Visite Privée : Paradis campagne chic au cœur de Marseille
Un appartement marseillais renoue avec la nature, la simplicité des formes et la douceur des couleurs provençales authentiques
Michèle et Bruno, tous deux professeurs de lettres, ont acheté ce grand appartement familial du centre de Marseille à la fin des années 80. Au troisième étage de ce bel immeuble en pierres, datant de 1914, les fenêtres orientées est-ouest donnent sur la canopée des platanes et baignent l’appartement de lumière. Les vues sont exceptionnelles pour une ville aussi dense : à l’ouest sur des jardins et villas, à l’est, côté rue, sur un hôtel particulier cerné de nature. Cependant, les tapisseries surchargées de motifs, les moquettes colorées, l’aménagement « urbain » déplaisent aux nouveaux propriétaires, épris d’une déco authentique sans tape à l’œil. Michèle et Bruno connaissent d’autant mieux leurs goûts qu’ils ont déjà restauré, avec l’aide de leurs trois enfants, une bastide de charme dans le Lubéron. Une de leurs filles, Sabine, a d’ailleurs hérité de la passion familiale pour les belles maisons et est devenue architecte d’intérieur et décoratrice. Pour ses parents, dont elle partage les goûts, Sabine s’attelle à retrouver la structure originale de l’appartement, qui déploie ses vastes volumes en escargot autour d’une cour intérieure. Fil conducteur de son travail : intégrer la lumière et la nature dans un souci minimaliste, tout en privilégiant les matières brutes et claires ainsi que les reflets.
Coup d’œil
Qui habite ici : Michèle et Bruno, les parents de Sabine Viard
Emplacement : rue Paradis, côté avenue du Prado, à Marseille
Superficie : 200 m², quatre chambres, 2 salles de bains
Date de la rénovation : L’appartement a été acheté à la fin des années 80 et transformé alors, mais les peintures sont refaites tous les deux ans environ. Dernière rénovation en 2015.
Budget : 4 000 euros pour le plan de travail en marbre. Tous les autres travaux ont été réalisés par la famille.
Architecte d’intérieur et décoratrice : Sabine Viard
Anecdote : Sabine et toute sa famille ont passé des jours à gratter millimètre après millimètre la colle laissée par la moquette et le lino des anciens propriétaires pour retrouver le cachet des sols d’origine. « Les ouvriers n’ont pas voulu le faire », explique-t-elle. « Le travail était titanesque et on ne savait même pas ce qu’on allait trouver… Au final, on a récupéré des sols en parfait état. Nous avons eu beaucoup de chance ! »
Photos : Luis Alvarez
Coup d’œil
Qui habite ici : Michèle et Bruno, les parents de Sabine Viard
Emplacement : rue Paradis, côté avenue du Prado, à Marseille
Superficie : 200 m², quatre chambres, 2 salles de bains
Date de la rénovation : L’appartement a été acheté à la fin des années 80 et transformé alors, mais les peintures sont refaites tous les deux ans environ. Dernière rénovation en 2015.
Budget : 4 000 euros pour le plan de travail en marbre. Tous les autres travaux ont été réalisés par la famille.
Architecte d’intérieur et décoratrice : Sabine Viard
Anecdote : Sabine et toute sa famille ont passé des jours à gratter millimètre après millimètre la colle laissée par la moquette et le lino des anciens propriétaires pour retrouver le cachet des sols d’origine. « Les ouvriers n’ont pas voulu le faire », explique-t-elle. « Le travail était titanesque et on ne savait même pas ce qu’on allait trouver… Au final, on a récupéré des sols en parfait état. Nous avons eu beaucoup de chance ! »
Photos : Luis Alvarez
La grande entrée dessert d’un côté le salon-salle à manger et, symétriquement, le grand bureau paternel et une chambre d’enfant.
Figure de proue de la pièce à vivre, le bow-window, dans lequel se niche la table de réception, s’avance dans les pins et les lauriers et baigne la pièce de lumière. Deux miroirs anciens, placés face à face, jouent à refléter la nature et offrent même une vue sur Notre-Dame-de-La-Garde. Pour accentuer l’effet lumineux, les murs ont été peints à la chaux blanche par le père de Sabine, dix-neuviémiste à l’université d’Aix-Marseille. « Mon père est très bricoleur », avoue Sabine. « Lorsqu’il n’est pas en train d’écrire sur l’histoire des idées ou sur les liens unissant psychologie, sociologie et littérature, il file entretenir les oliviers qu’il a plantés il y a quinze ans dans le Lubéron et faire son huile ! »
Question mobilier, l’éclectisme annoncé dès l’entrée s’épanouit avec un savant mix entre des antiquités – buffet du XVIIᵉ, table basse aux accents baroques, miroir doré et ange du XVIIIe –, un canapé très contemporain et des spots suspendus années 80. Les fauteuils en bois, que l’on dirait faits en palettes, émanent d’Anne Ruyères : « Cette artiste avait une petite boutique sur le cours Julien dans lequel nous avons acheté ces fauteuils. Son style brut a été une découverte déco fondatrice pour ma mère et moi. Elle a malheureusement disparu sans laisser d’adresse… »
Figure de proue de la pièce à vivre, le bow-window, dans lequel se niche la table de réception, s’avance dans les pins et les lauriers et baigne la pièce de lumière. Deux miroirs anciens, placés face à face, jouent à refléter la nature et offrent même une vue sur Notre-Dame-de-La-Garde. Pour accentuer l’effet lumineux, les murs ont été peints à la chaux blanche par le père de Sabine, dix-neuviémiste à l’université d’Aix-Marseille. « Mon père est très bricoleur », avoue Sabine. « Lorsqu’il n’est pas en train d’écrire sur l’histoire des idées ou sur les liens unissant psychologie, sociologie et littérature, il file entretenir les oliviers qu’il a plantés il y a quinze ans dans le Lubéron et faire son huile ! »
Question mobilier, l’éclectisme annoncé dès l’entrée s’épanouit avec un savant mix entre des antiquités – buffet du XVIIᵉ, table basse aux accents baroques, miroir doré et ange du XVIIIe –, un canapé très contemporain et des spots suspendus années 80. Les fauteuils en bois, que l’on dirait faits en palettes, émanent d’Anne Ruyères : « Cette artiste avait une petite boutique sur le cours Julien dans lequel nous avons acheté ces fauteuils. Son style brut a été une découverte déco fondatrice pour ma mère et moi. Elle a malheureusement disparu sans laisser d’adresse… »
La table de la salle à manger est d’ailleurs une autre des réalisations d’Anne Ruyères. C’est elle qui a rhabillé de zinc cette vieille table en bois chinée par la famille, adepte des brocantes de la région.
Le coin salle à manger aux formes minimalistes est emblématique du travail maîtrisé de Sabine. C’est en assemblant les matières brutes et éclectiques avec soin qu’elle parvient à faire jaillir la beauté dans son plus simple appareil. Des chaises contemporaines en polypropylène côtoient des antiquités comme le chandelier en laiton, la boîte ronde en métal repoussé ou le lustre XIXᵉ en forme de cloche renversée. « Le verre, les miroirs et les objets en métal dorés ou argentés permettent d’amplifier les jeux de lumière qui nous plaisent tant », décrypte Sabine.
Chaises en plastique Air par Jasper Morrison, chez Magis
Le coin salle à manger aux formes minimalistes est emblématique du travail maîtrisé de Sabine. C’est en assemblant les matières brutes et éclectiques avec soin qu’elle parvient à faire jaillir la beauté dans son plus simple appareil. Des chaises contemporaines en polypropylène côtoient des antiquités comme le chandelier en laiton, la boîte ronde en métal repoussé ou le lustre XIXᵉ en forme de cloche renversée. « Le verre, les miroirs et les objets en métal dorés ou argentés permettent d’amplifier les jeux de lumière qui nous plaisent tant », décrypte Sabine.
Chaises en plastique Air par Jasper Morrison, chez Magis
À voir la cuisine si évidente dans sa blancheur et son dépouillement fonctionnel, on peine à se l’imaginer telle qu’elle était à l’achat, avec ses murs vert pomme et du lino au sol. Tout a été décapé pour qu’apparaissent – intacts, par miracle – les carreaux de ciment d’origine avec leurs cabochons. Les chaises design en métal ajouré reprennent tout en légèreté leur motif graphique. La table est composée par une structure du design italien des années 80, équipée par Sabine d’un plateau en bois brut d’une forme oblongue très douce. Des objets métalliques anciens, tels qu’un plateau, un sucrier en argent ou le lustre en fer, jouent également à faire scintiller la lumière émanant de la porte-fenêtre.
Chaises Diamond de Bertoia
Chaises Diamond de Bertoia
Point d’orgue de cette pièce, le plan de travail en marbre de Carrare.
« Nous aimons les beaux matériaux dans leur plus simple expression et non pour leur idée de luxe », explique Sabine. « L’idée était d’avoir un plan fonctionnel et à l’épreuve du temps, comme on les trouve dans les anciens commerces de bouche. Le plan a simplement été poli et non cristallisé. Nous faisons attention à ne pas couper des tomates et des citrons dessus, mais il n’a subi aucun dommage en 25 ans. »
« Nous aimons les beaux matériaux dans leur plus simple expression et non pour leur idée de luxe », explique Sabine. « L’idée était d’avoir un plan fonctionnel et à l’épreuve du temps, comme on les trouve dans les anciens commerces de bouche. Le plan a simplement été poli et non cristallisé. Nous faisons attention à ne pas couper des tomates et des citrons dessus, mais il n’a subi aucun dommage en 25 ans. »
Ce que Sabine aime plus que tout dans cette cuisine, c’est revenir du marché les bras chargés de fruits et de légumes et que leurs couleurs vives explosent sur le plan de travail en marbre blanc ou encore dans les tians de terre cuite, ces plats traditionnels provençaux. « Ce sont les couleurs de la nature à l’état brut, celles de la Provence. »
Les caoutchoucs aux feuilles d’un vert profond que Sabine a disposés sur le plan de travail et suspendus dans un vase en verre très élégant ajoutent à ce décor nature.
Vase suspendu en verre : Paresseux, par Tsé & Tsé
Les caoutchoucs aux feuilles d’un vert profond que Sabine a disposés sur le plan de travail et suspendus dans un vase en verre très élégant ajoutent à ce décor nature.
Vase suspendu en verre : Paresseux, par Tsé & Tsé
Derrière une double porte vitrée, accessible depuis l’entrée, apparaît le bureau du maître des lieux. Il donne côté rue sur un hôtel particulier niché dans la verdure. Épris d’histoire des idées, Bruno ne l’est pas moins de poésie et c’est justement dans une « démarche poétique » qu’il a conservé le mur de sa pièce privée le plus brut possible. Une fois le papier peint des anciens propriétaires ôté sont apparues ces traces sur le plâtre, « des formes aléatoires blanches et ocres », dont il a fait l’atout majeur de la pièce.
Le bureau, table de bois aux formes épurées, est accompagné par deux buffets XIXᵉ chinés dans le Lubéron, décapés pour rendre visibles les veines et la couleur blonde du chêne. Des lampes Artemide contemporaines déploient leurs discrets bras de métal.
Lampes : Tizio et Tolomeo, Artemide
Le bureau, table de bois aux formes épurées, est accompagné par deux buffets XIXᵉ chinés dans le Lubéron, décapés pour rendre visibles les veines et la couleur blonde du chêne. Des lampes Artemide contemporaines déploient leurs discrets bras de métal.
Lampes : Tizio et Tolomeo, Artemide
Seule fantaisie, quatre trophées, structures de fil de fer recouvertes de gaze et papier mâché, placés à chaque coin de la pièce. Près de la bibliothèque du professeur, une tête de rhinocéros surplombe un fauteuil blanc chiné à L’Isle-sur-Sorgue. Ces trophées sont l’œuvre de Vincent, le fils de la famille, également passionné de maisons et d’intérieurs.
Dans le couloir qui mène aux chambres, le soubassement gris souris peint à la chaux donne une note XVIIIᵉ. « C’est également mon père qui l’a réalisé en ajoutant des pigments à la chaux », explique Sabine.
La chambre des propriétaires, aux vastes proportions (30 m²), est quasi monacale. Une table Louis XV, surplombée par une lampe en verre design, sert de bureau à Michèle. Un miroir de style Louis XIV, au cadre à parcloses et fronton de laiton, et deux tables aux légers piétements métalliques composent le reste du mobilier autour du lit parental. Deux touches originales égaient discrètement la tête de lit : un morceau de bois flotté ramené d’une promenade sert à maintenir d’un côté la lampe de chevet suspendue. Lui fait pendant une peinture, dans les tons d’ocre et de blanc, réalisée par Daniel Garcia, le mari de Sabine, architecte.
Lampes de chevet : Melampo Tavolo d’Artemide
Lampes de chevet : Melampo Tavolo d’Artemide
Ouverte côté jardin, voici la chambre de Sabine devenue la chambre de Matilda, sa fille aînée. « Les trois chambres d’enfant de l’appartement – celle de ma sœur jumelle, celle de mon frère et la mienne – sont souvent occupées par mes trois filles qui ont onze, huit et cinq ans. Dans la semaine, chacune a sa soirée particulière avec ses grands-parents », explique-t-elle.
Dans la chambre de Sabine, le papier peint début de siècle a été conservé et recouvert de chaux, d’où les légers motifs sur les murs. La décoratrice aime particulièrement le fauteuil Paulistano, dessiné en 1957 par l’architecte brésilien Paulo Mendes Da Rocha : « Les éditeurs Objekto l’ont ressorti il y a quelques années et ils en ont fait cadeau à mes parents qui avaient accepté de prêter leur maison du Lubéron pour faire le shooting », raconte-t-elle.
Dans la chambre de Sabine, le papier peint début de siècle a été conservé et recouvert de chaux, d’où les légers motifs sur les murs. La décoratrice aime particulièrement le fauteuil Paulistano, dessiné en 1957 par l’architecte brésilien Paulo Mendes Da Rocha : « Les éditeurs Objekto l’ont ressorti il y a quelques années et ils en ont fait cadeau à mes parents qui avaient accepté de prêter leur maison du Lubéron pour faire le shooting », raconte-t-elle.
À l’instar des autres pièces de la maison, l’ex-chambre de la sœur de Sabine combine habilement nature, lumière et matières brutes. On y distingue une tête de lit chinée, trouvée telle quelle et rehaussée d’un collier de corail. Deux fauteuils achetés en brocante ont été décapés et leurs assises refaites en lin. À droite, la peinture sur verre tunisienne est un souvenir de voyage.
Voici l’ex-chambre du frère de Sabine, dont on distingue encore les bonhommes de fil de fer qu’il a réalisés enfant, posés sur le radiateur.
Au fil des années et des découvertes déco familiales, Sabine Viard a peaufiné un style campagne chic bien à elle, propre à transformer n’importe quel lieu en petit paradis. Nous l’interrogeons pour finir sur le peu d’affaires présentes dans l’appartement, alors que ses parents y vivent depuis des années : « Nous sommes réellement amateurs de minimalisme, préférant décorer en retranchant qu’en ajoutant, c’est un fait. Maman m’étonne toujours avec sa garde-robe réduite à l’essentiel. Cependant, l’appartement est équipé de grands placards qui permettent de garder les pièces rangées », avoue Sabine en riant.
Merci Michèle, Bruno et Sabine pour cette belle leçon d’avoir et surtout d’être !
Au fil des années et des découvertes déco familiales, Sabine Viard a peaufiné un style campagne chic bien à elle, propre à transformer n’importe quel lieu en petit paradis. Nous l’interrogeons pour finir sur le peu d’affaires présentes dans l’appartement, alors que ses parents y vivent depuis des années : « Nous sommes réellement amateurs de minimalisme, préférant décorer en retranchant qu’en ajoutant, c’est un fait. Maman m’étonne toujours avec sa garde-robe réduite à l’essentiel. Cependant, l’appartement est équipé de grands placards qui permettent de garder les pièces rangées », avoue Sabine en riant.
Merci Michèle, Bruno et Sabine pour cette belle leçon d’avoir et surtout d’être !
Voici le plan de l’appartement.
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On décèle un certain éclectisme familial et un goût pour les belles matières de tradition à travers les objets qui la meublent. Dans la niche, vestige d’une fenêtre qui donnait sur la cour intérieure, une vierge en bois du XVIIIᵉ, un azulejo ramené du Portugal par la famille et un bonhomme de fil de fer, « une œuvre de mon frère quand il avait dix ans ». C’est également le frère de Sabine que l’on aperçoit en photo sur la table en bois brut de style campagne, lors de son mariage il y a quelques années. La boule de Noël ancienne, en verre métallisé, et le miroir brisé témoignent du travail de l’architecte d’intérieur pour faire se refléter la lumière ici et là. Elle a aussi signé son aménagement avec la bouture de caoutchouc : « Mon mari, colombien, m’a fait découvrir l’Amérique du Sud », explique-t-elle. « Je suis tombée sous le charme de cette plante au Brésil et aussi des habitations pleines de nature dans un parfait esprit dedans-dehors. »