Rencontre avec Raphaël Navot, designer de l'année 2023
Des lieux d'hospitalité à l'édition haut de gamme, découvrons le travail et les valeurs inspirants de ce designer
À chacune de ses éditions, le salon Maison&Objet célèbre le travail d’un designer au talent et au savoir-faire exceptionnels, reconnu sur la scène internationale du design et de la décoration. Le prix du Designer de l’année a été décerné à Raphaël Navot dans le cadre de l’édition de janvier 2023, où il dévoilera « l’Apothem Lounge* », une installation immersive qui vise à « représenter une émotion visuelle » à travers l’agencement minutieux d’une structure ouverte inondant les visiteurs de lumière et de texture. À cette occasion, Houzz a rencontré le designer.
*L’installation Apothem Lounge est à découvrir sur le salon Maison&Objet du 19 au 23 janvier 2023 à l’entrée du hall 7.
*L’installation Apothem Lounge est à découvrir sur le salon Maison&Objet du 19 au 23 janvier 2023 à l’entrée du hall 7.
Revêtements de sol End Grain en bois debout pour ©Oscar Ono
Qu’est ce qui vous a poussé à devenir designer ?
Le design est une notion très vaste et il y a de multiples façon d’être designer. Ce que les yeux captent, c’est déjà un design. J’ai toujours dessiné et j’ai hésité entre des études d’architecture et de design, il y a 25 ans. Je n’ai pas vraiment décidé d’être designer, je dirais que cela a été un enchaînement, une éventualité.
Que représente pour vous le titre de designer de l’année et qu’allez-vous donner à voir sur le salon Maison&Objet ?
Ça me touche beaucoup de recevoir cette distinction et c’est également une reconnaissance pour tous mes partenaires. C’est pour cela que que j’ai décidé de présenter au salon une installation en partenariat avec tous mes collaborateurs de longue date.
Maison&Objet Janvier 2023 : Préparez votre salon !
Qu’est ce qui vous a poussé à devenir designer ?
Le design est une notion très vaste et il y a de multiples façon d’être designer. Ce que les yeux captent, c’est déjà un design. J’ai toujours dessiné et j’ai hésité entre des études d’architecture et de design, il y a 25 ans. Je n’ai pas vraiment décidé d’être designer, je dirais que cela a été un enchaînement, une éventualité.
Que représente pour vous le titre de designer de l’année et qu’allez-vous donner à voir sur le salon Maison&Objet ?
Ça me touche beaucoup de recevoir cette distinction et c’est également une reconnaissance pour tous mes partenaires. C’est pour cela que que j’ai décidé de présenter au salon une installation en partenariat avec tous mes collaborateurs de longue date.
Maison&Objet Janvier 2023 : Préparez votre salon !
Inspiration projet M&O Janvier 2023 par Raphaël Navot en collaboration avec Flos Bespoke France
Il s’agit d’une scénographie comme au théâtre, un espace sans fonction que j’ai nommé « Apothem », un nom sans sens défini qui reflète mon travail, souhaité comme un effet visuel. J’ai travaillé en collaboration avec Flos Bespoke France pour dessiner une lumière en bois et verre de Murano, Roche Bobois, Kvadrat, Signature Murale. Le sol en bois debout provient de ma collaboration avec Oscar Ono et le banc de son Silencio de l’artiste Thomas Roussel. Cette installation avec ces partenaires vise à procurer une expérience immersive, basée sur la lumière, le son et le confort.
Il s’agit d’une scénographie comme au théâtre, un espace sans fonction que j’ai nommé « Apothem », un nom sans sens défini qui reflète mon travail, souhaité comme un effet visuel. J’ai travaillé en collaboration avec Flos Bespoke France pour dessiner une lumière en bois et verre de Murano, Roche Bobois, Kvadrat, Signature Murale. Le sol en bois debout provient de ma collaboration avec Oscar Ono et le banc de son Silencio de l’artiste Thomas Roussel. Cette installation avec ces partenaires vise à procurer une expérience immersive, basée sur la lumière, le son et le confort.
Hôtel Belle plage, Cannes ©Christophe Coënon
Mobilier, architecture d’intérieur, vous êtes éclectique dans vos réalisations. Avez-vous une préférence ?
Je cherche un équilibre entre des projets que l’on pourrait dire « démocratiques » et l’édition haut de gamme.
Par projets démocratiques, j’entends ceux qui sont fondés sur l’« hospitalité ». Je me suis éloigné des résidences privées ou des espaces commerciaux, préférant travailler sur des lieux où l’accueil du public a un lien avec l’hospitalité ou le culturel, ceux où l’expérience sociale n’est pas une action comme acheter mais une façon d’être, de passer un bon moment, comme dans un restaurant, un hôtel, une galerie d’art.
Mobilier, architecture d’intérieur, vous êtes éclectique dans vos réalisations. Avez-vous une préférence ?
Je cherche un équilibre entre des projets que l’on pourrait dire « démocratiques » et l’édition haut de gamme.
Par projets démocratiques, j’entends ceux qui sont fondés sur l’« hospitalité ». Je me suis éloigné des résidences privées ou des espaces commerciaux, préférant travailler sur des lieux où l’accueil du public a un lien avec l’hospitalité ou le culturel, ceux où l’expérience sociale n’est pas une action comme acheter mais une façon d’être, de passer un bon moment, comme dans un restaurant, un hôtel, une galerie d’art.
Table The Low Overlap et canapé The Palm Sofa, Loro Piana ©Simone Bossi
Quant à l’édition haut de gamme, c’est pour moi l’occasion de pousser une réalisation jusqu’aux limites de là où on peut parvenir avec une certaine matière et sur la connaissance des savoir-faire. Comme je l’ai fait par exemple cette année avec la petite série en lien avec un éditeur de mobilier présentée dans la galerie Friedman Benda* à New York qui dévoile un savoir-faire exceptionnel.
* On the Same Subject, la première exposition solo en galerie de Raphaël Navot, couronne quatre ans de travail. Galerie Friedman Benda, 515 ouest 26ᵉ rue, New York, NY 10001
Quant à l’édition haut de gamme, c’est pour moi l’occasion de pousser une réalisation jusqu’aux limites de là où on peut parvenir avec une certaine matière et sur la connaissance des savoir-faire. Comme je l’ai fait par exemple cette année avec la petite série en lien avec un éditeur de mobilier présentée dans la galerie Friedman Benda* à New York qui dévoile un savoir-faire exceptionnel.
* On the Same Subject, la première exposition solo en galerie de Raphaël Navot, couronne quatre ans de travail. Galerie Friedman Benda, 515 ouest 26ᵉ rue, New York, NY 10001
Le 39V ©Yann Deret
Comment aimez-vous travailler ?
Je dessine à la main et sur l’ordinateur et tiens à la maîtrise de mes dessins. Aujourd’hui, de nombreux designers embauchent d’autres designers pour réaliser leurs dessins, mais il est important pour moi de protéger ma création, d’être libre de remettre en question chaque étape et chaque choix du processus de création, même si c’est difficile. Pour cela, je ne prends pas une soixantaine de projets par an, mais une dizaine.
Je considère par ailleurs que le designer n’est pas omnipotent. Le storytelling est primordial et découle d’un travail conjoint avec les partenaires, éditeurs, artisans d’art…
Comment aimez-vous travailler ?
Je dessine à la main et sur l’ordinateur et tiens à la maîtrise de mes dessins. Aujourd’hui, de nombreux designers embauchent d’autres designers pour réaliser leurs dessins, mais il est important pour moi de protéger ma création, d’être libre de remettre en question chaque étape et chaque choix du processus de création, même si c’est difficile. Pour cela, je ne prends pas une soixantaine de projets par an, mais une dizaine.
Je considère par ailleurs que le designer n’est pas omnipotent. Le storytelling est primordial et découle d’un travail conjoint avec les partenaires, éditeurs, artisans d’art…
Le 39V ©Yann Deret
La récente pandémie a-t-elle changé quelque chose dans votre façon de travailler ?
Oui, en effet, avoir du temps était une vraie révélation pour moi, car j’ai beaucoup moins voyagé mais n’en ai travaillé que davantage. Ce fut une période de réflexion intense en ce qui concerne mes projets « hospitalité » car mes clients et partenaires avaient également plus de temps. C’est à ce moment que sont nés l’Hôtel Dame des Arts, le restaurant gastronomique 39V qui a gagné le prix de la chambre de commerce, et la collection de meubles pour Loro Piana, des projets très aboutis que j’ai vraiment eu le temps de peaufiner à ce moment-là.
La récente pandémie a-t-elle changé quelque chose dans votre façon de travailler ?
Oui, en effet, avoir du temps était une vraie révélation pour moi, car j’ai beaucoup moins voyagé mais n’en ai travaillé que davantage. Ce fut une période de réflexion intense en ce qui concerne mes projets « hospitalité » car mes clients et partenaires avaient également plus de temps. C’est à ce moment que sont nés l’Hôtel Dame des Arts, le restaurant gastronomique 39V qui a gagné le prix de la chambre de commerce, et la collection de meubles pour Loro Piana, des projets très aboutis que j’ai vraiment eu le temps de peaufiner à ce moment-là.
Hôtel national des Arts et métiers ©Jérôme Galland
Quelles sont les valeurs qui vous paraissent importantes de transmettre ?
J’aime créer des lieux qui ne sont pas des dessins imaginés mais des espaces concrets, comme des hôtels ou restaurants, où l’hospitalité peut s’exprimer pour tous.
L’intemporel est une autre notion très importante pour moi. La course à la nouveauté ne m’intéresse pas. Je pense qu’une belle table en bois est éternelle par exemple.
Quelles sont les valeurs qui vous paraissent importantes de transmettre ?
J’aime créer des lieux qui ne sont pas des dessins imaginés mais des espaces concrets, comme des hôtels ou restaurants, où l’hospitalité peut s’exprimer pour tous.
L’intemporel est une autre notion très importante pour moi. La course à la nouveauté ne m’intéresse pas. Je pense qu’une belle table en bois est éternelle par exemple.
Hôtel national des Arts et métiers ©Jérôme Galland
Le confort est une autre des valeurs qui irriguent mon travail, autant le confort physique que mental. Mon travail parle à tout notre corps. Le confort ne réside pas seulement dans le toucher du matériel ou de ses formes organiques mais peut également résulter d’une image mentale de l’espace que je parviens à évoquer via la couleur, la fréquence ou la composition. En effet, une simple image peut nous détendre et, par là, nous apporter du confort, tant en mode slow que dynamisant d’ailleurs.
Le confort est une autre des valeurs qui irriguent mon travail, autant le confort physique que mental. Mon travail parle à tout notre corps. Le confort ne réside pas seulement dans le toucher du matériel ou de ses formes organiques mais peut également résulter d’une image mentale de l’espace que je parviens à évoquer via la couleur, la fréquence ou la composition. En effet, une simple image peut nous détendre et, par là, nous apporter du confort, tant en mode slow que dynamisant d’ailleurs.
Domaine des Étangs, la Bibliothèque dans la laiterie, ©Arthur Pequin 2018
Quelle est votre réalisation préférée ?
Il y en a beaucoup mais mon travail sur Le Domaine des Étangs, où j’ai réalisé deux bibliothèques et un hall d’exposition dans la laiterie de ce merveilleux domaine naturel à Massignac en Charentes est emblématique de ce que je recherche dans un projet. J’accorde une importance particulière aux relations que j’entretiens avec les gens et c’est devenu un mot clef dans le choix de mes projets, même si je suis très sollicité.
Quelle est votre réalisation préférée ?
Il y en a beaucoup mais mon travail sur Le Domaine des Étangs, où j’ai réalisé deux bibliothèques et un hall d’exposition dans la laiterie de ce merveilleux domaine naturel à Massignac en Charentes est emblématique de ce que je recherche dans un projet. J’accorde une importance particulière aux relations que j’entretiens avec les gens et c’est devenu un mot clef dans le choix de mes projets, même si je suis très sollicité.
Domaine des Étangs, le hall d’exposition dans la laiterie, ©Arthur Pequin 2018
Avec Garance Primat, la propriétaire de cet hôtel de luxe, la relation était empreinte de respect, tout était fluide et les choix rapides et nous avons pu traiter en confiance de nombreux espaces. J’ai également beaucoup apprécié de collaborer avec divers métiers d’art, comme des bouquinistes à Londres afin de comprendre par exemple la meilleure façon de présenter des livres dans les bibliothèques. Cette relation étroite avec les artisans d’art a toujours été une composante essentielle de mon travail.
Avec Garance Primat, la propriétaire de cet hôtel de luxe, la relation était empreinte de respect, tout était fluide et les choix rapides et nous avons pu traiter en confiance de nombreux espaces. J’ai également beaucoup apprécié de collaborer avec divers métiers d’art, comme des bouquinistes à Londres afin de comprendre par exemple la meilleure façon de présenter des livres dans les bibliothèques. Cette relation étroite avec les artisans d’art a toujours été une composante essentielle de mon travail.
Le 39V ©Yann Deret
Quel projet rêveriez-vous de réaliser ?
J’ai réalisé nombre de projets variés dans ma carrière et même eu l’occasion de travailler avec David Lynch. Cette année, j’ai ouvert 10 projets différents, comme travailler pour l’éditeur italien Loro Piana, pour l’hôtel Belle Plage à Cannes, pour le restaurant gastronomique le 39V Avenue Georges V… C’est juste incroyable, j’ai déjà surpassé mes attentes et me considère comme très heureux.
Comme je suis un vrai fan de science fiction vintage des années 1960-1970 en particulier, de films pas très connus de la nouvelle vague et de romans comme ceux de J. G. Ballard, j’aimerais peut-être faire quelque chose dans l’univers du cinéma. J’aurais plaisir à travailler pour une scénographie de film, en particulier pour la science-fiction où la réalité ne compte pas, dessiner des sets futuristes.
Quel projet rêveriez-vous de réaliser ?
J’ai réalisé nombre de projets variés dans ma carrière et même eu l’occasion de travailler avec David Lynch. Cette année, j’ai ouvert 10 projets différents, comme travailler pour l’éditeur italien Loro Piana, pour l’hôtel Belle Plage à Cannes, pour le restaurant gastronomique le 39V Avenue Georges V… C’est juste incroyable, j’ai déjà surpassé mes attentes et me considère comme très heureux.
Comme je suis un vrai fan de science fiction vintage des années 1960-1970 en particulier, de films pas très connus de la nouvelle vague et de romans comme ceux de J. G. Ballard, j’aimerais peut-être faire quelque chose dans l’univers du cinéma. J’aurais plaisir à travailler pour une scénographie de film, en particulier pour la science-fiction où la réalité ne compte pas, dessiner des sets futuristes.
Né en 1977 à Jérusalem, Raphaël Navot sort diplômé en beaux-arts et design conceptuel de la Design Academy Eindhoven en 2003. Il s’installe alors à Paris où il fonde son studio de design et d’architecture d’intérieur et se distingue par des projets divers, de la création de mobilier à l’architecture intérieure. Travailler pour le Club Silencio ouvert à Paris par David Lynch (2011) lui vaut une reconnaissance internationale. Parmi ses projets phares figurent la conception de l’Hôtel national des Arts et Métiers à Paris (2017), la bibliothèque et galerie d’art du Domaine des Étangs à Massignac (2018) ou ses collaborations avec des marques telles qu’Alessi, Cappellini, Oscar Ono, Roche Bobois…