par des entreprises françaises de proximité afin d’amoindrir les problèmes d’acheminement en cas de fermeture de frontières. Au final, c’est plutôt bien car c’est ce vers quoi nous allons de manière plus générale pour avoir une démarche plus respectueuse de l’environnement. »
Avant l’annonce du confinement en France, la société Marbre Import déclarait en commentaire à notre discussion que ses usines n’étaient pas à l’arrêt et que les livraisons se faisaient « normalement ». Mais certains professionnels avaient déjà pris leurs dispositions pour éviter les éventuels problèmes. L’architecte d’intérieur Alexandra Gorla expliquait par exemple : « Avant le confinement, j’avais déjà remplacé mes fournisseurs étrangers par des entreprises françaises de proximité afin d’amoindrir les problèmes d’acheminement en cas de fermeture de frontières. Au final, c’est plutôt bien car c’est ce vers quoi nous allons de manière plus générale pour avoir une démarche plus respectueuse de l’environnement. »
Et pour l’avenir ?
Maxime Gaffory demande aux clients de rester solidaires, même après la fin du confinement : « Quand nous allons pouvoir reprendre, nous devrons prioriser les choses. Nous allons certainement demander à nos clients d’attendre une ou deux semaines en plus du confinement pour que nous puissions relancer la machine à 100 %, notamment au niveau des approvisionnements et des effectifs. Il faudra qu’ils soient tolérants et solidaires au possible car nous ne nous en sortirons qu’ensemble. »
Si l’architecte d’intérieur Alexandra Gorla s’inquiète néanmoins des conséquences que pourrait avoir un confinement trop long sur les plus petites entreprises, elle reste optimiste : « Je me dis que la situation ne va pas durer et qu’en attendant, j’ai plein de travail à faire à distance pour préparer les projets à venir : avancer sur les devis, discuter avec les clients, faire le travail de conception… Quand tout repartira, je serai prête. »
Élan d’optimisme aussi du côté d’Anne Azoulay, bien que relativisé : « On ne connaît pas encore l’évolution des choses sur les prochaines semaines, mais on peut déjà imaginer qu’il y aura un effet de rebond pour notre activité au moment où cela va repartir… Peut-être que la reprise de tous les chantiers en même temps causera des problèmes de fournitures ? Peut-être devons-nous nous attendre à une baisse des achats immobiliers sur cette période ? … »
Terminons avec cette posture encourageante de Stéphanie Lhermitte : « J’aime à penser que de toutes les crises il ressort toujours des éléments positifs comme un élan de solidarité et l’émergence peut-être de nouveaux métiers… »
ET VOUS ?
Comment vivez-vous la situation ?
Maxime Gaffory demande aux clients de rester solidaires, même après la fin du confinement : « Quand nous allons pouvoir reprendre, nous devrons prioriser les choses. Nous allons certainement demander à nos clients d’attendre une ou deux semaines en plus du confinement pour que nous puissions relancer la machine à 100 %, notamment au niveau des approvisionnements et des effectifs. Il faudra qu’ils soient tolérants et solidaires au possible car nous ne nous en sortirons qu’ensemble. »
Si l’architecte d’intérieur Alexandra Gorla s’inquiète néanmoins des conséquences que pourrait avoir un confinement trop long sur les plus petites entreprises, elle reste optimiste : « Je me dis que la situation ne va pas durer et qu’en attendant, j’ai plein de travail à faire à distance pour préparer les projets à venir : avancer sur les devis, discuter avec les clients, faire le travail de conception… Quand tout repartira, je serai prête. »
Élan d’optimisme aussi du côté d’Anne Azoulay, bien que relativisé : « On ne connaît pas encore l’évolution des choses sur les prochaines semaines, mais on peut déjà imaginer qu’il y aura un effet de rebond pour notre activité au moment où cela va repartir… Peut-être que la reprise de tous les chantiers en même temps causera des problèmes de fournitures ? Peut-être devons-nous nous attendre à une baisse des achats immobiliers sur cette période ? … »
Terminons avec cette posture encourageante de Stéphanie Lhermitte : « J’aime à penser que de toutes les crises il ressort toujours des éléments positifs comme un élan de solidarité et l’émergence peut-être de nouveaux métiers… »
ET VOUS ?
Comment vivez-vous la situation ?
La situation sur les chantiers reste floue et évolue très vite. Mardi matin, il était difficile de savoir s’il était possible de les maintenir ou pas alors que les métiers comme plombiers et électriciens avaient encore le droit de travailler. « Apparemment, les entreprises ont toujours le droit de travailler sur les chantiers, mais la situation est très ambiguë. Lundi, avant l’annonce du confinement, les entreprises avec lesquelles je travaille sont allées chercher les fournitures nécessaires au drive des enseignes dédiées au bâtiment, alors que les autres étaient déjà fermées. Mais l’approvisionnement va devenir difficile et pourrait être la cause de l’arrêt des chantiers s’il n’y a pas d’interdiction », explique Alexandra Gorla, architecte d’intérieur de LD&CO, avant de préciser que tous ses chantiers qui n’avaient pas encore commencé ont été reportés.
Mardi matin, l’architecte d’intérieur Anne Azoulay, de Decor Intérieur, annonçait, quant à elle, un arrêt probable des chantiers pour au moins 15 jours : « Les ouvriers ne vont plus pouvoir se déplacer. Certains sont déjà à l’arrêt pour garde d’enfants. Avec les nouvelles dispositions de confinement, il est fort probable que l’on soit à l’arrêt pour les 15 prochains jours au moins. »
À la tête de l’entreprise tout corps d’état Mon Concept Habitation, Maxime Gaffory nous annonçait mardi midi arrêter toute rénovation : « Nous allons arrêter notre production aujourd’hui car la situation est floue et dans le doute nous préférons ne pas prendre de risques. Nous ne savons pas vraiment qui a le droit de travailler ou pas. Nous pensons aussi à la santé de nos employés qui travaillent à plusieurs dans des appartements, soit dans des lieux confinés, bien que nous respections toutes les mesures d’hygiène. » Le professionnel précise que tous les plombiers et électriciens de l’entreprise sont toutefois mobilisés pour répondre aux urgences et que la partie études architecturales sera maintenue en télétravail pour avancer sur les dossiers de faisabilité et de conception.