Tendance Trash wall, une esthétique à la recherche du temps perdu
Quand la modernité prend source dans les signes du temps qui passe, un vent de résilience souffle sur nos intérieurs
À l’instar des philosophes qui ont souvent été fascinés par le temps, il n’aura échappé à personne que notre époque valorise les signes – et donc les preuves – du temps qui passe. Recyclage, seconde-main, upcycling, rénovation, sont plus que jamais d’actualité. L’esprit vintage souffle également sur la déco, remettant à l’honneur tout à la fois l’Art nouveau, l’Art déco, les années 50, 70 ou 90 ! Certains architectes et architectes d’intérieur d’avant-garde se plaisent même à valoriser délibérément les traces du passé, telles une nouvelle modernité, ne craignant pas de mettre en valeur des murs déchirés comme d’autres exhibent leurs jeans lacérés. Nous sommes partis à la rencontre de leur univers et de cette tendance que l’on nomme outre-Manche « trash wall ».
Lorsqu’Agathe laisse, comme dans ce projet Ernestine, un plafond entièrement brut, ce n’est pas pour faire des économies de peinture et encore moins recréer un faux décor. « L’idée est de s’inspirer du système constructif d’un immeuble et d’en faire profiter un logement pour lui donner du caractère », explique-t-elle.
Loin d’être une simple idée d’architecte, cette envie de revenir à la structure du bâtiment est plébiscitée par des maîtres d’ouvrage en recherche d’un intérieur original. Ainsi, la propriétaire de cet appartement s’est inspirée des travaux du Bauhaus, de Le Corbusier et de Charlotte Perriand pour repenser la décoration de son cadre de vie.
« Fan de couleurs primaires et de matériaux bruts, la jeune femme souhaitait mettre en avant la culture constructive de l’appartement. Nous lui avons donc proposé de mettre à nu le plafond pour faire apparaître la dalle constructive de l’immeuble. Cela a été le point de départ du projet », explique Agathe.
« Fan de couleurs primaires et de matériaux bruts, la jeune femme souhaitait mettre en avant la culture constructive de l’appartement. Nous lui avons donc proposé de mettre à nu le plafond pour faire apparaître la dalle constructive de l’immeuble. Cela a été le point de départ du projet », explique Agathe.
Et Agathe de conclure en évoquant son dernier projet Saint-Antoine : « Je trouve que mettre en avant l’architecture du lieu est intéressant car cela participe à son authenticité. »
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Le brut ne manque pas de chaleur !
Certains trouvent qu’un mur façon béton brut glace l’ambiance mais pour l’architecte Jordan Hoareau et son épouse, propriétaires de ce studio en Gironde où ils sont installés, c’est absolument le contraire. « On aime le contemporain, avec ces notes brutes et texturées qui apportent de la chaleur à l’espace ! », nous ont-ils affirmé.
Lorsqu’ils ont rénové le studio, le choix de cette finition brute n’était pas fixé mais a résulté d’une heureuse découverte liée au lieu lui-même. « Le plafond d’origine était peint d’une terrible peinture “gouttelette” dont nous souhaitions nous débarrasser. En grattant la peinture j’ai constaté que le plafond était un magnifique béton banché que nous avons décidé de révéler pour donner du style au lieu », confie Jordan.
Certains trouvent qu’un mur façon béton brut glace l’ambiance mais pour l’architecte Jordan Hoareau et son épouse, propriétaires de ce studio en Gironde où ils sont installés, c’est absolument le contraire. « On aime le contemporain, avec ces notes brutes et texturées qui apportent de la chaleur à l’espace ! », nous ont-ils affirmé.
Lorsqu’ils ont rénové le studio, le choix de cette finition brute n’était pas fixé mais a résulté d’une heureuse découverte liée au lieu lui-même. « Le plafond d’origine était peint d’une terrible peinture “gouttelette” dont nous souhaitions nous débarrasser. En grattant la peinture j’ai constaté que le plafond était un magnifique béton banché que nous avons décidé de révéler pour donner du style au lieu », confie Jordan.
Ce plafond a inspiré l’architecte et il a même décidé de transformer le mur adjacent pour qu’il apparaisse lui aussi dans une finition béton brut. « Pour créer la continuité avec le plafond, nous avons habillé une partie des murs ré-isolés avec du Viroc, un mix de bois et de ciment, qui se travaille comme du bois, mais a l’effet du béton. Il existe en différentes couleurs et finitions, se pose facilement en mur ou en sol, à l’intérieur ou à l’extérieur et a un fini brut très contemporain », détaille-t-il.
Verdict de l’architecte Jordan Hoareau sur son mur brut : « Ce retour “béton” sur la moitié du studio hexagonal participe à créer une sensation d’espace dans l’appartement avec une boîte (blanche) dans une autre boîte (béton). »
Verdict de l’architecte Jordan Hoareau sur son mur brut : « Ce retour “béton” sur la moitié du studio hexagonal participe à créer une sensation d’espace dans l’appartement avec une boîte (blanche) dans une autre boîte (béton). »
Une structure brute pour mieux disparaître
Dans cet appartement de 130 m² à Paris XVIe rénové par l’agence d’architecture OUI, l’idée de dévoiler la structure de l’appartement a également pris racine avant travaux, dans l’état existant. « En visitant l’appartement la première fois nous avons remarqué beaucoup de coffrages qui venaient couvrir la structure (poteaux et poutres en béton), ce qui alourdissait considérablement les espaces et qui avait pour effet de donner trop d’importance à ces éléments », se remémore l’architecte Noa Peer.
Durant la phase conception, lorsque l’agence Oui a travaillé sur le plan, elle a cherché à ouvrir davantage les espaces afin de faire communiquer les pièces les unes aux autres. « Pour “libérer” ce qui est structurant, nous avons décidé de déposer les coffrages et avons trouvé ces poteaux en le béton », poursuit-elle.
Dans cet appartement de 130 m² à Paris XVIe rénové par l’agence d’architecture OUI, l’idée de dévoiler la structure de l’appartement a également pris racine avant travaux, dans l’état existant. « En visitant l’appartement la première fois nous avons remarqué beaucoup de coffrages qui venaient couvrir la structure (poteaux et poutres en béton), ce qui alourdissait considérablement les espaces et qui avait pour effet de donner trop d’importance à ces éléments », se remémore l’architecte Noa Peer.
Durant la phase conception, lorsque l’agence Oui a travaillé sur le plan, elle a cherché à ouvrir davantage les espaces afin de faire communiquer les pièces les unes aux autres. « Pour “libérer” ce qui est structurant, nous avons décidé de déposer les coffrages et avons trouvé ces poteaux en le béton », poursuit-elle.
Puis le choix de laisser bruts ces éléments s’est imposé. « En laissant les poteaux et poutres brutes, nous avons cherché à les faire disparaître car ils devenaient à la fois liés par leur texture et déconnectés du reste par leur contraste avec les murs repeints blancs. De cette manière, la structure de l’immeuble est dissociée des cloisons, des menuiseries et des espaces créés, qui font, eux, le projet », a expliqué Noa Peer.
Quant aux propriétaires des lieux, ce parti pris architectural fort les a séduits : « Ils ont compris l’idée et ont été partants dès le départ ! »
Plus de photos de décorations industrielles
Quant aux propriétaires des lieux, ce parti pris architectural fort les a séduits : « Ils ont compris l’idée et ont été partants dès le départ ! »
Plus de photos de décorations industrielles
Le brut gage de modernité
Cet appartement rue Raynouard à Paris, se situe dans un immeuble racheté par un investisseur qui a souhaité convoquer différents architectes pour relooker puis revendre chaque appartement. Ce sont les architectes de l’agence Kast Design qui ont été appelées pour celui-ci et elles ont décidé de surprendre le maître d’ouvrage.
Dans ce projet encore, l’élément laissé brut, à savoir les poutres du plafond, faisait partie de l’histoire des lieux. « C’étaient exactement les mêmes que celles du sous-sol de l’immeuble », affirme Magda Mietka, l’une des trois professionnelles de l’agence.
Cet appartement rue Raynouard à Paris, se situe dans un immeuble racheté par un investisseur qui a souhaité convoquer différents architectes pour relooker puis revendre chaque appartement. Ce sont les architectes de l’agence Kast Design qui ont été appelées pour celui-ci et elles ont décidé de surprendre le maître d’ouvrage.
Dans ce projet encore, l’élément laissé brut, à savoir les poutres du plafond, faisait partie de l’histoire des lieux. « C’étaient exactement les mêmes que celles du sous-sol de l’immeuble », affirme Magda Mietka, l’une des trois professionnelles de l’agence.
Comme le plafond n’était pas très haut et que les architectes souhaitaient perdre un minimum de hauteur sous plafond, elles ont eu envie de conserver ces poutres. Et de les laisser complètement brutes en clin d’œil à l’histoire des lieux. « De cet élément vintage laissé brut découle paradoxalement la modernité », affirme Magda.
Le travail de décoration a donc visé à magnifier cet élément et à le rendre encore plus visible. « D’où sa mise en valeur grâce à un claustra rétroéclairé », mentionne-t-elle. Puis tout le mobilier a été décliné dans un style contemporain pour s’assortir à cet élément de modernité inédit. « L’effet surprise a totalement fonctionné pour le maître d’ouvrage qui a même fait de cet appartement son appartement témoin », conclut la pro.
Le travail de décoration a donc visé à magnifier cet élément et à le rendre encore plus visible. « D’où sa mise en valeur grâce à un claustra rétroéclairé », mentionne-t-elle. Puis tout le mobilier a été décliné dans un style contemporain pour s’assortir à cet élément de modernité inédit. « L’effet surprise a totalement fonctionné pour le maître d’ouvrage qui a même fait de cet appartement son appartement témoin », conclut la pro.
Dans cette esthétique brute à la recherche du temps perdu, nous pourrions également éprouver un désir de résilience à la japonaise. Ainsi, dans son ouvrage Kintsugi, l’art de la résilience, Céline Santini évoque « la pensée japonaise du Wabi Sabi (“Wabi” : humilité face aux phénomènes naturels ; “Sabi” : ce que l’on ressent face au travail du temps ou des hommes) qui invite à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites, et atypiques ».
Elle affirme qu’« en acceptant de s’ouvrir au Wabi Sabi, on va à contre-courant des modèles standardisés et artificiels modernes. Le Wabi Sabi invite au contraire à la contemplation, et au détachement par rapport à la perfection. Il souligne le caractère irréversible du temps qui passe et l’aspect éphémère de toute chose, et appelle à apprécier l’humble beauté des choses simples, patinées par les années et les épreuves… »
C’est sur cette belle image que nous vous laissons méditer à la finition de vos prochains murs, qui sait, peut-être en mode trash ?
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette tendance ?
Elle affirme qu’« en acceptant de s’ouvrir au Wabi Sabi, on va à contre-courant des modèles standardisés et artificiels modernes. Le Wabi Sabi invite au contraire à la contemplation, et au détachement par rapport à la perfection. Il souligne le caractère irréversible du temps qui passe et l’aspect éphémère de toute chose, et appelle à apprécier l’humble beauté des choses simples, patinées par les années et les épreuves… »
C’est sur cette belle image que nous vous laissons méditer à la finition de vos prochains murs, qui sait, peut-être en mode trash ?
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette tendance ?
Pour l’architecte Agathe Marimbert qui se plaît à faire surgir dans les lieux qu’elle rénove des touches dénuées d’apprêt, pas question de parler de « trash walls ». « Je ne dirais pas que ces murs sont trash, mais plutôt bruts ! », corrige-t-elle. Celle qui considère qu’« un petit projet n’existe pas, et qu’une intention forte peut être transmise à travers tous types d’espaces », laisse en effet volontiers les structures des espaces apparentes à cette fin. « Il me tient à cœur de révéler les caractéristiques constructives d’un lieu », insiste-t-elle. C’est le cas par exemple dans ce projet Vellefaux, réalisé en 2018 (photo ci-dessus).