Portrait d'artisans : Un jeune duo de forgerons designers
Immersion dans l'Atelier Rouge Cerise, où forgerons et designers ne font plus qu'un pour créer des pièces et meubles d'exception
L’histoire d’Olivier et Jean-Benoît Biscarrat illustre par l’exemple la célèbre maxime qui affirme que « c’est en forgeant, qu’on devient forgeron ! ». Promis à un avenir dans la viticulture, ces deux frères, épris du travail du métal et désireux d’inventer de beaux meubles et objets, ont changé leur fusil d’épaule en ouvrant leur atelier de forgerons designers en 2007. Depuis, ils font les salons, rencontrent des créateurs, enchaînent les commandes et créent des pièces qu’ils aiment sincèrement. Tour d’horizon avec le plus jeune des deux, Jean-Benoît.
Quel cursus avez-vous suivi pour apprendre à forger ?
Au départ, nous n’avions pas forcément prévu ça. Mon frère Olivier, aujourd’hui âgé de 38 ans, a d’abord obtenu un BTS en œnologie et viticulture, avant de devenir forgeron à plein temps. Quant à moi, j’ai suivi une formation dans une école de commerce. En réalité, on a commencé à travailler avec notre père dans la viticulture et ce n’est qu’en 2007 que nous avons décidé de nous consacrer pleinement à la forge et au design, en créant l’Atelier Rouge Cerise. Comme notre père était viticulteur, on avait déjà du matériel et un atelier sur le domaine, que l’on a simplement transformé pour la forge.
Nous sommes donc autodidactes mais c’est un avantage, parce que nous avançons sans aucune limite. On ne met pas de frein à notre créativité et jusqu’ici, on a réussi à trouver des solutions pour réaliser tous les projets qui nous tenaient à cœur.
Au départ, nous n’avions pas forcément prévu ça. Mon frère Olivier, aujourd’hui âgé de 38 ans, a d’abord obtenu un BTS en œnologie et viticulture, avant de devenir forgeron à plein temps. Quant à moi, j’ai suivi une formation dans une école de commerce. En réalité, on a commencé à travailler avec notre père dans la viticulture et ce n’est qu’en 2007 que nous avons décidé de nous consacrer pleinement à la forge et au design, en créant l’Atelier Rouge Cerise. Comme notre père était viticulteur, on avait déjà du matériel et un atelier sur le domaine, que l’on a simplement transformé pour la forge.
Nous sommes donc autodidactes mais c’est un avantage, parce que nous avançons sans aucune limite. On ne met pas de frein à notre créativité et jusqu’ici, on a réussi à trouver des solutions pour réaliser tous les projets qui nous tenaient à cœur.
Pleine Lune
Comment définiriez-vous votre métier ?
Nous sommes forgerons designers. Forgeron parce que nous transformons et travaillons le fer de manière traditionnelle. Et designers, parce que notre approche du métier est très contemporaine, la création étant le fer de lance de notre activité.
Comment s’organise votre activité ?
Nous avons tous les deux nos spécificités. Je suis davantage au bureau et à la gestion, même si j’interviens également en atelier, au niveau de la ferronnerie industrielle et traditionnelle. Quant à Olivier, il s’occupe de toute la partie création. Certaines de ses réalisations répondent à des commandes et problématiques précises, tandis que d’autres émergent vraiment d’un désir d’imaginer un luminaire, une chaise longue, etc.
Nous sommes forgerons designers. Forgeron parce que nous transformons et travaillons le fer de manière traditionnelle. Et designers, parce que notre approche du métier est très contemporaine, la création étant le fer de lance de notre activité.
Comment s’organise votre activité ?
Nous avons tous les deux nos spécificités. Je suis davantage au bureau et à la gestion, même si j’interviens également en atelier, au niveau de la ferronnerie industrielle et traditionnelle. Quant à Olivier, il s’occupe de toute la partie création. Certaines de ses réalisations répondent à des commandes et problématiques précises, tandis que d’autres émergent vraiment d’un désir d’imaginer un luminaire, une chaise longue, etc.
Shéhérazade
Quel est votre rapport à la matière ?
Le métal permet de travailler sur des formes à la fois très fines et d’une grande solidité. Mais ce qui nous attire, c’est surtout le processus de transformation de la matière. Le fer est froid et dur, la forge permet de l’assouplir pour lui donner une autre forme.
Pour un résultat adouci, plus sensible et chaleureux, on essaie d’y associer d’autres matériaux comme le bois ou le verre. Parfois, il suffit simplement d’y amener de la couleur en peignant la pièce.
Le métal permet de travailler sur des formes à la fois très fines et d’une grande solidité. Mais ce qui nous attire, c’est surtout le processus de transformation de la matière. Le fer est froid et dur, la forge permet de l’assouplir pour lui donner une autre forme.
Pour un résultat adouci, plus sensible et chaleureux, on essaie d’y associer d’autres matériaux comme le bois ou le verre. Parfois, il suffit simplement d’y amener de la couleur en peignant la pièce.
Quelles sont les étapes de création qui mènent au meuble ou à l’objet fini ?
S’il s’agit d’une commande, on commence par rencontrer le client. Ce rendez-vous est souvent pour nous l’occasion de découvrir l’environnement dans lequel évolue le client, ce qui aide à mieux cerner ses goûts et ses attentes. Puis Olivier fait un premier dessin suivi d’un devis. Après validation de ce dernier, on enchaîne sur la fabrication, la livraison et la pose. Car on prend à cœur de tout gérer jusqu’au bout, soit jusqu’à la pose.
S’il s’agit d’une commande, on commence par rencontrer le client. Ce rendez-vous est souvent pour nous l’occasion de découvrir l’environnement dans lequel évolue le client, ce qui aide à mieux cerner ses goûts et ses attentes. Puis Olivier fait un premier dessin suivi d’un devis. Après validation de ce dernier, on enchaîne sur la fabrication, la livraison et la pose. Car on prend à cœur de tout gérer jusqu’au bout, soit jusqu’à la pose.
Rêve
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre chaise longue baptisée Le rêve ?
C’est une création 100 % Olivier ! Un jour, il a eu envie de sortir une chaise longue et la magie de la création lui a fait signer ce modèle. Il a fait plusieurs planches à dessin en partant d’un profil et des modifications lorsqu’il est passé à l’étape de fabrication. Elle se compose d’une structure très fine en métal – avec quelque 580 vis –, qui supporte l’assise en bois. Il a fallu tremper le chêne massif dans l’eau chaude, pour l’assouplir puis le courber, afin d’obtenir une silhouette féminine.
C’est une création 100 % Olivier ! Un jour, il a eu envie de sortir une chaise longue et la magie de la création lui a fait signer ce modèle. Il a fait plusieurs planches à dessin en partant d’un profil et des modifications lorsqu’il est passé à l’étape de fabrication. Elle se compose d’une structure très fine en métal – avec quelque 580 vis –, qui supporte l’assise en bois. Il a fallu tremper le chêne massif dans l’eau chaude, pour l’assouplir puis le courber, afin d’obtenir une silhouette féminine.
Le Toucan
Quid de cette lampe de bureau ?
Un ami expert-comptable voulait une lampe de bureau et nous revenions juste d’un voyage en Norvège. L’influence du design scandinave était donc très présente dans la tête d’Olivier, qui souhaitait créer un luminaire d’une extrême finesse. Mais encore d’un seul tenant. L’idée était que l’on ne voit pas la source lumineuse, mais que l’on se retrouve avec une barre en fer qui éclaire. C’est ainsi qu’il est arrivé à cette lampe pure et simple, composée d’un seul morceau de fer. Elle nous a permis d’être lauréats du concours du luminaire de Maison & Objet.
Un ami expert-comptable voulait une lampe de bureau et nous revenions juste d’un voyage en Norvège. L’influence du design scandinave était donc très présente dans la tête d’Olivier, qui souhaitait créer un luminaire d’une extrême finesse. Mais encore d’un seul tenant. L’idée était que l’on ne voit pas la source lumineuse, mais que l’on se retrouve avec une barre en fer qui éclaire. C’est ainsi qu’il est arrivé à cette lampe pure et simple, composée d’un seul morceau de fer. Elle nous a permis d’être lauréats du concours du luminaire de Maison & Objet.
Envolée
Et qu’en est-il de ce lustre qui rappelle les mobiles de Calder ?
On l’a imaginé pour des clients belges qui avaient acquis une maison en Ardèche. Ils avaient un grand lustre en métal dans une pièce qui disposait d’une belle hauteur sous plafond de 6 mètres. Olivier a eu l’idée d’une suspension dans l’esprit des mobiles de Calder, d’où ce modèle composé de lames très fines mais de grande envergure, pour une pièce de 2 mètres de diamètre au total.
On l’a imaginé pour des clients belges qui avaient acquis une maison en Ardèche. Ils avaient un grand lustre en métal dans une pièce qui disposait d’une belle hauteur sous plafond de 6 mètres. Olivier a eu l’idée d’une suspension dans l’esprit des mobiles de Calder, d’où ce modèle composé de lames très fines mais de grande envergure, pour une pièce de 2 mètres de diamètre au total.
Vous avez imaginé ce garde-corps pour la même demeure…
En effet, les clients aimaient nos réalisations d’inspiration Art nouveau, mais ne voulaient ni barreaux ni main courante. On a donc pu explorer l’univers du végétal à fond pour créer cette pièce artistique et sécurisante.
En effet, les clients aimaient nos réalisations d’inspiration Art nouveau, mais ne voulaient ni barreaux ni main courante. On a donc pu explorer l’univers du végétal à fond pour créer cette pièce artistique et sécurisante.
(des)équilibre
Cette table de chevet allie bois et métal…
En effet, on a réalisé cette table de chevet de 40 cm par 40 cm à la demande d’un client qui souhaitait mettre ce meuble dans une chambre. On trouvait que rester uniquement sur du métal aboutirait à quelque chose de trop froid pour une chambre à coucher et c’est pourquoi on y a associé du frêne olivier.
En effet, on a réalisé cette table de chevet de 40 cm par 40 cm à la demande d’un client qui souhaitait mettre ce meuble dans une chambre. On trouvait que rester uniquement sur du métal aboutirait à quelque chose de trop froid pour une chambre à coucher et c’est pourquoi on y a associé du frêne olivier.
Pleine Lune
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce tableau en métal ?
Mon frère et moi sommes férus d’art japonais et Olivier souhaitait réaliser un tableau en métal. Lequel lui a été inspiré par une estampe japonaise. Pour casser le côté massif du métal, on a fait appel à un verrier d’art au chalumeau pour les petites fleurs.
Cette œuvre est aujourd’hui dans un restaurant, en Arabie saoudite. On a prévu de reprendre ce principe d’estampe et de tableau en métal, mais à chaque fois, ce sera évidemment différent.
Mon frère et moi sommes férus d’art japonais et Olivier souhaitait réaliser un tableau en métal. Lequel lui a été inspiré par une estampe japonaise. Pour casser le côté massif du métal, on a fait appel à un verrier d’art au chalumeau pour les petites fleurs.
Cette œuvre est aujourd’hui dans un restaurant, en Arabie saoudite. On a prévu de reprendre ce principe d’estampe et de tableau en métal, mais à chaque fois, ce sera évidemment différent.
Est-ce un métier que vous conseilleriez à un jeune ?
C’est un métier dur, qui fatigue et demande de faire attention à sa santé. Mais c’est aussi un très beau métier où il y a de la place et de quoi faire. On a six mois d’avance dans les commandes ! Ce qui me semble important, pour ne pas se lasser en faisant de la serrurerie au kilomètre, c’est d’être toujours dans la création.
ET VOUS ?
Que pensez-vous des objets en métal ?
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À 18 ans, mon frère Olivier a eu un coup de cœur pour la forge, en regardant un reportage sur le métier. Il s’est fait prêter une petite forge de maréchal-ferrant et s’y est tout de suite mis. Je me souviens d’ailleurs qu’il avait demandé une enclume pour ses 18 ans. Il a d’abord commencé par faire de la copie. Puis petit à petit, à mesure qu’il a compris comment la matière réagissait et acquis de l’expérience, il a pu imaginer ses propres créations.
Quant à moi, j’avais douze ans à l’époque… Je le regardais faire, je tournais la manivelle et, peu à peu, j’ai commencé à taper sur le fer. Je me suis pris au jeu et forger est devenu une passion.