Suivez le Guide : Un duplex de charme dans un château rochelais
Retour sur le réaménagement complet d'un duplex de charme dans un château classique. Entre tradition et modernité
Agnès Carpentier
1 janvier 2019
Contributrice HOUZZ. Journaliste.
Quand la propriétaire raffinée qui habite ici, s’est mise en quête d’un logement à La Rochelle, elle recherchait un bien de charme. Elle ne pensait pas réaliser à ce point ses rêves en découvrant ce duplex, niché dans un château en tuffeau de style classique. Au rez-de-chaussée de la bâtisse cossue, l’appartement la immédiatement séduit par ses beaux volumes, ses immenses baies et sa grande terrasse privative avec vue sur le parc arboré. Mais avant qu’elle ne puisse s’y installer, une rénovation d’ampleur doit être envisagée en raison de la vétusté de l’appartement. Avec ses tapisseries désuètes au mur, son carrelage au sol, l’espace entièrement cloisonné est également mal distribué : on accède à la chambre en traversant la cuisine ! Après avoir fait plancher plusieurs architectes d’intérieur, la propriétaire signe pour l’approche de Nadège Nari qui lui propose de sublimer le charme de l’ancien tout en projetant l’appartement dans un confort de vie du XXIᵉ siècle.
Coup d’œil
Qui vit ici : une dame de qualité
Emplacement : La Rochelle
Date : livraison début 2016
Superficie : 66 m²
Architecte d’intérieur : Nadège Nari
Budget : 80 000 euros
Anecdote : Propriétaire et architecte d’intérieur se sont admirablement entendues sur la conscience écologique du projet. Les peintures formulées avec des composants naturels biosourcés ont notamment été retenues (gamme Nae de chez Unikalo). Par ailleurs, grâce au recyclage de tout ce qui était possible dans cet appartement, les coûts ont pu être sensiblement limités.
Coup d’œil
Qui vit ici : une dame de qualité
Emplacement : La Rochelle
Date : livraison début 2016
Superficie : 66 m²
Architecte d’intérieur : Nadège Nari
Budget : 80 000 euros
Anecdote : Propriétaire et architecte d’intérieur se sont admirablement entendues sur la conscience écologique du projet. Les peintures formulées avec des composants naturels biosourcés ont notamment été retenues (gamme Nae de chez Unikalo). Par ailleurs, grâce au recyclage de tout ce qui était possible dans cet appartement, les coûts ont pu être sensiblement limités.
Situé à un jet de pierre du centre de La Rochelle, ce château classique, ancienne propriété d’un chef d’État-major de l’armée, a été divisé en une copropriété. C’est ici que la propriétaire a eu la chance de trouver un duplex en fort mauvais état mais au potentiel incroyable.
Les immenses baies vitrées d’époque avec leurs allèges moulurées sont l’un des atouts charme de l’appartement. La terrasse privative de 50 m², légèrement surélevée par rapport au parc aux arbres magnifiques, en est un autre.
Pour initier la transfiguration du salon désuet, des moulures ont été rajoutées au pourtour du plafond et un parquet de chêne à deux frises s’est substitué au carrelage blanc : « Ce sont des lames minces en chêne, pour l’aspect demeure de charme qu’elles permettent, contrairement aux lames larges plus contemporaines », décrypte Nadège Nari, l’architecte d’intérieur.
Les murs, quant à eux, ont été repeints en vert céladon. Cette nuance peu saturée et lumineuse préfigure l’attentive recherche picturale réalisée dans l’ensemble de l’appartement : « En plus d’une quête d’harmonie et de complémentarité, les couleurs ont été proposées et retenues en fonction de leur symbolique et de leur influence sur la santé. Le céladon apaise l’ambiance d’une pièce et en valorise les volumes. C’est une couleur que la propriétaire affectionne tout particulièrement, celle de ses yeux », glisse Nadège.
La professionnelle a également conseillé d’ajouter un élément visuel fort à la pièce. Ainsi le banal escalier droit en bois qui desservait la mezzanine a été troqué contre cette pièce de caractère en fonte brute. Ce modèle hélicoïdal de 120 centimètres de diamètre est une reproduction artisanale d’un escalier Art nouveau. Pour l’anecdote, il a fallu aller le chercher en Belgique et le souder sur place ! « Il est devenu l’élément central, comme une œuvre d’art de l’appartement », note l’architecte d’intérieur.
Le sas d’entrée a été ensoleillé par une peinture jaune qui vient contraster et délimiter l’espace. « Le céladon s’harmonise parfaitement avec le jaune d’or. Il adoucit et souligne cette couleur plus imposante. Ce mariage ne date pas d’hier puisqu’il était utilisé autrefois pour mettre en valeur les dorures à la feuille d’or, notamment sous l’époque impériale. Il était intéressant dans un château de faire un rappel à l’Histoire. En outre, selon la médecine indienne védique, le jaune harmonise les chakras. Dès l’entrée, cette couleur solaire nous réchauffe », explique Nadège Nari.
Le colimaçon mène à la bibliothèque de la propriétaire, grande lectrice, qui le cas échéant peut se transformer en chambre d’appoint pour les amis de passage. La mezzanine d’origine à la structure bois a été conservée, mais le garde-corps a été repeint et, dans un souci du détail, certains de ses balustres ont été remplacés par des barreaux de fonte. Assortis à ceux de l’escalier, ceux-ci assurent une belle transition. Dans le même esprit, les lustres aux pampilles de verre ont été choisis pour s’assortir au style Art nouveau de l’escalier.
Suspensions : Maisons du Monde
Suspensions : Maisons du Monde
La plupart des meubles du salon appartenaient déjà à la propriétaire, à l’instar de ce vaisselier et du canapé au dossier capitonné. Ces meubles de famille étaient à l’origine teintés en brun…
La propriétaire, qui avait envie de renouveau, s’est beaucoup investie dans la rénovation de son appartement. Elle a réclamé à Nadège des instructions pour patiner elle-même ses meubles en blanc car elle affectionne particulièrement le style Shabby chic qui use sans modération des patines claires.
Côté salle à manger, la table de chêne et les chaises cannées de style Louis XVI ont connu le même traitement.
Le manteau de cheminée a été chiné et une grille de métal a été ajoutée pour dissimuler le radiateur électrique qui s’y cache. Ce miroir doré de la propriétaire a été laissé tel quel. Il donne un petit air de château à l’ensemble.
Manteau de cheminée : Le Bon Coin
Manteau de cheminée : Le Bon Coin
Le résultat final nous transporte dans un univers cosy et authentique qui fleure bon l’ambiance des cottages anglais.
La cuisine, qui se dresse fièrement à l’autre bout du salon-salle à manger, a demandé beaucoup de réflexion à l’architecte d’intérieur. La propriétaire désirait une pièce fermée et n’imaginait pas déplacer la cuisine cloisonnée existante, placée primitivement derrière les persiennes noires. Nadège a réussi à la convaincre d’opter pour un mode de vie contemporain avec cette cuisine complètement ouverte sur le salon. « La cuisine semble ainsi très grande, bien qu’elle soit petite », souligne l’architecte d’intérieur.
Comme vous le voyez sur ce visuel, la prouesse consiste en deux volets en bois exotiques coulissants, qui permettent de fermer complètement la cuisine… ou de l’ouvrir. Ces volets se positionnent alors sur la droite et donnent l’impression que la cuisine est bien plus vaste.
Cette réalisation a demandé d’évider le dessous de la mezzanine et de restructurer ses appuis, notamment assurés par un poteau central. Le nouvel élément structurel dans lequel est aménagée la cuisine a réparti les charges de façon latérale avec deux nouveaux poteaux de soutien camouflés aux extrémités de cette sorte de boîte.
Cette réalisation a demandé d’évider le dessous de la mezzanine et de restructurer ses appuis, notamment assurés par un poteau central. Le nouvel élément structurel dans lequel est aménagée la cuisine a réparti les charges de façon latérale avec deux nouveaux poteaux de soutien camouflés aux extrémités de cette sorte de boîte.
La cuisine entièrement fermée correspond parfaitement aux attentes de la propriétaire qui ne souhaitait pas montrer ses fourneaux à ses visiteurs. Au sol, des carreaux de ciment aux motifs 1900, posés comme un tapis, délimitent la zone. Le choix du noir est presque une signature pour Nadège Nari, qui la distille habilement dans chacun de ses projets. « C’est une couleur difficile à faire accepter alors que l’on a tout à gagner avec le noir. Il souligne les éléments, apporte élégance et classe, met en relief les volumes… », plaide-t-elle.
On distingue sur ce visuel la structure cubique créée de toutes pièces pour accueillir la cuisine. L’ancien cloisonnement qui descendait à fleur de mezzanine a été démoli. Elle avance désormais tel un balcon sur la pièce de vie qui, de fait, a été agrandie. L’équipement de la cuisine n’a rien à envier aux plus grandes : colonne réfrigérateur congélateur, four, hotte, plaques à induction, lave-vaisselle de 45 centimètres… La place du four, niché dans la crédence, est bluffante.
« Cette structure a permis de soutenir la mezzanine et d’anticiper tous les éléments nécessaires en optimisant l’espace. » Ainsi, l’arrière de ce bloc noir créé en plaques de plâtre a été équipé d’un dressing aux portes coulissantes en verre fumé. À gauche de celui-ci, une autre colonne accueille la machine à laver en partie basse. La partie haute dissimule le four, uniquement accessible côté cuisine. Malin !
À gauche du dressing s’ouvre la suite parentale avec sa grande salle de bains privative, aménagée à la place de l’ancienne cuisine.
Un plan de toilette ancien avec son dessus en marbre a été chiné par la propriétaire et repeint du même noir mat que la cuisine. Un miroir et des appliques baroques à la patine dorée filent la métaphore « château ».
Un plan de toilette ancien avec son dessus en marbre a été chiné par la propriétaire et repeint du même noir mat que la cuisine. Un miroir et des appliques baroques à la patine dorée filent la métaphore « château ».
La douche exploite un recoin intéressant, situé face à l’une des grandes baies et juste derrière les persiennes de la cuisine lorsqu’elles sont ouvertes. Initialement, la mezzanine s’ouvrait aussi de ce côté, mais elle a été bouchée pour rendre la salle de bains intime. « Le mur de carreaux métro de la petite douche donne l’illusion d’une grande, avec sa plage de carreaux de ciment tel un tapis de sol de bain », note la professionnelle.
En haut à droite, l’ancien garde-corps de la mezzanine a été fermé, formant cette « cheminée ». Peinte en blanc, elle irradie la lumière de la baie, imitant un puits de lumière zénithal.
Les carreaux métro émeraude, recouverts d’émail craquelé, ont fait complètement craquer la propriétaire. C’était une petite folie, si bien que seul le côté visible de la douche en a été orné, mais ils ont apporté une touche princière à la salle de bains, tout comme la robinetterie en laiton et porcelaine ancienne qui a été chinée. La douche a également été équipée d’un pommeau rétro.
La chambre s’ouvre juste en face du meuble vasque. Initialement, cet espace était un studio indépendant, rattaché au fil du temps au duplex. La piècedispose d’une très grande hauteur sous plafond. À la place de la mezzanine qui s’y trouvait, Nadège a tout de suite imaginé un lit à baldaquin : « C’était intéressant d’exploiter à fond le côté château ! » La propriétaire a préféré garder son lit à la tête laitonnée, qui s’accordait aux éléments dorés distillés ici et là, et a préféré orienter l’architecte d’intérieur sur un travail pictural.
« Cette dame dormait très mal, elle avait beaucoup d’insomnies dans son précédent logement », raconte Nadège. « Je lui ai conseillé des murs jaunes, car les ondes vibratoires positives du jaune sont utilisées par les chromothérapeutes pour favoriser une bonne digestion, un bon équilibre nerveux et la qualité du sommeil. »
La tête du lit a été positionnée en fonction de l’orientation préconisée par la méthode feng shui : « Cette théorie prend en compte la date de naissance précise pour définir l’orientation la plus favorable à chacun, ici à l’ouest. C’est une approche que la propriétaire affectionne de par sa sensibilité aux alternatives holistiques. » Réalité ou placébo ? En tout cas, la propriétaire dit dormir aujourd’hui comme un bébé.
Les toilettes auraient pu sembler banales après ce voyage princier hautement pictural. C’était sans compter sur Nadège pour qui un bel aménagement de toilettes est un incontournable. Avec la propriétaire, elles y ont imaginé une fontaine. Cette image a donné naissance à une coulée virtuelle réalisée en carreaux de ciment, assortis à ceux de la cuisine. « Et du noir bien sûr, pour faire chic ! »
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photos organisés par Houzz dans les intérieurs de houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fiers de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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m2g_gili. Merci!! Pour le garde corps, effectivement c'est par soucis d'économies. Nous avons opté pour une optimisation de l'existant en conservant le garde corps et en le peignant uniquement en Noir pour le fondre dans le décor. Et nous avons remplacé quelques balustres par des barreaux de fonte issue de la même fabrication que l'escalier hélicoïdal pour lui donner un peu d'élégance sans se ruiner.
C'est joli, même si la cuisine est vraiment trop minimaliste à mon goût.
Vraiment splendide, intelligent et chic. Bravo