Suivez le Guide : L'appartement familial d'un collectionneur d'art
Sous les toits et donnant sur l'une des plus belles places de Grenoble, ce très bel appartement est le résultat d'une rénovation d'ampleur
Gabriel est notaire et collectionneur d’art contemporain. À moins qu’il ne soit collectionneur d’art et notaire… Son impressionnante collection, qui comprend plus de 200 œuvres, l’homme l’expose aussi bien dans son étude notariale que dans son superbe appartement grenoblois, atypique, design et arty, où il vit avec son épouse et leurs trois enfants. Un appartement au dernier étage d’un immeuble haussmannien très bien situé à Grenoble.
Avant de pénétrer dans l’appartement, on passe par un sas d’entrée assez sombre, laissé brut. Beaucoup plus punk que le reste du logement, ce volume intermédiaire a quasiment fonction de trait d’union entre espaces communs et privatifs. On y aperçoit un canapé vintage, quelques portemanteaux aux murs… Mais surtout, les premières œuvres d’art qui s’affichent çà et là sur les murs, comme pour donner le ton.
Toutes ces phrases sont rassemblées sur l’un des murs de l’entrée extérieure à l’appartement. Ce sont toutes des citations qu’un artiste a pioché sur le plafond de la bibliothèque de Montaigne.
Une fois la porte d’entrée passée, on arrive dans un couloir assez large, avec un revêtement en pin. « On souhaitait ici conserver le caractère modeste de l’appartement, puisqu’à l’origine, il n’y avait ici que des chambres de bonnes. L’appartement qui était là avant était extrêmement beau dans sa forme brute, comme si le temps s’était arrêté en 1900. Il y avait déjà des portes en pin assez classiques que l’on a juste poncées sommairement de façon à rappeler des portes de cave. »
Au moment où nous visitons (car rien n’est ici figé), le couloir de l’entrée attire irrésistiblement vers une sublime photographie grand format de Laurent Montaron. « Son travail parle de la faculté de la photographie à figer le temps. » Cette œuvre en particulier, montre le jeune fils de l’artiste en train de se dessiner un calendrier sur la jambe. « Cela m’émeut beaucoup car j’ai moi-même de jeunes enfants qui ne cessent de grandir, très vite… »
Sur la gauche, une ouverture pratiquée dans le mur communique avec la cuisine et permet à la lumière naturelle d’éclairer cet espace de transition.
Au moment où nous visitons (car rien n’est ici figé), le couloir de l’entrée attire irrésistiblement vers une sublime photographie grand format de Laurent Montaron. « Son travail parle de la faculté de la photographie à figer le temps. » Cette œuvre en particulier, montre le jeune fils de l’artiste en train de se dessiner un calendrier sur la jambe. « Cela m’émeut beaucoup car j’ai moi-même de jeunes enfants qui ne cessent de grandir, très vite… »
Sur la gauche, une ouverture pratiquée dans le mur communique avec la cuisine et permet à la lumière naturelle d’éclairer cet espace de transition.
À droite du couloir, un espace bureau (au-dessus duquel on aperçoit l’iconique lampe Binic de chez Foscarini) a été aménagé dans une petite avancée. « Cela a surtout permis de créer une percée qui n’existait pas, pour faire circuler la lumière tout en offrant à admirer la vue sur la place Verdun », précise Gabriel.
La cuisine constitue le point d’ancrage (et de départ) de l’organisation architecturale de l’appartement. En entrant, on s’arrête immédiatement sur une toile d’Annette Messager achetée par Gabriel lorsqu’il avait 25 ans. Une vraie madeleine de Proust. « Elle me rappelle les années militantes parisiennes de ma jeunesse. La plupart de mes œuvres renferment ainsi une part de mon histoire. »
« Cette pièce est si lumineuse qu’on a l’impression que le reste de l’appartement est sombre, après s’y être arrêté. » Ce qui est pourtant loin d’être le cas.
La verrière, déjà existante, apporte une généreuse lumière naturelle. « Les architectes ont d’emblée proposé de faire de cette cuisine une pièce de vie. Ce n’était pas mon idée première, mais au final, je trouve cela très agréable », reconnaît le maître des lieux. La pièce disposant d’une très belle hauteur sous verrière, il s’agissait de trouver une solution permettant de la réchauffer. Un immense meuble en bois revisite ainsi de manière contemporaine la forme classique d’un orgue.
La verrière, déjà existante, apporte une généreuse lumière naturelle. « Les architectes ont d’emblée proposé de faire de cette cuisine une pièce de vie. Ce n’était pas mon idée première, mais au final, je trouve cela très agréable », reconnaît le maître des lieux. La pièce disposant d’une très belle hauteur sous verrière, il s’agissait de trouver une solution permettant de la réchauffer. Un immense meuble en bois revisite ainsi de manière contemporaine la forme classique d’un orgue.
Au sommet de cet immense meuble de cuisine, un squelette semble vouloir se redresser… Une œuvre digne d’un cabinet de curiosités, qui apporte une note d’humour dans la cuisine et rompt avec l’élégance quasi sacrée du support sur lequel elle repose.
Il a entièrement été conçu par un menuisier. « On a utilisé du placage d’orme du Japon », nous précise-t-on. Le plan de travail a été fait dans un béton brut et non lissé, car Gabriel n’aime pas les matériaux aseptisés : « Cette surface garde les taches, elle renvoie à la vie qui va avec. »
Dans la cuisine, l’omniprésence de l’art contemporain atteint un point de tension maximal avec cette installation signée Camille Laurelli. Une brique semble flotter dans l’air… Elle est en réalité suspendue à l’aide d’une corde, qui ne tient qu’à un fil transparent. Gabriel l’évoque comme « un potentiel accident, quelque chose de cinématographique » et précise qu’il va quand même falloir qu’il songe à changer le fil, car « un jour, ça va forcément casser ».
Derrière, une toile du peintre Romain Bernini occupe l’espace avec intensité, en s’accordant à la perfection avec le vert qui prédomine dans toutes ses nuances sur la plupart des murs de l’appartement.
Derrière, une toile du peintre Romain Bernini occupe l’espace avec intensité, en s’accordant à la perfection avec le vert qui prédomine dans toutes ses nuances sur la plupart des murs de l’appartement.
Ce meuble en bois, gris et ajouré à l’avant, abrite la climatisation. Dessus, trois vases sculpturaux d’Ettore Sottsass prennent la pause… « C’est une étrangeté dans mon appartement, car c’est très déco alors que d’ordinaire, je me méfie de ce qui a trait au décoratif. Là, c’est différent, parce que c’est une acquisition liée à mon amitié avec un vrai fan de Sottsass. »
Au centre de la cuisine, une table rectangulaire grise arbore un design danois, très simple et efficace. « Nos enfant sont encore petits », explique Julie. « On voulait un modèle sympa, simple et résistant, qui ne soit pas non plus une trop belle pièce. » Autour de la table, le couple a choisi de miser sur un assortiment de chaises différentes, se distinguant soit par leur couleur, soit par leur forme. Parmi elles, on aperçoit des coques Eames, dont on nous dit qu’elles ont été chinées et montées sur d’autres pieds.
Table chez Muuto
Table chez Muuto
La salle de bains est attenante à la cuisine, pour avoir tous les enfants à l’œil lorsque c’est nécessaire. « Cela me permet d’en avoir un qui fait ses devoirs pendant que l’autre prend son bain, tout en étant en mesure de surveiller les deux », explique Julie.
Voici le couloir qui relie la cuisine au salon, tout en desservant les chambres des enfants. Les deux murs de cet espace de circulation ont été largement optimisés par l’aménagement d’une grande bibliothèque sur mesure.
Dans la chambre des filles, où joue ici Céleste (l’aînée de la famille), on trouve des œuvres de Johann Rivat, Fabrice Croux, un petit dessin de Fabrice Hyber… « Les deux filles n’ayant que deux ans d’écart, elles sont bien dans la même chambre », explique Gabriel. Leurs lits reposent sur une sorte d’estrade, aménagée parce que les fenêtres étaient hautes et qu’il fallait qu’elles puissent y accéder. « Cela nous a aussi permis d’avoir des rangements supplémentaires, apparemment utiles puisqu’ils sont bien pleins ! »
Le projet qu’il n’est pas pressé de réaliser ? Transformer l’entrée en chambre, le jour où Céleste et Blanche ne voudront plus dormir ensemble. « Heureusement que pour l’instant, tout se passe bien… Car j’aime beaucoup mon entrée punk et n’ai pas franchement hâte de m’en séparer. »
Le projet qu’il n’est pas pressé de réaliser ? Transformer l’entrée en chambre, le jour où Céleste et Blanche ne voudront plus dormir ensemble. « Heureusement que pour l’instant, tout se passe bien… Car j’aime beaucoup mon entrée punk et n’ai pas franchement hâte de m’en séparer. »
Au bout du couloir, le salon bénéficie d’une luminosité rassérénante – après être passé par une cuisine littéralement baignée de lumière. Achetée chez un antiquaire, la table basse en bois et métal est équipée d’un système amusant permettant d’en régler la hauteur pour l’utiliser… soit comme table basse, soit comme table haute.
En entrant dans le salon, on s’étonne de rencontrer cette grande sculpture de Daniel Firman… Elle représente un homme croulant sous les cartons, et par cette image, sous les excès de la surconsommation. « Tout tient ici en équilibre, rien n’est accroché. »
Plusieurs portraits issus de la série Magazines de David Lefèbvre sont exposés sur ce meuble noir du salon. « Ce sont des œuvres qu’il a peintes dans sa jeunesse et que j’aime beaucoup. » Le collectionneur les a disposées sur du noir et les unes à côté des autres, pour retrouver l’esprit d’un cabinet de curiosités.
Dans le même salon, cette console Napoléon III interpelle. « C’est une console tout ce qu’il y a de plus rococo et qui me vient de ma famille », souligne Gabriel.
- « J’ai un appartement de collectionneur parce que de nombreuses œuvres y sont présentes. Et non pas grâce à l’architecture du lieu, qui n’a a priori pas les atouts d’un espace
En effet, la plupart des murs du duplex sont en sous-pente. Ce qui n’est évidemment pas l’idéal pour afficher des toiles ou photographies sur les murs. « À l’exception de la cage d’escalier, qui permet d’accéder à la chambre parentale, l’appartement a été pensé comme lieu de vie plutôt que d’exposition. »
- Au milieu du salon, la cage d’escalier, redécoupée de manière architecturée et rhabillée de bois, permet d’avoir des murs droits où exposer certaines grandes pièces. Au sol, on remarque aussi quelques prises qui laissent à Gabriel la possibilité de brancher des installations au besoin.
De l’autre côté de la cage d’escalier, un deuxième petit salon a été aménagé autour d’un canapé Togo tout confort pour regarder la télévision.
Dans tout l’appartement, le plancher est en pin. « On a choisi un bois volontairement très tendre, parce qu’on souhaitait qu’il se patine. J’ai horreur des matériaux qui ne s’incarnent pas, surtout pour réhabiliter un espace qui a déjà vécu. »
Dans tout l’appartement, le plancher est en pin. « On a choisi un bois volontairement très tendre, parce qu’on souhaitait qu’il se patine. J’ai horreur des matériaux qui ne s’incarnent pas, surtout pour réhabiliter un espace qui a déjà vécu. »
Au fond, on aperçoit une photographie de Laurent Montaron, dont Gabriel nous parle avec cette passion qui l’anime dès qu’il s’exprime sur l’une de ses acquisitions. « C’est toujours la thématique du temps qui passe, avec cette jeune fille qui s’enregistre avec un objet dépassé, soit un captateur du temps qui est déjà un marqueur de temporalité. »
À l’étage, la chambre de Gabriel et Julie… Très simple, cet espace détonne notamment par la puissance du vert végétal et tonique, qui en jette sur le mur du fond.
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photos organisés par Houzz dans les intérieurs de houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fiers de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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- « Je ne peux pas dire que j’ai fait réaliser l’appartement en réfléchissant à l’emplacement de mes œuvres », conclut Gabriel. Ce qui se comprend, car chez un collectionneur comme lui, il y a toujours plus de pièces, petites et grandes, que l’on finit par placer un peu comme on peut. Et non pas selon une logique rationnelle et prédéfinie. Car l’art de collectionner est quelque chose de viscéral, passionnel et souvent compulsif, qui dépasse souvent celui qui s’y adonne.
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Qui habite ici : Gabriel Nallet, son épouse Julie et leurs trois jeunes enfants : Céleste, Blanche et Aimée.
Emplacement : sous les toits, au dernier étage de l’un des beaux immeubles de la Place Verdun, à Grenoble
Superficie : 175 m² au sol
Architectes : Paul & Seguin Architectes
Anecdote : À l’origine, il y avait des chambres de bonnes en lieu et place du grand appartement que l’on va découvrir aujourd’hui.
Photos : Pascale Cholette © 2015 Houzz