Architecture
La datcha russe, de résidence impériale à maison de campagne
Depuis le XVIIIᵉ siècle, les Russes se réfugient dans leur datcha pendant l’été pour se détendre en famille et entre amis
Véritable phénomène architectural et culturel en Russie, la datcha est une résidence secondaire. Elle émerge au XVIIIᵉ siècle et jouit encore aujourd’hui d’une grande popularité. Voyons comment ces maisons ont évolué depuis l’époque de Pierre le Grand et visitons quatre datchas modernes.
Celle qu’on appelait la datcha côtière à Peterhof, ici en photo, a été construite en 1727 et reconstruite en 1843. Elle a appartenu à l’impératrice Elizaveta Petrovna. C’était un endroit discret conçu pour s’isoler et où personne n’arrivait à l’improviste. Elle était composée d’une maison en pierre de deux étages, d’une aile en bois et d’une ferme voisine.
Au milieu du XIXᵉ siècle, chaque aristocrate russe rêvait de posséder une telle datcha, mais il n’y avait pas suffisamment de maisons ni de parcelles pour tout le monde. Un marché locatif s’est donc développé, les propriétaires proposant de petits bâtiments situés sur leurs terres et sur les parcs ancestraux.
Ces datchas pouvaient être louées équipées avec tout le nécessaire pour la vie à la campagne ou complètement vide. Dans ce dernier cas, la famille devait emménager dans la datcha avec ses propres meubles, sa vaisselle et son linge de lit.
Aussi, les gens louaient non seulement des maisons individuelles sur leurs terres, mais parfois une aile inutilisée de leur grand palais à la campagne. Dans ce cas, les hôtes continuaient à vivre dans leur demeure et se présentaient formellement vêtus afin de coller au protocole : on voyait des robes avec corset au petit déjeuner ! De leur côté, les locataires pouvaient se permettre plus de liberté avec l’étiquette.
À ce jour, la datcha russe n’est pas un type de structure, mais un mode de vie campagnard.
Au milieu du XIXᵉ siècle, chaque aristocrate russe rêvait de posséder une telle datcha, mais il n’y avait pas suffisamment de maisons ni de parcelles pour tout le monde. Un marché locatif s’est donc développé, les propriétaires proposant de petits bâtiments situés sur leurs terres et sur les parcs ancestraux.
Ces datchas pouvaient être louées équipées avec tout le nécessaire pour la vie à la campagne ou complètement vide. Dans ce dernier cas, la famille devait emménager dans la datcha avec ses propres meubles, sa vaisselle et son linge de lit.
Aussi, les gens louaient non seulement des maisons individuelles sur leurs terres, mais parfois une aile inutilisée de leur grand palais à la campagne. Dans ce cas, les hôtes continuaient à vivre dans leur demeure et se présentaient formellement vêtus afin de coller au protocole : on voyait des robes avec corset au petit déjeuner ! De leur côté, les locataires pouvaient se permettre plus de liberté avec l’étiquette.
À ce jour, la datcha russe n’est pas un type de structure, mais un mode de vie campagnard.
Aujourd’hui encore, la vie à la datcha se caractérise par son caractère intimiste et un style de vie décontracté. Les citadins russes qui vivent dans de petits appartements ont tendance à avoir une datcha encore plus petite en banlieue. Quant à ceux qui vivent déjà à la campagne, ils construisent une seconde datcha, plus isolée, où ils peuvent faire des choses qu’ils n’oseraient jamais « dans la vraie vie ». Il n’y a qu’ici qu’un ouvrier peut cultiver ses légumes et combattre le doryphore côte à côte avec un ministre.
La datcha de famille de l’artiste Alexandre Benois, érigée en 1892.
Il y a deux saisons en Russie : l’hiver et la datcha
Dès les origines, les gens avaient l’habitude de se rendre à leur datcha au printemps et y restaient jusqu’à la fin de l’automne. Alexandre Benois (1870-1960), célèbre peintre et historien de l’art russe, disait que sa famille préférait « le froid et l’humidité de la datcha plutôt que de rester à Saint-Pétersbourg ».
L’aristocratie de l’époque faisait de longues promenades dans le parc de leurs quartiers d’été, des pique-niques, du canotage, de la gymnastique et des balades à vélo : autant d’activité qu’il leur était impossible de pratiquer en ville au XIXᵉ siècle. Ce phénomène reflète une tendance européenne de l’époque : l’expérience de la nature. En France, les impressionnistes sortent au grand air pour peindre tandis que des jardins paysagers inspirés de la nature émergent en Grande-Bretagne. C’est d’ailleurs à l’époque de la reine Victoria que le pique-nique devient populaire.
Il y a deux saisons en Russie : l’hiver et la datcha
Dès les origines, les gens avaient l’habitude de se rendre à leur datcha au printemps et y restaient jusqu’à la fin de l’automne. Alexandre Benois (1870-1960), célèbre peintre et historien de l’art russe, disait que sa famille préférait « le froid et l’humidité de la datcha plutôt que de rester à Saint-Pétersbourg ».
L’aristocratie de l’époque faisait de longues promenades dans le parc de leurs quartiers d’été, des pique-niques, du canotage, de la gymnastique et des balades à vélo : autant d’activité qu’il leur était impossible de pratiquer en ville au XIXᵉ siècle. Ce phénomène reflète une tendance européenne de l’époque : l’expérience de la nature. En France, les impressionnistes sortent au grand air pour peindre tandis que des jardins paysagers inspirés de la nature émergent en Grande-Bretagne. C’est d’ailleurs à l’époque de la reine Victoria que le pique-nique devient populaire.
Une famille russe profite de la vie à la campagne au début du XXᵉ siècle.
Voici comment le célèbre écrivain russe, Anton Tchekhov, décrit la vie à la datcha dans une nouvelle de 1898 intitulée La Nouvelle Villa, une œuvre connue de tous les élèves russes : « Ne pas labourer, ne pas semer, mais simplement vivre pour le plaisir, vivre seulement pour respirer l’air frais. » [NDLT]
Voici comment le célèbre écrivain russe, Anton Tchekhov, décrit la vie à la datcha dans une nouvelle de 1898 intitulée La Nouvelle Villa, une œuvre connue de tous les élèves russes : « Ne pas labourer, ne pas semer, mais simplement vivre pour le plaisir, vivre seulement pour respirer l’air frais. » [NDLT]
De nos jours, les Russes passent la saison estivale, de mai à octobre, à leur datcha. Certains font comme la famille de Benois et passent une bonne moitié de l’année là-bas, d’autres y vont tous les vendredis et reviennent le lundi. On y fait des soirées barbecue et on profite d’une vie simple en pleine nature.
Cette datcha avec une véranda est un exemple typique des constructions des années 1930 à 1950.
La datcha est conçue pour les beaux jours
Historiquement, les gens habitent leur datcha pendant les mois les plus chauds et cela se reflète dans l’architecture. Les lumineuses vérandas aux vitres colorées, les balcons aux détails sculptés et les mezzanines ne sont pas très adaptés aux hivers rigoureux. Ils évoquent une ambiance romantique et créent un sentiment de proximité avec la nature.
Un porche ou une véranda vitrée est généralement construit sur le côté sud de la maison pour lui donner le temps de se réchauffer pendant la journée. Dans la routine quotidienne de la vie à la campagne, il remplace le salon, la salle à manger, le bureau et même parfois la chambre à coucher.
La datcha est conçue pour les beaux jours
Historiquement, les gens habitent leur datcha pendant les mois les plus chauds et cela se reflète dans l’architecture. Les lumineuses vérandas aux vitres colorées, les balcons aux détails sculptés et les mezzanines ne sont pas très adaptés aux hivers rigoureux. Ils évoquent une ambiance romantique et créent un sentiment de proximité avec la nature.
Un porche ou une véranda vitrée est généralement construit sur le côté sud de la maison pour lui donner le temps de se réchauffer pendant la journée. Dans la routine quotidienne de la vie à la campagne, il remplace le salon, la salle à manger, le bureau et même parfois la chambre à coucher.
La datcha de l’ère soviétique était réservée aux hommes politiques et aux privilégiés
Après la révolution de 1917, presque toutes les datchas sont devenues propriétés de l’État. Alors qu’en général le mode de vie prérévolutionnaire sera désavoué, la culture de la datcha, elle, ne disparaîtra pas. En revanche, elle se transforme de manière significative et devient très réglementée. Une résolution est notamment adoptée en 1938 : À propos des datchas appartenant aux fonctionnaires de l’État (« О дачах ответственных работников »). Elle limite le nombre de pièces (incluant la cuisine et le salon) à huit pour les fonctionnaires et leur famille.
Des années 1930 aux années 1950, ces objets de convoitise étaient réservés aux fonctionnaires de l’État, aux écrivains, aux universitaires et autres catégories de privilégiés. Les datcha appartenaient au gouvernement ou étaient privées.
Après la révolution de 1917, presque toutes les datchas sont devenues propriétés de l’État. Alors qu’en général le mode de vie prérévolutionnaire sera désavoué, la culture de la datcha, elle, ne disparaîtra pas. En revanche, elle se transforme de manière significative et devient très réglementée. Une résolution est notamment adoptée en 1938 : À propos des datchas appartenant aux fonctionnaires de l’État (« О дачах ответственных работников »). Elle limite le nombre de pièces (incluant la cuisine et le salon) à huit pour les fonctionnaires et leur famille.
Des années 1930 aux années 1950, ces objets de convoitise étaient réservés aux fonctionnaires de l’État, aux écrivains, aux universitaires et autres catégories de privilégiés. Les datcha appartenaient au gouvernement ou étaient privées.
La datcha de Boris Pasternak, célèbre écrivain et poète des années 1930 et auteur du Docteur Jivago, à Peredelkino près de Moscou.
Les associations d’écrivains et d’architectes de l’époque ont construit leurs propres villages d’été où tous les voisins partageaient la même profession. Ce principe a été repris quand les entreprises soviétiques ont donné des parcelles de terrain à leurs employés. Ainsi les travailleurs de la même entreprise ou usine sont devenus voisins.
Parmi les villages d’été les plus célèbres près de Moscou, Peredelkino, où la datcha du poète nobélisé Boris Pasternak (1890-1960) a été conservée presque intacte. Les premières datchas de ce village ont été construites à partir de dessins allemands et ressemblent à des résidences secondaires européennes.
Les associations d’écrivains et d’architectes de l’époque ont construit leurs propres villages d’été où tous les voisins partageaient la même profession. Ce principe a été repris quand les entreprises soviétiques ont donné des parcelles de terrain à leurs employés. Ainsi les travailleurs de la même entreprise ou usine sont devenus voisins.
Parmi les villages d’été les plus célèbres près de Moscou, Peredelkino, où la datcha du poète nobélisé Boris Pasternak (1890-1960) a été conservée presque intacte. Les premières datchas de ce village ont été construites à partir de dessins allemands et ressemblent à des résidences secondaires européennes.
La datcha pour apprendre l’autodiscipline
Ces nouvelles datchas n’avaient rien à voir avec les villas impériales d’antan. Même la datcha d’un important officier militaire n’était qu’une petite maison sans installations spéciales. La taille d’un lopin de terre typique de l’époque soviétique était de 0,06 hectare (soit 600 m², ou shest’ sotok en russe). Ce nombre est d’ailleurs devenu un nom familier pour les plus récentes datchas soviétiques.
Non seulement les chartes des associations de banlieue réglementaient le nombre et l’emplacement des arbres sur chaque parcelle, mais elles définissaient aussi la dimension « autorisée » de la maison. Par exemple, une famille de trois personnes était censée habiter une seule pièce et il ne lui était pas permis de planter plus de six pommiers.
Les réglementations sur la superficie ont souvent été modifiées, mais jamais les parcelles ni les maisons n’ont été très grandes. Par exemple, dans les années 60 et 70, on n’autorisait la construction sur une parcelle de 0,06 hectare que de maisons de 25 m². Dans les années 1980, ces dernières ne pouvaient dépasser les 50 m² sur des lopins de 600 à 1 000 m².
La ballerine Maya Plisetskaya (1925-2015) se souvient de la datcha coopérative de sa famille dans le village de Zagoryanka. Elle se rappelle une maison en bois de deux pièces que les propriétaires considéraient comme une « splendeur royale ». Dans presque chaque maison, la salle de bains – un WC et un lavabo – était située dans un petit cabinet recouvert de bardeau à l’extérieur de la maison principale. Mais aucun résident n’était découragé par ce manque de confort au quotidien.
Ces nouvelles datchas n’avaient rien à voir avec les villas impériales d’antan. Même la datcha d’un important officier militaire n’était qu’une petite maison sans installations spéciales. La taille d’un lopin de terre typique de l’époque soviétique était de 0,06 hectare (soit 600 m², ou shest’ sotok en russe). Ce nombre est d’ailleurs devenu un nom familier pour les plus récentes datchas soviétiques.
Non seulement les chartes des associations de banlieue réglementaient le nombre et l’emplacement des arbres sur chaque parcelle, mais elles définissaient aussi la dimension « autorisée » de la maison. Par exemple, une famille de trois personnes était censée habiter une seule pièce et il ne lui était pas permis de planter plus de six pommiers.
Les réglementations sur la superficie ont souvent été modifiées, mais jamais les parcelles ni les maisons n’ont été très grandes. Par exemple, dans les années 60 et 70, on n’autorisait la construction sur une parcelle de 0,06 hectare que de maisons de 25 m². Dans les années 1980, ces dernières ne pouvaient dépasser les 50 m² sur des lopins de 600 à 1 000 m².
La ballerine Maya Plisetskaya (1925-2015) se souvient de la datcha coopérative de sa famille dans le village de Zagoryanka. Elle se rappelle une maison en bois de deux pièces que les propriétaires considéraient comme une « splendeur royale ». Dans presque chaque maison, la salle de bains – un WC et un lavabo – était située dans un petit cabinet recouvert de bardeau à l’extérieur de la maison principale. Mais aucun résident n’était découragé par ce manque de confort au quotidien.
Comme les datchas étaient de petite taille, la cuisine occupait souvent une construction séparée ou était tout simplement à l’extérieur. Aujourd’hui, c’est devenu presque une tradition d’avoir une cuisine extérieure. Ici, on peut voir une cuisine d’été en plein air, achevée en 2013 par Buro Akimov & Toporov.
La datcha permet de faire pousser ses légumes
Du temps de Nikita Khrouchtchev, dans l’Union soviétique des années 1955 à 1964, à l’époque des pénuries alimentaires, les Russes ont utilisé leur datcha pour y cultiver leur propre nourriture.
En plus de fournir de quoi manger, la datcha était synonyme de promenades avec l’auto remplie de produits de la terre, soin du jardin et soirées passées à transformer les fruits récoltés en confiture. Les Soviétiques sont tous devenus des « fermiers du dimanche ». Mais comme l’agriculture ne peut pas toujours attendre les week-ends, les gens allaient à leur datcha après le travail durant la semaine… si la distance l’autorisait.
Du temps de Nikita Khrouchtchev, dans l’Union soviétique des années 1955 à 1964, à l’époque des pénuries alimentaires, les Russes ont utilisé leur datcha pour y cultiver leur propre nourriture.
En plus de fournir de quoi manger, la datcha était synonyme de promenades avec l’auto remplie de produits de la terre, soin du jardin et soirées passées à transformer les fruits récoltés en confiture. Les Soviétiques sont tous devenus des « fermiers du dimanche ». Mais comme l’agriculture ne peut pas toujours attendre les week-ends, les gens allaient à leur datcha après le travail durant la semaine… si la distance l’autorisait.
La datcha comme projet de bricolage
La pénurie de matériaux et le manque d’argent à l’époque soviétique ont encouragé les gens à être créatifs et à recycler des éléments décoratifs : les décorations de fer forgé des porches, les corniches ou les chambranles sculptés et les vitraux des maisons prérévolutionnaires vouées à la démolition ont souvent été utilisés pour de nouvelles datchas. Les gens utilisaient presque tout ce qu’ils pouvaient trouver, y compris de vieilles bouteilles en plastique pour couvrir les semis ou en faire de petites serres, et des pots de yaourt vides pour planter. Certains se sont construit une douche de jardin à partir de vieilles portes d’autobus.
Si aujourd’hui le bricolage est un passe-temps, à l’époque, c’était une vraie nécessité.
La pénurie de matériaux et le manque d’argent à l’époque soviétique ont encouragé les gens à être créatifs et à recycler des éléments décoratifs : les décorations de fer forgé des porches, les corniches ou les chambranles sculptés et les vitraux des maisons prérévolutionnaires vouées à la démolition ont souvent été utilisés pour de nouvelles datchas. Les gens utilisaient presque tout ce qu’ils pouvaient trouver, y compris de vieilles bouteilles en plastique pour couvrir les semis ou en faire de petites serres, et des pots de yaourt vides pour planter. Certains se sont construit une douche de jardin à partir de vieilles portes d’autobus.
Si aujourd’hui le bricolage est un passe-temps, à l’époque, c’était une vraie nécessité.
L’épave d’une vieille voiture Zhiguli (Lada) joue le rôle de nain de jardin sur le terrain de cette petite datcha.
En hiver, de nombreuses datchas étaient utilisées pour entreposer temporairement des objets inutilisés ou désuets. Les gens y emmagasinaient de vieilles dentelles, des chaises cannelées, des samovars, des commodes et des armoires… Bref, des vieilleries « de grand-mère ». Aujourd’hui, les gens sont bien contents que les anciens n’aient pas tout jeté car ils n’ont pas à dépenser leur argent pour des pièces vintage chez les antiquaires.
En hiver, de nombreuses datchas étaient utilisées pour entreposer temporairement des objets inutilisés ou désuets. Les gens y emmagasinaient de vieilles dentelles, des chaises cannelées, des samovars, des commodes et des armoires… Bref, des vieilleries « de grand-mère ». Aujourd’hui, les gens sont bien contents que les anciens n’aient pas tout jeté car ils n’ont pas à dépenser leur argent pour des pièces vintage chez les antiquaires.
Tatiana Ivanova a aménagé l’intérieur de cette datcha et sa grande terrasse près de Moscou.
Un passe-temps favori à la datcha est de prendre le thé en plein air le soir avec la famille et les amis.
Un passe-temps favori à la datcha est de prendre le thé en plein air le soir avec la famille et les amis.
La datcha moderne s’adapte aux individus
Les propriétaires de datcha moderne sont libres de concevoir et d’utiliser leurs propriétés comme ils le désirent. Certains recréent l’ambiance d’un repaire idyllique tchékhovien, tandis que d’autres considèrent la datcha comme une retraite pour y rédiger des articles scientifiques ou pour se plonger dans leur amour du jardinage. Aujourd’hui, plus personne n’impose de limite à sa superficie mais il existe une règle tacite : la vraie datcha ne peut pas être vaste et imposante.
Voilà pourquoi, de nos jours , es jardiniers aiment leur petite maison de bois et leur village, restaurent et rénovent leur vieille datcha, et créent parfois leur propre interprétation de « prototypes » historiques.
La preuve au travers de quatre exemples de datchas modernes.
Les propriétaires de datcha moderne sont libres de concevoir et d’utiliser leurs propriétés comme ils le désirent. Certains recréent l’ambiance d’un repaire idyllique tchékhovien, tandis que d’autres considèrent la datcha comme une retraite pour y rédiger des articles scientifiques ou pour se plonger dans leur amour du jardinage. Aujourd’hui, plus personne n’impose de limite à sa superficie mais il existe une règle tacite : la vraie datcha ne peut pas être vaste et imposante.
Voilà pourquoi, de nos jours , es jardiniers aiment leur petite maison de bois et leur village, restaurent et rénovent leur vieille datcha, et créent parfois leur propre interprétation de « prototypes » historiques.
La preuve au travers de quatre exemples de datchas modernes.
1. Conserver le patrimoine
Qui vit ici : la famille Yakovenko, depuis 1954
Emplacement : Komarovo, près de Saint-Pétersbourg
Superficie : 161,3 m², en comptant la véranda
À souligner : Aleksandr Volodine a écrit ici sa pièce Le Marathon d’automne, plus tard adaptée au cinéma.
Avant 1913, Komarovo s’appelait Kellomäki. C’était une région prisée par les habitants de Saint-Pétersbourg. En 1954, le professeur et médecin militaire Vladimir Yakovenko s’est vu allouer une datcha. On la voit ici en 1958.
« La datcha a été construite à la fin des années 1950 », explique le propriétaire actuel, Vladislav Yakovenko. « Au cours des quinze dernières années, tous les systèmes ont été remplacés, mais nous n’avons pas encore restauré la maison elle-même. Comme le propriétaire d’origine était le médecin en chef de la marine russe, il y avait l’eau chaude dans la salle de bains », raconte le propriétaire.
Qui vit ici : la famille Yakovenko, depuis 1954
Emplacement : Komarovo, près de Saint-Pétersbourg
Superficie : 161,3 m², en comptant la véranda
À souligner : Aleksandr Volodine a écrit ici sa pièce Le Marathon d’automne, plus tard adaptée au cinéma.
Avant 1913, Komarovo s’appelait Kellomäki. C’était une région prisée par les habitants de Saint-Pétersbourg. En 1954, le professeur et médecin militaire Vladimir Yakovenko s’est vu allouer une datcha. On la voit ici en 1958.
« La datcha a été construite à la fin des années 1950 », explique le propriétaire actuel, Vladislav Yakovenko. « Au cours des quinze dernières années, tous les systèmes ont été remplacés, mais nous n’avons pas encore restauré la maison elle-même. Comme le propriétaire d’origine était le médecin en chef de la marine russe, il y avait l’eau chaude dans la salle de bains », raconte le propriétaire.
« L’architecture particulière de la datcha est due au fait que les architectes ont tenté de créer le plus d’espace habitable possible, tout en respectant les normes. La dimension de la maison ne pouvait pas dépasser les 65 m². Cependant, la datcha elle-même fait plus de deux fois cette superficie. Voilà pourquoi nous avons une maison avec un spacieux et lumineux couloir qui s’étend du centre de la galerie jusqu’au hall d’entrée », ajoute-t-il.
En effet, les constructeurs ont utilisé une astuce pour obtenir plus d’espace. Comme les règles officielles de l’État au sujet des dimensions et du nombre de pièces ne tenaient pas toujours compte des couloirs ou les halls d’entrée, certains ont osé y faire des excentricités.
En effet, les constructeurs ont utilisé une astuce pour obtenir plus d’espace. Comme les règles officielles de l’État au sujet des dimensions et du nombre de pièces ne tenaient pas toujours compte des couloirs ou les halls d’entrée, certains ont osé y faire des excentricités.
2. Une nouvelle vie pour un vieux classique
Emplacement : région de Moscou
Superficie : 180 m²
Architecte : Yulia Nesterova
Avant la révolution, cette maison en bois située près de Moscou, où jadis de nombreux intellectuels se réunissaient au printemps, appartenait à la famille d’un photographe de la famille impériale. La propriétaire actuelle a longtemps rêvé d’une ancienne datcha datant de « l’époque de Tchekhov », où l’on pouvait prendre le thé sur le porche pendant des heures et se promener dans les jardins.
La propriétaire est immédiatement tombée sous le charme de cette maison et de sa mezzanine, ses porches et ses chambranles. Lors de la rénovation, elle a demandé à l’architecte Yulia Nesterova de conserver l’atmosphère nostalgique et l’apparence de la maison et de restaurer l’intérieur. Les ouvriers ont refait les façades et conservé l’ancien vitrage des porches et des balcons. Yulia a décidé d’abattre les cloisons internes afin d’agrandir les pièces.
Emplacement : région de Moscou
Superficie : 180 m²
Architecte : Yulia Nesterova
Avant la révolution, cette maison en bois située près de Moscou, où jadis de nombreux intellectuels se réunissaient au printemps, appartenait à la famille d’un photographe de la famille impériale. La propriétaire actuelle a longtemps rêvé d’une ancienne datcha datant de « l’époque de Tchekhov », où l’on pouvait prendre le thé sur le porche pendant des heures et se promener dans les jardins.
La propriétaire est immédiatement tombée sous le charme de cette maison et de sa mezzanine, ses porches et ses chambranles. Lors de la rénovation, elle a demandé à l’architecte Yulia Nesterova de conserver l’atmosphère nostalgique et l’apparence de la maison et de restaurer l’intérieur. Les ouvriers ont refait les façades et conservé l’ancien vitrage des porches et des balcons. Yulia a décidé d’abattre les cloisons internes afin d’agrandir les pièces.
Si le décor est moderne, il a été soigneusement choisi en gardant à l’esprit l’histoire des datchas. Des couleurs douces, des meubles anciens, des rideaux brodés et des nappes délicates contribuent à créer une ambiance qui rappelle le début du XXᵉ siècle.
3. Une datcha moderne et DIY
Propriétaire : le designer Vitaly Zhuykov
Emplacement : dans la région d’Izhevsk
Superficie : 36 m², sans la terrasse
Le studio de Vitaly Zhuykov est situé non loin de la ville d’Izhevsk, sur les rives de la rivière Kama. Il vient ici de Moscou passer l’été et écume les villages voisins abandonnés – à cause de l’exode rural – à la recherche de vieilles planches, de meubles, de portes et de cadres à partir desquels il crée les objets de son entreprise de meubles, Made in August.
Propriétaire : le designer Vitaly Zhuykov
Emplacement : dans la région d’Izhevsk
Superficie : 36 m², sans la terrasse
Le studio de Vitaly Zhuykov est situé non loin de la ville d’Izhevsk, sur les rives de la rivière Kama. Il vient ici de Moscou passer l’été et écume les villages voisins abandonnés – à cause de l’exode rural – à la recherche de vieilles planches, de meubles, de portes et de cadres à partir desquels il crée les objets de son entreprise de meubles, Made in August.
« Tout dans ma datcha est fabriqué à partir de matériaux simples et authentiques, même si parfois ils semblent un peu bruts. C’est la rugosité des textures, les irrégularités et les imperfections qui créent l’ambiance », raconte Vitaly.
Il raconte que sa datcha change selon les saisons. « Quand je viens ici, j’invente ou je rénove tout le temps quelque chose. Je trouve de vieilles planches ou un cadre, et la maison gagne un nouvel élément. Par exemple, le rangement pour les bûches, qu’on voit sur la photo, est fabriqué à partir d’un cadre sculpté trouvé dans l’une des maisons abandonnées. Il y a beaucoup de villages vides ici, et plusieurs maisons seront bientôt démolies. Parfois, on a à peine le temps de sauver une trouvaille avant que le bulldozer ne rase tout », affirme-t-il.
Il raconte que sa datcha change selon les saisons. « Quand je viens ici, j’invente ou je rénove tout le temps quelque chose. Je trouve de vieilles planches ou un cadre, et la maison gagne un nouvel élément. Par exemple, le rangement pour les bûches, qu’on voit sur la photo, est fabriqué à partir d’un cadre sculpté trouvé dans l’une des maisons abandonnées. Il y a beaucoup de villages vides ici, et plusieurs maisons seront bientôt démolies. Parfois, on a à peine le temps de sauver une trouvaille avant que le bulldozer ne rase tout », affirme-t-il.
4. Retour aux sources
Emplacement : Kratovo, région de Moscou
Superficie : 180 m², sans les terrasses
Architectes : Evgeny Asse, Grigor Aykazyan et Anastasia Koneva, du cabinet ASSE Architects
Cette maison est située dans le vieux village d’été de Kratovo, près de Moscou, au cœur d’une belle forêt de pins. La datcha de deux étages avec grenier a été construite avec des poutres de bois lamellé-collé. Le projet comprend des terrasses sur les deux étages qui rappellent les vieilles datchas de Moscou et de Saint-Pétersbourg et leurs terrasses peintes en blanc et sculptées.
Emplacement : Kratovo, région de Moscou
Superficie : 180 m², sans les terrasses
Architectes : Evgeny Asse, Grigor Aykazyan et Anastasia Koneva, du cabinet ASSE Architects
Cette maison est située dans le vieux village d’été de Kratovo, près de Moscou, au cœur d’une belle forêt de pins. La datcha de deux étages avec grenier a été construite avec des poutres de bois lamellé-collé. Le projet comprend des terrasses sur les deux étages qui rappellent les vieilles datchas de Moscou et de Saint-Pétersbourg et leurs terrasses peintes en blanc et sculptées.
Même les datchas modernes s’enracinent dans les traditions anciennes car au fond, l’élément le plus important, et depuis toujours, c’est le mode de vie qu’elles incarnent. Les jours passés dans la datcha occupent une place de choix dans les souvenirs d’enfance de la plupart des Russes. La culture des tomates ou des pivoines, les thés d’après-midi sur les terrasses, le banya russe (le bain) ou la cueillette des pommes en août : les datchas inspirent le bonheur domestique, les doux souvenirs d’enfance et l’heureux retour à la nature.
ET VOUS ?
Que pensez-vous des datchas russes ?
Lire aussi :
L’héritage de Frank Lloyd Wright aux architectes japonais
L’influence majeure de Frank Lloyd Wright sur l’architecture japonaise
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Que pensez-vous des datchas russes ?
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La datcha ne se caractérise pas par son style architectural : c’est d’abord un mode de vie
Les premières datchas en Russie sont nées pendant le règne du tsar Pierre le Grand (1672-1725). Au XVIIIᵉ siècle, « datcha » (du verbe russe « дать » [dat’] qui signifie « donner ») était le nom donné à de petits – pour les normes de l’époque – domaines où l’on pouvait s’évader de la vie de cour et de son protocole strict pour profiter des plaisirs simples, comme cultiver un jardin ou un petit potager. Au départ, les datchas étaient ainsi des retraites pour ceux qui possédaient déjà un palais.