Architecture
L'héritage de Frank Lloyd Wright aux architectes japonais
L’idéologie derrière le travail de l’américain Frank Lloyd Wright s’est perpétuée par des générations d’architectes japonais
Dans la première partie de notre série sur la marque laissée par Frank Lloyd Wright sur l’architecture résidentielle japonaise, nous avons observé la première « génération » de ses apprentis au Japon – Arata Endo, Antonin Raymond, Kameki Tsuchiura et Yoshiya Tanoue – dont les carrières doivent beaucoup à l’influence du maître. Ces hommes ont non seulement créé leurs propres chefs-d’œuvre et modifié le paysage urbain nippon, mais ils ont aussi agi comme mentors pour toute une génération d’architectes, qui à leur tour ont influencé les suivants qui eux aussi ont marqué la génération subséquente.
Dans cette seconde partie, nous nous pencherons sur ces générations ultérieures d’architectes japonais, dont le travail s’inspire de l’esprit de Frank Lloyd Wright, encore présent aujourd’hui.
Dans cette seconde partie, nous nous pencherons sur ces générations ultérieures d’architectes japonais, dont le travail s’inspire de l’esprit de Frank Lloyd Wright, encore présent aujourd’hui.
Photo de Kazuki Yao
La résidence Yao de Raku Endo
Après avoir vu dans des magazines des œuvres de Frank Lloyd Wright, les Yao décident de s’offrir une Prairie House pour eux et leurs deux enfants à Osaka. Ils se mettent alors à la recherche d’un architecte de la région et tombent rapidement sur Raku Endo. Ils travaillent en étroite collaboration sur la conception, jusqu’au tremblement de terre de Kobe, en 1995, qui a provoqué l’arrêt de toute construction et une pénurie de main-d’œuvre et de matériaux. Néanmoins, la maison de 215 m² – plutôt vaste selon les critères japonais – a été achevée au début de 1996.
La construction en bois de deux étages (qu’on voit sur la photo ci-dessus et sur la photo précédente) comporte un salon, une salle à manger et une cuisine à l’étage, en plus d’une salle de musique avec piano et une pièce de tatamis qui fait aussi chambre d’amis. Les chambres sont au rez-de-chaussée, une configuration souvent préférée par Raku Endo car, contrairement au niveau inférieur, l’étage profite d’une meilleure vue et de plus de lumière. Les chambres du bas donnent sur le jardin arrière où est aménagé un étang devant la chambre principale.
Raku Endo construit peu de parois toute hauteur afin de laisser les espaces ouverts au-dessus des linteaux de bois, pour créer des pièces reliées entre elles dans toute la maison. Ses baguettes de bois, qui servent plus à décorer qu’à la structure, soulignent les angles inhabituels du plafond.
La résidence Yao de Raku Endo
Après avoir vu dans des magazines des œuvres de Frank Lloyd Wright, les Yao décident de s’offrir une Prairie House pour eux et leurs deux enfants à Osaka. Ils se mettent alors à la recherche d’un architecte de la région et tombent rapidement sur Raku Endo. Ils travaillent en étroite collaboration sur la conception, jusqu’au tremblement de terre de Kobe, en 1995, qui a provoqué l’arrêt de toute construction et une pénurie de main-d’œuvre et de matériaux. Néanmoins, la maison de 215 m² – plutôt vaste selon les critères japonais – a été achevée au début de 1996.
La construction en bois de deux étages (qu’on voit sur la photo ci-dessus et sur la photo précédente) comporte un salon, une salle à manger et une cuisine à l’étage, en plus d’une salle de musique avec piano et une pièce de tatamis qui fait aussi chambre d’amis. Les chambres sont au rez-de-chaussée, une configuration souvent préférée par Raku Endo car, contrairement au niveau inférieur, l’étage profite d’une meilleure vue et de plus de lumière. Les chambres du bas donnent sur le jardin arrière où est aménagé un étang devant la chambre principale.
Raku Endo construit peu de parois toute hauteur afin de laisser les espaces ouverts au-dessus des linteaux de bois, pour créer des pièces reliées entre elles dans toute la maison. Ses baguettes de bois, qui servent plus à décorer qu’à la structure, soulignent les angles inhabituels du plafond.
Photo de Minoru Akiyama
La résidence Nakada de Raku Endo
Cette maison, où résident un médecin et sa famille, a été construite en 1996 sur un terrain en pente. Le sous-sol, d’un côté, devient une véranda au rez-de-chaussée de l’autre côté. La construction de trois étages est faite de bois et de carreaux avec des accents d’oya. Les cloisons intérieures sont recouvertes de pin du Japon verni. Les pièces profitent d’un éclairage encastré dans le haut plafond et dans les moulures au niveau du linteau.
La résidence Nakada de Raku Endo
Cette maison, où résident un médecin et sa famille, a été construite en 1996 sur un terrain en pente. Le sous-sol, d’un côté, devient une véranda au rez-de-chaussée de l’autre côté. La construction de trois étages est faite de bois et de carreaux avec des accents d’oya. Les cloisons intérieures sont recouvertes de pin du Japon verni. Les pièces profitent d’un éclairage encastré dans le haut plafond et dans les moulures au niveau du linteau.
Photo de Minoru Akiyama
La maison dispose d’un balcon en porte-à-faux à l’extérieur du grand salon-salle à manger, sans aucune séparation. Il y a d’autres balcons, à la fois intérieurs et extérieurs, avec des fenêtres internes dans la chambre principale qui s’ouvrent sur la vaste pièce en bas. De grandes ouvertures donnent sur le flanc verdoyant de la montagne.
La maison dispose d’un balcon en porte-à-faux à l’extérieur du grand salon-salle à manger, sans aucune séparation. Il y a d’autres balcons, à la fois intérieurs et extérieurs, avec des fenêtres internes dans la chambre principale qui s’ouvrent sur la vaste pièce en bas. De grandes ouvertures donnent sur le flanc verdoyant de la montagne.
Photo de Wasaku Kuno
La résidence Matsudaira de Raku Endo
Avec son toit pignon asymétrique, cette petite maison construite en 2003 est le summum du confort. Située dans la ville balnéaire de Karuizawa, dans les montagnes près de Nagano, elle est entourée d’espaces boisés et offre de très beaux points de vue.
La résidence Matsudaira de Raku Endo
Avec son toit pignon asymétrique, cette petite maison construite en 2003 est le summum du confort. Située dans la ville balnéaire de Karuizawa, dans les montagnes près de Nagano, elle est entourée d’espaces boisés et offre de très beaux points de vue.
Photo de Wasaku Kuno
Une immense cheminée d’oya et de briques s’élance au pied de l’escalier, face à la salle à manger. Le salon se déploie un niveau plus bas. Ce même niveau accueille la pièce de tatamis, avec des assises creusées autour d’un hori-gotatsu. Dans la chambre principale à l’étage, des panneaux s’ouvrent sur le salon en dessous et permettent aux membres de la famille de se rapprocher.
Une immense cheminée d’oya et de briques s’élance au pied de l’escalier, face à la salle à manger. Le salon se déploie un niveau plus bas. Ce même niveau accueille la pièce de tatamis, avec des assises creusées autour d’un hori-gotatsu. Dans la chambre principale à l’étage, des panneaux s’ouvrent sur le salon en dessous et permettent aux membres de la famille de se rapprocher.
2. La deuxième génération : Kunio Maekawa, un pont entre Antonin Raymond et l’Europe
Antonin Raymond, apprenti de Frank Lloyd Wright, embauche Kunio Maekawa tout juste après son retour de Paris en 1930, où il a travaillé avec Le Corbusier. Kunio Maekawa reste auprès de lui jusqu’à ce qu’il monte son propre cabinet en 1935. « Je pense qu’on peut voir une grande influence de Raymond sur Kunio Maekawa », reconnaît l’historien David Stewart. « Il a créé pour les jeunes architectes japonais des possibilités auxquelles ils n’avaient jamais songé auparavant. »
Kunio Maekawa a compris, peut-être même avant Antonin Raymond, que le modernisme de Le Corbusier encourage une constante innovation plutôt que d’imposer des lignes directrices de conception formelle. Il trouve ce style facilement adaptable au contexte culturel et climatique du Japon et il devient l’un des modernistes les plus prolifiques du XXᵉ siècle, avec Kenzo Tange, dont il deviendra le mentor.
La résidence Maekawa de Kunio Maekawa
Les jeunes architectes se montrent sous leur vrai jour quand ils conçoivent leurs propres habitations. Maekawa et sa maison de 1942 ne font pas exception. Certains historiens, pour confirmer l’influence tant vantée de Le Corbusier sur l’œuvre de Kunio Maekawa, ont avancé que l’architecte avait réalisé une construction petite et en bois à cause des restrictions imposées par le gouvernement japonais sur la taille et les matériaux nécessaires à l’effort de guerre. Ils ont également affirmé que Kunio Maekawa a tenté de « ramener l’idée [de Le Corbusier] de pilotis [piliers ou colonnes] à l’intérieur de la maison ». Pourtant, il suffit d’un coup d’œil à la ligne néo-japonaise du toit, au chemin de pierres d’oya qui mène à la porte d’entrée et aux imposantes fenêtres à double hauteur – face au nord et habillées de panneaux akari-shoji contrastants pour filtrer la lumière – pour comprendre les nombreuses influences en jeu ici.
Antonin Raymond, apprenti de Frank Lloyd Wright, embauche Kunio Maekawa tout juste après son retour de Paris en 1930, où il a travaillé avec Le Corbusier. Kunio Maekawa reste auprès de lui jusqu’à ce qu’il monte son propre cabinet en 1935. « Je pense qu’on peut voir une grande influence de Raymond sur Kunio Maekawa », reconnaît l’historien David Stewart. « Il a créé pour les jeunes architectes japonais des possibilités auxquelles ils n’avaient jamais songé auparavant. »
Kunio Maekawa a compris, peut-être même avant Antonin Raymond, que le modernisme de Le Corbusier encourage une constante innovation plutôt que d’imposer des lignes directrices de conception formelle. Il trouve ce style facilement adaptable au contexte culturel et climatique du Japon et il devient l’un des modernistes les plus prolifiques du XXᵉ siècle, avec Kenzo Tange, dont il deviendra le mentor.
La résidence Maekawa de Kunio Maekawa
Les jeunes architectes se montrent sous leur vrai jour quand ils conçoivent leurs propres habitations. Maekawa et sa maison de 1942 ne font pas exception. Certains historiens, pour confirmer l’influence tant vantée de Le Corbusier sur l’œuvre de Kunio Maekawa, ont avancé que l’architecte avait réalisé une construction petite et en bois à cause des restrictions imposées par le gouvernement japonais sur la taille et les matériaux nécessaires à l’effort de guerre. Ils ont également affirmé que Kunio Maekawa a tenté de « ramener l’idée [de Le Corbusier] de pilotis [piliers ou colonnes] à l’intérieur de la maison ». Pourtant, il suffit d’un coup d’œil à la ligne néo-japonaise du toit, au chemin de pierres d’oya qui mène à la porte d’entrée et aux imposantes fenêtres à double hauteur – face au nord et habillées de panneaux akari-shoji contrastants pour filtrer la lumière – pour comprendre les nombreuses influences en jeu ici.
À l’étage, un petit loft avec vitrines sert de connexion avec le rez-de-chaussée où se trouve la cuisine, une chambre à coucher et le bureau ainsi qu’une pièce à vivre. La circulation à travers l’espace est facile et sans obstacles : on le traverse et on y rejoint le jardin avant ou celui à l’arrière. Maekawa a également conçu le mobilier et les luminaires. Lorsque son cabinet brûle dans un raid aérien américain pendant la guerre, il transporte ses dossiers ici. On l’imagine bien travailler dans ce cadre stimulant.
Photo de Wasaku Kuno
3. La deuxième génération : Junzo Yoshimura, l’alchimiste est-ouest
Un autre architecte de la deuxième génération, Junzo Yoshimura, a complété sa première conception en collaboration avec son mentor Antonin Raymond, alors qu’il n’avait que 21 ans, en 1931. La petite villa qu’ils ont conçue à Nikko mêle l’influence de Frank Lloyd Wright et les fermes traditionnelles qu’on appelle minka.
Junzo Yoshimura continue à travailler avec Raymond tant au Japon qu’à New Hope, en Pennsylvanie, jusqu’à l’ouverture de son propre cabinet en 1941. Plus tard, il se forgera une renommée grâce à ses nombreux bâtiments modernes, comme la Japan Society à New York, la première construction japonaise contemporaine en Amérique.
La maison dans les bois de Junzo Yoshimura
Mais c’est dans ses projets résidentiels que Junzo Yoshimura met tout son cœur, comme sa propre villa de 1962, la Maison dans les bois (Mori no naka no Ie) à Karuizawa. Cette petite construction néo-japonaise en bois s’élève en porte-à-faux au-dessus de hautes fondations de béton qui abritent un escalier d’entrée et les services. La maison atteint un niveau de confort, de sérénité et d’harmonie avec la nature qui semble émaner de la forêt depuis des générations.
3. La deuxième génération : Junzo Yoshimura, l’alchimiste est-ouest
Un autre architecte de la deuxième génération, Junzo Yoshimura, a complété sa première conception en collaboration avec son mentor Antonin Raymond, alors qu’il n’avait que 21 ans, en 1931. La petite villa qu’ils ont conçue à Nikko mêle l’influence de Frank Lloyd Wright et les fermes traditionnelles qu’on appelle minka.
Junzo Yoshimura continue à travailler avec Raymond tant au Japon qu’à New Hope, en Pennsylvanie, jusqu’à l’ouverture de son propre cabinet en 1941. Plus tard, il se forgera une renommée grâce à ses nombreux bâtiments modernes, comme la Japan Society à New York, la première construction japonaise contemporaine en Amérique.
La maison dans les bois de Junzo Yoshimura
Mais c’est dans ses projets résidentiels que Junzo Yoshimura met tout son cœur, comme sa propre villa de 1962, la Maison dans les bois (Mori no naka no Ie) à Karuizawa. Cette petite construction néo-japonaise en bois s’élève en porte-à-faux au-dessus de hautes fondations de béton qui abritent un escalier d’entrée et les services. La maison atteint un niveau de confort, de sérénité et d’harmonie avec la nature qui semble émaner de la forêt depuis des générations.
La villa Hoshino Sanso, construite en 1973 par Junzo Yoshimura et Akio Okumura, rappelle la Maison dans les bois avec ses fondations de béton, ses pilotis à la façon de Le Corbusier et la grande cheminée du salon. Photo d’époque reproduite avec l’autorisation de Hiroo Maruya
4. La troisième génération : Akio Okumura et Hiroo Maruya, des éco-innovateurs
Au début des années 1970, Junzo Yoshimura, en partenariat avec l’un de ses étudiants de l’université des arts de Tokyo, Akio Okumura, commence à intégrer le chauffage au sol à leurs conceptions. Junzo avait d’abord expérimenté ce système avec Antonin Raymond en Pennsylvanie avant qu’il ne devienne une caractéristique populaire des maisons usoniennes de Frank Lloyd Wright, reflétant ses efforts constants pour mettre en œuvre l’efficacité énergétique du chauffage, de la ventilation et de la climatisation.
Junzo et Akio conçoivent un système de chauffage à air pulsé à partir d’une chaudière alimentée en kérosène qu’ils installent dans leur premier projet commun : la villa Hoshino Sanso construite en 1973.
4. La troisième génération : Akio Okumura et Hiroo Maruya, des éco-innovateurs
Au début des années 1970, Junzo Yoshimura, en partenariat avec l’un de ses étudiants de l’université des arts de Tokyo, Akio Okumura, commence à intégrer le chauffage au sol à leurs conceptions. Junzo avait d’abord expérimenté ce système avec Antonin Raymond en Pennsylvanie avant qu’il ne devienne une caractéristique populaire des maisons usoniennes de Frank Lloyd Wright, reflétant ses efforts constants pour mettre en œuvre l’efficacité énergétique du chauffage, de la ventilation et de la climatisation.
Junzo et Akio conçoivent un système de chauffage à air pulsé à partir d’une chaudière alimentée en kérosène qu’ils installent dans leur premier projet commun : la villa Hoshino Sanso construite en 1973.
Le salon et la cheminée dans la villa Hoshino Sanso. Photo d’époque reproduite avec l’autorisation de Hiroo Maruya
La résidence Miyagino Sanso conçue par Hiroo Maruya
Leurs efforts les amènent à utiliser des radiateurs convecteurs et à intégrer l’énergie solaire. De là est née l’OM Solar Association, fondée par Akio Okumura et Hiroo Maruya en 1987. Ce système équipe aujourd’hui plus de 25 000 foyers partout au Japon. Grâce à ces innovations technologiques, mais aussi dans les matériaux de construction et les conceptions architecturales, le groupe promeut des maisons saines qui consomment un minimum de ressources et réduisent l’empreinte carbone résidentielle.
Hiroo Maruya est aujourd’hui à la tête de l’association à but non lucratif Eco House Movement. Cette dernière défend le concept de maisons durables et naturelles dans leurs matériaux – le bois, la terre et le chaume –, dans la circulation d’air, dans leur consommation d’énergie avec un carburant non fossile et dans leur isolation. C’est un « système ouvert » qui ne privilégie pas une méthode de construction ou de contrôle du climat particulière. Le groupe s’emploie plutôt à mettre de l’avant un mode de vie respectueux de l’environnement.
Tant Eco House que OM Solar ont fait des adeptes après la triple catastrophe de Fukushima en 2011, qui a entraîné la fermeture de la plupart des centrales nucléaires au Japon.
Leurs efforts les amènent à utiliser des radiateurs convecteurs et à intégrer l’énergie solaire. De là est née l’OM Solar Association, fondée par Akio Okumura et Hiroo Maruya en 1987. Ce système équipe aujourd’hui plus de 25 000 foyers partout au Japon. Grâce à ces innovations technologiques, mais aussi dans les matériaux de construction et les conceptions architecturales, le groupe promeut des maisons saines qui consomment un minimum de ressources et réduisent l’empreinte carbone résidentielle.
Hiroo Maruya est aujourd’hui à la tête de l’association à but non lucratif Eco House Movement. Cette dernière défend le concept de maisons durables et naturelles dans leurs matériaux – le bois, la terre et le chaume –, dans la circulation d’air, dans leur consommation d’énergie avec un carburant non fossile et dans leur isolation. C’est un « système ouvert » qui ne privilégie pas une méthode de construction ou de contrôle du climat particulière. Le groupe s’emploie plutôt à mettre de l’avant un mode de vie respectueux de l’environnement.
Tant Eco House que OM Solar ont fait des adeptes après la triple catastrophe de Fukushima en 2011, qui a entraîné la fermeture de la plupart des centrales nucléaires au Japon.
5. La quatrième génération : Ryosuke Isoya, le maître de l’usonien
Ryosuke Isoya figure parmi les meilleurs la quatrième « génération » d’apprenti de Frank Lloyd Wright à Taliesin. Ce concepteur de navire a lu Vivre au naturel dans les années 1990 et a décidé de construire des maisons usoniennes au lieu de bateaux. Frank Lloyd Wright a développé ces petites maisons de plain-pied pour les familles de la classe moyenne à la fin des années 1930. Elles sont les pionnières des grands surplombs en encorbellement, du chauffage solaire passif, de la climatisation naturelle (et des premiers carports), des fenêtres hautes et du chauffage radiant à l’étage.
Ryosuke Isoya rencontre Raku Endo, alors impliqué dans le processus de sélection des étudiants japonais pour Taliesin West, l’école d’architecture de Frank Lloyd Wright à Scottsdale, dans l’Arizona. Il fréquente l’école pendant de nombreuses années. À son retour au Japon en 1995, il fonde avec sa femme Yukie le cabinet d’architecture Isoya, où il travaille activement à la réalisation de son rêve.
« Les maisons usoniennes sont particulières parce qu’elles paraissent plus grandes qu’elles ne le sont. Elles interagissent étroitement avec le jardin comme le faisaient jadis les maisons traditionnelles japonaises », explique-t-il. « Surtout pour les petits lopins, ces maisons sont idéales. »
Ryosuke Isoya figure parmi les meilleurs la quatrième « génération » d’apprenti de Frank Lloyd Wright à Taliesin. Ce concepteur de navire a lu Vivre au naturel dans les années 1990 et a décidé de construire des maisons usoniennes au lieu de bateaux. Frank Lloyd Wright a développé ces petites maisons de plain-pied pour les familles de la classe moyenne à la fin des années 1930. Elles sont les pionnières des grands surplombs en encorbellement, du chauffage solaire passif, de la climatisation naturelle (et des premiers carports), des fenêtres hautes et du chauffage radiant à l’étage.
Ryosuke Isoya rencontre Raku Endo, alors impliqué dans le processus de sélection des étudiants japonais pour Taliesin West, l’école d’architecture de Frank Lloyd Wright à Scottsdale, dans l’Arizona. Il fréquente l’école pendant de nombreuses années. À son retour au Japon en 1995, il fonde avec sa femme Yukie le cabinet d’architecture Isoya, où il travaille activement à la réalisation de son rêve.
« Les maisons usoniennes sont particulières parce qu’elles paraissent plus grandes qu’elles ne le sont. Elles interagissent étroitement avec le jardin comme le faisaient jadis les maisons traditionnelles japonaises », explique-t-il. « Surtout pour les petits lopins, ces maisons sont idéales. »
La résidence Irifune de Ryosuke Isoya
Cette maison usonienne, de cèdre et de stuc, a été achevée en 2007 à Tokyo. Ryosuke Isoya l’a conçue de manière modulable afin de permettre des extensions, car la famille qui l’habite n’a pas fini de grandir.
La construction de trois étages en forme de V se trouve sur une minuscule parcelle avec un angle de 120° face à la route. L’entrée se fait par un escalier menant à l’étage où se trouvent les pièces à vivre de la famille. Les chambres à coucher sont réparties entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage. Un escalier intérieur s’entoure d’ouvertures à double hauteur. Les fenêtres d’angle au deuxième étage permettent d’admirer les très beaux espaces intérieurs recouverts de bois.
Sur cette photo, on voit l’architecte debout à côté d’un détail des maisons usoniennes si cher à Frank Lloyd Wright : les panneaux perforés inspirés des panneaux ranma japonais. Ils sont utilisés sur les fenêtres en bandeaux des maisons usoniennes. Ils filtrent le soleil, projettent des motifs de lumière pendant la journée et apportent un peu de nature à l’intérieur. La nuit, les maisons ressemblent à des lanternes japonaises éclairées par une douce lumière.
Cette maison usonienne, de cèdre et de stuc, a été achevée en 2007 à Tokyo. Ryosuke Isoya l’a conçue de manière modulable afin de permettre des extensions, car la famille qui l’habite n’a pas fini de grandir.
La construction de trois étages en forme de V se trouve sur une minuscule parcelle avec un angle de 120° face à la route. L’entrée se fait par un escalier menant à l’étage où se trouvent les pièces à vivre de la famille. Les chambres à coucher sont réparties entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage. Un escalier intérieur s’entoure d’ouvertures à double hauteur. Les fenêtres d’angle au deuxième étage permettent d’admirer les très beaux espaces intérieurs recouverts de bois.
Sur cette photo, on voit l’architecte debout à côté d’un détail des maisons usoniennes si cher à Frank Lloyd Wright : les panneaux perforés inspirés des panneaux ranma japonais. Ils sont utilisés sur les fenêtres en bandeaux des maisons usoniennes. Ils filtrent le soleil, projettent des motifs de lumière pendant la journée et apportent un peu de nature à l’intérieur. La nuit, les maisons ressemblent à des lanternes japonaises éclairées par une douce lumière.
La résidence Kannami de Ryosuke Isoya
Située sur une colline, afin d’avoir une vue imprenable sur le mont Fuji de toutes les pièces, cette maison usonienne de deux étages faite de briques et de cèdre rouge remonte la pente du terrain jusqu’à sa terrasse sur le toit. Conçue pour un ingénieur à la retraite et sa femme, elle est construite sur pilotis pour s’ancrer dans le sol meuble.
Située sur une colline, afin d’avoir une vue imprenable sur le mont Fuji de toutes les pièces, cette maison usonienne de deux étages faite de briques et de cèdre rouge remonte la pente du terrain jusqu’à sa terrasse sur le toit. Conçue pour un ingénieur à la retraite et sa femme, elle est construite sur pilotis pour s’ancrer dans le sol meuble.
Photo de Ryosuke Isoya
On y pénètre par un carport en porte-à-faux situé au sommet. Une véranda circulaire en dents de scie crée des ombres spectaculaires dans l’immense pièce. En bas se trouvent les chambres à coucher et un atelier de bricolage. Isoya a doté cette résidence des technologies dernier cri, y compris une isolation supérieure et une étanchéité de toit qui permet d’éviter les fuites.
On y pénètre par un carport en porte-à-faux situé au sommet. Une véranda circulaire en dents de scie crée des ombres spectaculaires dans l’immense pièce. En bas se trouvent les chambres à coucher et un atelier de bricolage. Isoya a doté cette résidence des technologies dernier cri, y compris une isolation supérieure et une étanchéité de toit qui permet d’éviter les fuites.
La marque laissée par Frank Lloyd Wright
Depuis 2003, les propriétaires japonais ont l’occasion de construire une Prairie House ou usonienne grâce à Japan Organic Architecture, titulaire d’une licence de la Fondation Frank Lloyd Wright.
Les résidences, offertes dans les styles standard conçus par Frank Lloyd Wright lui-même ou par John Rattenbury, un ancien apprenti et principal architecte-urbaniste pour Taliesin Architects, sont approuvées par la Frank Lloyd Wright Foundation (et disponibles uniquement au Japon). Leur aménagement et leurs dimensions varient, mais ce sont généralement des constructions modulaires compactes destinées aux clients qui ont l’intention de fonder une famille et de léguer la maison à leurs enfants. Propulsées sur le devant de la scène par les principes organiques de Frank Lloyd Wright, les technologies de construction intelligentes et un réseau de classe internationale d’entreprises de construction japonaises, elles jouissent d’une grande popularité.
Depuis 2003, les propriétaires japonais ont l’occasion de construire une Prairie House ou usonienne grâce à Japan Organic Architecture, titulaire d’une licence de la Fondation Frank Lloyd Wright.
Les résidences, offertes dans les styles standard conçus par Frank Lloyd Wright lui-même ou par John Rattenbury, un ancien apprenti et principal architecte-urbaniste pour Taliesin Architects, sont approuvées par la Frank Lloyd Wright Foundation (et disponibles uniquement au Japon). Leur aménagement et leurs dimensions varient, mais ce sont généralement des constructions modulaires compactes destinées aux clients qui ont l’intention de fonder une famille et de léguer la maison à leurs enfants. Propulsées sur le devant de la scène par les principes organiques de Frank Lloyd Wright, les technologies de construction intelligentes et un réseau de classe internationale d’entreprises de construction japonaises, elles jouissent d’une grande popularité.
Près de soixante ans après la mort de Frank Lloyd Wright et plus de cent ans après sa première réalisation au Japon, on retrouve l’influence durable du maître dans ses projets originaux personnalisés et dans l’évolution des travaux de ses apprentis et de leurs successeurs. Son héritage inspire un dialogue continu entre les architectures traditionnelle japonaise, moderne et organique.
Les villes du Japon sont peut-être noyées dans le béton, mais pour les concepteurs résidentiels en particulier, la croisade de Frank Lloyd Wright pour enrichir la vie des gens par l’architecture les guide dans la construction d’habitations qui nourrissent l’âme sans l’étouffer.
« Le travail de Frank Lloyd Wright nous a fait nous passionner pour tout ce que l’architecture peut apporter », explique l’architecte Kumiko Inui. « Je crois que c’est très important ! »
Les villes du Japon sont peut-être noyées dans le béton, mais pour les concepteurs résidentiels en particulier, la croisade de Frank Lloyd Wright pour enrichir la vie des gens par l’architecture les guide dans la construction d’habitations qui nourrissent l’âme sans l’étouffer.
« Le travail de Frank Lloyd Wright nous a fait nous passionner pour tout ce que l’architecture peut apporter », explique l’architecte Kumiko Inui. « Je crois que c’est très important ! »
Ryosuke Isoya, le maître de la maison usonienne, le formule de cette façon : « On pourrait penser que son travail est daté, mais il ne l’est pas. Il a créé des dessins qui nous semblent encore tout neufs. Frank Lloyd Wright appartient vraiment à l’avenir. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de l’influence de Frank Lloyd Wright sur l’architecture japonaise ?
Lire aussi :
Une icône architecturale : le premier édifice du Bauhaus
L’incroyable renaissance de la Villa Cavrois
Exclusif : Derrière les portes de la Villa Cavrois
ET VOUS ?
Que pensez-vous de l’influence de Frank Lloyd Wright sur l’architecture japonaise ?
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1. La deuxième génération : Raku Endo, le dernier apprenti japonais de Frank Lloyd Wright
Raku Endo est le fils de l’architecte Arata Endo. Il a d’abord suivi les enseignements de Motoko et de Yoshikazu Hani à l’école Jiyu Gakuen – construite par Frank Lloyd Wright et le père de Raku, Arata –, puis ceux de son père et il est enfin formé par Frank Lloyd Wright lui-même. Raku Endo a développé une philosophie issue de la synthèse de toutes ces influences… Et plus encore.
Après avoir terminé ses études secondaires en 1945 et avoir travaillé pour un autre cabinet d’architecture, Raku Endo se joint à son père jusqu’à la mort de ce dernier en 1951. Il économise alors assez pour se rendre à Taliesin en 1957. Quand il arrive là-bas, Frank Lloyd Wright vit ses dernières années et il sera l’ultime apprenti japonais à partager sa salle de dessin.
Après son retour au Japon, Raku Endo attire rapidement des clients pour la création de résidences « wrightiennes ». Il en réalisera finalement plus de 250. « Frank Lloyd Wright nous a toujours dit : “Ne me copiez pas ou vous disparaîtrez et perdrez votre propre identité” », se souvient Raku Endo. « Il répétait : “Vous devez trouver votre voie.” »
Sa voie, Raku Endo l’a trouvée. Il s’agit pour lui de développer une compréhension de la nature des matériaux qui rivalise avec celle de son maître. Il insiste sur l’utilisation du bois alors que la plupart des résidences japonaises sont construites en béton. Ses cheminées sont souvent recouvertes d’oya (un tuf volcanique), non seulement en hommage au maître et à ses travaux à l’Hôtel impérial, mais aussi pour adoucir l’espace. Il souligne que ses âtres – un élément clé de ses réalisations résidentielles, placées au cœur de la maison – de fabrication exceptionnelle brûlent mieux que ceux de ses mentors.