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Architecture
Architecture : Le salon, histoire d'une consécration
Le séjour n'a pas toujours eu le beau rôle dans les intérieurs. Focus sur le parcours historique de cette pièce devenue maîtresse
Aujourd’hui présent dans tous nos logements, où il concentre la vie quotidienne de la majeure partie des Français, le salon n’a pourtant pas toujours eu ce statut privilégié, ni même existé en tant que tel. Quelle est son histoire ? Retour sur l’évolution significative qu’il a subie entre la fin du XIXᵉ siècle et le début du XXᵉ siècle.
- La classe rurale
« Là, il y a des chambres qui sont la cuisine, la salle à manger, la chambre à coucher, pour tout le monde : père, mère et petits… Elles sont encore cave et grenier ; écurie et basse-cour quelques fois. Le jour y arrive par des ouvertures basses et étroites ; l’air passe sous les portes et les châssis déboîtés […]. C’est une lampe grasse et fumeuse qui éclaire, dans l’occasion – d’habitude, c’est le feu. Puis le plancher, c’est de la terre inégale et humide. », décrit le philosophe et économiste Victor Considerant en 1848.
- La classe ouvrière
À la fin du XIXᵉ siècle, cette salle commune servait à la fois de cuisine, de salle à manger, de salon/salle de repos, parfois de « chambre » (recoin avec une couche) pour les domestiques, et comportait même les WC.
Malgré son apparente incommodité, cette pièce était néanmoins importante car elle incarnait l’idée de famille et était indispensable pour en regrouper les membres.
- La bourgeoisie
À cette époque, le salon n’était présent que dans les habitations bourgeoises, et servait à la fois de lieu de réception et d’apparat.
Et il n’était pas le seul : hall d’entrée, atelier, fumoir, billard, boudoir, bibliothèque, tous ces lieux étaient utilisés pour recevoir et qualifiaient la classe de l’habitation. Le salon est en général la transition entre l’entrée et la salle à manger.
N’étant pas indispensable en principe, il est étranger au mode de vie des classes populaires. Posséder un salon, c’est appartenir à la bourgeoisie.
Transformations du salon dans la classe bourgeoise
Le salon bourgeois, bien que très important, n’a pas toujours été présent dans les demeures de la haute société car c’était la salle à manger, à l’origine, qui était à l’honneur. Centrale, elle était utilisée dans le cadre des réunions familiales, le repas étant le moment le plus important de la vie sociale car il servait de prétexte pour recevoir et faisait l’objet de grandes dépenses.
Le salon bourgeois, bien que très important, n’a pas toujours été présent dans les demeures de la haute société car c’était la salle à manger, à l’origine, qui était à l’honneur. Centrale, elle était utilisée dans le cadre des réunions familiales, le repas étant le moment le plus important de la vie sociale car il servait de prétexte pour recevoir et faisait l’objet de grandes dépenses.
Petit à petit, la taille des appartements diminue, au détriment de la salle à manger car, souvent placée côté cour, elle souffre d’un manque de luminosité.
C’est donc naturellement que les habitants vont se diriger vers le salon, très lumineux car aménagé, lui, côté rue. Il va ainsi devenir un lieu privilégié, un espace théâtral où l’on accueille les personnes les plus en vogue de l’époque.
C’est donc naturellement que les habitants vont se diriger vers le salon, très lumineux car aménagé, lui, côté rue. Il va ainsi devenir un lieu privilégié, un espace théâtral où l’on accueille les personnes les plus en vogue de l’époque.
Transformations du salon dans les classes populaires
C’est dans les habitations modestes que l’évolution du salon sera la plus visible.
Le salon était un signe fort d’appartenance à la bourgeoisie, les classes populaires modifient l’aménagement et l’usage de la pièce commune de leur logement.
La cuisine se sépare ainsi de la salle à manger, elle-même transformée en salon car il est important de pouvoir accueillir ses invités dans un lieu sain (la cuisine était considérée comme un endroit sale, insalubre), si l’on veut se démarquer et imiter les classes bourgeoises.
Une autre méthode était parfois utilisée, celle de transformer une chambre en « salle à manger » où l’on ne mangeait pas, qui servait donc de « salon ».
C’est dans les habitations modestes que l’évolution du salon sera la plus visible.
Le salon était un signe fort d’appartenance à la bourgeoisie, les classes populaires modifient l’aménagement et l’usage de la pièce commune de leur logement.
La cuisine se sépare ainsi de la salle à manger, elle-même transformée en salon car il est important de pouvoir accueillir ses invités dans un lieu sain (la cuisine était considérée comme un endroit sale, insalubre), si l’on veut se démarquer et imiter les classes bourgeoises.
Une autre méthode était parfois utilisée, celle de transformer une chambre en « salle à manger » où l’on ne mangeait pas, qui servait donc de « salon ».
La chasse aux taudis
Dès 1875, la chasse aux taudis est lancée et devient un enjeu national, avec le rejet des grandes habitations à équipements collectifs, à coursives ou à longs couloirs et cours fermées. En effet, il faut se rappeler que les logements n’étaient pas à ce moment-là équipés chacun de leurs propres WC ou salle de bains, ni même de l’eau courante !
Les hygiénistes
Paris se densifie vers la fin du XIXᵉ, et le prix et la rareté du terrain ne permettant pas la construction de maisons particulières, ce sont les immeubles qui se multiplient. Ils seront redéfinis à partir de nouvelles doctrines architecturales et de lois sur l’hygiène.
Par la modernisation des logements, leur équipement en eau courante et en lieux de « propreté », les hygiénistes souhaitent faire évoluer les classes ouvrières en les « civilisant ». Pourtant les logements trois pièces sont au début trop coûteux pour l’ouvrier qui préfère rester dehors : les espaces publics, rues et cafés sont leurs « salons » à cette époque, en l’absence d’une pièce en plus dans leur maison.
Dès 1875, la chasse aux taudis est lancée et devient un enjeu national, avec le rejet des grandes habitations à équipements collectifs, à coursives ou à longs couloirs et cours fermées. En effet, il faut se rappeler que les logements n’étaient pas à ce moment-là équipés chacun de leurs propres WC ou salle de bains, ni même de l’eau courante !
Les hygiénistes
Paris se densifie vers la fin du XIXᵉ, et le prix et la rareté du terrain ne permettant pas la construction de maisons particulières, ce sont les immeubles qui se multiplient. Ils seront redéfinis à partir de nouvelles doctrines architecturales et de lois sur l’hygiène.
Par la modernisation des logements, leur équipement en eau courante et en lieux de « propreté », les hygiénistes souhaitent faire évoluer les classes ouvrières en les « civilisant ». Pourtant les logements trois pièces sont au début trop coûteux pour l’ouvrier qui préfère rester dehors : les espaces publics, rues et cafés sont leurs « salons » à cette époque, en l’absence d’une pièce en plus dans leur maison.
Les HBM et l’innovation architecturale
En 1900 apparaissent les HBM « Habitations Bon Marché », dont le programme est élaboré par les Fondations et les architectes. Il ne s’agit plus d’habitations bourgeoises « réduites » et l’attention se porte plus sur les gestes de la vie quotidienne que sur les règles de savoir-vivre. Sont intégrés entre autres : l’hygiène, le chauffage, l’eau courante, l’éclairage, l’évacuation des ordures…
Le logement modeste devient alors l’objet d’une recherche spécifique, le lieu de l’innovation, dont les architectes s’emparent pour exprimer leur inventivité et leurs préoccupations sociales. Les dimensions du logement, la surface et le volume des pièces sont désormais normées. Les pièces principales sont plus géométriques, les pièces rondes étant difficilement « meublables ». La salle à manger est par exemple dimensionnée en fonction de la table la plus courante à l’époque. Les gestes de la vie quotidienne et l’encombrement du mobilier sont étudiés. Cette manière de concevoir annonce en architecture le mouvement moderne.
Tout au long du XXᵉ siècle, tous les logements vont progressivement bénéficier d’une pièce de réception, qu’elle soit nommée salon ou salle à manger. La cuisine s’est détachée et est devenue autonome. Les WC et les cabinets de toilette également. Le salon est né.
En 1900 apparaissent les HBM « Habitations Bon Marché », dont le programme est élaboré par les Fondations et les architectes. Il ne s’agit plus d’habitations bourgeoises « réduites » et l’attention se porte plus sur les gestes de la vie quotidienne que sur les règles de savoir-vivre. Sont intégrés entre autres : l’hygiène, le chauffage, l’eau courante, l’éclairage, l’évacuation des ordures…
Le logement modeste devient alors l’objet d’une recherche spécifique, le lieu de l’innovation, dont les architectes s’emparent pour exprimer leur inventivité et leurs préoccupations sociales. Les dimensions du logement, la surface et le volume des pièces sont désormais normées. Les pièces principales sont plus géométriques, les pièces rondes étant difficilement « meublables ». La salle à manger est par exemple dimensionnée en fonction de la table la plus courante à l’époque. Les gestes de la vie quotidienne et l’encombrement du mobilier sont étudiés. Cette manière de concevoir annonce en architecture le mouvement moderne.
Tout au long du XXᵉ siècle, tous les logements vont progressivement bénéficier d’une pièce de réception, qu’elle soit nommée salon ou salle à manger. La cuisine s’est détachée et est devenue autonome. Les WC et les cabinets de toilette également. Le salon est né.
Et maintenant ?
Le salon est aujourd’hui une pièce à part entière, automatiquement intégrée dans la conception de tous les logements. Elle en est d’ailleurs la plus grande et la plus importante.
Le salon est un lieu de rencontre, de détente, de réception et de représentation. Il peut être entrée, salon, salle à manger, bureau et cuisine à la fois selon les envies de ses habitants. Différentes activités s’y déroulent tout au long de la journée : les repas, la relaxation, les loisirs, le travail, etc.
Le salon est aujourd’hui une pièce à part entière, automatiquement intégrée dans la conception de tous les logements. Elle en est d’ailleurs la plus grande et la plus importante.
Le salon est un lieu de rencontre, de détente, de réception et de représentation. Il peut être entrée, salon, salle à manger, bureau et cuisine à la fois selon les envies de ses habitants. Différentes activités s’y déroulent tout au long de la journée : les repas, la relaxation, les loisirs, le travail, etc.
Son meuble fétiche ? Le canapé, placé idéalement dans une zone sombre et intime avec la télévision. Le salon est aussi le lieu privilégié pour accueillir des meubles design ou des objets d’art, jouant le rôle de galerie.
Il ne donne plus systématiquement sur la rue, mais peut être orienté en fonction des vues (parc, jardin, lac, monument, etc.), ou bien des points cardinaux, avec une nette préférence pour le sud.
ET VOUS ?
Connaissiez-vous l’histoire du salon ?
Retrouvez plus d’idées pour décorer et aménager votre salon
Il ne donne plus systématiquement sur la rue, mais peut être orienté en fonction des vues (parc, jardin, lac, monument, etc.), ou bien des points cardinaux, avec une nette préférence pour le sud.
ET VOUS ?
Connaissiez-vous l’histoire du salon ?
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Petit rappel du contexte social de cette époque. Aux alentours des années 1880, trois grandes classes sociales dominent en ville : la classe ouvrière, les bourgeois et les « artistes ». Les ouvriers constituent plus de la moitié de la population parisienne. À la campagne, ce sont les paysans qui sont les maîtres des lieux, mais leur nombre diminue considérablement en raison de l’exode rural.