Illusions d'optique : La photo trompe l'œil mais pas la déco
Pour donner l'illusion de la réalité de façon artistique, positionnez une photo grand format au bon endroit !
Depuis les Romains qui donnaient du relief aux murs en imitant de fausses colonnes ou statues, en passant par Giotto, Van Eyck, Raphaël, Michel-Ange, ou encore Henri Cadiou dans les années 60, les peintres ont de tout temps exploité le trompe-l’œil. Vous aussi, jouez au « trompe-l’œilliste » en utilisant la photographie du XXᵉ et XXIᵉ siècle pour décorer vos murs. Il ne s’agit pas d’exposer des photographies insolites, mais de les positionner de façon astucieuse dans votre intérieur pour créer des illusions d’optique. Une image savamment placée sur un mur peut ainsi ouvrir une perspective, créer l’illusion d’une pièce de mobilier supplémentaire ou la présence d’un être humain. Je vous explique ici comment.
Le B.A.-ba de l’illusion d’optique
Pour tenter d’égaler le fameux trompe-l’œil de la galerie de colonnes du palais Spada à Rome, paraissant longue d’une trentaine de mètres alors qu’elle ne mesure en réalité que 8,82 mètres, quelques règles s’imposent :
Pour tenter d’égaler le fameux trompe-l’œil de la galerie de colonnes du palais Spada à Rome, paraissant longue d’une trentaine de mètres alors qu’elle ne mesure en réalité que 8,82 mètres, quelques règles s’imposent :
- Prévoyez un tirage en très grand format, couvrant la majorité du mur.
- Accrochez votre photographie à hauteur du regard.
- Marquez une bonne distance entre le spectateur et l’image pour créer l’illusion.
- Jouez de l’ombre et de la lumière, de la justesse des couleurs entre votre pièce et la scène ajoutée.
Trompe-l’œil architectural
Ici en contre-plongée, cette perspective accélérée essaie de vous faire croire qu’elle est plus profonde qu’elle n’est en réalité. Par son jeu de lignes de fuite et le choix d’une focale « grand angle », la photographie donne un sentiment de plonger dans un vaste univers. Ingénieusement positionné à la place d’un miroir, son cadre prolonge les contours du manteau de cheminée et offre une échappatoire au regard. Ses tonalités beige et noir proches de celles de la pièce lui permettent une intégration parfaite.
Ici en contre-plongée, cette perspective accélérée essaie de vous faire croire qu’elle est plus profonde qu’elle n’est en réalité. Par son jeu de lignes de fuite et le choix d’une focale « grand angle », la photographie donne un sentiment de plonger dans un vaste univers. Ingénieusement positionné à la place d’un miroir, son cadre prolonge les contours du manteau de cheminée et offre une échappatoire au regard. Ses tonalités beige et noir proches de celles de la pièce lui permettent une intégration parfaite.
Débouchez un mur aveugle
A contrario, on peut choisir une photographie à la profondeur de vue restreinte mais dotée d’un contraste fort entre un premier plan que l’on préférera clair et un arrière-plan sombre. Cela peut également donner l’illusion que l’on ouvre une vue vers l’extérieur en jouant sur le relief.
Le regard se positionne sur les marches : où peuvent-elles conduire ? Il est ensuite absorbé par ce jeu d’ombres et de lumière, vers cette hypothétique cour avant d’être arrêté par la porte sombre et close. Souvenez-vous : le regard aime s’échapper, découvrir, puis se fixer. Par ce stratagème, nous lui avons fait gagner quelques mètres et une vue à apprécier, même s’il s’agit d’une contrefaçon.
A contrario, on peut choisir une photographie à la profondeur de vue restreinte mais dotée d’un contraste fort entre un premier plan que l’on préférera clair et un arrière-plan sombre. Cela peut également donner l’illusion que l’on ouvre une vue vers l’extérieur en jouant sur le relief.
Le regard se positionne sur les marches : où peuvent-elles conduire ? Il est ensuite absorbé par ce jeu d’ombres et de lumière, vers cette hypothétique cour avant d’être arrêté par la porte sombre et close. Souvenez-vous : le regard aime s’échapper, découvrir, puis se fixer. Par ce stratagème, nous lui avons fait gagner quelques mètres et une vue à apprécier, même s’il s’agit d’une contrefaçon.
L’art du faux
Montaigne avait écrit : « Rien ne semble vrai qui ne puisse sembler faux. » Ou comment ajouter de vrais objets photographiés pour cultiver l’art du faux ! La preuve en image avec cette véritable chaise photographiée et exposée sur ce pan de mur, et sur laquelle vous ne devriez jamais vous asseoir.
L’autre ruse de la décoratrice consiste en l’aplat de peinture bicolore pour une intégration totale de l’image aux différents murs et perspectives. Résultat : un simulacre de chaise quasi volante, ingénieusement absorbé par le décor. Effet de surprise garanti. Évidemment, on ne reste pas dupe bien longtemps. De la découverte de l’imposture naît la réussite de votre idée.
Montaigne avait écrit : « Rien ne semble vrai qui ne puisse sembler faux. » Ou comment ajouter de vrais objets photographiés pour cultiver l’art du faux ! La preuve en image avec cette véritable chaise photographiée et exposée sur ce pan de mur, et sur laquelle vous ne devriez jamais vous asseoir.
L’autre ruse de la décoratrice consiste en l’aplat de peinture bicolore pour une intégration totale de l’image aux différents murs et perspectives. Résultat : un simulacre de chaise quasi volante, ingénieusement absorbé par le décor. Effet de surprise garanti. Évidemment, on ne reste pas dupe bien longtemps. De la découverte de l’imposture naît la réussite de votre idée.
Donnez de la profondeur
Inspirez-vous de Piero della Francesca, figure importante de la Renaissance italienne, qui sut jouer de la perspective géométrique pour composer ses tableaux et leur donner l’illusion du vrai. Lumière intense, format grandiose et simplification des volumes : autant d’atouts qui vous inspireront dans le choix de vos photographies. Le but de ses compositions était de donner l’illusion d’espaces figurés prolongeant l’espace réel. Une idée à retenir pour agrandir les plus petites pièces, comme ici les toilettes.
Inspirez-vous de Piero della Francesca, figure importante de la Renaissance italienne, qui sut jouer de la perspective géométrique pour composer ses tableaux et leur donner l’illusion du vrai. Lumière intense, format grandiose et simplification des volumes : autant d’atouts qui vous inspireront dans le choix de vos photographies. Le but de ses compositions était de donner l’illusion d’espaces figurés prolongeant l’espace réel. Une idée à retenir pour agrandir les plus petites pièces, comme ici les toilettes.
Di sott’in sù (de dessous vers le haut)
Ou comment faire passer une rame de métro sous les poutres de son salon. L’usage pictural des points de fuite, dont Melozzo de Forlì ou Marco Palmezzano étaient passés maîtres, trouve souvent son écho dans les photographies réalisées en contre-plongée.
Vous noterez que l’illusion fonctionne grâce à deux éléments :
Ou comment faire passer une rame de métro sous les poutres de son salon. L’usage pictural des points de fuite, dont Melozzo de Forlì ou Marco Palmezzano étaient passés maîtres, trouve souvent son écho dans les photographies réalisées en contre-plongée.
Vous noterez que l’illusion fonctionne grâce à deux éléments :
- L’angle de vue, puisque le voyeur (vous) sera installé au plus bas pour observer l’image : pas plus haut que les chauffeuses de salon.
- Le prolongement des poutres métalliques du chemin de fer par les poutres en bois de ce salon sous les combles.
Plantez le décor
Si le trompe-l’œil se définit comme la tendance à restituer le sujet avec la plus grande vérité possible, jouez-en ! Et s’il manque encore de relief, ajoutez-en par une scénographie autour de votre photo. Ici, le piétement de la table en véritable tronc d’arbre augmente l’aspect réaliste et naturel de la scène, le plateau vitré faisant presque oublier qu’il s’agit d’une table. Les rhinocéros en résine, eux, s’incorporent dans la scène tandis qu’une véritable plante fait écho à l’arbre photographié. Vous voilà trompe-l’œilliste en 3D !
Si le trompe-l’œil se définit comme la tendance à restituer le sujet avec la plus grande vérité possible, jouez-en ! Et s’il manque encore de relief, ajoutez-en par une scénographie autour de votre photo. Ici, le piétement de la table en véritable tronc d’arbre augmente l’aspect réaliste et naturel de la scène, le plateau vitré faisant presque oublier qu’il s’agit d’une table. Les rhinocéros en résine, eux, s’incorporent dans la scène tandis qu’une véritable plante fait écho à l’arbre photographié. Vous voilà trompe-l’œilliste en 3D !
Effet de matière
En déco, le trompe-l’œil s’est toujours attaché à imiter les matières. Si les premières illusions d’optique étaient peintes directement sur les murs avant de l’être sur toile, elles sont aujourd’hui imprimées sur papier peint. Une grande tendance apparue ces derniers mois qui devient incontournable en 2016. Vous souhaitez donner l’illusion que votre mur est en céramique, en fer, en pierre, en bois ? Qu’à cela ne tienne, les fabricants de papiers peints parviennent à imiter toutes les textures. Elles sont d’autant plus réalistes qu’il s’agit de plus en plus souvent de photographies imprimées sur les lés.
En déco, le trompe-l’œil s’est toujours attaché à imiter les matières. Si les premières illusions d’optique étaient peintes directement sur les murs avant de l’être sur toile, elles sont aujourd’hui imprimées sur papier peint. Une grande tendance apparue ces derniers mois qui devient incontournable en 2016. Vous souhaitez donner l’illusion que votre mur est en céramique, en fer, en pierre, en bois ? Qu’à cela ne tienne, les fabricants de papiers peints parviennent à imiter toutes les textures. Elles sont d’autant plus réalistes qu’il s’agit de plus en plus souvent de photographies imprimées sur les lés.
Jeu d’ombres et de lumière
Autrefois, les grisailles (ces dessins monochromes en clair-obscur de statues ou de bas-reliefs) semblaient tout naturellement prédisposées à jouer les trompe-l’œil.
De nos jours, la photographie noir et blanc permet de reproduire ce stratagème reposant sur la complicité entre l’ombre et la lumière.
En camaïeu de gris, cette photographie fait un clin d’œil aux marches de l’escalier dans le plissé de la robe. Fort bien positionnée et de bon format, elle donne à la fois l’impression d’une présence et l’illusion d’une profondeur, tout en élégance.
Autrefois, les grisailles (ces dessins monochromes en clair-obscur de statues ou de bas-reliefs) semblaient tout naturellement prédisposées à jouer les trompe-l’œil.
De nos jours, la photographie noir et blanc permet de reproduire ce stratagème reposant sur la complicité entre l’ombre et la lumière.
En camaïeu de gris, cette photographie fait un clin d’œil aux marches de l’escalier dans le plissé de la robe. Fort bien positionnée et de bon format, elle donne à la fois l’impression d’une présence et l’illusion d’une profondeur, tout en élégance.
Jouez avec la couleur
Cette photographie reprend plusieurs éléments clés nécessaires à l’art du trompe-l’œil : des lignes de fuite qui semblent prolonger celles de la pièce et un format adapté (pas plus grand que la table mais suffisant). Elle s’intéresse en plus à la justesse des couleurs in situ et hors cadre. L’œil est aspiré par cette fenêtre, comme ouverte vers l’extérieur.
Cette photographie reprend plusieurs éléments clés nécessaires à l’art du trompe-l’œil : des lignes de fuite qui semblent prolonger celles de la pièce et un format adapté (pas plus grand que la table mais suffisant). Elle s’intéresse en plus à la justesse des couleurs in situ et hors cadre. L’œil est aspiré par cette fenêtre, comme ouverte vers l’extérieur.
Une vue dérobée vers une pièce secrète
Le trompe-l’œil s’est souvent invité sur les dessus de portes, les devants de cheminées, les chantournés en tête de lit. Il y donnait à voir là où le regard devait habituellement s’arrêter.
Conscient que le spectateur a un côté voyeur, on a ici choisi la photographie d’une femme sur son lit, placée judicieusement sur un haut d’escalier, pour donner l’impression d’une fenêtre ouverte vers l’intérieur. En haut des marches, la vue plonge dans l’image, tandis qu’à mi-parcours, on se sentira comme observé par elle !
Le trompe-l’œil s’est souvent invité sur les dessus de portes, les devants de cheminées, les chantournés en tête de lit. Il y donnait à voir là où le regard devait habituellement s’arrêter.
Conscient que le spectateur a un côté voyeur, on a ici choisi la photographie d’une femme sur son lit, placée judicieusement sur un haut d’escalier, pour donner l’impression d’une fenêtre ouverte vers l’intérieur. En haut des marches, la vue plonge dans l’image, tandis qu’à mi-parcours, on se sentira comme observé par elle !
Format XXL pour effet hyperréaliste
En peinture, on s’accorde à dire qu’il existe deux styles de trompe-l’œil. Il y a celui qui se voit de loin, décoratif, monumental ou mural et qui donne l’impression d’effacer le mur pour lui donner une autre dimension, et celui, dérivé des fameux trompe-l’œil sur toile, qui triche par son réalisme. La photographie, de par son caractère forcément réaliste, réunit ces deux styles pour n’en faire plus qu’un. Ici, point de baie vitrée donnant sur une forêt d’arbres élancés, mais une photographie couvrant tout le mur de la cuisine : illusion parfaite qui peut être réalisée sur du PVC.
En peinture, on s’accorde à dire qu’il existe deux styles de trompe-l’œil. Il y a celui qui se voit de loin, décoratif, monumental ou mural et qui donne l’impression d’effacer le mur pour lui donner une autre dimension, et celui, dérivé des fameux trompe-l’œil sur toile, qui triche par son réalisme. La photographie, de par son caractère forcément réaliste, réunit ces deux styles pour n’en faire plus qu’un. Ici, point de baie vitrée donnant sur une forêt d’arbres élancés, mais une photographie couvrant tout le mur de la cuisine : illusion parfaite qui peut être réalisée sur du PVC.
L’art du réalisme, voire du surréalisme
Voici une photographie trompe-l’œil dans le goût d’Henri Cadiou, surnommé « le pape du trompe-l’œil » au XXᵉ siècle et auteur de l’œuvre La déchirure. Ses propos s’appliquent tout autant à cette photographie : « Le trompe-l’œil est une peinture, qui, au premier regard, donne l’illusion d’être constituée par des objets réels. Certes, l’illusion dure peu, car nous disposons pour juger notre erreur de la convergence des yeux et de la mise au point du cristallin. Mais lorsqu’il s’agit de représentations d’objets de faible épaisseur, ces moyens sont impuissants à nous détromper, et nous portons la main sur le tableau afin de constater qu’il s’agit d’une surface vraiment plane. »
ET VOUS ?
Avez-vous exploité le trompe-l’œil chez vous ? Qu’en pensez-vous ? Partagez vos avis et photos dans les commentaires !
Lire aussi :
Illusions d’optique : Jouez avec l’effet miroir
Découvrez d’autres façons d’habiller vos murs
Voici une photographie trompe-l’œil dans le goût d’Henri Cadiou, surnommé « le pape du trompe-l’œil » au XXᵉ siècle et auteur de l’œuvre La déchirure. Ses propos s’appliquent tout autant à cette photographie : « Le trompe-l’œil est une peinture, qui, au premier regard, donne l’illusion d’être constituée par des objets réels. Certes, l’illusion dure peu, car nous disposons pour juger notre erreur de la convergence des yeux et de la mise au point du cristallin. Mais lorsqu’il s’agit de représentations d’objets de faible épaisseur, ces moyens sont impuissants à nous détromper, et nous portons la main sur le tableau afin de constater qu’il s’agit d’une surface vraiment plane. »
ET VOUS ?
Avez-vous exploité le trompe-l’œil chez vous ? Qu’en pensez-vous ? Partagez vos avis et photos dans les commentaires !
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Découvrez d’autres façons d’habiller vos murs
Le trompe-l’œil constitue la forme la plus décriée du réalisme. Le nouveau maître français en la matière, qui le définit comme de l’« hyperréalisme », se nomme Christophe Koziel. Sur papiers peints, PVC, velours imprimés, il décline éléments d’architectures haussmanniens, faux murs de briques moussus, objets parfois banals du quotidien, comme de faux livres, ou animaux. Dédiés aussi bien aux particuliers qu’aux vitrines et plateaux télé, ses clins d’œil décalés s’étalent partout : version capitons rose poudré dans la chambre de la princesse Charlotte, ou fausses moulures d’immeubles haussmanniens aux murs des pop-up stores de Christofle.