Portrait d'artisan : Le design mural selon Régis Sénèque
Difficile à enfermer dans une case, l'artisan artiste Régis Sénèque nous dévoile les secrets de son métier
Artisan plasticien, designer mural, artiste… Régis Sénèque est aussi bien artisan qu’artiste. C’est un véritable touche-à-tout, créateur insatiable et à géométrie variable, dont l’initiative est difficile à résumer tant elle emprunte de chemins. Pour nous, il tente de définir son métier, ses liens avec l’univers de la décoration, les matières, les surfaces et l’art au sens large.
Et qu’est-ce qui vous a vu basculer dans la déco ?
En 2015, alors que j’étais chez moi, assis sur mon canapé en train de feuilleter un magazine de déco, j’ai eu une révélation. Et je me suis dit : « Pourquoi je n’utiliserais pas mes murs pour les investir avec ce que je sais faire ? » J’ai donc déposé la marque by R à l’INPI à ce moment-là. Puis j’ai commencé chez moi, avant d’intervenir dans un cercle assez proche. Au départ, j’allais chez des particuliers. Et petit à petit, les sollicitations sont venues de l’extérieur.
En 2015, alors que j’étais chez moi, assis sur mon canapé en train de feuilleter un magazine de déco, j’ai eu une révélation. Et je me suis dit : « Pourquoi je n’utiliserais pas mes murs pour les investir avec ce que je sais faire ? » J’ai donc déposé la marque by R à l’INPI à ce moment-là. Puis j’ai commencé chez moi, avant d’intervenir dans un cercle assez proche. Au départ, j’allais chez des particuliers. Et petit à petit, les sollicitations sont venues de l’extérieur.
Designer, artiste plasticien, peintre… Comment vous définissez-vous lorsque vous œuvrez pour by R ?
Je suis toujours en lien avec l’artiste, qui est à l’origine de tout. Mais dans le même temps, je m’adapte aux autres avec by R, à la commande notamment, et cela induit une appréhension différente de ma réalisation graphique. Il y a un vrai jeu de va-et-vient entre ces deux statuts professionnels. Sur ma carte de visite, je suis designer mural, car je ne veux pas limiter mes possibilités à la peinture murale, puisque je peux aussi, par ma connaissance du volume, utiliser d’autres outils. Et ce, même si l’univers de la déco est un milieu que je découvre.
Je suis toujours en lien avec l’artiste, qui est à l’origine de tout. Mais dans le même temps, je m’adapte aux autres avec by R, à la commande notamment, et cela induit une appréhension différente de ma réalisation graphique. Il y a un vrai jeu de va-et-vient entre ces deux statuts professionnels. Sur ma carte de visite, je suis designer mural, car je ne veux pas limiter mes possibilités à la peinture murale, puisque je peux aussi, par ma connaissance du volume, utiliser d’autres outils. Et ce, même si l’univers de la déco est un milieu que je découvre.
Quelles sont les matières que vous travaillez en tant que designer mural ?
J’ai d’abord commencé avec de la peinture murale. Puis, en m’investissant sur un projet pour un laser game, pour faire des détourages sur une fresque, j’ai découvert les marqueurs allemands Molotow, qui m’ont fait l’effet d’une révélation. Initialement conçu pour les graffeurs, ce marqueur offre des possibilités infinies en matière de technicité, d’inventivité et de couleurs. Cela résiste au temps, aussi bien qu’une peinture ordinaire que l’on peut utiliser en intérieur comme en extérieur. Ça a donc été mon outil de prédilection pour mes dernières réalisations. Sans doute parce que je suis très dessinateur et que le marqueur est par conséquent très agréable à travailler pour moi. Je ne suis cependant pas fermé à l’utilisation d’autres matériaux. D’autant que j’en redécouvre sans cesse à travers mon travail de plasticien.
J’ai d’abord commencé avec de la peinture murale. Puis, en m’investissant sur un projet pour un laser game, pour faire des détourages sur une fresque, j’ai découvert les marqueurs allemands Molotow, qui m’ont fait l’effet d’une révélation. Initialement conçu pour les graffeurs, ce marqueur offre des possibilités infinies en matière de technicité, d’inventivité et de couleurs. Cela résiste au temps, aussi bien qu’une peinture ordinaire que l’on peut utiliser en intérieur comme en extérieur. Ça a donc été mon outil de prédilection pour mes dernières réalisations. Sans doute parce que je suis très dessinateur et que le marqueur est par conséquent très agréable à travailler pour moi. Je ne suis cependant pas fermé à l’utilisation d’autres matériaux. D’autant que j’en redécouvre sans cesse à travers mon travail de plasticien.
Par quelles étapes de création passez-vous pour les projets by R ?
J’essaie de comprendre les personnes que je rencontre et d’appréhender l’espace à investir. Je m’interroge : quelle est l’histoire de la personne ? Du lieu ? Je collecte un maximum de données et cherche à donner du sens à chaque projet dans lequel je me lance. Je réalise ensuite des maquettes et les soumets avant de travailler in situ une fois que l’idée est validée. Parfois, une seule maquette suffit !
J’essaie de comprendre les personnes que je rencontre et d’appréhender l’espace à investir. Je m’interroge : quelle est l’histoire de la personne ? Du lieu ? Je collecte un maximum de données et cherche à donner du sens à chaque projet dans lequel je me lance. Je réalise ensuite des maquettes et les soumets avant de travailler in situ une fois que l’idée est validée. Parfois, une seule maquette suffit !
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis très inspiré par l’art au sens large. Je suis aussi un grand lecteur de bandes dessinées indépendantes, avec un rapport ludique au dessin. Les liens que je crée avec mes collaborateurs, des artistes, des architectes, sont aussi de vrais moteurs.
Je suis très inspiré par l’art au sens large. Je suis aussi un grand lecteur de bandes dessinées indépendantes, avec un rapport ludique au dessin. Les liens que je crée avec mes collaborateurs, des artistes, des architectes, sont aussi de vrais moteurs.
Quid du projet qui ressort en particulier sur cette photographie ?
Pour la petite histoire, les maîtres des lieux souhaitaient une œuvre graphique, avec un jeu d’aplats, pour le salon de leur petit pavillon. Après avoir beaucoup échangé avec eux, je leur ai proposé « Home sweet home » : projet peint en bleu figurant une mise en abyme, ou un clin d’œil à la maison. Une maison qui fait encore écho à celle où madame avait vécu enfant. Les trois enfants du couple adorent passer à travers, c’est vraiment amusant !
Pour la petite histoire, les maîtres des lieux souhaitaient une œuvre graphique, avec un jeu d’aplats, pour le salon de leur petit pavillon. Après avoir beaucoup échangé avec eux, je leur ai proposé « Home sweet home » : projet peint en bleu figurant une mise en abyme, ou un clin d’œil à la maison. Une maison qui fait encore écho à celle où madame avait vécu enfant. Les trois enfants du couple adorent passer à travers, c’est vraiment amusant !
Qu’en est-il de votre dessin au feutre noir View ?
C’est un premier projet édité. Des films vitrostatiques ont été posés sur les vitres d’un très long couloir. Les fenêtres donnaient sur une courette : il y avait donc un vis-à-vis désagréable. La question était de savoir comment les obturer. Les propriétaires avaient comme moi voyagé en Grèce et dans le sud du Péloponnèse, d’où ce dessin de paysage qui s’y réfère.
C’est un premier projet édité. Des films vitrostatiques ont été posés sur les vitres d’un très long couloir. Les fenêtres donnaient sur une courette : il y avait donc un vis-à-vis désagréable. La question était de savoir comment les obturer. Les propriétaires avaient comme moi voyagé en Grèce et dans le sud du Péloponnèse, d’où ce dessin de paysage qui s’y réfère.
Comment est né About Mister E.Kelly ?
Cela a pris vie sur le pan de mur d’une chambre, qui nécessitait d’être réhabilitée à la suite d’un dégât des eaux. Très épurée, la composition renvoie au travail de l’artiste Ellsworth Kelly, tout en rappelant les lignes des rideaux. Depuis, le maître des lieux a accroché des toiles de sa collection au mur.
Cela a pris vie sur le pan de mur d’une chambre, qui nécessitait d’être réhabilitée à la suite d’un dégât des eaux. Très épurée, la composition renvoie au travail de l’artiste Ellsworth Kelly, tout en rappelant les lignes des rideaux. Depuis, le maître des lieux a accroché des toiles de sa collection au mur.
The concrete mountain est sur une vitrine ?
En effet, j’ai été sollicité pour animer cette vitrine, avec une œuvre qui soit à la fois attirante et un peu obturante. J’ai travaillé avec un marqueur Molotow dont la pointe faisait 6 centimètres de large. Je voulais du relief, du volume, de la matière…
En effet, j’ai été sollicité pour animer cette vitrine, avec une œuvre qui soit à la fois attirante et un peu obturante. J’ai travaillé avec un marqueur Molotow dont la pointe faisait 6 centimètres de large. Je voulais du relief, du volume, de la matière…
Ce motif, ce rouge vif… D’où est-ce venu ?
J’ai pensé au rouge de l’artiste indien Anish Kapoor. Les architectes qui ont fait appel à moi avaient vu l’une de mes fresques et voulaient retrouver la notion de paysage. M’est venue cette montagne, bien rouge, et susceptible d’évoluer au besoin.
J’ai pensé au rouge de l’artiste indien Anish Kapoor. Les architectes qui ont fait appel à moi avaient vu l’une de mes fresques et voulaient retrouver la notion de paysage. M’est venue cette montagne, bien rouge, et susceptible d’évoluer au besoin.
Escape, qui porte bien son nom, fonctionne comme une invitation à l’évasion…
C’est une vue de Montreuil, d’un parc en particulier, réalisée au Molotow. J’ai obtenu ce vert en mélangeant plusieurs flacons pour trouver LA bonne tonalité. La fresque occupe toute la surface du mur principal de cette chambre à coucher.
Devenus parisiens, les nouveaux propriétaires des lieux voulaient se souvenir de Montreuil, où ils avaient vécu auparavant. Et du parc des Beaumonts en particulier, où ils se rendaient souvent. Ils avaient envie d’ouverture, de verdure… La vue choisie ne restitue pas tout à fait celle que l’on a dans le parc, puisqu’on ne voit pas les bâtiments que l’on aperçoit normalement derrière la végétation. Une photo m’a servi de modèle.
C’est une vue de Montreuil, d’un parc en particulier, réalisée au Molotow. J’ai obtenu ce vert en mélangeant plusieurs flacons pour trouver LA bonne tonalité. La fresque occupe toute la surface du mur principal de cette chambre à coucher.
Devenus parisiens, les nouveaux propriétaires des lieux voulaient se souvenir de Montreuil, où ils avaient vécu auparavant. Et du parc des Beaumonts en particulier, où ils se rendaient souvent. Ils avaient envie d’ouverture, de verdure… La vue choisie ne restitue pas tout à fait celle que l’on a dans le parc, puisqu’on ne voit pas les bâtiments que l’on aperçoit normalement derrière la végétation. Une photo m’a servi de modèle.
Toujours dans une chambre, mais d’enfant cette fois, vous avez signé The head in clouds…
En effet, je n’aurais jamais imaginé faire une chambre d’enfant, mais un particulier a fait appel à moi. Quand j’ai découvert cette petite chambre mansardée, étroite, sous les toits, avec des avions en papier colorés que le gosse avait mis sur les murs, j’ai rapidement eu l’idée de cette fresque. Une idée de tête dans les nuages, confirmée par ma rencontre avec l’enfant, qui me disait justement avoir la tête dans les nuages. Il fallait aussi prendre en considération son lit en hauteur. On a gardé le blanc des murs et on a travaillé sur des avions et des nuages, très en hauteur afin que le garçon en profite depuis son lit. Les avions sont en papier, en origami, et il peut les déplacer à volonté puisqu’ils sont fixés au mur via des velcros protégés, permettant leur mobilité.
En effet, je n’aurais jamais imaginé faire une chambre d’enfant, mais un particulier a fait appel à moi. Quand j’ai découvert cette petite chambre mansardée, étroite, sous les toits, avec des avions en papier colorés que le gosse avait mis sur les murs, j’ai rapidement eu l’idée de cette fresque. Une idée de tête dans les nuages, confirmée par ma rencontre avec l’enfant, qui me disait justement avoir la tête dans les nuages. Il fallait aussi prendre en considération son lit en hauteur. On a gardé le blanc des murs et on a travaillé sur des avions et des nuages, très en hauteur afin que le garçon en profite depuis son lit. Les avions sont en papier, en origami, et il peut les déplacer à volonté puisqu’ils sont fixés au mur via des velcros protégés, permettant leur mobilité.
Sur la devanture de l’hôtel Le Renaissance se déploie l’une de vos fresques…
Elle m’a été inspirée par une plaquette du groupe Marriott, sur laquelle se détachaient une branche de chêne et les trois mots : « Elegant, wild, vibrant ». De là, mon souhait d’investir la façade extérieure de l’hôtel en y dessinant la silhouette d’un chêne et ses nervures au marqueur doré. Comme l’hôtel a pris corps sur un ancien squat, le côté « street » de la création faisait sens.
Elle m’a été inspirée par une plaquette du groupe Marriott, sur laquelle se détachaient une branche de chêne et les trois mots : « Elegant, wild, vibrant ». De là, mon souhait d’investir la façade extérieure de l’hôtel en y dessinant la silhouette d’un chêne et ses nervures au marqueur doré. Comme l’hôtel a pris corps sur un ancien squat, le côté « street » de la création faisait sens.
Quels conseils donneriez-vous à qui voudrait devenir designer mural ?
Il faut croire en soi et se demander ce qui nous poussent à faire ! Moi, je n’aurais jamais pu imaginer emprunter ce chemin-là, que je découvre très enrichissant. C’est pourtant arrivé comme une évidence. Et je mets du beau et du sens dans l’intimité des autres. J’essaie de réveiller les murs.
ET VOUS ?
Que pensez-vous des réalisations de Régis Sénèque ?
Lire aussi :
Retour sur le savoir-faire de 19 artisans français
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Il faut croire en soi et se demander ce qui nous poussent à faire ! Moi, je n’aurais jamais pu imaginer emprunter ce chemin-là, que je découvre très enrichissant. C’est pourtant arrivé comme une évidence. Et je mets du beau et du sens dans l’intimité des autres. J’essaie de réveiller les murs.
ET VOUS ?
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Il y a longtemps, j’ai développé tout un travail d’artiste plasticien, en autodidacte. Et en tant que Régis Sénèque. La création de by R s’inscrit dans le prolongement de tout ce que j’ai fait jusqu’ici. Cela m’a permis de dissocier mes deux activités d’artiste et de designer. Régis Sénèque demeure donc au service de mon projet artistique personnel. Tandis qu’avec by R, j’utilise les techniques acquises dans mon art pour donner corps à l’histoire des autres, mais cette fois dans l’univers de la déco. Entre les deux univers ? Il y a des échos, des parallèles… Comme artiste plasticien, je suis beaucoup dans le dessin, dans la photographie et la performance. Un peu touche-à-tout en réalité…