Portrait d'artisan : Les Q de bouteilles mués en verres design
L'aventure amicale et artisanale de deux jeunes hommes qui aiment le bon vin et les beaux objets made in France
Il y a à peine deux ans, Émeric Cruchant Fleuriau et Gauthier Decarne sont respectivement en école de commerce et au cours Florent, quand, lors d’une soirée bien arrosée, ils visionnent pour s’amuser des vidéos de découpage de bouteilles de bière. L’idée de transformer des bouteilles de vin pour en faire des verres leur vient dans la foulée. Après quelques tentatives peu fructueuses de découpe de bouteilles à la roulette de vitrier, les deux amis constatent que le travail du verre n’a rien d’évident. Cependant, les quelques verres qu’ils réussissent à produire s’écoulent si bien auprès de leurs amis, puis des amis d’amis, que le succès les convainc de s’entêter. Ils se mettent à collecter en masse des bouteilles dans la région du Touquet, dont est originaire Gauthier, et des artisans verriers du Nord deviennent leurs partenaires pour la production. L’été suivant, avec mille verres dans le coffre de leur voiture, ils partent en virée dans le Grand Ouest et écoulent leur stock en quinze jours, au fil des concept stores des stations balnéaires. À leur retour, forts de leur carnet de commandes bien chargé, ils créent Q de bouteilles, leur société bien nommée, et installent leur atelier à Cucq, dans le Nord, « une totale coïncidence », d’après eux.
Où et comment collectez-vous les bouteilles ?
Malgré nos fêtes à répétition, le problème de l’approvisionnement s’est vite posé… Nous avons eu l’idée de démarcher les bars, restaurants et hôtels de la Baie de Somme jusqu’au Touquet, la région dont Gauthier est originaire. Ils ont tout de suite adhéré à notre projet original de recyclage du verre d’autant que nous avons tout prévu pour leur faciliter la vie. En effet, les débits de boissons sont tenus de se débarrasser des bouteilles vides en les emportant périodiquement à un point de collecte du verre. Nous leur avons fourni des caisses pour stocker les bouteilles, ce qui leur évite de devoir les descendre dans leur cave, et nous venons les chercher une fois par semaine. Ça représente quand même mille bouteilles collectées par semaine et le double sur la période estivale.
Malgré nos fêtes à répétition, le problème de l’approvisionnement s’est vite posé… Nous avons eu l’idée de démarcher les bars, restaurants et hôtels de la Baie de Somme jusqu’au Touquet, la région dont Gauthier est originaire. Ils ont tout de suite adhéré à notre projet original de recyclage du verre d’autant que nous avons tout prévu pour leur faciliter la vie. En effet, les débits de boissons sont tenus de se débarrasser des bouteilles vides en les emportant périodiquement à un point de collecte du verre. Nous leur avons fourni des caisses pour stocker les bouteilles, ce qui leur évite de devoir les descendre dans leur cave, et nous venons les chercher une fois par semaine. Ça représente quand même mille bouteilles collectées par semaine et le double sur la période estivale.
Comment sélectionnez-vous les bouteilles ?
Quand les bouteilles arrivent à notre atelier, nous les trions et les rangeons par tailles et par couleurs. La majorité est constituée par les bouteilles classiques de 75 cl, mais nous récupérons aussi des magnums et des fillettes, les petites bouteilles de vin de 37,5 cl. Pour ce qui est de la couleur, nous n’avons pas toujours les mêmes collectes. Les vertes, c’est-à-dire les bouteilles de vin rouge, sont les plus nombreuses en hiver, mais les transparentes, les bouteilles de rosé, sont largement majoritaires en été. Nous collectons aussi les bouteilles jaunes de vin blanc et celles de vin marron. Au final, nous pourrions faire des statistiques sur ce que les gens du Nord boivent selon la saison… et ils boivent pas mal !
Quand les bouteilles arrivent à notre atelier, nous les trions et les rangeons par tailles et par couleurs. La majorité est constituée par les bouteilles classiques de 75 cl, mais nous récupérons aussi des magnums et des fillettes, les petites bouteilles de vin de 37,5 cl. Pour ce qui est de la couleur, nous n’avons pas toujours les mêmes collectes. Les vertes, c’est-à-dire les bouteilles de vin rouge, sont les plus nombreuses en hiver, mais les transparentes, les bouteilles de rosé, sont largement majoritaires en été. Nous collectons aussi les bouteilles jaunes de vin blanc et celles de vin marron. Au final, nous pourrions faire des statistiques sur ce que les gens du Nord boivent selon la saison… et ils boivent pas mal !
Quelles sont les étapes artisanales de la production ?
Nous enlevons de la collecte les bouteilles fendues ou trop épaisses, puis la première étape consiste à scier la bouteille. C’est un artisan verrier aguerri qui s’en charge. La bouteille est sciée avec un disque au diamant. Le geste n’est jamais vraiment identique, car toutes les bouteilles ont une épaisseur différente. Les étapes suivantes de la fabrication sont elles aussi réalisées à la main dans notre atelier.
Nous enlevons de la collecte les bouteilles fendues ou trop épaisses, puis la première étape consiste à scier la bouteille. C’est un artisan verrier aguerri qui s’en charge. La bouteille est sciée avec un disque au diamant. Le geste n’est jamais vraiment identique, car toutes les bouteilles ont une épaisseur différente. Les étapes suivantes de la fabrication sont elles aussi réalisées à la main dans notre atelier.
Un artisan place la bouteille sur une platine qui tourne et abaisse manuellement le niveau du verre afin d’enlever les éclats qui se sont créés sur la « lèvre », le pourtour de la découpe. Un autre crée le chanfrein extérieur, puis façonne le chanfrein intérieur. Le but de ces opérations est d’adoucir ce contour formé par la découpe et qui sera au contact de la bouche. Le verre est fini par deux phases de polissage, l’un au grain dur, puis plus tendre, afin de parfaire l’adoucissement de la surface. Pour terminer, chaque verre est gravé d’un Q pour authentifier notre produit, puis plongé trois jours dans de l’eau et du savon noir. Cette opération permet d’ôter les étiquettes encore présentes sur le verre.
La toute dernière étape consiste à vérifier le verre minutieusement avant de l’emballer. Ils sont conditionnés par six, tous de la même couleur, mais ils sont bien sûr tous différents, en fonction de leur bouteille d’origine. C’est ce côté artisanal qui fait leur charme.
Quelles sont vos récentes évolutions ?
Nous avons commencé il y a quelques mois à créer une ligne de vases. Les bouteilles de 75 cl sont parfaites pour créer des verres, mais comme nous en récupérions également de plus grosses et de plus petites, nous avons voulu les recycler utilement elles aussi, d’où l’idée des vases. Il n’y a pas de vases marron, mais des verts, des transparents et des jaunes. Le processus de fabrication est identique à celui des verres.
Nous avons commencé il y a quelques mois à créer une ligne de vases. Les bouteilles de 75 cl sont parfaites pour créer des verres, mais comme nous en récupérions également de plus grosses et de plus petites, nous avons voulu les recycler utilement elles aussi, d’où l’idée des vases. Il n’y a pas de vases marron, mais des verts, des transparents et des jaunes. Le processus de fabrication est identique à celui des verres.
Comment est venu le nom de vos lignes de produits ?
« Q de bouteilles » est bien sûr un jeu de mots, ou plutôt de lettres, avec le fond de la bouteille, appelé aussi le « cul ». Quant aux noms de nos gammes, Danser, Rire, Débattre et Séduire, elles désignent les couleurs de nos verres ou de nos vases. Nous avons réfléchi à ce que les gens faisaient le plus naturellement quand ils sont en train de déguster une bouteille de vin et nous nous sommes entendus sur ces quatre verbes. Danser désigne le verre blanc, Rire le verre jaune, Débattre le verre vert et Séduire le marron. Si vous avez bien suivi, il n’y a pas de vases dans la gamme Séduire.
« Q de bouteilles » est bien sûr un jeu de mots, ou plutôt de lettres, avec le fond de la bouteille, appelé aussi le « cul ». Quant aux noms de nos gammes, Danser, Rire, Débattre et Séduire, elles désignent les couleurs de nos verres ou de nos vases. Nous avons réfléchi à ce que les gens faisaient le plus naturellement quand ils sont en train de déguster une bouteille de vin et nous nous sommes entendus sur ces quatre verbes. Danser désigne le verre blanc, Rire le verre jaune, Débattre le verre vert et Séduire le marron. Si vous avez bien suivi, il n’y a pas de vases dans la gamme Séduire.
En janvier dernier, vous avez exposé vos créations sur le salon Maison&Objet et avez également présenté des bougies…
En effet, ce sont les dernières-nées. Nous avons eu l’idée de faire un clin d’œil à nos grands-parents et avons créé trois bougies à leurs prénoms. Nous avons élaboré la senteur avec un nez à Grasse, sur la base d’une petite histoire vraie que l’on retrouve sur l’étiquette de la bougie. Ainsi, celle de « Michèle et Jean-Pierre » raconte l’histoire de mes grands-parents en retard dans leur cabriolet aux sièges de cuir, pied au plancher. La bougie mêle les senteurs de l’eau de toilette de mon grand-père aux accents musqués des sièges de cuir. Les contenants des bougies sont des Q de bouteilles remplis chez Bougies la Française, près de Nantes.
En effet, ce sont les dernières-nées. Nous avons eu l’idée de faire un clin d’œil à nos grands-parents et avons créé trois bougies à leurs prénoms. Nous avons élaboré la senteur avec un nez à Grasse, sur la base d’une petite histoire vraie que l’on retrouve sur l’étiquette de la bougie. Ainsi, celle de « Michèle et Jean-Pierre » raconte l’histoire de mes grands-parents en retard dans leur cabriolet aux sièges de cuir, pied au plancher. La bougie mêle les senteurs de l’eau de toilette de mon grand-père aux accents musqués des sièges de cuir. Les contenants des bougies sont des Q de bouteilles remplis chez Bougies la Française, près de Nantes.
Parlez-nous de votre packaging
Deux de nos amies, Judith, qui a fait une école de mode, et Julia, une école de graphisme, ont voulu être de l’aventure. Nous les avons consultées pour créer l’identité visuelle de nos produits. Nous tenions à garder le côté recyclé et made in France qui les caractérise. Elles ont planché sur les pictogrammes que nous avons fait imprimer sur les cartons recyclés des emballages. Ils ont pour rôle de rendre le contenu immédiatement lisible tout en étant légers et décalés. Les vases, par exemple, sont décorés de pictogrammes qui évoquent le jardin et les fleurs, de nos deux visages et de notre logo. Le Q est plus épais à certains endroits, pour évoquer le côté artisanal de nos produits et le verre plus ou moins épais des bouteilles.
Deux de nos amies, Judith, qui a fait une école de mode, et Julia, une école de graphisme, ont voulu être de l’aventure. Nous les avons consultées pour créer l’identité visuelle de nos produits. Nous tenions à garder le côté recyclé et made in France qui les caractérise. Elles ont planché sur les pictogrammes que nous avons fait imprimer sur les cartons recyclés des emballages. Ils ont pour rôle de rendre le contenu immédiatement lisible tout en étant légers et décalés. Les vases, par exemple, sont décorés de pictogrammes qui évoquent le jardin et les fleurs, de nos deux visages et de notre logo. Le Q est plus épais à certains endroits, pour évoquer le côté artisanal de nos produits et le verre plus ou moins épais des bouteilles.
Expérience réussie ?
Oui, à 200 %. Gauthier gère la production dans notre atelier du Nord. Moi, je suis à Paris pour m’occuper du côté commercial, marketing et communication. Nous sommes encore meilleurs amis qu’avant : nous ouvrons d’ailleurs encore plus de bouteilles et passons bien sûr de nombreuses soirées à danser, rire, débattre et séduire. Au départ, nos parents n’ont pas tellement cru au sérieux de l’aventure, mais quand ils ont vu que nous nous étions donné les moyens et que nous avions embauché cinq artisans, ils nous ont vraiment soutenus. Nous espérons continuer à avoir autant de Q… de bouteilles bien sûr !
ET VOUS ?
Que pensez-vous des réalisations de Émeric Cruchant Fleuriau et Gauthier Decarne ?
Découvrez d’autres portraits
Oui, à 200 %. Gauthier gère la production dans notre atelier du Nord. Moi, je suis à Paris pour m’occuper du côté commercial, marketing et communication. Nous sommes encore meilleurs amis qu’avant : nous ouvrons d’ailleurs encore plus de bouteilles et passons bien sûr de nombreuses soirées à danser, rire, débattre et séduire. Au départ, nos parents n’ont pas tellement cru au sérieux de l’aventure, mais quand ils ont vu que nous nous étions donné les moyens et que nous avions embauché cinq artisans, ils nous ont vraiment soutenus. Nous espérons continuer à avoir autant de Q… de bouteilles bien sûr !
ET VOUS ?
Que pensez-vous des réalisations de Émeric Cruchant Fleuriau et Gauthier Decarne ?
Découvrez d’autres portraits
À 25 et 26 ans, ces jeunes patrons embauchent cinq artisans verriers et commencent même à exporter. Ils nous parlent aujourd’hui de la transformation artisanale des Q de bouteilles, un travail minutieux guidé par l’amour du recyclage, du made in France et de la convivialité.