Visite Privée : Un loft parisien en duplex prend un air de jardin
Retour sur un chantier exemplaire, emblématique des meilleures tendances actuelles du style parisien
Quand leurs enfants ont quitté le nid, ces Parisiens ont décidé de changer d’appartement. Pour ne pas se tromper dans leur achat, ils ont pris le soin de contacter un architecte d’intérieur préalablement à leurs visites. Le sujet était sensible. Ils avaient été échaudés par une première expérience de rénovation avec un architecte qui n’avait pas correctement assumé sa fonction de suivi de chantier. Pour éviter une nouvelle déconvenue, ils ont fait confiance au site Houzz, spécialisé dans la mise en contact des particuliers en phase de rénovation avec des professionnels reconnus. Grâce à la consultation en ligne des photos de leurs différents projets ainsi que les bons avis laissés par de précédents clients, les propriétaires ont repéré les trois architectes associés de l’atelier DAAA. « Ils ont aimé notre style, notre sensibilité déco et notre mise en avant de la nature dans nombre de nos projets », nous a confié Richard Guilbault, qui nous a fait faire la visite. Retour en images sur une collaboration fructueuse.
Coup d’œil
Qui vit ici : Un couple de quinquagénaires
Emplacement : aux cinquième et sixième étages d’un bel immeuble haussmannien, Paris Ier
Superficie : 75 m² (50 m² au cinquième et 25 m² au sixième)
Durée des travaux : 4 mois ; livraison janvier 2018
Budget travaux : 130 000 euros (1800 euros/m²)
Architectes d’intérieur : Richard Guilbault, Julien Ensarguet et Pierre Petit de l’atelier Daaa
Crédit photos : Bertrand Fompeyrine
Coup d’œil
Qui vit ici : Un couple de quinquagénaires
Emplacement : aux cinquième et sixième étages d’un bel immeuble haussmannien, Paris Ier
Superficie : 75 m² (50 m² au cinquième et 25 m² au sixième)
Durée des travaux : 4 mois ; livraison janvier 2018
Budget travaux : 130 000 euros (1800 euros/m²)
Architectes d’intérieur : Richard Guilbault, Julien Ensarguet et Pierre Petit de l’atelier Daaa
Crédit photos : Bertrand Fompeyrine
Voici un nouveau projet qui témoigne qu’une bonne collaboration entre architectes d’intérieur et propriétaires permet aux réalisation d’aller plus loin et d’être étonnamment fécondes. La prise de contact de l’architecte d’intérieur par les propriétaires à la naissance même du projet a d’emblée mis ce projet sur de bons rails : « Le courant est immédiatement passé avec les propriétaires, qui nous ont fait confiance sur le choix du bien. Nous en avons visité plusieurs et avons signifié notre préférence pour ce loft de 75 m², sur deux niveaux, qui fait face à la tour Saint-Jacques au cœur de Paris. Nous avons tout de suite pensé qu’il était le lieu idéal pour concrétiser la bulle de verdure dont avait envie le couple », nous a expliqué l’architecte d’intérieur.
L’appartement se trouve sous les toits, aux cinquième et sixième étages d’un immeuble haussmannien. Avec son double niveau et son pan coupé côté rue, plein sud, il prend des airs de loft, qu’ont cherché à accentuer les architectes d’intérieur : « Un des fils conducteurs de notre travail a été de maximiser la lumière dans tout le logement, en décloisonnant en particulier l’étage. Nous avons tout rénové et mis l’accent sur la décoration, mais n’avons déplacé aucune pièce par ailleurs », explique Richard Guilbault.
Le sas d’entrée équipé d’un dressing se situe en bas de ces escaliers, au quatrième. Pour créer une base contemporaine, les murs ont été peints en blanc, un plancher en chêne très clair et un garde-corps en acier peint en noir ont été posés.
Le sas d’entrée équipé d’un dressing se situe en bas de ces escaliers, au quatrième. Pour créer une base contemporaine, les murs ont été peints en blanc, un plancher en chêne très clair et un garde-corps en acier peint en noir ont été posés.
En haut de l’escalier, un petit couloir mène à la cuisine. La petite pièce donne sur la cour de l’immeuble : « Une très jolie cour au nord, avec vue sur les toits du Centre Pompidou », précise Richard Guilbault.
Au-dessus de l’escalier, pour optimiser l’espace perdu, les architectes d’intérieur ont créé un volume dans lequel se cachent un ballon d’eau chaude et le lave-linge.
Au-dessus de l’escalier, pour optimiser l’espace perdu, les architectes d’intérieur ont créé un volume dans lequel se cachent un ballon d’eau chaude et le lave-linge.
« Nous avons créé un solivage métallique en fond de trémie, sur lequel nous avons fait cloisonner ce volume technique. La porte du placard a été réalisée en tôle pliée, perforée pour préserver la ventilation de manière esthétique », précise le pro.
Dans la toute petite cuisine, la luminosité a été rehaussée avec un mobilier blanc et un plan de travail immaculé en quartz Silestone. Les propriétaires ont sélectionné une cuisine allemande qu’ils ont fait poser par un cuisiniste de leur connaissance. « Nous avons misé sur une touche de couleur aubergine et quelques étagères en chêne clair pour personnaliser l’espace », note Richard.
Pièce semi-ouverte sur le salon, la salle à manger a un positionnement assez intime derrière l’escalier qui mène à l’étage.
« Nous avons accentué cet effet de cocon en ramenant le mobilier au centre et en faisant descendre bas les suspensions au-dessus de la table. Pour ajouter de la couleur et aussi nous amuser sur le côté cabinet privé du lieu, nous avons fouillé dans la collection de tableaux des propriétaires — grands amateurs d’art — et avons sélectionné avec eux ce joli nu lascif », plaisante l’architecte d’intérieur. L’envie d’oser et l’humour des propriétaires ont d’ailleurs été de forts moteurs sur ce chantier.
La table en chêne teinté a été choisie pour son piétement métallique qui apportait une note industrielle bienvenue. Les chaises en métal ajourées ont été sélectionnées dans le même esprit.
En avançant vers le salon, un autre volume technique a été aménagé : « Une colonne d’évacuation de 60 x 60 centimètres présentait à cet endroit une contrainte de base. Nous nous en sommes servis pour accoler un second volume du même gabarit, dédié à toute la technique image et son (la box, l’ampli qui commande un système de sonorisation 5.1 Bose)… Dans un souci design, nous avons joué sur les pleins et les vides et misé sur une porte ajourée, ce qui est également pratique pour ventiler les appareils », décrypte Richard.
La porte de ce volume est également en tôle d’acier, ajourée et peinte. Un pliage à 45° sur le côté permet une légère prise de main qui évite d’alourdir l’ensemble par des poignées.
La porte de ce volume est également en tôle d’acier, ajourée et peinte. Un pliage à 45° sur le côté permet une légère prise de main qui évite d’alourdir l’ensemble par des poignées.
Le salon, pièce toute en longueur, est partagé en son centre par l’escalier qui conduit au second niveau. « La pièce étant peu large, nous ne pouvions pas l’aménager comme un salon classique. Une contrainte structurelle se présentait de surcroît sous les fenêtres, sur toute la longueur de la pièce, et défendait de placer un canapé classique. Nous avons réfléchi et décidé de créer deux espaces, un salon d’intérieur cosy et chaleureux autour de la cheminée et l’autre, conçu comme un salon d’extérieur », décrypte Richard Guilbault.
De chaque côté de cette pièce dont le plafond s’envole au-dessus du double niveau, les architectes ont cherché à faire prendre la mesure de cette belle verticalité. Du côté « salon intérieur », ils ont mis à profit le pan coupé du conduit de la cheminée et habillé le mur d’une bibliothèque. Pour laisser ce coin respirer et capitaliser sur son aspect déco, ils ont refusé la solution facile et massive du banc TV et misé sur une option plus légère : un écran-meuble signé par les frères Bouroullec pour Samsung en 2015 et qui porte le nom Serif comme la police de caractère à empattement, car sa tranche dessine un I majuscule en gras.
L’insert était déjà existant, mais recouvert de briques et de céramique. Pour un rendu plus contemporain et minimaliste, il a été plaqué et une discrète moulure de plâtre est venue l’entourer. « Nous avons joué sur le contraste blanc et noir en nous basant sur des modèles de style Art déco », ajoute Richard.
Face au premier coin salon répond celui-ci, pensé comme une bulle de nature : « Nous avons conçu ce second salon avec l’idée de transposer une serre en intérieur. Les fenêtres en chien-assis qui donnent plein sud sur la tour Saint-Jacques nous y ont fait penser. Nous avons travaillé également la verticalité et les couleurs de sorte à donner l’impression d’être en extérieur », explique Richard.
Papier peint : Ananbô ; Fauteuil suspendu et banc : La Redoute ; Coussins : BHV
Papier peint : Ananbô ; Fauteuil suspendu et banc : La Redoute ; Coussins : BHV
Sous les fenêtres, une marche assez large cachait une poutre structurelle de l’immeuble. C’était l’opportunité de créer deux banquettes en enfilade qui allongent les lignes de la pièce horizontalement : « Nous l’avons scindée en deux modules de 2 x 1 mètre. L’une est dédiée au côté cheminée, l’autre au côté salon green. Cela crée deux lits d’appoint quand les propriétaires reçoivent », explique Richard Guilbault.
Au centre des banquettes créées sur mesure par la tapissière Patricia Barbot, une tablette menuisée permet de poser un livre en cours de lecture, un ordinateur ou une tablette. En dessous, se trouvent des boites de rangement.
Le « salon d’extérieur », qui est devenu le coin lecture favori de la propriétaire, est un modèle de réussite dans la tendance actuelle de faire entrer la nature au cœur des habitations urbaines. Il avait même été question de verdir ce coin de manière encore plus radicale : « Nous avions imaginé au départ un arbre de 3 mètres de haut prenant place de ce côté du salon pour souligner la verticalité de la pièce. » Comme les équipements de grande taille étaient vraiment compliqués à livrer dans cet immeuble à la petite cage d’escalier et à l’ascenseur minuscule, ils ont trouvé d’autres astuces pour appeler le regard vers le haut : des plantes retombantes accrochées à des macramés, un fauteuil suspendu et un lé de papier peint tropical.
La verdure associée aux teintes claires et aux fibres végétales crée une parfaite ambiance à mi-chemin entre styles scandinave et bohème. Une synthèse parfaitement en phase avec les tendances végétales de l’année que nous décryptait il y a peu le tendanceur Manuel Rucar.
L’escalier central, qui sert au besoin d’assises supplémentaires décontractées, quand les propriétaires reçoivent, a bien changé depuis la première visite des propriétaires.
« Il était habillé d’un revêtement stratifié marron que nous avons ôté. Dessous, l’escalier de béton faisait grise mine. Nous l’avons fait resurfacer complètement avec du béton que nous avons verni pour le protéger », détaille le pro.
L’étage de 25 m² se compose du coin nuit avec sa suite parentale, son dressing et ce palier, transformé par les architectes d’intérieur en coin bureau « pour lui donner de la fonction ».
« Nous avons aimé détourner une partie de la rampe de la mezzanine en tablette de 50 centimètres de large. Ainsi, nous l’avons positionnée à hauteur d’assise (75 centimètres), ce qui est plus joli d’en bas que de voir un garde-corps à hauteur normale de 110 centimètres », explique Richard. En prime, le bureau fait face au Velux, ce qui permet aux propriétaires de travailler tout en contemplant la vue.
Juste derrière le bureau commence le dressing du couple, qui se termine en assise sur le palier.
Le dressing se prolonge dans la chambre, côté droit quand on entre.
À gauche du lit se trouve la salle d’eau, une pièce qui a entièrement été repensée : « C’était le point crucial de la rénovation de cet appartement. La pièce était complètement cloisonnée, ce qui rendait la chambre sombre et assombrissait le salon en contrebas. Nous avons proposé cet aménagement audacieux aux propriétaires pour faire circuler la lumière de façon traversante et ils nous ont complètement suivis. L’idée de ce volume était de créer une serre dans la serre et de se doucher avec la vue sur la nature comme si on était en extérieur », relate l’architecte d’intérieur.
La salle d’eau casse réellement les codes car ses deux cloisons sont vitrées, impliquant de voir la douche aussi bien de la chambre que du salon. « Cela n’a pas dérangé les propriétaires, qui vivent en couple dans cet appartement et qui aiment les sourires que cet aménagement provoque chez leurs invités », plaisante Richard.
Les architectes d’intérieur ont travaillé les cloisons de verre à la manière de châssis atelier en alternant vitrage clair et verre à motifs imprimés en 3D pour jouer sur la transparence et l’opacité. Afin de mieux ventiler l’appartement, ces murs de verre s’ouvrent des deux côtés.
Cette rénovation a été une expérience enrichissante tant pour les propriétaires que pour les architectes, qui ont d’ailleurs sympathisé depuis ce chantier : «Les propriétaires avaient eu un gros coup de stress lors de leur précédente expérience de rénovation et nous ont félicités pour notre suivi du chantier. Ils se sont entièrement reposés sur nous et tout s’est passé au mieux. Quant à nous, nous les remercions de nous avoir donné l’opportunité de réfléchir sur l’aménagement d’un loft pour la première fois et de nous avoir suivis sur des propositions atypiques », conclut Richard Guilbault.
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