Développement durable
Focus Matière : Les revêtements en terre cuite
Les matériaux artisanaux ont le vent en poupe, surtout la terre cuite. Pleins feux sur ces nouveaux objets de désir
Vieux de plus de 7000 ans, les plus anciens éléments architecturaux en terre cuite d’Europe occidentale ont été découverts en Provence. Ils sont exposés à Terra Rossa, la maison de la céramique architecturale, designée par Jean-Michel Wilmotte, à Salernes. Impossible en effet de parler des revêtements en terre cuite sans évoquer ce village de 3800 âmes dans le Haut-Var, dont l’économie repose depuis deux siècles sur la production de carrelage rouge hexagonal appelé tomettes. Des gisements d’une argile ferrugineuse très pure sont à l’origine de cette production de « malon hexagonal rouge » que se partagent encore six fabriques artisanales. Jérôme Mellerio, directeur de l’une des dernières appelée Les Terres Cuites des Launes, a bien voulu nous dévoiler les secrets de ce matériau qui le passionne et connaît un véritable regain dans les projets architecturaux contemporains.
Pendant le temps du séchage, il doit être retourné tous les jours, puis il est cuit dans des fours. Nous sommes toujours en capacité de les cuire dans nos fours à bois mais, depuis 20 ans, la cuisson se fait de préférence dans des fours à gaz, ce qui simplifie la montée en température, limite les risques de casse de la matière et fait gagner beaucoup de temps. Les ouvriers restent les véritables orfèvres de ce matériau car 5 à 10 ans d’expérience sont nécessaires pour maîtriser parfaitement ces étapes. Aux Terres Cuites des Launes, nos artisans ont entre 15 et 31 ans de métier.
Quels sont les différents revêtements en terre cuite ?
Nous produisons des revêtements de différentes formes et tailles, 150 types en tout. La tomette dite aussi malon hexagonal ou carreau en nid d’abeille est la plus connue. Mais nous façonnons aussi des carrés et des dalles (grands formats carrés), des feuillets et parefeuilles (formats rectangulaires) et des briques et briquettes.
Les tomettes se mesurent de bord à bord et non de pointe à pointe. Leur format traditionnel est de 170 mm mais nous avons des moules de 120 à 300 mm. Les carrés sont classiquement fabriqués entre 10 x 10 et 25 x 25 cm. À partir de 30 x 30 jusqu’à 50 x 50, la taille maximale, on les nomme dalles. Les feuillets vont de 12 x 18 à 33 x 50 cm. L’épaisseur des tomettes comme celle des carrés ou feuillets varie de 1 à 3 cm en fonction de leur taille. Les briques atteignent 7 cm d’épaisseur.
Nous produisons des revêtements de différentes formes et tailles, 150 types en tout. La tomette dite aussi malon hexagonal ou carreau en nid d’abeille est la plus connue. Mais nous façonnons aussi des carrés et des dalles (grands formats carrés), des feuillets et parefeuilles (formats rectangulaires) et des briques et briquettes.
Les tomettes se mesurent de bord à bord et non de pointe à pointe. Leur format traditionnel est de 170 mm mais nous avons des moules de 120 à 300 mm. Les carrés sont classiquement fabriqués entre 10 x 10 et 25 x 25 cm. À partir de 30 x 30 jusqu’à 50 x 50, la taille maximale, on les nomme dalles. Les feuillets vont de 12 x 18 à 33 x 50 cm. L’épaisseur des tomettes comme celle des carrés ou feuillets varie de 1 à 3 cm en fonction de leur taille. Les briques atteignent 7 cm d’épaisseur.
Nous appelons modèles spéciaux des terres cuites aux formes moins classiques, telles que les croix, les hexagones et octogones avec cabochons, les carrés avec navettes, les curvilignes, les claustras et les os (photo). Nous fabriquons aussi des margelles de piscines avec des bords arrondis, des plinthes ou des parements et d’autres éléments en fonction de la demande des clients.
Quelles sont les couleurs et les finitions de ces revêtements
Un revêtement en terre cuite n’a jamais la même teinte. En combinant la température de cuisson (de 900 à 1200 degrés) et sa durée (de 2 à 4 jours et demi), nous sommes capables de produire neuf déclinaisons, du beige au rouge très foncé.
La mise en place des carreaux de terre cuite sur un plateau avant de passer au four va déterminer la couleur finale du produit. En fonction de l’écartement des revêtements sur le chariot, leur position par rapport à la source de chaleur peut faire apparaître des zones plus foncées ou plus claires à la surface de chaque carreau. Ce « flammage » était encore plus prononcé du temps de la cuisson au feu de bois.
Un revêtement en terre cuite n’a jamais la même teinte. En combinant la température de cuisson (de 900 à 1200 degrés) et sa durée (de 2 à 4 jours et demi), nous sommes capables de produire neuf déclinaisons, du beige au rouge très foncé.
La mise en place des carreaux de terre cuite sur un plateau avant de passer au four va déterminer la couleur finale du produit. En fonction de l’écartement des revêtements sur le chariot, leur position par rapport à la source de chaleur peut faire apparaître des zones plus foncées ou plus claires à la surface de chaque carreau. Ce « flammage » était encore plus prononcé du temps de la cuisson au feu de bois.
La finition des revêtements en terre cuite peut aussi varier, de lisse à « peu cendrée » ou « cendrée » en fonction d’une étape artisanale de la fabrication qui intervient avant le séchage. Une petite main saupoudre la terre moulée avec de la poudre de lavande pour un rendu plus ou moins granuleux en surface.
On réserve en général la finition cendrée à un usage rustique en intérieur ou pour l’extérieur à l’instar des terrasses, des plages et margelles de piscines.
Quelles sont les qualités de ces revêtements ?
Les revêtements en terre cuite ont bien des qualités qui expliquent qu’ils aient traversé les millénaires. Ils sont relativement peu coûteux (entre 60 et 85 euros HT du mètre carré), sains et durables à vie. Encore faut-il que ces matériaux aient été fabriqués dans les règles de l’art. Ne jamais opter pour des matériaux creux, qui vont s’effriter dans le temps ! La qualité de l’argile joue également un grand rôle. Quand le minerai d’argile est pur comme à Salernes, sans sable, cela renforce la robustesse du produit. Résistants et à la fois légers, ils sont également de bons isolants acoustiques (le bruit des pas ne résonne pas) et thermiques (elles restituent idéalement la chaleur d’un chauffage au sol).
Les revêtements en terre cuite ont bien des qualités qui expliquent qu’ils aient traversé les millénaires. Ils sont relativement peu coûteux (entre 60 et 85 euros HT du mètre carré), sains et durables à vie. Encore faut-il que ces matériaux aient été fabriqués dans les règles de l’art. Ne jamais opter pour des matériaux creux, qui vont s’effriter dans le temps ! La qualité de l’argile joue également un grand rôle. Quand le minerai d’argile est pur comme à Salernes, sans sable, cela renforce la robustesse du produit. Résistants et à la fois légers, ils sont également de bons isolants acoustiques (le bruit des pas ne résonne pas) et thermiques (elles restituent idéalement la chaleur d’un chauffage au sol).
Par ailleurs, on est également sensible au fait que la terre cuite est une matière attachante. Dans ses imperfections liées à son moulage, on voit la main de l’homme. C’est un matériau authentique, qui nous raconte une histoire à rebours des tuiles ou carrelages mécaniques, tous uniformes. Elle est prisée pour ses teintes chaudes et vibrantes et parce qu’elle vit dans le temps. En effet, au fil du passage et des entretiens, elle se patine et donne à n’importe quelle pièce un aspect chaleureux.
Quelles sont les applications prisées aujourd’hui ?
À une époque où l’on prise et revendique le mélange de l’ancien et du moderne dans la décoration, les revêtements artisanaux en terre cuite reviennent en force dans les préconisations des architectes et décorateurs, que cela soit en France ou à l’étranger. Certaines réalisations s’attachent à conserver les tomettes anciennes et il est possible de retrouver aujourd’hui des carreaux qui imitent les anciens lorsqu’il faut remplacer quelques carreaux brisés.
À une époque où l’on prise et revendique le mélange de l’ancien et du moderne dans la décoration, les revêtements artisanaux en terre cuite reviennent en force dans les préconisations des architectes et décorateurs, que cela soit en France ou à l’étranger. Certaines réalisations s’attachent à conserver les tomettes anciennes et il est possible de retrouver aujourd’hui des carreaux qui imitent les anciens lorsqu’il faut remplacer quelques carreaux brisés.
Les architectes vont plus loin en préconisant aujourd’hui la terre cuite en remplacement d’un carrelage par exemple. C’est un matériau facile à utiliser, que l’on assemble à la colle sur une chape de ciment. C’est également un matériau facile à vivre, car il ne rentre jamais en conflit avec des matériaux plus contemporains comme le béton, les cloisons de plâtre, le plancher… Cela lui donne une grande latitude d’utilisation.
La terre cuite peut s’employer indifféremment au sol et au mur, en intérieur et en extérieur, dans une pièce sèche ou une pièce humide. Cette souplesse est probablement une autre des raisons de son come-back.
La terre cuite peut s’employer indifféremment au sol et au mur, en intérieur et en extérieur, dans une pièce sèche ou une pièce humide. Cette souplesse est probablement une autre des raisons de son come-back.
Peut-on innover avec la terre cuite ?
La terre cuite ne s’arrête pas aux sols en tomettes ou en carrés. On peut imaginer de jouer sur d’autres formats orignaux comme les briquettes très fines à l’instar de ce pavage en extérieur.
Trouvez un pro pour rénover vos sols
La terre cuite ne s’arrête pas aux sols en tomettes ou en carrés. On peut imaginer de jouer sur d’autres formats orignaux comme les briquettes très fines à l’instar de ce pavage en extérieur.
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On peut également varier les poses pour apporter une ambiance différente selon les pièces : pose droite, à joints coupés (ou décalés), en diagonale, en chevrons, ou en tapis avec une bordure… On peut également miser sur l’alliance de différentes teintes, de sorte à créer des compositions artistiques.
À Salernes, des spécialistes de la terre cuite se sont spécialisés dans l’émaillage, ce qui permet d’apporter une couleur sur mesure pour créer une composition avec des cabochons contrastants par exemple (photo). Je dirai que l’innovation n’a de limite que la taille des carreaux. En raison des contraintes mécaniques du matériau, nous devons nous limiter à une taille maximale au-delà de laquelle le matériau se tord en séchant ou en cuisant : 30 cm pour de la tomette, 50 x 50 pour les formats carrés et 40 x 60 pour des feuillets.
Comment entretenir la terre cuite ?
Jusqu’à il y a 50 ans, on utilisait majoritairement des tomettes de petites tailles, très rouges et très lisses, que l’on appelait des tomettes engobées. Quand elles étaient démoulées, on les plongeait dans des produits considérés aujourd’hui toxiques et interdits, avant leur séchage puis cuisson au four à bois. C’est ce qui leur donnait cet aspect. On les entretenait en appliquant un mélange d’huile de lin et d’essence de térébenthine. Cela fonçait la couleur de la tomette au fil des passages.
Jusqu’à il y a 50 ans, on utilisait majoritairement des tomettes de petites tailles, très rouges et très lisses, que l’on appelait des tomettes engobées. Quand elles étaient démoulées, on les plongeait dans des produits considérés aujourd’hui toxiques et interdits, avant leur séchage puis cuisson au four à bois. C’est ce qui leur donnait cet aspect. On les entretenait en appliquant un mélange d’huile de lin et d’essence de térébenthine. Cela fonçait la couleur de la tomette au fil des passages.
On doit toujours entretenir les tomettes contemporaines afin d’éviter qu’elles ne s’imprègnent de taches de boisson ou de gras par exemple. Une fois que l’on a posé les carreaux, on attend deux à trois semaines que l’humidité ressorte puis on les traite avec un hydrofuge professionnel.
Au fil du temps, pour les nourrir, on passe la serpillière en mélangeant un « lait de cire » à de l’eau. Si l’on souhaite lustrer la tomette et lui donner un aspect brillant, il est nécessaire de passer la monobrosse. Dans le cas contraire, lorsque le produit est sec, le rendu sera satiné et naturel.
Comment nettoyer du carrelage et des tomettes
Comment nettoyer du carrelage et des tomettes
En extérieur ainsi que dans les cuisines et salles de bains, il est nécessaire de pulvériser un hydrofuge aqueux plus puissant en deux passes. Dans ces lieux il est fortement recommandé de refaire un passage tous les ans, au pulvérisateur, par temps sec.
ET VOUS ?
Que pensez-vous des revêtements en terre cuite ?
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Aux antipodes des carreaux mécaniques fabriqués à la chaîne, les revêtements en terre cuite sont encore façonnés de manière purement artisanale, selon des étapes ancestrales. Extraite dans une carrière, l’argile est dégazée sur site pendant un an pour optimiser sa plasticité. Pour élaborer la pâte, elle est délayée avec de l’eau puis le mélange est filtré, compressé et extrudé. Ensuite intervient le moulage où la pâte est compactée à la pierre ou au maillet bois. Une fois démoulé, le carreau reçoit une finition manuelle.